HISTOGÉNÈSE DE LA DENTINE / Histologie Dentaire

HISTOGÉNÈSE DE LA DENTINE / Histologie Dentaire

INTRODUCTION

L’histogénèse de la dentine, ou dentinogénèse, est le processus d’élaboration de la dentine par les odontoblastes. C’est un processus lent et continu qui se poursuit tant que la dent conserve sa vitalité. La dentinogénèse se déroule en plusieurs étapes : la différenciation des odontoblastes, la synthèse et la sécrétion de la prédentine (tissu non minéralisé), puis sa maturation et enfin sa minéralisation. La formation de la dentine précède celle de l’émail, avec un décalage de 24 à 66 heures.

DIFFÉRENCIATION DES ODONTOBLASTES

Origine et induction

Les odontoblastes se différencient à partir des cellules périphériques de la papille mésenchymateuse, sous l’action inductrice des pré-améloblastes. Ces cellules périphériques sont situées à courte distance d’une membrane basale constituée de plusieurs lames :

• Lamina densa
• Lamina lucida : correspond à la zone d’attache entre les cellules de l’épithélium dentaire interne et la membrane basale.
• Lamina fibroreticularis : permet l’ancrage de la membrane basale à la papille ectomésenchymateuse.

Avant leur différenciation, les cellules périphériques de la papille sont ovalaires, avec un noyau central et des organites cytoplasmiques répartis uniformément dans le cytoplasme.

Processus de différenciation

La différenciation des cellules mésenchymateuses est marquée par :

• Arrêt des mitoses et augmentation de la taille des cellules, qui s’allongent et s’accrochent aux fibrilles d’ancrage de la membrane basale, formant ainsi les préodontoblastes.
• Les préodontoblastes se différencient en odontoblastes, se polarisent et présentent :
  • Un pôle apical : pourvu de replis en contact avec les pré-améloblastes, constituant le futur pôle sécrétoire.
  • Un pôle basal : situé du côté de la papille, occupé par le noyau.

Ultrastructure de l’odontoblaste sécréteur

Corps cellulaire

Le corps cellulaire de l’odontoblaste est allongé, de forme piriforme, avec :

• Une extrémité élargie comportant le noyau.
• Une extrémité amincie qui se prolonge par un prolongement cytoplasmique.

Les organites intracellulaires sont bien développés, incluant :

• Réticulum endoplasmique granulaire (REG).
• Mitochondries.
• Appareil de Golgi.
• Vésicules de sécrétion.

Prolongement cytoplasmique

Le prolongement cytoplasmique contient :

• Un cytosquelette abondant : microtubules, filaments intermédiaires et microfilaments.
• Quelques mitochondries de petite taille.
• Une base entourée par une matrice extracellulaire en voie de maturation, appelée prédentine.
• Le reste du prolongement est inclus dans la dentine minéralisée, occupant une cavité perpendiculaire à la surface libre appelée tubule dentinaire.

Lorsque la production et la maturation de la prédentine commencent, le prolongement contient de nombreuses vésicules de sécrétion et d’endocytose. Il présente également des ramifications latérales qui mettent en communication les odontoblastes voisins.

ÉTABLISSEMENT DU TERMINAL WEB

Avant que les odontoblastes ne deviennent fonctionnels et ne synthétisent la prédentine, une zone appelée terminal web se forme. Située entre le corps cellulaire et le prolongement odontoblastique, elle comporte des filaments d’actine fixés à la face interne de la membrane plasmique. Ces filaments empêchent les organites cytoplasmiques de migrer dans le prolongement odontoblastique, ne laissant passer que les vésicules de sécrétion et d’endocytose.

FORMATION DE COMPLEXES DE JONCTION

Sur la face externe de la membrane plasmique, des complexes de jonction circulaires apparaissent, reliant les odontoblastes entre eux. Ces complexes incluent :

• Jonctions adhérentes.
• Jonctions serrées.

Le territoire situé entre le complexe de jonction circulaire et la membrane basale constitue le compartiment prédentinaire, qui contiendra la prédentine. On observe également :

• Des jonctions serrées ou communicantes entre les corps odontoblastiques.
• Des jonctions cellulaires entre les odontoblastes et les cellules ectomésenchymateuses sous-odontoblastiques, au niveau du pôle basal.

Cela entraîne la séparation de trois compartiments :

• Compartiment prédentinaire.
• Compartiment pulpaire.
• Couche odontoblastique.

MISE EN PLACE DE LA MATRICE DENTINAIRE

Dès la mise en place de la couche des odontoblastes, ces derniers synthétisent les constituants de la prédentine. La prédentine est d’abord sécrétée entre les fibres d’ancrage de la membrane basale, puis autour des prolongements odontoblastiques. Elle subit ensuite un phénomène de maturation, suivi de sa minéralisation.

Composition de la matrice dentinaire

La matrice dentinaire est composée de :

• Collagène : représente 80 à 85 % de la matrice.
• Protéoglycanes.
• Protéines non collagéniques : jouent un rôle majeur dans les processus de décalcification.

L’interface entre la prédentine et la dentine minéralisée est appelée front de minéralisation.

MINÉRALISATION DE LA DENTINE

La minéralisation consiste en l’imprégnation de la matrice organique dentinaire par des sels de phosphate de calcium, qui cristallisent sous forme de molécules d’hydroxyapatite : $\mathrm{Ca}_{10}(\mathrm{PO}_4)_6(\mathrm{OH})_2$. Ces cristaux se regroupent en calcisphérites (diamètre de 1 à 7 µm), placées à un même niveau. Les calcisphérites augmentent de volume, fusionnent et forment une lame de minéralisation continue.

Des lames se forment successivement, laissant entre elles des lignes de Von Ebner, qui sont des zones de moindre minéralisation. La dentinogénèse radiculaire est identique à celle de la couronne, mais elle se produit sous l’induction de la gaine de Hertwig.

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