ERGONOMIE ET MATÉRIEL SPECIFIQUE EN ODONTOLOGIE PÉDIATRIQUE

ERGONOMIE ET MATÉRIEL SPECIFIQUE EN ODONTOLOGIE PÉDIATRIQUE

ERGONOMIE ET MATÉRIEL SPECIFIQUE EN ODONTOLOGIE PÉDIATRIQUE

Introduction

L’odontologie pédiatriqueest une discipline médico-chirurgicale qui s’attache à étudier le développement bucco- dentaire de l’enfant et les maladies qui s’y associent.

Comme toutes les autres disciplines de la médecine dentaire l’odontologie pédiatrique requiert une ergonomie et dans certains cas un matériel spécifique en accord avec l’âge de ce patient, jeune, anxieux, craintif et parfois non coopérant et ce afin de mieux répondre à ses exigences, et surtout assurer des soins fiables, efficaces et rapides.

I-L’ergonomie en pédodontie

L’ergonomie est une science d’analyse et de mise en application du travail et de ses conditions.

Son domaine pluridisciplinaire recouvre les champs d’investigation de la psychologie, de la médecine pour la physiologie principalement, de l’architecture, de l’ingénierie, de l’économie de la physique et de la chimie .

Le but final est en se servant de tous ces champs de définir pour une tâche ou une activité une notion de performance et de bien-être dans son accomplissement.

Le terme Ergonomie vient du grec « Ergon » qui veut dire Travail et « Nomos » qui veut dire loi. Il s’agit donc des règles qui régissent l’exercice d’une activité de travail et son contexte.

L’ergonomie est l’ensemble des connaissances relatives à l’homme et nécessaires pour concevoir des outils, des machines et des dispositifs qui puissent être utilisés avec un maximum de confort, de sécurité et d’efficacité.

Le tout pour une adaptation du travail à l’homme. Le but est de simplifier le travail pour augmenter la productivité, sans perte de qualité.

Ces lois qui règlent le travail dans son déroulement font intervenir des notions de :

  • Physiologie musculaire et nerveuse (biomécanique, statique,…),
  • Physiologie du travail,
  • Psychologie,
  • Acoustique,
  • Éclairage et vision,
  • Toxicologie,
  • Maladies professionnelles,
  • Hygiène et gestion des déchets,
  • Organisation du cabinet et réglementation,
  • Formation continue
  1. Les postures de travail

La posture est définie selon Mesure en 2001 comme étant :

« La Manière dont l’organisme affronte les stimulations du monde extérieur et se prépare à réagir ».

Elle organise la position du corps durant les actes selon des segments corporels avec une position de référence par rapport à chaque acte et de laquelle il ne faut pas s’écarter.

  1. Emplacement des mains :

Les bras sont à peu près verticaux et les avant-bras horizontaux.

  1. Hauteur des plans de travail:

Le patient est à peu près à hauteur des coudes du praticien.

  1. Position du patient:

Patient pratiquement allongé et praticien assis.

Cette position oblige en conséquence à faire attention aux risques de déglutition ou d’inhalation.

Il faut travailler en vision indirecte à l’aide d’outil adapté (miroir de Daryl Beach ou miroir aspirant).

  1. La position de base idéale est

Le travail« à midi » qui est particulièrement rentable au plan de l’économie rachidienne.

Elle permet de limiter les lignes de rupture et de compenser ces dernières pour limiter les efforts sur le dos.

La contraction musculaire en malposition réduit la vascularisation et entraîne des douleurs, de la fatigue physique et psychologique. On peut ainsi avoir une diminution de notre sens tactile, de préhension et de précision.

La position de la tête inclinée sur le côté au lieu d’une vision en ligne droite génère une vision non horizontale à l’origine d’une fatigue visuelle (reconstruction en une image horizontale par le cerveau).

  1. La position des pieds

Elle doit se faire à plat sur le sol de manière à permettre avec une position droite du tronc de développer un angle entre la cuisse et la jambe entre 90 et 120° .Cette mesure permet de définir la hauteur du siège.

Cette hauteur de siège doit être réglée à partir du niveau de la rotule en fonction de l’angle de Keegan.

La position droite dorsale devra être respectée pour éviter les compressions des disques vertébraux latéralement selon les recommandations de la FDI « Le bassin et la région sacro-lombaire doivent être correctement en équilibre, sans inflexion latérale ».

  1. Concepts ergonomiques

A partir de ces recommandations différents concepts ont émergé pour la conception d’un plateau technique de travail et celle de fauteuil adapté. Nous verrons celui en vigueur actuellement.

  1. Le concept de Beach :

Le concept de Daryl Beach, dit du « lit dentaire », considère que le patient doit être allongé complètement. Ce concept permet de suivre parfaitement les recommandations de travail en position à midi, tout en respectant l’angle de KEEGAN (angle formé par la cuisse et le tronc en position assise normale 90°).

  1. Le choix du fauteuil,

Lescritères de choix du siège sont :

  • Hauteur réglable,
  • Hauteur du dossier réglable,
  • Position du dossier réglable horizontale ment,
  • Profondeur du siège minimum (35 cm),
  • Arête antérieure du siège arrondie,
  • Stabilité du siège (5 roulettes),

-Un fauteuil doit être choisi selon 7 critères :

  1. Offrir un accès facile au patient.
  2. Assurer une position confortable au patient,
  3. Avoir un dossier étroit et plat,
  4. Avoir une têtière orientable, et assurant un calage de la tête,
  5. Mécanisme de commande électrique digital ou à pied,
  6. Permettre une position suffisamment basse pour avoir la bouche du patient à une hauteur correcte,
  7. Impératifs liés au bruit
  1. L’aménagement ergonomique :

L’aménagement de l’espace de travail doit être pensé pour permettre une organisation idéale de l’exécution de celui- ci dans le respect de la posturologie, de l’ergonomie des actes et des conditions d’hygiène et d’asepsie.

Il doit tenir aussi compte de l’accès des patients (rampe pour handicapé, ascenseur, ouverture large, circulation sans angle mort).

Grands principes en matière de conception architecturale :

-La création immobilière passe souvent par un maître d’ouvrage qui propose un projet architectural en plusieurs étapes (phases d’étude, de marchés et de travaux).

  • Le cabinet est dans la catégorie des établissements recevant des enfants avec des obligations de respect de normes réglementaires en matière d’accueil en toute sécurité et de facilité d’accès en en matière de handicap.

Un aménagement intérieur rationnel :

La construction de l’aménagement intérieur doit tenir compte du fait que le praticien doit se déplacer depuis son bureau à son siège clinique, que la réceptionniste assure l’accueil du patient, le transfert en salle d’attente et de soin.

L’accueil au secrétariat est à ne pas négliger et l’idéal serait de disposer:

  • d’un comptoir de 1,10m de haut,
  • d’une salle d’attente d’au moins à 3,50 m,
  • d’une décoration« « Agréable et rassurante >>. Il faut éviter les accueils en interférence avec les zones de soins.

La salle d’attente doit comporter des règles spécifiques de convivialité :

-ne pas être ni trop exiguë, ni immense, peu éclairée

  • rester un lieu de vie (tableaux, revêtement clairagréable appelant la douceur, privilégié la lumière du jour)

-disposer d’un mobilier divers confortable (enfant, handicapé)

-éventuellement télévision informative pas ludique

Une salle d’attente idéale doit rester« un lieu agréable où l’impatience est contenue ».

Conception de la salle de soins:La salle de soins doit être conçue en tenant compte des besoins particuliers,liés à l’exercice de la médecine dentaire :

  • Disposer d’une surface 3 x 5 m (entre 12 et 15 m2),
  • Disposer d’une zone de travail pratique pour la synergie entre le praticien et l’assistante.
  • Disposer d’un accès facile du patient
  • Disposer de plans de travail, sièges en nombre suffisant mais non pléthorique, Le plateau technique de travail doit respecter des principes :
  • Mobilité des meubles (si possible sur roulettes pour pouvoir les déplacer facilement pour le nettoyage et assurer les modificationsd’aménagement des lieux).
  • Les angles vifs et non arrondis des meubles sont à éviter. il fautprévoir un vide sanitaire (lm à lm20), des faux plafonds avec plaques anti-bruit ou de confinement sonore et antiincendie.

3. Les incidences de l’ergonomie

Plusieurs maladies professionnelles peuvent être attribuées à une mauvaise ergonomie des postes de travail, en particulier les troubles musculo-squelettiques

Une maladie est “professionnelle” , si elle est la conséquence directe de l’exposition d’un travailleur à un risque physique, chimique, biologique, ou résulte des conditions dans lesquelles il exerce son activité professionnelle. Il est presque toujours impossible de fixer exactement le point de départ de la maladie.

Certaines maladies professionnelles peuvent ne se manifester que des années après le début de l’exposition au risque, d’autres plus longtemps après que le travailleur ait cessé d’exercer le travail incriminé.

Matériel spécifique en odontologie pédiatrique

Tout le matériel utilisé chez l’adulte au cours de l’examen clinique ou pour un acte opératoire peut être utilisé en odontologie pédiatrique.

Cependant, dans certains cas cliniques et chez une certaine catégorie de patients (l’âge, l’état général ) un matériel

spécifique est recommandée.

Il va carrément remplacer l’instrumentation utilisée chez l’adulte ou parfois la compléter.

  1. Le cale-bouche

Il s’agit d’un bloc en silicone élastique, réutilisable donc autoclavable.

Le cale-bouche est placé entre le maxillaire supérieur et le maxillaire inférieur et tient ainsi la bouche ouverte grâce à son élasticité. Il est indiqué dans les traitements longs et aide ainsi le jeune patient à garder la bouche ouverte.

  1. MEOPA

En odontologie pédiatrique, l’anesthésie locale et l’anesthésie locorégionale sont pratiquées selon les mêmes techniques et en utilisant les mêmes solutions anesthésiques que chez l’adulte.

Mais chez certains enfants dits « difficiles», c’est à dire éprouvant une angoisse incontrôlable face aux soins dentaires, la sédation consciente au MEOPA constitue aujourd’hui le moyen idéal pour réaliser les soins dentaires, restaurateurs ou endodontiques.

La sédation consciente, correspond à un état de dépression de la conscience, contrôlé médicalement, dans lequel le patient maintient ses reflexes de protection, contrôle d’une façon continue et autonome ses reflexes pharyngo- laryngés et ses mouvements respiratoires et répond d’une façon appropriée aux stimulations physiques et verbales. Les muscles sont détendus. Les yeux sont ouverts, le regard est calme, la respiration régulière, le pouls est normal ainsi que la couleur de la peau.

La sédation consciente est induite par inhalation de MEOPA, (mélange équimolaire d’oxygène et de protoxyde d’azote(NO2) avec des concentrations égales et constantes à 50%) un mélange gazeux, sans odeur qui a des effets de sédation et d’analgésie au niveau central.

  • Intérêts de la sédation consciente au MEOPA:

La sédation permet de gérer l’angoisse, le stress et la douleur au cours des soins, améliore la coopération et facilite ainsi la réalisation de soins dentaires dans les meilleures conditions.

  • Indication de la sédation consciente au MEOPA

La technique est indiquée chez

  • les enfants et les adolescents anxieux de 04 à 15 ans.
  • Les patients handicapés.

Les contre-indications de la sédation consciente :

  • Les jeunes patients (- de 04 ans)
  • Les patients présentant une pathologie générale grave.
  • Matériel et protocole d’utilisation :

L’administration du MEOPA doit être faite par du personnel médical et paramédical spécifiquement formé au moyen du matériel suivant :

  • Un masque facial nasal ou bucco-nasal adapté à la morphologie faciale
  • Un kit MEOPA comprenant : > un ballon de deux litres, une valve anti retour et flexible ➢ Une bouteille de MEOPA > Des tubulures > Un oxymètre de pouls (mesure en permanence le rythme cardiaque et la saturation en oxygène du patient)
  • Le MEOPA induit rapidement une sédation et dès son arrêt la récupération est rapide sans effet sur le système cardiovasculaire ni respiratoire.
  • La durée de l’intervention ne dépasse pas une heure par séance. Les séances sont espacées d’une semaine environ, afin d’éviter tout effet de cumul.
  1. Les coiffes pédodontiques préformées

Les coiffes pédodontiques préformées (CPP) dans le cas de délabrement coronaire important chez le jeune enfant, suite à une atteinte carieuse ou une anomalie de structure, la coiffe pédodontique préformée est recommandée. Cette CPP peut être métallique ou en zircone.

Conclusion

Si dans notre pratique de tous les jours, l’ergonomie apporte confort et plaisir au praticien et au patient, en odontologie pédiatrique elle est d’autant plus importante. Elle permet tout en étant source de confort, un gain de temps, donc des séances courtes et épargne ainsi ce jeune patient du stress de la peur et de l’anxiété. Le praticien doit également choisir le matériel adéquat pour une bonne prise en charge du jeune patient.

ERGONOMIE ET MATÉRIEL SPECIFIQUE EN ODONTOLOGIE PÉDIATRIQUE

Voici une sélection de livres:

Parodontologie Relié – 1 novembre 2005

Guide pratique de chirurgie parodontale Broché – 19 octobre 2011

Parodontologie Broché – 19 septembre 1996

MEDECINE ORALE ET CHIRURGIE ORALE PARODONTOLOGIE

Parodontologie: Le contrôle du facteur bactérien par le practicien et par le patient

Parodontologie clinique: Dentisterie implantaire, traitements et santé

Parodontologie & Dentisterie implantaire : Volume 1

Endodontie, prothese et parodontologie

La parodontologie tout simplement Broché – Grand livre, 1 juillet 2020

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