Edgewise

Edgewise 

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Introduction

La mécanique orthodontique obéit à des lois physiques au même titre que toute mécanique, quelle que soit la technique appliquée. La dent se déplace en fonction de la force qu’elle reçoit et de la réaction tissulaire qu’elle engendre.

La technique Edgewise est sans aucun doute celle offrant le maximum de contrôle des mouvements dentaires dans les trois dimensions de l’espace. C’est le système le plus populaire aujourd’hui. Cependant, il présente encore certaines difficultés par rapport à la correction antéropostérieure et le déverrouillage antérieur de l’occlusion.

Historique

Origine de la technique Edgewise

L’Edgewise est une technique multi-bague inventée en 1928 par Angle et présentée au cours d’une conférence à New London. Angle était un orthodontiste qui a consacré sa vie à la recherche d’une mécanique permettant de traiter ses patients en rétablissant une occlusion aussi proche que possible de l’occlusion idéale. L’Edgewise était l’aboutissement de ces recherches et le dernier d’une série de mécanismes successivement abandonnés. Angle le présentait comme « the latest and the best in orthodontic mechanisms ».

Limites identifiées par Angle

Beaucoup auraient considéré cet appareil esthétique, simple et efficace comme l’aboutissement de leurs recherches, mais le docteur Angle n’était pas de ce type. En dépit du succès rencontré par son nouvel appareillage, il en évalua lui-même les limites. Cette technique, malgré ses grandes possibilités, ne lui permettait pas de satisfaire à deux qualités importantes qu’il exigeait d’un appareil orthodontique :

• La capacité de déplacement distal (ou mésial) des dents parallèlement à leur axe ;
• La capacité de solidariser des groupes de dents de façon rigide pour servir d’ancrage à une force destinée à déplacer d’autres dents ou groupes de dents.

C’est pour répondre à ces objectifs supplémentaires que l’Edgewise fut mis au point. Lors de sa présentation, ce mécanisme ne portait pas de nom. Comme l’élément actif était un arc rectangulaire introduit dans le bracket par le petit côté, il a reçu le nom d’Edgewise, qui signifie « par le chant ».

Matériel utilisé

Éléments fixes

Les éléments fixes sont les attachements orthodontiques principaux et accessoires ainsi que leurs supports.

Supports

• Les bagues confectionnées : Ce sont des supports traditionnels utilisés pour fixer les attachements orthodontiques.
• Les bases collées : L’innovation la plus importante de ces dernières années est l’utilisation de bases métalliques directement collées sur les dents par leurs faces internes, qui portent un treillis métallique soudé. Les progrès dans les produits adhésifs ont permis d’augmenter la fiabilité de ces collages et d’en simplifier le mode opératoire.

Attachements principaux

Ils se présentent sous deux formes :

• Tubes sur les molaires : Sur les dernières molaires baguées, ce sont des tubes.
• Brackets sur les autres dents : Sur toutes les autres dents, ce sont des verrous ou « brackets ».

Bracket d’Edgewise

Le bracket d’Edgewise est constitué d’un bloc de métal portant une gorge transversale en son milieu. Cette gorge se présente comme une glissière à lumière rectangulaire de dimension 0.022 x 0.028, destinée à recevoir des arcs rectangulaires dont la dimension maximale est 0.0215 x 0.028, s’encastrant à friction douce. Avec l’évolution de l’Edgewise, la forme et la dimension du bracket ont connu de nombreuses variations, mais le principe de cet assemblage n’a jamais varié depuis le bracket original. Le dessin du bracket peut varier en fonction des utilisateurs et de leur méthode.

Bracket auto-ligaturant (Damon System)

Le bracket Damon System représente la nouvelle génération de brackets auto-ligaturants. Il offre une plus grande facilité d’utilisation clinique et une plus grande fiabilité. C’est une attache Straight Wire biplot entièrement programmée.

Tubes Edgewise

Ce sont des tubes soudés à mi-hauteur de la face vestibulaire des bagues des molaires. La lumière rectangulaire de ces tubes a les mêmes dimensions que celles des brackets.

Attachements accessoires

Ce sont des éléments soudés sur les faces vestibulaires ou linguales des bagues, destinés à servir de points d’application aux forces auxiliaires de l’Edgewise. Les plus fréquemment utilisés sont :

• Tube de force extra-orale : De lumière ronde (0.046), destiné à recevoir l’extrémité des arcs faciaux.
• Crochets à ouverture distale : Soudés sur la face vestibulaire des dernières molaires baguées, contre la paroi gingivale du tube Edgewise, ils servent à l’accrochage des anneaux élastiques.
• Boutons ou crochets linguaux (cleat lugs) : Situés sur la face linguale de toutes les bagues, sauf celles des incisives, ils sont très utiles pour la correction ou le contrôle des rotations ou des inversions d’articulé.
• Œilletons (eyelets) : Peuvent être soudés à divers endroits de la bague.

Éléments amovibles

Ce sont les arcs, éléments actifs spécifiques de l’appareillage Edgewise, fabriqués à partir de fil d’acier de sections différentes en fonction des phases du traitement.

• Premières phases : Réalisées avec des fils de section ronde, dont les dimensions les plus courantes sont 0.014, 0.016, 0.018, 0.020.
• Phases avancées : Ces arcs sont remplacés par des arcs d’Edgewise de section rectangulaire, avec des dimensions usuelles de 0.017 x 0.025, 0.019 x 0.025, 0.021 x 0.027, 0.0215 x 0.028.

Forces auxiliaires

En dehors des forces spécifiques générées par les arcs, la technique Edgewise fait appel à trois autres types de forces :

• Les forces mono ou intra-maxillaires ;
• Les forces intermaxillaires ;
• Les forces extra-orales.

Forces intra-maxillaires

Buts et principes

Les buts poursuivis par Angle étaient :

• Trouver un moyen d’obtenir un mouvement dentaire unitaire dans les trois sens de l’espace au moyen d’un seul arc.
• Permettre, toujours avec un seul arc, de contrôler la forme d’arcade ainsi que ses dimensions.
• Déterminer une forme d’arcade de façon à obtenir une stabilité aussi parfaite que possible après traitement.

Les trois principes spécifiques de l’Edgewise

En Edgewise, les résultats de l’analyse d’arcade et de l’analyse céphalométrique déterminent le plan de traitement. La fin du traitement doit être obtenue conformément aux objectifs grâce à trois principes spécifiques :

• Le contrôle tridimensionnel des mouvements dentaires ;
• La maîtrise des zones d’ancrage ;
• Le concept de l’arc idéal.

Les arcs travaillants d’Edgewise sont construits à partir de fil d’acier rectangulaire contourné sur chant pour lui donner approximativement la forme de l’arcade. Sur ces arcs, un certain nombre de plicatures ou courbures sont réalisées de manière à ce que l’arc ait, en face de chaque attachement, une conformation et une orientation propre à la position recherchée pour chaque dent. C’est l’effet de l’assemblage attachement-arc qui délivre la force à la dent et provoque son déplacement.

Courbures de 1er ordre

Elles sont réalisées dans le plan horizontal et n’affectent pas la planéité de l’arc. Elles consistent en des accentuations de courbes ou des plicatures en baïonnette vers l’extérieur de l’arc (« offset ») ou vers l’intérieur (« in set »). Elles peuvent parfois être exagérées (hypercorrection des rotations), mais leur objectif principal est de réaliser une conformation harmonieuse de l’arcade en prenant en compte la morphologie des couronnes dentaires.

Courbures de 2ème ordre

Ce sont des courbures réalisées dans un plan vertical. Lorsque la portion distale à la pince est pliée en direction gingivale, cette courbure est appelée « tip back bend ». Lorsque la portion mésiale à la pince est pliée en direction gingivale, c’est un « tip forward ». Les courbures de 2ème ordre contrôlent la direction mésio-distale de l’axe des dents. Les « tip back » sont utilisés systématiquement dans la technique Edgewise lors d’une phase appelée préparation d’ancrage, soit isolément sur les dernières molaires, soit en série sur les dents postérieures à la canine. Ces courbures affectent la planéité de l’arc, et leur introduction dans la lumière d’attachement se fait par une action de levier. Les modifications de la courbe de Spee peuvent être assimilées à des courbures de 2ème ordre. Un type particulier, appelé « artistic bends », est introduit dans les arcs de finition, dans le secteur incisif, pour donner une direction légèrement apico-divergente aux axes des incisives maxillaires.

Courbures de 3ème ordre

Elles sont réalisées au moyen de deux pinces n° 442 situées dans un plan perpendiculaire à l’arc, avec les mors appliqués sur la grande surface de l’arc. L’une des pinces, servant d’étau, reste immobile, tandis que l’autre effectue un mouvement de torsion. Cette modification de forme s’appelle le « torque ». Le torque désigne un état, pas un mouvement, et correspond à la conformation en torsion d’un arc rectangulaire. Le torque peut prendre deux formes :

• Torque continu : Une torsion uniforme intéressant une ou plusieurs dents, donc un secteur de l’arc limité par deux points. Elle concerne généralement le secteur incisif. Dans les secteurs latéraux, l’axe de la pince est dans le plan de l’arc. Dans le secteur antérieur, l’axe de la pince fait une angulation avec le plan de l’arc, et cette angulation reste constante tout le long du secteur antérieur.
• Torque progressif : La torsion n’est pas uniforme et concerne principalement les secteurs prémolaires et molaires. Plus on s’éloigne du point de repère vers l’extrémité de l’arc, plus l’angle entre l’axe de la pince et le plan de l’arc augmente.

Le torque appliqué sur un arc contrôle l’axe des dents dans le sens vestibulo-lingual. Il permet d’effectuer sur les incisives les corrections indiquées par l’analyse céphalométrique et, dans les secteurs latéraux, de rétablir des relations occlusales normales entre les dents antagonistes.

Maîtrise des zones d’ancrage

Les forces utilisées pour réaliser les mouvements orthodontiques de dents isolées ou de groupes de dents sont des forces réciproques entre le point d’ancrage et le point d’application. L’intérêt de la technique Edgewise est de pouvoir effectuer ces mouvements en contrôlant précisément le déplacement des zones d’ancrage et des zones de travail conformément aux objectifs du traitement.

Définition de la zone d’ancrage

Une zone d’ancrage est une zone qui résiste au déplacement sous l’effet des forces orthodontiques. Si cette zone se situe au niveau dento-alvéolaire, cette résistance peut être variable, c’est-à-dire que la zone d’ancrage peut subir un déplacement souhaité ou non, appelé « perte d’ancrage ». Pour évaluer le degré de résistance souhaité, on distingue trois types d’ancrage :

• Ancrages naturels ;
• Ancrages renforcés ;
• Ancrages préparés.

Concept de l’arc idéal

La mise en place d’arcs appelés « arcs idéaux » représente l’étape finale d’un traitement en Edgewise. Toutes les phases précédentes, avec leurs forces et auxiliaires, n’ont de raison d’être que de permettre l’introduction simple de ces arcs.

Courbures des arcs idéaux

À partir de l’ébauche préparée sur charte, les courbures des trois ordres sont placées sur les arcs.

Courbures de 1er ordre

Ces courbures permettent de parfaire l’alignement des dents selon le contour idéal de l’arcade. Elles prennent en compte la morphologie des couronnes dentaires, de manière à ce que, après l’action de cet arc, chaque dent retrouve avec ses dents collatérales des points de contact anatomiques normaux.

Arc mandibulaire

• Il ne porte aucune déformation au niveau des incisives, mais la partie antérieure de l’arc est très légèrement aplatie pour être en trait par rapport à la ligne guide.
• À partir d’une marque située entre l’incisive latérale et la canine, l’arc subit une accentuation de sa courbe : la courbure canine.
• Au niveau du point de contact canine et première 1ère prémolaire, une légère plicature en forme de baïonnette est réalisée, sortant à l’extérieur de la ligne guide (« offset »).
• Au niveau du point de contact entre la deuxième 2ème et la première molaire, un « offset » plus important est effectué.
• Enfin, au niveau du point de contact entre la première 1ère et la deuxième 2ème molaires, l’arc mandibulaire est légèrement angulé vers l’intérieur. Cette plicature est connue sous le nom de « toe in ».

Arc maxillaire

• Une première déformation est faite entre l’incisive centrale et l’incisive latérale, en raison du volume moins important de cette dernière. Cette déformation en baïonnette interne porte le nom d’ « inset ».
• Au niveau du contact entre l’incisive latérale et la canine, l’arc est ramené à l’intérieur et contourne la canine par une courbure accentuée.
• La déformation suivante est située le entre la deuxième 2ème prémolaire et la première molaire 1ère : c’est un « offset ».

Courbures de 2ème ordre

Elles sont fonction des mouvements effectués pendant le traitement. Si une préparation d’ancrage de type Tweed a été réalisée, des « tip back bends » sont placés sur l’arc idéal. Les « tip back », « tip forward » et « steps » peuvent être nécessaires pour l’hypercorrection des anomalies verticales (supraclusions). Les « artistic bends » sont placés dans le secteur antérieur.

Courbures de 3ème ordre

À la À la mandibule

• Pas de torque au niveau des incisives.
• Peu ou pas de torque au niveau des canines au niveau des points.
• Torque progressif radiculovestibulaire sur les secteurs latéraux à partir des prémolaires de l’arcs.

Au À maxillaire

• Torque radiculo-palatin dans le secteur antérieur de l’arc.
• Torque varié variable sur la canine, en fonction de sa morphologie et de la position de la lumière du bracket au point.
• Torque progressif radiculovestibulaire dans les secteurs latéraux à partir des prémolaires de l’arcs.

Coordination des arcs arcs

Les points de contrôle en bouche après l’installation de ces arcs idéaux seront les suivants :

• Concordance des milieux des arcades.
• Relation de classe 1 d’Angle.
• Continuité des points de contact.
• Concordance entre la position de la mandibule en relation centrée et en occlusion terminale.
• Un guide antérieur en propulsion avec une distocclusion postérieure.
• Guide canine du côté travaillant dans les mouvements de latéralité.
• Absence d’interférences du côté non travaillant dans les mouvements de latéralité.
• La coordination des formes d’arcades ;
• L’ajustement des courbures de 2ème et 3ème ordre ;
• L’hypercorrection des mouvements verticaux et antéro-postérieurs.

Conclusion

Dans tous les situations où le traitement consiste en des déplacements dentaires, la technique Edgewise offre les possibilités mécaniques les plus rigoureuses. Depuis son invention, elle a donné naissance à différentes méthodes, consolidant sa position comme une référence en orthodontie.

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Voici une sélection de livres:

• “Orthodontie de l’enfant et de l’adulte” par Marie-José Boileau
• Orthodontie interceptive Broché – Grand livre, 24 novembre 2023
• ORTHOPEDIE DENTO FACIALE ODONTOLOGIE PEDIATRIQUE
• Orthopédie dento-faciale en dentures temporaire et mixte: Interception précoce des malocclusions Broché – Illustré, 25 mars 2021
• Nouvelles conceptions de l’ancrage en orthodontie
• Guide d’odontologie pédiatrique: La clinique par la preuve
• Orthodontie linguale (Techniques dentaires) 
• Biomécanique orthodontique 
• Syndrome posturo-ventilatoire et dysmorphies de classe II, Bases fondamentales: ORTHOPÉDIE ET ORTHODONTIE À L’USAGE DU CHIRURGIEN-DENTISTE

 

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