Introduction à la Pathologie Tumorale Maligne / Pathologies Bucco-Dentaires

Introduction à la Pathologie Tumorale Maligne / Pathologies Bucco-Dentaires

Introduction à la Pathologie Tumorale Maligne / Pathologies Bucco-Dentaires

Introduction

L’odonto-stomatologiste occupe une place de choix et un rôle important dans le dépistage des tumeurs malignes de la sphère orale. Il participe également à la prise en charge des patients devant subir un traitement anticancéreux.

Objectifs

  • Savoir reconnaître les signes en faveur d’une tumeur maligne.
  • Orienter l’examen clinique et paraclinique pour arriver au diagnostic.

Définitions

Tumeur

Excroissance pathologique, due à une prolifération de cellules aboutissant à un tissu néoplasique.

Tumeur Bénigne

  • Reproduction identique aux cellules d’origine.
  • Bien limitée, évolution lente et locale.
  • Refoule les tissus voisins sans les détruire.
  • État général conservé, pas d’adénopathies (ADP), pas de récidive ni de métastases.

Tumeur Maligne

  • Prolifération anarchique de cellules anormales.
  • Croissance rapide, mal limitée, envahit les tissus voisins.
  • Présente des adénopathies, état général altéré, donne des métastases.
  • Possibilité de récidive après traitement.

Selon le tissu d’origine

  • Tumeurs malignes d’origine épithéliale : Carcinomes.
  • Tumeurs malignes d’origine conjonctive : Sarcomes.
Les Sarcomes
  • Développés à partir du tissu conjonctif (ex. : ostéosarcome, lymphosarcome).
Métastases
  • Liées à la capacité des cellules cancéreuses à se détacher de la tumeur primitive et à migrer à distance, réalisant des foyers tumoraux indépendants.
  • Localisations principales :
    • Ganglions régionaux (métastases primaires).
    • À distance : poumons, foie, os et moelle.
Tumeurs malignes épithéliales
  • Bien différenciée : Tissu néoformé identique au tissu d’origine (ex. : épithélioma basocellulaire et spinocellulaire).
  • Indifférenciée : Différente du tissu d’origine. Le degré de différenciation a une conséquence pronostique.

La Cancérisation

Chaque cellule assure une fonction déterminée et reste capable de se diviser ou de mourir. Les cellules « normales » sont programmées pour mourir. Dans le cas de la cellule cancéreuse, les mécanismes sont déréglés, si bien que la cellule ne perçoit plus les signaux qui devraient conduire à son apoptose (elle devient immortelle).

Mécanismes cellulaires

  • À l’état normal, lors de la mitose cellulaire, l’ADN se réplique à l’identique sous le contrôle de la protéine P53 (peu abondante).
  • La P53 est un anti-oncogène, elle s’oppose à la duplication des gènes mutés (suppresseur de tumeur).
  • En cas d’agression mutagène (tabac, irradiation…), la P53 est surexprimée, inhibe la division de l’ADN lésé pour le réparer ou induire l’apoptose de la cellule mutée.

Le Cycle Cellulaire

  • Le mécanisme de division cellulaire est couplé à un programme de mort cellulaire (apoptose).
  • L’équilibre entre mitose et apoptose détermine l’homéostasie d’un tissu.
  • Cet équilibre est contrôlé par :
    • Les anti-oncogènes : Inhibent la division cellulaire.
    • Les proto-oncogènes : Stimulent la division cellulaire.

Facteurs de Risque

Tabac

  • Le risque cancérigène est proportionnel à la quantité et à la durée du tabagisme.
  • Facteur d’induction des cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS).
  • Nicotine : Crée une forte dépendance, mais non cancérigène.
  • Goudrons : Cancérogènes par la présence de benzopyrène et de nitrosamides.
  • Le tabac à chiquer et le cannabis augmentent le risque de cancer de la cavité buccale.

Les Irritants

  • La fumée du tabac induit une chaleur toxique et mutagène.
  • Tabagisme passif : L’exposition régulière à la fumée du tabac augmente le risque cancérigène (lieux publics, professionnels).
  • Les irritations et traumatismes chroniques jouent un rôle dans le développement du cancer de la cavité buccale.
  • Les radiations ionisantes sont cancérigènes. Les effets des UV naturels sont bien connus dans les carcinomes des lèvres (pêcheurs, agriculteurs).

Facteurs Nutritionnels

  • Les fruits et légumes ont un effet protecteur, réduisant le risque de cancer de 20 à 60 %.
  • Effet antioxydant des caroténoïdes, vitamines C et E.

Facteurs Professionnels

  • Certaines professions exposent aux cancers des VADS :
    • Poussière de bois, cuir → Cancer ethmoïde.
    • Nickel, chrome → Cancer des fosses nasales.
    • Amiante → Cancer bronchique et laryngé.

Cancérisation Virale

  • Certains virus sont associés à la survenue de cancers cervico-faciaux :
    • Papillomavirus (HPV) : HPV 16, 18, plus fréquent dans les cancers buccaux.
    • Epstein-Barr (EBV) : Lymphome de Burkitt.
    • Human Herpes Virus (HHV8) : Sarcome de Kaposi.
  • L’ADN de ces virus contient des gènes codant des protéines activant les oncogènes ou inhibant les anti-oncogènes.

Rôle des Lésions Potentiellement Malignes

  • Selon l’OMS, 30 à 80 % des cancers de la cavité buccale se développent à partir de lésions potentiellement malignes préexistantes (leucoplasie, lichen plan buccal, érythroplasie).

Autres Facteurs

  • Hygiène bucco-dentaire.
  • Sujets dépressifs.
  • Prédispositions génétiques.

Cas Particulier des Sujets Âgés

  • Une personne de 70 ans présente 100 fois plus de risque de développer un cancer qu’un jeune de 20 ans.

Classification TNM

T : Tumeur

  • Tx : Non déterminée.
  • T0 : Pas de tumeur primitive.
  • T1 : Taille ≤ 2 cm dans sa plus grande dimension.
  • T2 : Taille > 2 cm et ≤ 4 cm.
  • T3 : Taille > 4 cm.
  • T4 : Taille ayant envahi les structures voisines.

M : Métastases à Distance

  • Mx : Renseignements insuffisants.
  • M0 : Pas de métastases.
  • M1 : Présence de métastases.

N : Adénopathies Régionales

  • Nx : Non déterminé.
  • N0 : Pas de métastase ganglionnaire.
  • N1 : Ganglion homolatéral unique ≤ 3 cm.
  • N2a : Ganglion homolatéral > 3 cm et ≤ 6 cm.
  • N2b : Ganglions homolatéraux multiples ≤ 6 cm.
  • N2c : Ganglions bilatéraux/contralatéraux ≤ 6 cm.
  • N3 : Ganglion > 6 cm.

Diagnostic des Cancers de la Région Cervico-Faciale

Interrogatoire

  • Antécédents médico-chirurgicaux.
  • Recherche de signes fonctionnels.
  • Évaluation des facteurs de risque (tabac, alcool).
  • Profession, état général, perte de poids et d’appétit.
  • Douleur, dysphonie, épistaxis, hémorragie buccale, mobilité dentaire, tuméfaction ou ulcération ne guérissant pas.

Examen Exo-Buccal

  • Examen des téguments.
  • Trismus, adénopathies (facteur essentiel).
  • Examen de la sensibilité (motrice et sensitive).

Examen Endo-Buccal

  • Hygiène.
  • Examen des muqueuses.
  • Palpation : Consistance, présence ou absence d’induration.
  • Examen dentaire.

Examens Complémentaires

  • Examens biologiques.
  • Examens radiologiques :
    • Rechercher les signes radiologiques de malignité :
      • Ostéolyse à limites imprécises.
      • Rupture des corticales, infiltration des parties molles.
  • Biopsie.
  • Autres moyens d’aide au diagnostic :
    • Cyto-brosse.
    • Épreuve au bleu de toluidine.
  • Scintigraphie : Déceler les cancers primitifs des os.
  • Bilan d’extension : Évaluer l’extension locale ou à distance de la tumeur, rechercher les lésions associées (thoracique, général, ganglionnaire).
ostéolyse expansive dte
TDM du massif facial, reconstruction 3D : importante lésion ostéolytique.
Image ostéolytique avec présence de multiples cloisonnements et ruptures des corticales par endroits.

Rôle de l’Odonto-Stomatologiste

Sur le Plan de la Prophylaxie

  • Prévention primaire : Mise en évidence et lutte contre les facteurs de risque par :
    • Campagnes antitabac et anti-alcool.
    • Recommandations nutritionnelles.
    • Motivation à l’hygiène.

Principe et Rôle du Dépistage

  • Définition : Détection d’une lésion lors d’un examen systématique, au cours d’une consultation, quel qu’en soit le motif.
  • Intérêt : Détecter les cas suspects à un stade précoce pour un traitement précoce.
  • Prévention secondaire :
    • Reconnaissance des signes cliniques suspects (lésion qui perdure, devient irrégulière, indurée, avec apparition d’adénopathies).
    • Connaissance des lésions potentiellement malignes et de leurs manifestations.
    • Sensibilisation de la population à la consultation systématique.

Sur le Plan Thérapeutique

  • L’odontologiste assure la prise en charge avant, pendant et après le traitement anticancéreux en collaboration avec le cancérologue.

Conclusion

L’odonto-stomatologiste occupe une place de choix et une grande responsabilité dans le dépistage précoce et la reconnaissance des signes cliniques du cancer buccal. La suspicion d’un cancer buccal impose un bilan diagnostique clinique, paraclinique et anatomopathologique pour établir la stratégie thérapeutique.

Introduction à la Pathologie Tumorale Maligne / Pathologies Bucco-Dentaires

  La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes. Les étudiants en médecine dentaire doivent maîtriser l’anatomie dentaire et les techniques de diagnostic pour exceller. Les praticiens doivent adopter les nouvelles technologies, comme la radiographie numérique, pour améliorer la précision des soins. La prévention, via l’éducation à l’hygiène buccale, reste la pierre angulaire de la pratique dentaire moderne. Les étudiants doivent se familiariser avec la gestion des urgences dentaires, comme les abcès ou les fractures dentaires. La collaboration interdisciplinaire avec d’autres professionnels de santé optimise la prise en charge des patients complexes. La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes.  

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