Données épidémiologiques de la carie dentaire

Données épidémiologiques de la carie dentaire

Données épidémiologiques de la carie dentaire

Introduction

La distribution de la carie dentaire n’est pas évaluée comme celle de la grande majorité des états pathologiques, en termes de pourcentage de sujets affectés dans la population étudiée, puisque pratiquement tous en sont atteints. Elle se réfère aux indices épidémiologiques dentaires.

Définition des indices épidémiologiques

Les indices épidémiologiques dentaires mesurent la sévérité de l’état spécifique à un moment donné en quantifiant, d’après une échelle graduée, les observations cliniques.

Indices utilisés pour les dents permanentes

L’indice CAOD

  • Correspond au nombre de dents cariées (C), absentes pour cause de carie (A), obturées (O).
  • Il varie de 0 à 32.
  • L’indice CAOD individuel = nombre de C + nombre de A + nombre de O.
  • L’indice CAOD moyen = somme des valeurs individuelles / nombre de sujets examinés.

Mesure de la composante “C” des indices CAOD et CAOF

Il faut distinguer l’approche anglo-saxonne de la carie initiale et l’approche évolutive européenne :

  • Approche européenne : la carie se mesure en termes d’absence ou de présence. La sonde doit s’accrocher dans le puits ou la fissure après insertion avec une pression modérée.

Indices épidémiologiques des caries radiculaires

L’indice de Banting

Il présente 4 critères :

  1. Une surface molle, décolorée, discrète et délimitée.
  2. Une pénétration de la sonde qui s’accroche.
  3. Une lésion localisée à la jonction émail-cément ou intéressant toute la surface radiculaire.
  4. Une lésion restaurée, comptabilisée uniquement si l’origine radiculaire de la carie ne fait aucun doute.

Étiopathologie de la carie

Définition

La carie, maladie infectieuse, transmissible, chronique et multifactorielle (Caufield et al., 2000; Fejerskov, 2004), est considérée par l’OMS comme le troisième fléau de morbidité mondiale. La carie dentaire est une maladie infectieuse post-éruptive des tissus durs de la dent. Le processus carieux est généralement réversible aux stades initiaux et dans des conditions favorables, tandis qu’il est irréversible aux stades avancés.

Étiologies de la maladie carieuse

Facteurs généraux

1. L’âge

  • Les jeunes sont plus touchés que les personnes âgées, car la maturation de leurs tissus n’est pas encore achevée, leur alimentation est riche en glucides et leur hygiène est souvent insuffisante voire absente.
  • Les personnes âgées, avec un débit salivaire réduit et un recul gingivo-dentaire favorisant la rétention alimentaire, sont plus sujettes aux caries radiculaires.
  • Périodes critiques :
    • Pic de carie à 7-8 ans (dents temporaires).
    • Maximum à l’adolescence jusqu’à 22 ans.
    • Stabilisation à l’âge adulte.
    • Prédominance des caries radiculaires à partir de 50-60 ans.

2. Le sexe et les hormones

  • Certaines études suggèrent que les femmes sont plus sujettes aux caries.
  • Facteurs favorisants :
    • Puberté : chez les femmes, elle est plus précoce, entraînant une acidité salivaire plus tôt.
    • Grossesse : altération de la composition de la salive et hygiène buccale déficiente due à la gingivite gravidique.
    • Carences hormonales (thyroïde, parathyroïde) : provoquent une hypoplasie de l’émail favorisant les caries.

3. Les maladies générales

Ces facteurs jouent un rôle secondaire dans la genèse de la carie par :

  • Modification de la composition et de la formation de la salive.
  • Régime diététique cariogène.
  • Prise de médicaments influençant la production de salive.
  • Irradiation cervico-faciale entraînant une destruction des glandes salivaires.

4. L’hérédité

Il est difficile de séparer le rôle de l’hérédité de celui de l’alimentation et d’autres circonstances caractérisant les pays et les familles dans les études statistiques.

5. Le facteur racial

  • Certaines races (noires, arabes, indiennes) sont moins touchées par les caries dans leur milieu naturel.
  • Les populations européennes, consommant des produits préparés et conservés, présentent un indice élevé de fréquence de la carie.

6. Les facteurs socio-économiques

  • Une situation sociale difficile peut entraîner une négligence de l’hygiène buccale et une alimentation cariogène.
  • Facteurs socio-comportementaux : difficultés de compréhension dues à la langue, suivi dentaire irrégulier ou inexistant, hygiène bucco-dentaire non rigoureuse, apport fluoré insuffisant, alimentation cariogène.

7. Les facteurs iatrogènes

  • Restauration mal effectuée.
  • Obturation débordante.
  • Tassement alimentaire à l’origine d’autres lésions carieuses.
  • Obturation mal finie, avec point de contact non reconstitué.
  • Crochets mal conçus en prothèse partielle amovible.
  • Bagues orthodontiques.

8. Les causes professionnelles

  • Poussière de farine ou sucre (boulangers, pâtissiers) : dépôts au niveau du collet, entraînant des caries cervicales circulaires.
  • Vapeurs acides : lésions multiples, diffuses, étendues, ramollies, cassantes, dents légèrement pigmentées et sensibles.

Facteurs locaux

1. Rôle des microorganismes

  • Les trois quarts de la flore cariogène sont composés de streptocoques.
  • Streptococcus mutans : principal responsable des caries sur surfaces lisses grâce à leur forte capacité d’adhérence, surtout en présence de sucres. Ils produisent de l’acide lactique en décomposant les polysaccharides.
  • Streptococcus sanguinis : adhère aux tissus durs et mous, joue un rôle dans les caries des fissures en association avec Lactobacillus casei.
  • Actinomyces viscosus : responsable des caries du cément.

2. Alimentation et caries

  • Une alimentation riche en protéines, sels de calcium et vitamines est cruciale jusqu’à 8 ans, période de minéralisation des couronnes des dents permanentes.
  • Glucides : confèrent au régime alimentaire son pouvoir cariogène, le saccharose étant le plus cariogène. L’amidon cuit (biscottes, chips) peut également provoquer des caries.
  • Facteurs influençant le pouvoir cariogène :
    • Fréquence de consommation : chaque prise sucrée fait chuter le pH en 5 minutes, persistant sous le seuil critique de 5,5 pendant 20 minutes. Une exposition prolongée rend le pouvoir tampon de la salive inefficace.
    • Nature physique et durée d’exposition : les aliments collants (caramel) ou solides (chips) ont une longue rétention en bouche, contrairement aux liquides.
  • Aliments protecteurs (cariostatiques) :
    • Produits laitiers (fromage) : calcium, phosphates et caséines inhibent le processus carieux, stimulent le flux salivaire et favorisent la reminéralisation.
    • Lipides : réduisent la rétention alimentaire et l’acidité.
    • Sucres de substitution (xylitol dans les chewing-gums) : antibactériens, stimulent le flux salivaire, réduisent la plaque de Streptococcus mutans.
  • Aliments fibreux : légumes crus et fruits frais recommandés en fin de repas. Les agrumes en excès peuvent causer des érosions dentaires.

3. Rôle de la salive

  • La salive influence la genèse et le développement de la carie par ses propriétés qualitatives et quantitatives.
  • Pouvoir tampon :
    • Le bicarbonate est plus élevé dans la salive stimulée.
    • Phosphates, protéines et peptides contribuent au pouvoir tampon.
    • Le pH buccal est normalement maintenu entre 6,7 et 7,3. Après ingestion de sucres, il chute sous 5,5 en 3-5 minutes, initiant la déminéralisation.
    • Une fréquence élevée d’ingestion empêche la salive de remonter le pH.
  • Flux salivaire :
    • Assure un nettoyage mécanique des surfaces dentaires et muqueuses.
    • Un débit élevé (ex. : mastication de chewing-gum sans sucre) accélère l’élimination des sucres, réduisant l’exposition des dents.
    • Le flux est faible pendant le sommeil.

4. Rôle des propriétés morphologiques des dents

  • Anomalies du nombre, des dimensions, de la forme des dents, ou des fissures.
  • Changements microscopiques comme l’hypoplasie de l’émail.

5. Rôle de la plaque dentaire

  • La plaque dentaire est un facteur cariogène primordial, bien qu’elle n’ait pas l’exclusivité de cette pathologie.

Trilogie de Keyes (1962)

En 1962, Keyes a schématisé une trilogie établissant la relation entre les trois principaux facteurs de risque de la carie, toujours d’actualité :

  1. Les microorganismes cariogènes.
  2. Le substrat (alimentation riche en sucres).
  3. La susceptibilité de la dent (facteurs morphologiques et salivaires).

Ajout de König (1974-1987)

König a ajouté un quatrième facteur : le temps. Plus la durée entre deux prises alimentaires sucrées est courte, plus le risque carieux est élevé en raison d’une exposition fréquente aux acides.

Conclusion

La maladie carieuse est un indicateur majeur du système de santé publique, dont la meilleure thérapeutique reste la prévention.

Données épidémiologiques de la carie dentaire

  La prévention des caries repose sur une hygiène bucco-dentaire rigoureuse et des visites régulières chez le dentiste. La maîtrise des techniques d’anesthésie locale est essentielle pour assurer le confort du patient lors des soins. L’imagerie dentaire, comme la radiographie panoramique, permet un diagnostic précis des pathologies buccales. Les étudiants doivent comprendre l’importance de la stérilisation pour prévenir les infections croisées en cabinet. La restauration dentaire, comme les composites ou les couronnes, exige une précision technique et un sens esthétique. Les praticiens doivent rester informés des avancées en implantologie pour proposer des solutions modernes aux patients. Une communication claire avec le patient renforce sa confiance et favorise l’adhésion au plan de traitement.  

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