LA BIODYNAMIQUE BASI-CRÂNIENNE – Orthopédie dento-faciale ODF
INTRODUCTION
La croissance de la base du crâne est un phénomène complexe qui peut être influencé par de multiples facteurs. Elle est en rapport avec l’accroissement du cerveau et le jeu des sutures, entraînant en partie la croissance de la face. Pour comprendre comment la croissance crânio-faciale reste harmonieuse ou se dégrade, il faut connaître le déroulement du phénomène de flexion de la base du crâne et son influence sur l’architecture faciale.
CONCEPT DE LA BIODYNAMIQUE BASI-CRÂNIENNE
Le mouvement d’un os induirait le mouvement des autres sous une force directrice primaire (pression du liquide céphalo-rachidien). L’élément important est l’intégration de cette mobilité individuelle dans le mouvement d’ensemble du puzzle crânien, pour aboutir à l’état d’équilibre entre les différentes pièces squelettiques qui a pour moteur le grand mécanisme de flexion de la base du crâne, sous le contrôle de facteurs constitutionnels de l’espèce. L’os sphénoïde est l’élément inducteur de toute la biomécanique crânio-faciale.
LA FLEXION DE LA BASE DU CRÂNE ET DÉTERMINATION DE LA CLASSE I SQUELETTIQUE
LE PHÉNOMÈNE DE FLEXION DE LA BASE DU CRÂNE
Le phénomène de flexion de la base du crâne désigne les modifications linéaires et angulaires de la base. Il est nécessaire d’envisager les variations d’angulation entre les différents segments occipito-sphénoïdien et sphénoïdo-ethmoïdo-frontal, par le biais de la synchondrose sphéno-occipitale (SSO), avec les variations concomitantes de longueur de la base, de ses champs crânio-facial et crânio-rachidien.
La flexion de la base du crâne se traduit par :
- La rotation du corps du sphénoïde ;
- L’ascension du basi-occipital ;
- La descente de l’écaille de l’occipital (condyles occipitaux en avant).
Ces mouvements dynamisent la SSO (lieu de convergence des différents axes de rotation des pièces squelettiques périphériques).
APERÇU SUR LA BIODYNAMIQUE DE QUELQUES PIÈCES OSSEUSES
LE SPHÉNOÏDE
Le corps du sphénoïde effectue une rotation horaire entraînant une rotation antihoraire du frontal, de l’occipital et de l’ethmoïde autour de leurs axes horizontaux.
LE TEMPORAL
La rotation externe du temporal entraîne :
- La partie supérieure de l’écaille s’écarte de la ligne médiane (donc elle s’écarte du pariétal et le diamètre transversal bitemporal supérieur augmente) ;
- La cavité glénoïde devient plus postérieure et légèrement plus en dedans, il s’ensuit un rapprochement transversal des deux cavités glénoïdes et un pincement transversal des deux branches montantes de la mandibule et allongement de la flèche de l’arcade dentaire inférieure dans le sens antéropostérieur.
Si le temporal est en rotation interne, les cavités glénoïdes sont en position plus antérieure et latérale : il y a écartement des branches montantes et raccourcissement de la flèche de l’arcade dentaire inférieure.
Si un temporal est en rotation externe et l’autre en rotation interne : il y a rotation mandibulaire avec perte de la concordance des milieux interincisifs supérieur et inférieur, avec la déviation latérale de la mandibule à l’ouverture buccale.
LE MAXILLAIRE
La rotation horaire du sphénoïde et la rotation externe du temporal vont emmener le maxillaire en rotation externe par l’intermédiaire du palatin et du zygoma.
LA DÉTERMINATION DE LA CLASSE I SQUELETTIQUE
Une flexion modérée de la SSO aboutit normalement à l’établissement d’une classe I squelettique qui se traduit par :
- Une rotation horaire du sphénoïde autour d’un axe horizontal ;
- Une rotation antihoraire de l’occipital, de l’ethmoïde et du frontal autour de leurs axes horizontaux ;
- La fermeture de l’angle sphénoïdal (des téléradiographies de profil objectivent, de la vie fœtale à la puberté, une fermeture progressive de l’angle sphénoïdal) ;
- Descente et légère divergence des apophyses ptérygoïdes par la rotation horaire du sphénoïde aboutissant à l’abaissement du plan palatin postérieur ;
- Rotation externe des maxillaires ;
- Rotation externe des temporaux ;
- Un champ crânio-rachidien plus long et un champ crânio-facial plus court.
D’où l’existence d’un équilibre entre la base du crâne et son degré de flexion, la charnière crânio-cervicale et le palais osseux.
REMARQUE
La SSO évolue habituellement, mais à des degrés variables, vers le tableau dit en flexion avec :
- Mise en rotation externe des temporaux et des maxillaires ;
- Un angle sphénoïdal fermé ;
- Une position basse de l’occipital ;
- Un champ crânio-rachidien plus long et un champ crânio-facial plus court.
Elle peut aussi évoluer vers le tableau dit en extension qui s’accompagne de :
- La rotation interne des temporaux et maxillaires ;
- Un angle sphénoïdal ouvert ;
- Une position haute de l’occipital ;
- Un champ crânio-rachidien plus court et un champ crânio-facial plus long.
DÉTERMINATION BIODYNAMIQUE DES CLASSES III ET DES CLASSES II SQUELETTIQUES
DÉTERMINATION DE LA CLASSE III SQUELETTIQUE (HYPERFLEXION DE LA SSO)
Les adaptations positionnelles des différentes pièces squelettiques de la voûte et de la base, secondaires au long phénomène de flexion de cette base, vont influencer directement la croissance faciale.
Dans le sens antéropostérieur
On note :
- Une réduction de la croissance postéro-antérieure de l’étage supérieur de la face ;
- Une avancée du complexe mandibulaire ;
- Migration de l’occipital vers l’avant et le champ crânio-rachidien s’allonge au détriment du champ crânio-facial ;
- Fermeture de l’angle sphénoïdal et de l’angle NA-S-BA ;
- Rotation externe du temporal entraînant les cavités glénoïdes vers l’avant et en dedans ;
- La rotation externe du maxillaire par la poussée zygomatique et, par conséquence, l’arcade supérieure va s’élargir tout en raccourcissant sa flèche antéropostérieure ;
- La poursuite du phénomène de flexion va aboutir à la perte de l’équilibre facial et au passage en classe III, plus le maxillaire avance en rotation externe, plus vite il se bloque :
- Par serrage des deux branches montantes sur la ligne médiane ;
- Par serrage de la suture médio-incisive et incisivo-canine : il y a retrait progressif du prémaxillaire et tendance à la rétro-alvéolie incisive supérieure.
Il y a compétition entre la rotation externe du maxillaire, dont l’arcade dentaire se raccourcit, et la rotation externe du temporal qui propulse l’articulation temporo-mandibulaire (ATM) et allonge l’arcade inférieure : les rapports occlusaux de type classe I vont évoluer vers la classe III. C’est alors qu’il y a perte de l’équilibre fonctionnel entre le « marteau » mandibulaire et « l’enclume » maxillaire. La croissance maxillaire est freinée dans le sens antéropostérieur et toute une cascade de dysfonctions musculaires vont aggraver le déséquilibre basal.
Dans le sens vertical
L’équilibre crânio-palatin change :
- La mésialisation des condyles occipitaux entraîne la descente relative de l’apophyse odontoïde ;
- La rotation horaire du sphénoïde sollicite l’abaissement du palais osseux ;
- Les nouvelles relations du voile du palais avec la paroi pharyngée postérieure concourent également à éloigner et à abaisser le massif lingual ;
- La rotation externe du maxillaire descend le niveau de l’épine nasale antérieure.
Au total : tout concorde pour une libération de la croissance verticale de la face.
Dans le sens transversal
- La frontalisation des apophyses orbitaires externes élargit la face ;
- Le bâillement des écailles des temporaux en rotation externe élargit le diamètre transversal de la voûte ;
- On a également une diminution du diamètre transversal de la mandibule.
DÉTERMINATION DE LA CLASSE II SQUELETTIQUE (EXTENSION DE LA BASE DU CRÂNE)
Un tableau en extension est une base restée en extension ou insuffisamment fléchie, avec retard de mésialisation du trou occipital, temporal et maxillaire insuffisamment basculé en rotation externe. Les mouvements de toutes les pièces squelettiques vont déterminer l’apparition d’un ensemble architectural différent, où effectivement le temporal fonctionnera en rotation interne, et la SSO en extension.
- L’angle sphénoïdal est ouvert ;
- L’angle antérieur de la base est fermé ;
- La rotation horaire du sphénoïde n’est pas ou très peu sollicitée ;
- Le segment supérieur sphénoïdien du basi-sphénoïde est long, et le segment inférieur ou basi-occipital est court.
Rotation interne du maxillaire ou insuffisance de rotation externe
Par absence de sollicitation zygomatique, cela entraîne :
- Un écartement des apophyses montantes ;
- Les régions tuberositaire et ptérygoïdienne se rapprochent, donc la distance intermolaire supérieure diminue ;
- L’arcade supérieure s’allonge, c’est l’endognathie maxillaire postérieure ;
- La suture médio-incisive va libérer la croissance du prémaxillaire (évolution vers une proalvéolie incisive supérieure) ;
- Il n’y a pas de sollicitation à l’abaissement du palais osseux et la croissance verticale de la face est mineure.
Rotation interne du temporal ou insuffisance de rotation externe
Cela entraîne :
- Les cavités glénoïdes sont plus écartées et se retrouvent dans une position plus postérieure ;
- Par conséquence, les ATM positionnées en retrait vont prédisposer au retrait global de la mandibule ;
- L’arcade mandibulaire s’arrondit (rétro-alvéolie incisive inférieure et écartement des branches horizontales de la mandibule vers l’arrière) ;
- Cela achève les rapports occlusaux en classe II et en endognathie maxillaire postérieure.
Adaptation de la face
La face s’adapte à la rotation interne des temporaux et à l’extension de la base :
- Dans le sens antéro-postérieur : vers un allongement du champ crânio-facial et une avancée de l’étage supérieur (promaxillie relative à un retrait de la mandibule) ;
- Dans le sens transversal : vers un retrait des apophyses orbitaires externes et un visage étroit ;
- Dans le sens vertical : l’occipital en position haute, l’ascension de l’apophyse odontoïde et la position haute des ATM concordent pour limiter la croissance verticale de la face (on constate une diminution de l’étage inférieur de la face ENA-menton).
INFLUENCE DE LA CROISSANCE DE LA BASE DU CRÂNE SUR LE SENS VERTICAL
La SSO se comporte comme une véritable charnière, selon qu’elle s’ouvre ou qu’elle se ferme, il y aura rotation antérieure ou postérieure de la mandibule. De plus, la forme de la symphyse sphénoïdale est un signe structural de la tendance de croissance faciale à prédominance horizontale ou verticale.
En effet, lorsque la cavité glénoïde est placée trop haut de la symphyse sphénoïdale, il y aura rotation postérieure. Ainsi, une extension de la base du crâne (tête) par rapport à la colonne vertébrale s’associe à l’hyperdivergence. La flexion de la base du crâne (tête) par rapport à la colonne vertébrale est associée à l’hypodivergence.
CONCLUSION
L’orthodontiste ne doit pas perdre de vue que son intervention doit tenir compte des modalités de flexion de la base du crâne, et ceci afin :
- D’exploiter les données propres au patient et à sa croissance pour établir un plan de traitement ;
- D’utiliser la direction de la croissance dans le sens qui nous intéresse sous certaines conditions ;
- De prendre en considération les modifications futures probables.
LA BIODYNAMIQUE BASI-CRÂNIENNE – Orthopédie dento-faciale ODF
La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes. Les étudiants en médecine dentaire doivent maîtriser l’anatomie dentaire et les techniques de diagnostic pour exceller. Les praticiens doivent adopter les nouvelles technologies, comme la radiographie numérique, pour améliorer la précision des soins. La prévention, via l’éducation à l’hygiène buccale, reste la pierre angulaire de la pratique dentaire moderne. Les étudiants doivent se familiariser avec la gestion des urgences dentaires, comme les abcès ou les fractures dentaires. La collaboration interdisciplinaire avec d’autres professionnels de santé optimise la prise en charge des patients complexes. La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes.
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Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.
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