Étude Diagnostique de la Dysharmonie Dento-Maxillaire (DDM) et Dento-Dentaire (DDD)

Étude Diagnostique de la Dysharmonie Dento-Maxillaire (DDM) et Dento-Dentaire (DDD)

Étude Diagnostique de la Dysharmonie Dento-Maxillaire (DDM) et Dento-Dentaire (DDD)

Introduction

Les anomalies orthodontiques, motifs de consultation les plus fréquents chez l’orthodontiste, incluent principalement la dysharmonie dento-maxillaire (DDM) et, à une fréquence moindre, la dysharmonie dento-dentaire (DDD).

La Dysharmonie Dento-Maxillaire (DDM)

Définition

La dysharmonie dento-maxillaire correspond à une disproportion entre les dimensions mésio-distales des dents permanentes et le périmètre des arcades alvéolaires correspondantes. Elle peut se présenter sous deux formes principales :

  • DDM par macrodontie relative : Augmentation relative du volume dentaire par rapport au maxillaire, se manifestant généralement par un encombrement dentaire.
  • DDM par microdontie relative : Dents plus petites que la moyenne sur un maxillaire de volume habituel, se traduisant par des diastèmes.

Localisation

La DDM peut se manifester à différents niveaux :

  • Antérieure : Incisives et canines.
  • Latérale : Prémolaires et molaires.
  • Postérieure : Deuxième et troisième molaires.

Étiopathogénie

Les causes de la DDM incluent :

  1. Facteur héréditaire : Hérédité croisée, par exemple, petits maxillaires de la mère et grandes dents du père.
  2. Incoordinations embryologiques : Disparités entre les dimensions des mâchoires et des dents.
  3. Origine ethnique ou familiale : Biproalvéolie observée chez certains mammifères.
  4. Origine pathologique ou iatrogène : Perte prématurée d’une dent temporaire, caries proximales, ou poussée mésialente excessive, notamment lors de l’éruption des canines et des deuxième et troisième molaires.
  5. Déséquilibre musculaire labio-linguo-jugal : Influence sur la position de la zone neutre (zone 0 de Dangy ou couloir dentaire neutre de Château). Une sangle labiale hypertonique peut provoquer une DDM par encombrement incisif.

Les Formes Cliniques

DDM par Macrodontie Relative ou par Défaut de Place

Cette forme correspond à une augmentation relative du volume dentaire par rapport au maxillaire, se manifestant par un encombrement dentaire. On distingue trois types d’encombrement :

  • Encombrement primaire : D’origine génétique, décelable dès la denture temporaire.
  • Encombrement secondaire : Coïncide avec l’éruption des canines et, plus tard, des deuxième molaires permanentes. Peut résulter d’une poussée mésialente ou de la perte prématurée des dents temporaires.
  • Encombrement tertiaire : Lié à l’éruption des troisième molaires et à la croissance tardive de la mandibule.
Signes de la DDM par Défaut de Place

La DDM peut être identifiée à travers :

  • Examen clinique, moulages, radiographies et téléradiographies de profil.
  • Signes faciaux : Préjudice esthétique dû aux malpositions dentaires ou alvéolaires.
  • Signes occlusaux :
    • En denture temporaire : Absence de diastème de Bgue à 5 ans, présageant un encombrement ultérieur en denture permanente.
    • En denture mixte (constitution) :
      • À la mandibule :
        • Incisives : Rhizalyse prématurée des incisives latérales par les centrales permanentes, linguo-position des incisives latérales permanentes (premier signe d’encombrement incisif), vestibulocclusion localisée d’une incisive centrale inférieure.
        • Canines temporaires :
          • Type 1 : Persistance des canines temporaires, encombrement incisif avec dénudation fréquente de l’incisive centrale la plus vestibulée.
          • Type 2 : Expulsion unilatérale d’une canine temporaire, déviation du milieu inter-incisif et encombrement incisif réduit.
          • Type 3 : Expulsion bilatérale spontanée des canines temporaires, absence d’encombrement, diastèmes réduits ou supprimés pour les canines permanentes.
      • Au maxillaire : Malpositions incisives, linguocclusion d’une ou deux incisives latérales, élimination d’une ou deux canines temporaires.
    • En denture mixte stable et phase adolescente :
      • Manifestations antérieures :
        • Incisives : Encombrement, dénudation accentuée d’une incisive, absence de gencive attachée, facette d’abrasion en occlusion inversée, mobilité d’une dent inférieure en vestibulocclusion.
        • Canines permanentes : Évolution vestibulaire en infraposition, défaut de gencive attachée, inclusion vestibulaire ou palatine.
      • Manifestations latérales :
        • Première prémolaire en vestibulo- ou linguocclusion, ou retenue entre canine et deuxième molaire temporaire.
        • Deuxième prémolaire en linguo- ou vestibulocclusion, ou en inclusion secondaire.
        • Rotation des prémolaires, accentuant le déficit d’espace.
      • Manifestations postérieures :
        • Première molaire supérieure enclavée sous la deuxième molaire temporaire.
        • Rhizalyse de la racine distale ou élimination précoce de la deuxième molaire temporaire à l’éruption de la dent de 6 ans.
        • Rotation mésio-vestibulaire de la première molaire, réduisant l’espace disponible.
    • En denture permanente :
      • Encombrement des incisives et canines.
      • Vestibulo-version des deuxième molaires supérieures.
      • Deuxième molaires inférieures en vestibulo-position ou enclavées sous le bombé distal de la première molaire.
      • Inclusion des troisièmes molaires (dents de sagesse).
  • Signes radiologiques :
    • Manifestations antérieures :
      • Téléradiographie : En denture mixte précoce, germe de la canine près de la corticale symphysaire externe, vestibuloversion des incisives avec encombrement.
      • Radio panoramique : Axes des germes des canines permanentes fortement mésio-versés, diastèmes réduits, disto-version des incisives latérales supérieures.
    • Manifestations latérales : Prémolaires enclavées ou incluses, disto- ou mésioversion des germes des deuxième prémolaires inférieures.
    • Manifestations postérieures : Espace réduit pour l’évolution des deuxième et troisième molaires, versions distales importantes des germes, superpositions des germes non évolués et des premières molaires permanentes.
Anomalies Associées

La DDM par macrodontie relative peut être associée à toutes les malocclusions de la classification d’Angle.

Conséquences à Long Terme
  • Dentaires : Inclusions, caries, abrasions prématurées.
  • Parodontales : Difficulté d’élimination de la plaque bactérienne, manque ou absence de gencive attachée (dent ectopique), dénudation (dent trop vestibulée).
  • Occlusales : Syndrome algo-dysfonctionnel de l’appareil manducateur (SADAM) dû à des prématurités.
  • Psychologiques : Complexes esthétiques, évitement de sourire.

DDM par Microdontie Relative ou par Excès de Place

Définition

Cette forme correspond à une diminution relative du volume dentaire par rapport au maxillaire, se manifestant par des diastèmes.

Signes Cliniques
  • Présence de multiples diastèmes due à la petitesse des dents.
  • Préjudice principalement esthétique.
  • Mastication de certains aliments inconfortable.

La Mesure de la DDM

En Denture Permanente

La DDM est évaluée comme la différence entre :

  • Espace nécessaire : Somme des diamètres mésio-distaux des dents (de la première molaire supérieure/inférieure droite à gauche), mesurés avec un compas à pointes sèches ou un pied à coulisse.
  • Espace disponible : Longueur de l’arcade mesurée entre les faces médiales des premières molaires, à l’aide d’un fil de laiton de cuivre mou (6/10), sans tenir compte des malpositions.

Évaluation :

  • DDM positive (place disponible > place nécessaire) : DDM par excès ou microdontie relative.
  • DDM négative (place disponible < place nécessaire) : DDM par macrodontie relative ou insuffisance. Si le manque de place excède 6 ou 7 mm, des extractions peuvent être indiquées.

En Denture Mixte

  • Espace disponible : Mesuré comme en denture permanente, mais corrigé par le leeway (mouvement physiologique mésial lors du remplacement des molaires temporaires par les prémolaires) :
    • Maxillaire : 0,9 mm de chaque côté.
    • Mandibule : 1,7 mm de chaque côté.
    • Formule : Place disponible = périmètre de l’arcade – leeway (x2 si les deuxième molaires temporaires sont présentes).
  • Espace nécessaire :
    • Mesuré sur les dents évoluées avec un pied à coulisse.
    • Pour les dents non évoluées, mesuré sur radiographie (panoramique ou téléradiographie).
    • Formules basées sur les diamètres mésio-distaux des quatre incisives permanentes :
      • Maxillaire supérieur : Arc i + ((arc i) / 2 + 11) * 2
      • Mandibule : Arc i + ((arc i) / 2 + 10) * 2
    • Remarque : Si une canine ou prémolaire est présente d’un côté, utiliser la même valeur pour la canine/premolaire non évoluée opposée et les prémolaires adjacentes/opposées.

La Dysharmonie Dento-Dentaire (DDD)

Définition

La DDD désigne des disproportions entre les diamètres mésio-distaux des dents supérieures et inférieures.

Évaluation de la DDD

L’évaluation repose sur l’analyse de Bolton :

  • Rapport des six dents antérieures :
    • Formule : R = (Somme des diamètres mésio-distaux des 6 dents antérieures mandibulaires / Somme des diamètres mésio-distaux des 6 dents antérieures maxillaires) × 100 = 77,2 ± 0,22 %.
    • R > 77,2 : Excès du périmètre mandibulaire antérieur, entraînant un chevauchement inférieur ou un diastème supérieur.
    • R < 77,2 : Excès du périmètre maxillaire antérieur, se manifestant par un recouvrement incisif ou un overjet augmenté.
  • Rapport des 12 dents antérieures :
    • Formule : R = (Somme des diamètres mésio-distaux des 12 dents antérieures mandibulaires / Somme des diamètres mésio-distaux des 12 dents antérieures maxillaires) × 100 = 91,3 ± 0,26 %.
    • R > 91,3 : Excès du périmètre mandibulaire postérieur, entraînant un chevauchement inférieur ou un espacement supérieur.
    • R < 91,3 : Excès du périmètre maxillaire postérieur, entraînant un chevauchement supérieur ou un espacement inférieur.

Conclusion

Un diagnostic précis de la DDM et de la DDD nécessite un examen clinique minutieux, complété par des examens complémentaires (moulages, photos, radiographies panoramiques, téléradiographies). Ces démarches permettent de constituer un dossier patient complet, facilitant l’établissement d’une conduite thérapeutique adaptée par l’orthodontiste.

Étude Diagnostique de la Dysharmonie Dento-Maxillaire (DDM) et Dento-Dentaire (DDD)

  La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes. Les étudiants en médecine dentaire doivent maîtriser l’anatomie dentaire et les techniques de diagnostic pour exceller. Les praticiens doivent adopter les nouvelles technologies, comme la radiographie numérique, pour améliorer la précision des soins. La prévention, via l’éducation à l’hygiène buccale, reste la pierre angulaire de la pratique dentaire moderne. Les étudiants doivent se familiariser avec la gestion des urgences dentaires, comme les abcès ou les fractures dentaires. La collaboration interdisciplinaire avec d’autres professionnels de santé optimise la prise en charge des patients complexes. La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes.  

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