La Consultation d’Anesthésie, Anesthésiologie Dentaire
Introduction
La consultation d’anesthésie est un passage obligé avant toute intervention programmée. Quel que soit le type de chirurgie (ambulatoire ou intra-hospitalière) ou le geste diagnostic nécessitant une anesthésie, l’évaluation pré-anesthésique requiert une attention particulière à l’état de santé du patient afin de minimiser les risques. Elle constitue également le prélude à la planification du parcours du patient avant, pendant et après l’intervention.
Cette consultation doit précéder l’intervention d’au moins 48 heures, parfois avec un délai plus long. Une visite quelques heures avant l’anesthésie est également indispensable.
La Consultation Préanesthésique
Seul un médecin anesthésiste-réanimateur est habilité à réaliser la consultation préanesthésique. Elle intervient avant tout acte thérapeutique ou diagnostique pratiqué sous anesthésie générale, anesthésie locorégionale ou sédation. Elle doit être effectuée au moins 48 heures avant l’intervention chirurgicale.
Objectifs de la Consultation d’Anesthésie
La consultation préanesthésique s’inscrit dans le cadre de la sécurité anesthésique et répond à des obligations médico-légales. Ses objectifs sont les suivants :
- Déterminer l’aptitude globale du patient aux actes anesthésiques, chirurgicaux ou exploratoires proposés.
- Estimer la probabilité de complications postopératoires.
- Identifier les éléments influençant le choix de la technique anesthésique.
- Assurer une préparation optimale du patient.
- Informer le patient des choix envisagés pour réduire son anxiété et obtenir son consentement éclairé.

Organisation de la Consultation
La consultation d’anesthésie est obligatoire pour tous les patients devant subir une intervention programmée. Elle est exclusivement réalisée par un médecin anesthésiste-réanimateur et doit avoir lieu au moins 48 heures avant l’intervention chirurgicale.
Figure 1 : De la consultation à la visite pré-anesthésique
(Note : L’image référencée dans le document n’est pas fournie dans le contenu OCR. Elle illustre probablement le processus allant de la consultation à la visite pré-anesthésique.)
Principes Généraux
La consultation doit être réalisée dans un bureau dédié, dans une atmosphère calme. Quel que soit le patient ou l’acte prévu, elle comporte les étapes suivantes :
- L’interrogatoire : Recueillir les antécédents médicaux, les troubles fonctionnels et les traitements en cours.
- L’examen clinique : Évaluer l’état physique du patient.
- L’approche psychologique : Comprendre l’état émotionnel du patient.
- Le choix des examens complémentaires : Prescrire uniquement les examens nécessaires en fonction des informations recueillies et de l’acte prévu.
- Le choix du type d’anesthésie : Déterminer la technique anesthésique adaptée.
- L’information : Fournir au patient des explications claires sur le processus.
L’Interrogatoire
L’interrogatoire porte sur :
- L’histoire de la pathologie motivant l’intervention.
- Les antécédents médicaux : cardiovasculaires, pulmonaires, neurologiques, digestifs, etc.
- Les antécédents chirurgicaux.
- Les traitements habituels.
- Les antécédents allergiques : Rechercher une allergie aux médicaments (notamment agents anesthésiques ou antibiotiques) ou à des aliments (kiwi, avocat, noix, tomates) en raison du risque de sensibilisation croisée avec le latex.
- L’existence de saignements spontanés ou lors de traumatismes minimes, pouvant indiquer des troubles de la coagulation.
Signes Fonctionnels
L’interrogatoire vise à identifier les troubles fonctionnels, en précisant leur type, leur date d’apparition, leur fréquence, leurs conditions de survenue (repos, effort) et leur impact fonctionnel. En raison de la fréquence des complications cardiorespiratoires périopératoires, l’accent est mis sur :
- Sur le plan cardiaque : Recherche de dyspnée, orthopnée, douleurs thoraciques ou gêne précordiale. En cas de cardiopathie ou coronaropathie connue, évaluer l’évolution des signes cliniques et leur retentissement sur la vie quotidienne.
- Sur le plan respiratoire : Noter la présence de toux, d’expectoration (volume, caractère purulent ou non), facteurs prédictifs importants pour la préparation du patient. Préciser le degré d’obstruction bronchique en cas d’asthme ou de broncho-pneumopathie chronique obstructive.
Examen Clinique
L’examen clinique doit être précis et complet, avec une attention particulière aux points suivants :
- Évaluation des grandes fonctions :
- Cardiovasculaire : Recherche de signes de décompensation cardiaque, souffle inconnu, hypertension artérielle non équilibrée ou signes congestifs.
- Pulmonaire : Noter la fréquence et le mode ventilatoire, la présence de râles, une cyanose, l’utilisation des muscles ventilatoires accessoires ou une hyperinflation pulmonaire (augmentation du diamètre antéropostérieur du thorax).
- Recherche d’une difficulté d’intubation : Étape essentielle. L’examen oropharyngé détermine la classe Mallampati :
- M1 : Luette complètement visible.M2 : Pointe de la luette masquée par la base de la langue. PRUDENCEM3 : Seul le voile du palais est visible. DANGER +M4 : Seul le palais osseux est visible. DANGER ++

- Figure 2 : Classification Mallampati
(Note : L’image référencée dans le document n’est pas fournie dans le contenu OCR. Elle illustre probablement les classes Mallampati pour l’évaluation de l’intubation.)Rechercher également une macroglossie, un cou court, évaluer la mobilité cervicale et l’ouverture buccale (<35 mm chez l’homme, <30 mm chez la femme : attention en cas d’anesthésie générale). - État de la denture : Noter la présence d’appareils dentaires, dents à pivot ou reconstructions dentaires, car les bris dentaires sont une complication fréquente et la première cause de plaintes contre les anesthésistes en France.
- Évaluation des accès veineux et artériels : Examiner les difficultés potentielles pour la pose de cathéters veineux périphériques, centraux ou artériels.
- Recherche de rhumatismes dégénératifs ou neuropathies périphériques : Prendre des précautions lors de l’installation du patient sur la table d’opération.
- État cutané et particularités anatomiques : Évaluer les difficultés potentielles pour une anesthésie locorégionale.
Examens Complémentaires
Aucune donnée scientifique ou norme réglementaire n’impose la réalisation systématique d’examens complémentaires. Seuls ceux justifiés par l’interrogatoire, l’examen clinique, l’acte prévu et le type d’anesthésie sont nécessaires :
- Le groupe sanguin est inutile si l’intervention n’est pas potentiellement hémorragique.
- Pour une anesthésie locorégionale, un interrogatoire bien conduit peut dispenser du bilan d’hémostase chez un patient sans antécédents.
- Un ECG est systématique pour les patients de plus de 60 ans. En dehors de ce cadre, il est prescrit à la demande de l’anesthésiste.
Évaluation du Risque
Les risques anesthésiques dépendent de deux facteurs principaux : l’état du patient et le type d’anesthésie.
- État du patient : Le risque est corrélé à la classification de l’American Society of Anesthesiologists (ASA) et à l’âge (risque accru avant 1 an et chez les personnes âgées).
- Type d’intervention : Le risque est majoré pour les chirurgies urgentes, les chirurgies majeures (artérielle, thoracique, abdominale, sus-mésocolique, prothèses de hanche ou genou) et selon la durée de l’intervention.
Tableau : Classification ASA
Classe | Critères de Définition |
---|---|
1 | Patient en bonne santé. |
2 | Patient ayant une maladie générale modérée. |
3 | Patient ayant une maladie générale sévère mais non invalidante. |
4 | Patient ayant une maladie générale sévère mettant en jeu le pronostic vital. |
5 | Patient moribond qui ne survivrait pas 24 heures avec ou sans opération. |
6 | Patient déclaré en état de mort cérébrale dont on prélève les organes pour greffe. |
U | Si l’intervention est pratiquée en urgence. |
Préparation du Patient à l’Intervention
- Rééquilibrer une maladie instable : Hypertension artérielle, coronaropathie, diabète, avec réévaluation et ajustement thérapeutique.
- Arrêter certains médicaments : Par exemple, Clopidogrel 5 jours avant l’intervention.
- Prendre le relais de certains traitements : Relais des antivitamines K par héparine, ou des antidiabétiques oraux par insuline.
- Prémédication : Anxiolytiques, bronchodilatateurs, antihypertenseurs, antibioprophylaxie en cas de cardiopathie à risque d’endocardite.
- Prescription du jeûne : Obligatoire avant l’intervention.
- Arrêt du tabac : Conseillé pour réduire les complications respiratoires.
Information du Patient
L’information du patient est un élément clé des relations patient-médecin, renforcé par les obligations réglementaires. La consultation préanesthésique vise à fournir des explications claires pour permettre au patient de comprendre son état clinique et les soins proposés, afin qu’il puisse donner son consentement éclairé.
- Contenu : État de santé, investigations, interventions ou traitements (ponctuels ou prolongés).
- Bénéfices et risques : Présenter les avantages attendus, les inconvénients et les risques, y compris les plus rares.
- Modalités : L’information doit être hiérarchisée, compréhensible et basée sur des données validées. La priorité est donnée à l’information orale, complétée par des documents écrits si nécessaire.
Conclusion
La consultation d’anesthésie est indispensable avant tout acte chirurgical. Elle permet une prise en charge périopératoire adaptée au terrain et au type de chirurgie. L’anesthésie représente une prise de risque réfléchie, nécessitant d’anticiper, évaluer, préparer et minimiser les risques.
La Consultation d’Anesthésie, Anesthésiologie Dentaire

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.