INTRODUCTION A LA PROTHESE COLLEE LE COLLAGE
Le collage est un assemblage par liaisons physico-chimiques qui assure le contact intime entre les tissus dentaires et les restaurations prothétiques.
Cette liaison est assurée grâce à une substance intermédiaire : matériau composite ou résine polymère.
Le matériau de collage doit être capable de former un joint de très faible épaisseur compatible avec la précision de coulée des alliages.
- L’adhésif
Un adhésif est une substance qui lie la surface de deux matériaux.
Cliniquement c’est une résine fluide qui précède le placement du composite, et qui est responsable de l’adhésion micromécanique avec la dentine : la résine pénètre dans la surface dentinaire déminéralisée et les canalicules, et polymérise in situ.
- Le primer
Lorsque deux matériaux qui doivent être collés ne présentent pas d’affinité particulière l’un pour l’autre, les promoteurs d’adhésion peuvent être utilisés Ils peuvent réagir avec les deux matériaux de façon à rétablir leur adhésion.
Le primers est un promoteur d’adhésion. Il est responsable de l’adhésion chimique avec
la dentine. Il contient deux différents groupes fonctionnels : l’un hydrophile (OH), qui se lie chimiquement au substrat dentinaire collagénique ; l’autre hydrophobe (méthacrylate), qui se lie avec la résine liquide (Bonding).
- La couche hybride
L’adhésif pénètre dans la dentine mordancée et y polymérise. Cette infiltration de résine crée une couche de transition qui n’est ni de la résine ni de la dentine, mais un hybride des deux. Cette zone d’inter-diffusion résine-dentine est actuellement considérée comme le mécanisme principal d’adhésion des systèmes amélo-dentinaire de dernière génération.
III – Avantages et inconvénients du collage
A / Avantages
- Esthétique : grâce à un large choix de teinte de composite ; qui joue un rôle important dans le rendu final et la transmission de la lumière.
- Rétention accrue ;
- Préservation optimale des tissus dentaires en permettant une mise en forme a minima des cavités.
- Protection pulpaire : la couche adhésive permet une protection contre la contamination bactérienne de la pulpe et limite les risques de sensibilité postopératoire.
- L’adhésion vient compenser la fragilité relative de certains éléments tout céramique et leur confère une longévité aussi importante que des restaurations scellées.
- La dissipation des contraintes thermiques, physiques et mécaniques grâce à la capacité de déformation du joint de colle.
B/ Inconvénients
- Les séquences de collage sont souvent longues ce qui exposent davantage l’interface à la salive, ce qui nécessite l’usage de la digue.
- Le protocole de collage doit être judicieusement appliqué et nécessite un temps de travail long.
- Un cout élevé.
IV. Facteurs influençant le collage
- L’humidité, le sang
La présence d’humidité (la salive, le sang, le fluide gingival) diminue les valeurs du collage et augmente le risque de micro infiltrations. Il est donc indispensable d’isoler la dent lors du collage.
- Les produits chimiques utilisés
- L’hypochlorite (NaOCl) :
Ses propriétés protéolytiques entrainent une dissolution superficielle des tissus, enlève la couche collagénique et déshydrate la dentine.
L’application de NaOCl altère les fibres de collagène, laissant la surface dentinaire lisse ce qui entraine une diminution des valeurs du collage.
- Le Glyde :
Le Glyde est un gel composé d’un chélatant (EDTA) et d’un agent oxydant (péroxyde de carbamide) mélangés dans une base hydrosoluble. Le problème est qu’il va provoquer une oxydation de la dentine.
- L’eugénol :
L’obturation du système endocanalaire avec des ciments endodontiques à base d’eugénol peut perturber la polymérisation des résines. Si un collage de la reconstitution corono-radiculaire est envisagé, il serait préférable d’utiliser un ciment canalaire sans eugénol.
- D’autres produits
Les résidus de ciment temporaire, de peroxyde d’hydrogène, de chloroforme, d’halothane perturbent également l’adhésion.
- Collage aux tissus dentaires
- Le collage amélaire
- Particularité de l’émail
Tissu très minéralisé qui enveloppe la partie coronaire de la dent et qui est constitué de 2,3% d’eau, de 96% d’éléments minéraux et de 1,7% d’éléments organiques.
L’émail est constitué d’éléments minéraux appelés prismes de l’émail séparés par la substance interprismatique qui est minérale et organique.
– Le mode d’adhésion à l’émail
Un émail non traité par l’acide a une énergie de surface très faible et ne convient
pas au collage. De plus, il est couvert d’un bio film de polysaccharides venant de la salive. Le fraisage amélaire élimine l’émail superficiel aprismatique peu propice au collage ainsi que ce
bio film.
Grace à Dr Michael Buonocore dans les années 50 ; le mordançage de l’émail à l’acide a connu le jour. L’acide va dissoudre le cœur des prismes créant ainsi un microrelief à la surface de l’émail. Une résine peut ensuite s’infiltrer dans ces anfractuosités créées et assurer une adhésion par clavetage mécanique. Le protocole idéal est l’application d’acide orthophosphorique à
37 %, durant 15 secondes.
Le mordançage de l’émail avec de l’acide phosphorique à 37 %, donnera lieu à deux changements très favorables au collage : l’énergie de surface de l’émail est augmentée
considérablement et une surface micro-rétentive est créée sur une profondeur de 10 à 20µ et qui peut être pénétrée de façon optimale.
- Le collage dentinaire
- Particularité de la dentine
La dentine se compose d’environ 50 % (en volume) d’éléments inorganiques, de 30 % d’éléments organiques et de 20 % d’eau : c’est là une différence importante avec l’émail, la dentine est caractérisée par une humidité intrinsèque.
La matrice organique de la dentine est composée de 91-92 % de collagène et de 8 à 9 % d’une substance de base non collagénique (Schroeder, 1987).
La partie inorganique est constituée, principalement de cristaux d’hydroxyapatite, qui son plus petits que ceux de l’émail.
La dentine est composée de deux substrats minéralisés de compositions différentes :
- Dentine péritubulaire ayant une forte partie minéralisée.
- Dentine intertubulaire (riche en collagène) ;
- Manchon dentinaire.
- Canalicules ou tubulis dentinaires, à l’intérieur des quels on trouve les prolongements odontoblastiques avec le fluide dentinaire.
Le nombre de tubules décroît de 45 000 par mm à proximité de la pulpe à 20000 par mm à la jonction amélo-dentinaire. Plus la dentine est proche de la pulpe plus le volume de fluide dans les tubules est important.
Cette structure très complexe de la dentine rend, difficile l’établissement de collages durables sur ce substrat.
A cela s’ajoute une microstructure variant continuellement en raison de modifications physiologiques et pathologiques.
– Le mode d’adhésion à la dentine
Le collage dentinaire est plus complexe et plus difficile. Deux approches thérapeutiques ont changé :
- La dentine doit être mordancée, ce qui ne blesse pas la pulpe.
- Des résines hydrophiles doivent être utilisées, capables de pénétrer dans la surface dentinaire mordancée malgré son état humide.
Lors de la préparation il se forme une boue dentinaire ou «smear layer» épaisse de 1 à 5 µM constituée d’éléments mous, en majeure partie de l’hydroxy-apatite et contient des
bactéries en grand nombre qui représentent un danger permanent pour la pulpe.
La boue dentinaire obture les tubulis dentinaires. Cependant ça liaison avec la dentine est faible et par conséquent ne peut jamais être utile pour l’adhésion avec la résine. Selon
Pashley, l’adhésion entre résine et boue dentinaire chute en une ou deux semaines, par suite du manque d’adhérence.
Cela a longtemps été le point faible de la dentisterie adhésive. Au départ, on pensait qu’un mordançage de la dentine léserait la pulpe. Cependant, de nombreuses études continuent de démontrer que le mordançage de la dentine des dents pulpées avec des acides organiques, n’affecte pas négativement le mécanisme du collage et n’est pas nocif pour la pulpe dentaire.
Ce mordançage permet de dissoudre les composants minéraux de la boue dentinaire ainsi que l’hydroxy-apatite de la dentine sous-jacente sur quelques micromètres de profondeur.
Après mordançage ; la dentine doit être conditionnée par un primer hydrophile avant l’application de l’adhésif de manière à transformer cette surface fortement hydrophile en surface hydrophobe. Lorsque l’adhésif est appliqué il est légèrement séché afin de ne pas créer de sur épaisseur. Il est intéressant d’utiliser un adhésif photopolymérisable par rapport à un adhésif dual car sa polymérisation complète et immédiate est obtenue par une irradiation.
La diffusion de l’adhésif dans le réseau de collagène de la dentine et dans les tubules ouverts aboutira à la formation d’une couche mixte appelée « couche hybride » ou zone d’inter diffusion résine-dentine.
La couche hybride permet une distribution uniforme des contraintes qui se créent
pendant la contraction de polymérisation du composite de collage, et par conséquent, une meilleure adaptation marginale de la restauration prothétique.
Mécanisme du collage
- Le collage à la céramique
Les céramiques se repartissent selon leur capacité d’être mordancée ou pas en :
- Céramiques mordançables
Ce sont des céramiques qui contiennent des silicates avec des pourcentages plus ou moins variables. Cette phase vitreuse peut être mordancée par un acide fort, l’acide fluorhydrique, qui permet de créer un relief propice au collage. Cet acide est appliqué avec une grande prudence de par sa toxicité et sa volatilité (port de gant, masque et lunette). L’acide doit être rincé abondamment et neutralisé dans un bain de bicarbonate. C’est une étape qui est réalisée généralement par le prothésiste.
Dans un second temps, on dépose à la surface de la céramique un silane (étape assurée par le médecin dentiste). Cet agent de couplage permet, d’une part de créer une liaison chimique à la phase vitreuse, et d’autre part de se lier à la résine de collage. Le silane permet en outre d’augmenter la mouillabilité à la surface de la céramique.
- Céramiques renforcées non mordançables
Dans le cas de céramiques renforcées à l’alumine ou à la zircone ; le traitement à l’acide fluorhydrique est inefficace et ne permet pas de créer à la surface de telles céramiques un relief propice au collage. Il n’existe pas de protocole idéal.
Le traitement par sablage de l’intrados de la prothèse avec de l’alumine à 50 μm permet
d’améliorer simplement la rétention finale.
Un dépôt artificiel de silice par projection ou par fusion permet d’utiliser les propriétés des silanes.
Les valeurs d’adhésion obtenues immédiatement sont très importantes (40 MPa). Cependant, cette couche de silice déposée mécaniquement à la surface de la céramique semble vieillir prématurément sous les effets des agressions thermiques et mécaniques : les valeurs d’adhésion à moyen terme sont faibles.
L’utilisation d’un CVI (ciment verre ionomère) modifié à la résine permet d’obtenir des valeurs d’adhésion moyennes (12 MPa). Pour le collage de ces céramiques renforcées, l’utilisation de colle de type 4-META, ou MDP permet d’obtenir des valeurs d’adhésion importantes.
Ces céramiques étant plus ou moins opaques, il est important d’utiliser un système adhésif en partie, ou totalement chémopolymérisant, et non pas seulement photopolymérisant.
- Collage à la résine composite
Les résines composites sont aussi employées dans des techniques restauratrices indirectes. Ces pièces prothétiques réalisées au laboratoire vont être soumises à une photopolymérisation intensive et à un traitement thermique afin d’augmenter leur propriété mécanique. Le but est d’obtenir la polymérisation la plus complète possible du matériau composite. Mais cette polymérisation totale va limiter les possibilités de collage, l’adhésif ne trouvant plus de chaîne libre pour « s’accrocher ».
Il va donc falloir traiter l’intrados de la pièce prothétique pour améliorer le collage. On réalisera systématiquement un sablage à l’alumine.
On peut ensuite traiter les charges de verres contenues dans le composite comme l’on traite une céramique : en réalisant un mordançage à l’acide fluorhydrique et en appliquant dans un second temps un silane.
Si la pièce prothétique n’est pas trop épaisse (< 2-3 mm), on peut utiliser un adhésif photopolymérisant. Au-delà de cette épaisseur il faut utiliser un adhésif chémopolymérisant.
- Le collage au métal
Le collage aux alliages métalliques a été tout d’abord obtenu par rétention mécanique :
- D’abord sous forme de macrorétention (ailettes perforées des bridges de Rochette).
- Puis microrétention par sablage à l’alumine.
Grâce aux colles de type 4-META (Superbond®) ou MDP (Panavia®), les valeurs d’adhésion obtenues sur les alliages sont du même ordre de grandeur que l’adhésion aux tissus dentaires. Cependant, le collage avec un alliage noble est moins efficace qu’avec un alliage non précieux. Afin d’augmenter cette adhésion, des traitements de surface ont été proposés, qui consistent à déposer à la surface du métal, de la silice. Cette silice est ensuite couplée à la résine de collage par l’application d’un silane. Si les valeurs d’adhésion obtenues sont alors très importantes, la fatigue mécanique et thermique semble dégrader assez rapidement la couche adhésive. À moyen terme le collage perd de son efficacité.
Le protocole préconisé est donc de sabler la pièce prothétique avec de l’alumine à 50 μm, puis
d’utiliser une résine de type 4-META ou Panavia®.
VI – Les polymères de collage
A/ Types de polymérisation
Les colles peuvent présenter trois types de polymérisation :
- Une photo polymérisation pure (la colle est alors mono-composant), le praticien peut en contrôler totalement le temps de mise en œuvre. L’indication d’une colle purement photopolymérisable est extrêmement réduite par la limite de diffusion de la lumière à travers les restaurations.
- Une polymérisation chimique pure qui implique le mélange de deux composants (une base et un catalyseur) pour être amorcée qui ne laisse pas assez de temps de travail au praticien.
– Une polymérisation duale (une double réaction : chimique et photonique).
B/ Classification des colles (CHERON ; 2007)
- Les colles sans potentiel adhésif : Résines composites de collage
Elles nécessitent des traitements de surface et l’application d’un agent de liaison. Elles présentent une large gamme de teintes ce qui nous permet de rectifier des fautes de couleurs lors du collage
Exemple : variolink ( Ivoclar vivadent).
- Indications :
- Facettes (céramique, composite)
- Onlay,Inlay (céramique, composite)
- Attelle de contention en composite fibré
L’avantage des colles duales est d’assurer une bonne qualité de prise sur toutes les surfaces du joint et de permettre au praticien de contrôler le temps de prise à défaut du temps de travail.
- Les colles avec potentiel adhésif : Résines composites contenant un monomère réactif.
Ce sont des résines intrinsèquement adhésives grâce aux groupements réactifs qu’elles contiennent. La déminéralisation peut être obtenue par un mordançage suivi d’un rinçage et/ou par l’action des monomères acides contenus dans la colle. Ce qui revient à dire que ces colles nécessitent un conditionnement des surfaces dentaires et prothétiques sans l’utilisation d’adhésifs.
–Exemple :
Super bond (Morita – Sun Médical)
–Indications :
- Facettes.
- Onlay, Inlay (céramique, composite, métallique).
- Attelle de contention.
- Bridge collé.
- Inlay core.
- Couronne céramique, céramo-métallique.
- Les colles auto-adhésives
Résines composites de collage auto-adhésives.
Elles sont équivalentes dans leur mode de fonctionnement aux adhésifs en une seule étape et ne nécessitent donc aucun traitement de surface préalable.
Elles contiennent tous les éléments nécessaires à l’adhésion en un seul matériau. Leur pouvoir auto-mordançant ainsi que leur simplicité d’utilisation en font leur spécificité. Leur prise se fait initialement par polymérisation, ce qui fait bien d’elles des colles. Toutefois il est conseillé, pour augmenter l’adhésion, de mordancer la surface amélaire, avant le collage, avec de l’acide orthophosphorique à 37%. Ces colles sont appliquées sans conditionnement ni traitement des surfaces dentaires et prothétiques mais elles possèdent moins de résistance mécanique que les colles sans potentiels adhésifs ; cela contre indique leur utilisation pour coller des facettes en céramique car le joint subit de trop fortes sollicitations dans cette situation.
Exemple : Relyx Unicem (3M ESPE)
- Indications :
- Couronne /bridges céramo-céramiques.
- Couronne /bridges céramo-métalliques.
- Contre-Indications :
- Facette.
- Bridges collés.
- Attelles de contention
VII- Protocole de collage
Il n’y a pas un protocole commun à toutes les colles.
Le collage se fera suivant les indications du fabriquant, néanmoins il y des bases essentielles communes à tous les protocoles :
- Isoler la dent.
- Une surface mordancée contaminée par le sang ou la salive doit être remordançée.
- Le séchage de la surface dentaire doit être modéré : c’est un collage « sec et humide » et donc il faut savoir reconnaître une surface humide d’une surface trop humide.
- L’application de l’adhésif doit se faire « en frottant » bien la surface dentaire avec un pinceau destiné à cet usage pendant quelques secondes.
- Connaître les propriétés de la colle utilisée et surtout il faut connaître les indications.
Conclusion
Le collage fait partie non seulement de notre arsenal thérapeutique mais à donner naissance à une dentisterie adhésive dont les caractères « esthétique » et « économie tissulaire » en sont les paradigmes.
INTRODUCTION A LA PROTHESE COLLEE LE COLLAGE
Les dents de sagesse peuvent comprimer les nerfs si elles ne sont pas extraites.
Les couronnes dentaires en zircone sont à la fois solides et esthétiques.
Les gencives qui reculent exposent les racines et augmentent la sensibilité dentaire.
Les gencives qui reculent exposent les racines et augmentent la sensibilité dentaire.
Les aligneurs transparents sont une solution pratique pour redresser les dents discrètement.
Les obturations en composite s’adaptent à la couleur naturelle des dents.
Les brossettes interdentaires préviennent les inflammations des gencives.
Une alimentation équilibrée réduit le risque de caries et de maladies gingivales.
INTRODUCTION A LA PROTHESE COLLEE LE COLLAGE

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.