La dentisterie préventive et/ou non invasive : technique de passivation, de reminéralisation

La dentisterie préventive et/ou non invasive : technique de passivation, de reminéralisation

La dentisterie préventive et/ou non invasive : technique de passivation, de reminéralisation

Définitions

Prévention

L’ensemble des mesures et interventions visant à éviter ou à maintenir les individus en bonne santé ou à réduire le nombre et la gravité des maladies ou des accidents.

En dentisterie :
L’ensemble des moyens mis en œuvre pour éviter l’apparition, l’expansion ou l’aggravation de la carie.

Introduction

Aujourd’hui, une meilleure connaissance des mécanismes étiopathogéniques de la maladie carieuse a permis d’établir tout un arsenal de méthodes et moyens de prévention en remplaçant le traitement chirurgical invasif par un modèle médical préventif non invasif.
L’ensemble des mesures prises pour prévenir l’apparition ou la propagation d’une maladie.

En dentisterie :
L’ensemble de protocoles de traitement visant à éviter la maladie carieuse.

Classification de la prévention

Selon l’OMS

Basée sur l’apparition ou non de la carie et son degré éventuel d’évolution.

Prévention primaire

Vise à empêcher l’apparition de la carie. Elle fait appel à des mesures de prévention individuelle (hygiène buccale, alimentation, etc.) et collectives (fluoration des eaux, etc.).

Prévention secondaire

Tend à dépister et arrêter le processus carieux aussitôt après son déclenchement. Elle comprend tous les actes destinés à réduire l’évolution de la maladie carieuse, c’est-à-dire intercepter l’affection dans ses premiers stades par un diagnostic précoce accompagné d’un traitement rapide.
Elle est basée sur l’éducation, la motivation, le dépistage systématique, les interventions prophylactiques, les soins précoces, l’interception et la prescription du fluor.

Prévention tertiaire

A pour objectif d’empêcher les récidives. Elle comprend tous les actes destinés à limiter les dommages causés par la maladie, sa récidive, et à réhabiliter des conditions de vie adéquates.
Elle s’effectue par la réalisation de thérapeutiques de qualité, visant toujours une efficacité à long terme, ainsi que par une interception permanente.

Évaluation du risque carieux individuel

Le but de l’évaluation du risque carieux individuel (RCI) est d’optimiser les mesures préventives propres à l’individu afin d’éviter le développement de la maladie carieuse et/ou les récidives.
Il existe diverses méthodes d’évaluation du RCI. Plusieurs facteurs de risque sont à prendre en compte, liés à l’individu mais aussi à la dent.

Comment évaluer le risque carieux individuel ? (Selon la HAS)

  • Classer en RCI élevé les patients présentant au moins un des facteurs de risque individuels suivants :
    1. Absence de brossage quotidien avec du dentifrice fluoré.
    2. Ingestion sucrée régulière en dehors des repas ou du goûter (aliments sucrés, boissons sucrées, bonbons).
    3. Prise au long cours de médicaments sucrés ou générant une hyposialie.
    4. Sillons anfractueux au niveau des molaires.
    5. Présence de plaque visible à l’œil nu sans révélation.
    6. Présence de caries (atteinte de la dentine) et/ou de lésions initiales réversibles (atteinte de l’émail).
  • Classer en RCI faible les patients ne présentant aucun de ces facteurs de risque individuels.

Méthodes de prévention de la carie

Régime alimentaire

Une alimentation cariogène est :

  1. Riche en mono- et disaccharides, sucres facilement transformés par les bactéries de la flore buccale en acide lactique (sucre de canne ou de betterave, saccharose, que l’on trouve dans le chocolat, les bonbons, les boissons sucrées).
  2. De consistance molle et collante, c’est-à-dire qui colle aux dents et est lentement éliminée par la salive.
  3. Riche en sucres et consommée fréquemment durant la journée.

Pour faire face à la complexité du processus carieux, différentes approches préventives visent à renforcer au maximum les facteurs de protection ainsi que la reminéralisation, tout en réduisant au minimum les facteurs responsables de la déminéralisation.

Les hydrates de carbone (sucres)

  • Monosaccharides (sucres simples) : glucose, fructose (miel, fruits), galactose, mannose.
  • Disaccharides (sucres doubles) : saccharose (sucre de table, extrait de canne à sucre ou betterave), maltose (orge), lactose (sucre de lait).
  • Polysaccharides (sucres multiples) : amidon (pain, céréales, riz), dextrine (produit intermédiaire de l’amidon), glycogène.

Les mono- et disaccharides sont rapidement dégradés et assimilés par les bactéries, tandis que les polysaccharides nécessitent un travail plus long pour être dégradés en sucres simples assimilables.
Bien que le sucre soit moins cariogène sous forme liquide (boissons) que sous forme solide (bonbons), il reste un facteur de risque.

La consistance des aliments

Les aliments collants, comme le chocolat, les caramels, les biscuits et les pâtisseries, sont hautement cariogènes, car sans brossage, le sucre reste longtemps dans la cavité buccale.
En revanche, les aliments fibreux, comme les fruits et légumes, sont rapidement éliminés de la cavité buccale et sont donc peu cariogènes.

La fréquence d’ingestion

Plus la fréquence de consommation des sucres est élevée, plus le risque de caries dentaires augmente.

  • La prise de 4 à 5 repas principaux expose le milieu buccal à environ 5 heures de déminéralisation.
  • Un enfant qui grignote durant la journée peut être exposé pendant 11 heures à la déminéralisation.
  • Les enfants prenant plus de 5 repas par jour présentent un indice CAO (Caries, Absentes, Obturées) augmenté (Kasbeek et Verrips, 1994; Johansson et al., 2010).

Recommandations par classe d’âge

Les bébés :

  • Ne pas donner sans cesse des biberons ou le sein à téter dès l’apparition des premières dents.
  • Proscrire l’ajout de substances cariogènes dans le biberon.
  • Ne pas habituer les bébés aux boissons ou aliments sucrés.

Les enfants de 1 à 6 ans :

  • Encourager l’enfant à boire dans un verre dès son premier anniversaire, puis abandonner progressivement le biberon entre 12 et 16 mois.
  • Ne jamais tremper les tétines ou sucettes dans du miel ou du sucre.
  • Les glucides sont indispensables, mais il ne faut pas confondre besoin, plaisir et interdiction.

Aliments cariogènes et non cariogènes

Aliments cariogènes

Les aliments cariogènes sont à base de saccharose et font descendre le pH de la plaque dentaire en dessous du pH critique de 5,5.
Exemples :

  • Caramels, bonbons, chewing-gums, chocolat, fruits secs, miel, pâtisseries, sirops, limonades sucrées.
  • Biscuits avec adjonction de chocolat, fruits secs, sucre ou miel.
  • Chocolat, sucreries, bonbons, glaces, cacahuètes sucrées et grillées, canne à sucre.
  • Pommes-chips et snacks salés ou très épicés.
  • Boissons sucrées (limonades, thés froids sucrés, sirops).

Aliments non cariogènes

Les aliments non cariogènes n’entraînent pas une chute du pH en dessous de 5,5.
Exemples :

  • Fruits frais : goyave, mangue, noix de coco, banane, melon, orange, citron, pastèque, manioc, noix et noisettes sans sucre. Une portion de fruits par jour peut être remplacée par un verre de jus de fruits.
  • Légumes crus ou cuits : courgette, radis, pomme de terre, courge, manioc, igname.
  • Céréales : blé, arachide.
  • Pain, maïs.
  • Boissons : eau naturelle sans sucre ni arôme, eau minérale.

Hygiène bucco-dentaire : Contrôle de la plaque dentaire

La plaque bactérienne joue un rôle primordial dans l’étiologie de la maladie carieuse. Son développement doit être contrôlé, son élimination totale étant idéalement recherchée.

Le brossage des dents

Le brossage des dents avec un dentifrice fluoré est le moyen de prévention de la carie le plus répandu, simple et efficace, à condition qu’il soit bien pratiqué. Il joue un rôle protecteur par plusieurs mécanismes :

  • Élimination mécanique de la plaque dentaire.
  • Application efficace du fluor du dentifrice sur l’émail.

Recommandations :

  • Il peut être conseillé après chaque prise alimentaire, en particulier si elle est sucrée.
  • Il doit être proscrit dans les minutes suivant l’ingestion de boissons acides pour prévenir le risque d’érosion.

Nouvelles recommandations (Novembre 2013) :

  • De la première dent à 2 ans : 1 brossage par jour à l’eau.
  • De 2 à 3 ans : 1 brossage par jour avec un dentifrice adapté à l’âge.
  • De 3 à 8 ans : 2 brossages par jour.
  • À partir de 6 ans : 2 brossages par jour selon la technique BROS (Brossage en haut et en bas, Rouleau ou mouvement rotatif, Oblique à 45° sur la gencive, Suivant un trajet pour faire le tour de toute la dentition).

L’accompagnement au brossage par les parents permet de s’assurer de la qualité et de la durée du brossage, tout en limitant l’ingestion de dentifrice.

Fluor

L’utilisation du fluor constitue l’une des méthodes de protection les plus efficaces contre la carie dentaire. Par son action reminéralisante et sa capacité à modifier la structure de la dent, rendant sa surface moins soluble, le fluor participe au contrôle de la carie.

Définition

  • Fluor : Substance minérale qui se fixe sur les os et les dents, augmentant leur dureté.
  • Fluorure : Composé binaire du fluor avec un autre élément. Les fluorures solubles (fluorures de sodium, calcium, étain, ammonium, amines) entrent dans la composition de nombreux produits cariostatiques.

Mécanisme d’action

  • Les fluorures limitent la déminéralisation et favorisent la reminéralisation.
  • Lors de la reminéralisation, les ions fluor s’insèrent dans les cristaux en formation à la surface et en sous-surface de l’émail, contribuant à la formation de cristaux enrichis en hydroxyapatite fluorée, plus résistants aux attaques acides.
  • À forte concentration, les fluorures précipitent sous forme de microcristaux de fluorure de calcium (CaF₂) sur les surfaces dentaires, formant une réserve de fluorures immédiatement disponible lors des chutes de pH.
  • Les fluorures inhibent le métabolisme des bactéries cariogènes en ciblant l’énolase (enzyme de la glycolyse) et la pompe à protons, réduisant la tolérance des bactéries à un environnement acide.

Utilisation systémique du fluor

  • Fluoration du sel : Le sel est supplémenté en fluor à raison de 250 mg/kg sous forme de fluorure de potassium. Inconvénient : variation individuelle de la consommation de sel.
  • Fluoration du lait : Addition de fluorures au lait en bouteille destiné aux enfants.
  • Fluoration de l’eau : Addition contrôlée de composés fluorés à l’eau potable pour ajuster sa concentration à un taux optimal (0,7 à 1,2 ppm selon l’USPHS).
    • Eau minérale naturelle embouteillée : limite fixée à 0,5 mg/L.
    • Eau de source : teneur en fluor variable.
  • Autres aliments : Les poissons de mer (1 à 3 mg/100 g) et le thé (0,5 à 1,5 mg/L) sont riches en fluor.
  • Fluoration des boissons : La fluoration des boissons sucrées ou des jus de fruits peut minimiser la production d’acides.
  • Suppléments fluorés : Prescription quotidienne de comprimés ou gouttes pour reproduire l’action préventive de l’eau fluorée, pour les femmes enceintes ou les sujets à risque carieux élevé.

Utilisation topique du fluor

  • Dentifrices fluorés :
    • Composés de fluorures de sodium, monofluorures de sodium, fluorures d’étain ou d’amines.
    • Deux types :
      • Cosmétiques (< 1500 ppm, grandes surfaces).
      • Pharmaceutiques (1500 à 5000 ppm, autorisation de mise sur le marché).
    • Pour les enfants :
      • De 6 mois à 2 ans : compresse humide ou dentifrice ≤ 500 ppm, brossage 1 fois/jour (soir) par un adulte, méthode horizontale (20 allers-retours par secteur).
      • De 2 à 6 ans : dentifrice équivalent à la taille d’un petit pois (500 ppm pour faible RCI, 1000 ppm pour RCI élevé), brossage 2 fois/jour par un adulte, méthode horizontale ou mouvements circulaires.
      • De 6 à 12 ans : dentifrice sur le tiers ou la moitié de la brosse (1000-1500 ppm pour faible RCI, ≥ 1500 ppm pour RCI élevé), brossage 2 fois/jour supervisé jusqu’à 8 ans, mouvements rotatifs ou variés.
      • Après 12 ans : brosse adulte, dentifrice sur le tiers de la brosse, mêmes consignes.
    • Pour les adultes : rinçage modéré pour maintenir le fluor en contact avec la surface dentaire.
    • Rôle : minéralisation des zones hypominéralisées, inhibition du métabolisme bactérien, accélération de la reminéralisation.
  • Gommes à mâcher : Concentration de 45 ppm, recommandées pour stimuler la sécrétion salivaire et apporter un supplément fluoré. Usage : 15 minutes après le repas de midi si brossage impossible.
  • Gels fluorés :
    • Usage professionnel ou domestique.
    • Application dans une gouttière (quelques minutes, renouvelée tous 3 à 6 mois) ou avec du fil dentaire.
    • Contiennent 1 % de fluor (gels neutres ou acides).
  • Bains de bouche :
    • Contiennent des fluorures de sodium et des agents de sapidité.
    • Concentrations :
      • 0,05 % (250 ppm) pour rinçage quotidien (patients à haut risque).
      • 0,5 % (1000 ppm) pour rinçage hebdomadaire.
    • Risque d’ingestion élevé chez les enfants de moins de 6 ans, usage sous contrôle.

Les 7 points clés de l’utilisation du fluor (selon l’ANSM)

  1. La carie dentaire est une maladie multifactorielle impliquant des facteurs liés au sujet, à la flore buccale et à l’alimentation.
  2. La prévention passe par :
    • Une éducation à l’hygiène bucco-dentaire adaptée.
    • Une éducation à une bonne hygiène alimentaire.
    • Une bonne utilisation des fluorures.
    • Une consultation précoce et régulière chez le chirurgien-dentiste.
  3. Quel que soit le niveau de risque carieux, le brossage biquotidien avec un dentifrice fluoré adapté à l’âge est la mesure la plus efficace.
  4. Chez les enfants de moins de 6 ans ou peu autonomes, le brossage doit être réalisé ou assisté par un adulte.
  5. Enfants à risque carieux élevé : mesures spécifiques et supplémentation médicamenteuse orale dès l’apparition des premières dents (± 6 mois).
  6. Prescription de fluor médicamenteux (gouttes/comprimés) précédée d’un bilan personnalisé des apports journaliers.
  7. Pour éviter la fluorose dentaire :
    • Contrôler l’administration des fluorures avant 6 ans.
    • Réaliser un bilan fluoré et limiter à une seule source de fluor systémique.

Risques des surdoses fluorées

  • Fluorose dentaire : Due à un surdosage pendant la minéralisation, conduit à un tissu fluorotique poreux. Dose à ne pas dépasser : 0,05 mg/j/kg de poids corporel, tous apports confondus, sans dépasser 1 mg/j (OMS).
  • Fluorose osseuse : Liée à l’absorption de doses très importantes (10 à 40 mg/j).

Autres méthodes de prévention

Rôle du xylitol

  • Sucre non cariogène inhibant le métabolisme des bactéries.
  • Action antibactérienne.
  • La mastication de gommes sans sucre à base de polyol augmente le débit salivaire, le pouvoir tampon de la salive et la clairance des sucres.
  • Doses recommandées : 3 à 15 g/jour.

Probiotiques

  • Définition (OMS) : Micro-organismes vivants conférant un avantage pour la santé de l’hôte lorsqu’administrés en quantités adéquates.
  • Compétition avec les bactéries pathogènes pour les sites d’adhésion, antagonisme et modulation de la réponse de l’hôte.

Agents antibactériens

  • Povidone iodée (PI) : Agent germicide à large spectre, efficace contre bactéries, virus, champignons, protozoaires et spores.
  • Triclosan : Agent antimicrobien synthétique à large spectre, bactéricide, partiellement virucide et fongicide, utilisé dans les cosmétiques.
  • Chlorhexidine :
    • Disponible en dentifrices, bains de bouche, vernis, gels.
    • Usage quotidien (individuel) ou périodique (professionnel).
    • Application de vernis sur les sillons des molaires en éruption réduit les caries (Araujo et al., 2002).
    • Effets sur la flore buccale (notamment S. mutans) disparaissent après 1 à 3 mois, nécessitant des traitements réguliers (3 à 4 fois/an) (Robert et Sixou, 2006).
    • Effets secondaires limitent son usage prolongé à quelques semaines.

Nouvelles méthodes d’induction de la reminéralisation

  • Protéines du lait :
    • Les peptides entravent les dépôts bactériens en rivalisant pour les sites de fixation sur l’hydroxyapatite.
    • Améliorent le pouvoir tampon de la pellicule acquise, préviennent la déminéralisation et induisent la reminéralisation.
    • La casngle est la protéine prépondérante du lait (80 %).
  • Phosphopeptide de caséine – phosphate de calcium amorphe :
    • Dérivé du lait retardant la formation du biofilm oral.
    • Activité carioprotectrice grâce à la disponibilité des ions calcium et phosphate pour la reminéralisation.
    • Formats : gommes sans sucre, dentifrices, solutions, gels, comprimés.

Visites de contrôle

  • Indispensables dans tout programme de prévention.
  • Favorisent la relation praticien-patient, permettent de vérifier la motivation, l’application des instructions et de renouveler les procédures.
  • Fréquence : tous les 3, 6 ou 12 mois selon les données cliniques (susceptibilité carieuse, habitudes alimentaires, développement de la dentition).

Prophylaxie Dentaire

Obturation Préventive aux Vernis Fluorés

Définition

C’est une méthode qui consiste en l’application d’une solution fluorée sur les surfaces dentaires.

  • Concentrés de fluorures dans une base résine ou synthétique.
  • Le niveau de concentration des fluorures varie en fonction des produits (1000 à 56300 ppm).
  • Seul topique à base de fluor à usage exclusivement professionnel et son utilisation est recommandée par l’ANSM.
  • Indiqué pour les enfants à risque carieux (denture temporaire ou permanente) pour la prévention de la carie.

Les moyens de prophylaxie sont basés sur la mise en œuvre des obturations préventives aux vernis fluorés ou aux matériaux de scellement. Ces obturations visent à éviter l’apparition de la lésion carieuse.

Intérêt

  • Un contact prolongé entre les fluorures contenus dans la solution et l’émail des dents.
  • La formation de fluoro-apatites.
  • Renforce l’émail contre les attaques acides.
  • Retarde, arrête ou inverse la progression de la lésion carieuse.

Indications

  • Sujets à risque carieux élevé (RCI) en denture temporaire, mixte ou adulte.
  • Application semestrielle.

Contre-indications

  • Impossibilité d’une surveillance régulière.
  • Prise de fluor par voie systémique.
  • Contexte de RCI élevé qui n’évolue pas favorablement.

Protocole Clinique

  1. Nettoyage des surfaces dentaires avec une brossette sèche montée sur contre-angle (CA).
  2. Isolation des dents par quadrant à l’aide de rouleaux de coton.
  3. Séchage des dents.
  4. Application du vernis à l’aide d’une microbrossette et fil dentaire.
  5. Laisser sécher le produit 2 à 3 minutes.
  6. Recommander au patient de :
    • Ne pas boire pendant 2 heures.
    • Ne pas manger pendant 4 heures.
    • Ne pas se brosser les dents le jour même.

Scellements de Sillons des Molaires Permanentes

Définition

Les scellements constituent une mesure prophylactique visant à protéger la surface occlusale, qui reste bien souvent la seule vulnérable lorsque l’ensemble des moyens de prévention a été appliqué de manière appropriée (Kandelman 1999).

Définition des Sillons et Fissures

  • Ils correspondent à des zones de coalescence des prismes de l’émail lors de leur minéralisation.
  • Cette coalescence est souvent imparfaite, entraînant parfois une exposition de la dentine au fond des fissures.

Intérêt des Sealants

  • Limitent le développement des bactéries par l’application d’acide lors du mordançage (Floriani et Coll 1993).
  • Constituent une barrière empêchant la pénétration du substrat nécessaire à la croissance bactérienne (Handelman 1976).

Indications

  • Risque carieux élevé (RCI).
  • Sillons anfractueux de la molaire permanente saine.
  • Lésions carieuses amélaires, sous réserve d’être non cavitaires et localisées au niveau des sillons de la molaire permanente.
  • Molaire permanente affectée par une hypominéralisation molaire-incisive légère.
  • Molaire permanente affectée par des lésions érosives légères à modérées.

Les Matériaux de Scellement

Il existe actuellement une grande variété de matériaux de scellement :

  • Résines méthacrylates (avec Bis GMA, UDMA…) non chargées (charges inertes ≤ 10 %) avec ou sans fluor, et des résines méthacrylates chargées avec ou sans fluor, auto ou photopolymérisables.
  • Compomères de mise en place rapide et facile.
  • Verres ionomères traditionnels ou hybrides.

Protocole

L’efficacité des scellements des puits et des fissures dépend de leur rétention complète et de leur étanchéité dans le temps. Ces deux conditions varient en fonction du protocole de mise en place des matériaux de scellement.

  1. Nettoyage préalable :
    • Nettoyage rigoureux effectué sur la surface de la dent à sceller à l’aide d’une brossette sèche, si possible pointue.
    • Aéropolissage à l’aide de bicarbonate est aussi possible.
  2. Isolation :
    • Isolation à l’aide d’un champ opératoire étanche, qui reste le facteur primordial de réussite comme pour tout collage.
  3. Mordançage :
    • Mordançage réalisé à l’acide phosphorique (35-37 %) des puits et fissures pendant 15 à 20 secondes.
    • Rinçage de temps équivalent au mordançage à l’aide de la seringue air/eau. La surface doit apparaître blanchâtre et mate après séchage.
  4. Application :
    • La pose d’un adhésif peut améliorer la rétention.
    • La pose du matériau de scellement doit être strictement limitée à l’anatomie des sillons. En cas de débordement, le surplus doit être retiré avant polymérisation.
    • Une sonde peut être passée dans les sillons pour chasser les éventuelles bulles dans la masse du matériau.
  5. Polymérisation et contrôle :
    • Après polymérisation, la rétention est contrôlée à l’aide d’une sonde, puis le champ opératoire est retiré.
    • Contrôle de l’occlusion.

Suivi

  • Le scellement des sillons s’intègre dans une démarche globale de prévention qui nécessite une surveillance régulière, variable en fonction du RCI.
  • Lors des visites de contrôle, il est recommandé de réévaluer le RCI et de contrôler l’intégrité du matériau de scellement, qui peut être réparé en cas de perte partielle.
  • En cas de perte totale, la mise en place d’un nouveau scellement dépendra du RCI.

Infiltration Résineuse

Définition

L’infiltration des lésions carieuses représente une nouvelle approche de traitement des lésions non cavitaires des faces proximales et des surfaces lisses des dents temporaires et permanentes.

Principe de l’Infiltration Résineuse des Lésions Carieuses

  • Le principe de l’infiltration est de pénétrer par capillarité l’émail poreux pour arrêter le processus de déminéralisation carieuse et stabiliser la lésion par une imprégnation résineuse.
  • Comparé par analogie à l’imbibition d’un morceau de sucre ou d’une éponge par un liquide.
  • L’infiltration concerne l’intérieur de la couche d’émail, contrairement au scellement des puits et sillons qui s’apparente à une barrière mécanique appliquée sur la surface externe de la lésion améliaire initiale.
  • Les bactéries qui ont pénétré l’émail déminéralisé sont engluées puis piégées dans la résine infiltrante une fois celle-ci polymérisée.

Indications

  • Indiquée pour toutes les catégories d’âge (enfants, adolescents, adultes).
  • Lésions proximales débutantes (< 800 μm de profondeur).
  • Lésions carieuses des surfaces lisses autres que proximales, telles que les lésions blanches opaques provoquées par les dispositifs orthodontiques dans un environnement oral agressif.
  • Taches blanches (white spot) liées aux pathologies non carieuses (fluoroses).

Suivi

  • Un suivi clinique et radiographique doit être instauré pour vérifier la stabilisation des lésions et l’absence de récidive.

Protocole Opératoire

  1. Nettoyage de la surface dentaire.
  2. Isolation à l’aide d’un champ opératoire étanche (digue en caoutchouc).
  3. Mordançage à l’acide chlorhydrique (2 minutes), suivi d’un rinçage.
  4. Déshydratation à l’éthanol (30 secondes), suivi d’un séchage.
  5. Première application de l’infiltrat, temps de pénétration de 3 minutes, polymérisation lumineuse pendant 40 secondes.
  6. Seconde application de l’infiltrat, temps de pénétration de 1 minute, polymérisation lumineuse.
  7. Élimination des excès de matériau, polissage.
  8. Fluoration.

Le Laser

Prévention par Traitement au Laser

  • Des travaux de recherche récents se sont consacrés à la possibilité de traiter l’émail au laser en utilisant des paramètres d’irradiation situés sous le seuil d’ablation tissulaire, inférieurs à 7 J/cm², dans un but de prévention.
  • Aucune perte de substance n’est apparente et des analyses en spectroscopie ont montré l’absence d’altération de la cristallinité, mais une diminution significative des carbonates et des matières organiques, composants mineurs de l’émail.
  • La diffusion amélaire décroît alors d’environ 34 % en surface et 75 % en subsurface.
  • Une élévation thermique provoquerait une perte des carbonates situés au cœur des cristaux d’hydroxyapatite, bloquant une voie de diffusion préférentielle des ions H⁺ au sein du tissu amélaire.
  • La dénaturation thermique de la matrice organique de l’émail, protéines résiduelles situées dans les espaces inter et intra prismatiques, pourrait également bloquer une voie préférentielle de diffusion des ions H⁺.
  • Ces deux phénomènes pourraient expliquer la moindre sensibilité du tissu irradié à l’attaque acide.

Conclusion

Prévenir, ça veut dire prendre les mesures nécessaires pour éviter la maladie. Cela signifie intercepter les éventuelles maladies avant qu’elles se manifestent ou qu’elles soient encore dans leurs phases initiales, au moment où elles sont les plus faciles à soigner. On réduit alors de façon significative les souffrances et les dépenses sanitaires.

La dentisterie préventive et/ou non invasive : technique de passivation, de reminéralisation

  La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes. Les étudiants en médecine dentaire doivent maîtriser l’anatomie dentaire et les techniques de diagnostic pour exceller. Les praticiens doivent adopter les nouvelles technologies, comme la radiographie numérique, pour améliorer la précision des soins. La prévention, via l’éducation à l’hygiène buccale, reste la pierre angulaire de la pratique dentaire moderne. Les étudiants doivent se familiariser avec la gestion des urgences dentaires, comme les abcès ou les fractures dentaires. La collaboration interdisciplinaire avec d’autres professionnels de santé optimise la prise en charge des patients complexes. La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes.  

La dentisterie préventive et/ou non invasive : technique de passivation, de reminéralisation

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