Détartrage surfaçage radiculaire

Détartrage surfaçage radiculaire

Détartrage surfaçage radiculaire

Détartrage et Surfaçage Radiculaire

Introduction

Le détartrage est un acte thérapeutique majeur de la pratique odontologique en général. Il est en parodontologie l’une des bases fondamentales du traitement étiologique.

Rappel sur le tartre

Le tartre est une calcification de la plaque dentaire qui se dépose sur les dents ainsi que sur toutes autres structures solides de la cavité buccale.

Classification du tartre

Tartre sus-gingival

Situé au-dessus du rebord gingival et s’étend en direction coronaire. De couleur jaune (claire) et aisément détachable. Son origine salivaire explique sa localisation superficielle au regard des canaux excréteurs des glandes salivaires (faces linguales des incisives inférieures et vestibulaires des molaires supérieures). Il est peu adhérent aux surfaces colonisées et aisément coloré par le tabac, le thé, les aliments ou les produits du catabolisme bactérien.

Tartre sous-gingival

Ou tartre sérique, localisé dans le sillon gingivo-dentaire, de couleur brune, fermement adhérent aux surfaces dentaires (radiculaires). Il se forme à partir des composants venant du fluide gingival. Il est visualisé en écartant la gencive marginale avec une sonde parodontale ou un jet d’air.

Définitions

Le détartrage

Acte thérapeutique éliminant les dépôts de tartre, plaque et colorations des surfaces coronaires et radiculaires.

Le surfaçage radiculaire

Élimination du cément ramolli et des surfaces dentinaires qui sont rugueuses ou qui présentent du tartre, infiltrées de toxines ou de microorganismes.

Lorsque ces termes sont employés conjointement (détartrage-surfaçage), ils définissent des actes non chirurgicaux réalisés à l’aveugle sans réclinaison de lambeau, la surface radiculaire n’étant pas accessible à l’inspection visuelle.

Pouvoir pathogène du tartre

  • Réservoir de toxines et enzymes bactériennes qui entretiennent le processus inflammatoire.
  • La solidité des dépôts favorise l’ouverture du sillon, permettant la pénétration bactérienne plus apicalement.
  • La surface rugueuse du tartre favorise l’ancrage microbien.

Buts du détartrage et surfaçage

  • Éliminer le tartre sus- et sous-gingival.
  • Réduire l’inflammation.
  • Réduire la profondeur des poches.
  • Permettre un nettoyage plus aisé des surfaces radiculaires par le patient et le praticien en offrant des surfaces plus dures, lisses et propres.
  • Diminuer fortement la masse bactérienne en désorganisant le biofilm et les endotoxines bactériennes imprégnant le cément, qualifié d’infiltré.

Indications du détartrage

  • Prévention à la chirurgie (traitement initial).
  • État général contre-indiquant des actes chirurgicaux complexes ou de longues séances de travail.
  • Gingivopathies d’origine inflammatoire.
  • Parodontites débutantes et moyennes.
  • Phase aiguë des maladies parodontales, telles que l’abcès parodontal (soulager la douleur, initier les processus cicatriciels).
  • Réévaluation et maintenance.

Indications du surfaçage radiculaire

  • Traitement initial de toutes les poches parodontales.

Il est clairement établi que le détartrage-surfaçage radiculaire est indiqué pour tous les types de parodontite, qu’il soit associé ou non à un traitement antibiotique en fonction du diagnostic.

Contre-indications du détartrage

Relatives

Nécessitent l’accord du médecin traitant et une couverture antibiotique :

  • Diabétiques non équilibrés.
  • Porteurs de valvules cardiaques.
  • Antécédents de rhumatisme articulaire aigu (RAA) ou d’affections rénales.
  • Malades sous anticoagulants.
  • Hypertensions mal équilibrées.
  • Sujets fragilisés par atteintes rénales, nerveuses, endocriniennes.
  • Greffés d’organes.

Formelles

  • Hémophilie.
  • Hémopathies de la série blanche.
  • Patients sous corticothérapie intense.
  • Maladies d’Osler et cardiopathie intense mettant le pronostic vital en jeu.
  • SIDA.

Contre-indications du surfaçage

  • Patients présentant un risque élevé de développement d’un foyer infectieux (cardiopathie à risque oslérien).

Protocole opératoire

  • Poser un champ opératoire.
  • Pratiquer une anesthésie locale et une contention si nécessaire.
  • Travailler de façon séquentielle (dent par dent, secteur par secteur).

Les étapes du détartrage

  • Ablation des calculs tartriques.
  • Polissage des surfaces dentaires.
  • Mise en place d’un pansement chirurgical si nécessaire.

L’aspiration chirurgicale est utilisée car une large irrigation est indispensable pour chasser les débris détachés ; on peut alors visualiser les dépôts adhérents au cément.

Pour le surfaçage radiculaire

L’anesthésie est indispensable car :

  • Présence de douleurs des tissus mous.
  • Au niveau de la racine, le travail vise l’élimination du cément atteignant la dentine, ce qui produit des effets douloureux.
  • L’anesthésie diminue le saignement, qui sera très abondant en raison de l’inflammation des tissus.
  • Assurer le confort du patient pour un geste sûr.

Soins post-opératoires

  • Supprimer l’alimentation acide.
  • Conseiller des liquides tempérés (à cause de la sensibilité des collets).
  • Dans le cas d’œdème ou d’érythème prononcé, la pose d’un pansement chirurgical favorise la cicatrisation.

Instrumentation

Instruments à main

Les curettes

Utilisées pour détartrer les parties antérieures et postérieures de l’arcade. Elles réalisent le curetage des calculs fins et le pré-polissage radiculaire. Parmi ces instruments, citons les curettes de Gracey, numérotées de 1 à 14 :

  • Les 6 premières pour les dents antérieures.
  • Les 4 suivantes pour les surfaces vestibulaires et linguales des dents postérieures.
  • Les 4 dernières pour les surfaces mésiales et distales des dents postérieures.

Les curettes sont universelles à deux bords tranchants ou spécifiques à une zone particulière à un seul bord tranchant. Elles sont utilisées en traction.

Les instruments à détartrer

  • Faucilles : Spécifiquement indiquées pour la suppression du tartre dans les espaces inter-proximaux étroits, notamment dans le secteur antérieur.
  • Houes : Grattoirs en forme de houe, particulièrement étudiés pour lisser les surfaces cémentaires. Ce sont des instruments très rigides utilisés pour l’éviction de volumineux débris de tartre sus- et sous-gingival. Elles sont employées uniquement selon un mouvement de traction, principalement pour les faces vestibulaires et linguales des dents postérieures, ainsi qu’au niveau de la face distale des dernières molaires. Elles peuvent également être utilisées sur les faces proximales de dents contiguës à un édentement.
  • Limes : Utilisées pour des tâches spécifiques de détartrage.

Instruments mécaniques

L’aspiration chirurgicale s’impose.

Indications

  • Gencives hémorragiques, inflammation, hypersensibilité tissulaire (GUNA).
  • Détersion des lésions par pulvérisation d’antiseptiques.
  • Les appareils ultrasoniques ne doivent être utilisés qu’en complément des instruments manuels et ne jamais les remplacer.

Contre-indications

  • Porteurs de stimulateurs cardiaques (pace-makers).
  • Maladies infectieuses (SIDA, tuberculose).

Instruments ultrasoniques

Les générateurs ultrasoniques utilisent des fréquences variant de 25 000 à 50 000 Hz (20 000 à 40 000 cycles/seconde). Plusieurs formes d’inserts ont été développées, de section ronde, rectangulaire ou en forme de losange, à bord mousse ou tranchant. Les appareils ultrasoniques sont utilisés pour la plaque, le tartre et les colorations. Le détartrage ultrasonique rend les surfaces rugueuses, raison pour laquelle il est suggéré d’associer l’emploi d’instruments manuels pour lisser les surfaces dentaires.

Instruments soniques

Ils fonctionnent en faisant vibrer un insert à des fréquences inférieures à 600 Hz (de 2 000 à 6 000 cycles/seconde). Les inserts des détartreurs soniques ont en général une extrémité plus réduite que celle des détartreurs ultrasoniques, ce qui donne plus de sensibilité tactile.

Technique utilisée

Le détartrage est obtenu par la vibration de la pointe de l’instrument, avec projection de liquide de refroidissement (eau, solution antiseptique). La pointe de l’instrument est appliquée sur la dent avec une très légère pression et déplacée d’un mouvement de va-et-vient de sorte que les vibrations soient parallèles à la surface de la dent.

Nouvelles technologies

Laser

Le laser a été proposé pour remplacer l’instrumentation manuelle et/ou ultrasonique classique. Si son action bactéricide est controversée, il possède une capacité d’élimination du tissu de granulation qui pourrait faciliter l’accès à certains sites difficiles.

En vaporisant l’eau des résidus tartriques, le laser augmente la pression et fait exploser ces dépôts, mais il convient d’éviter tout dommage thermique. Utilisé seul ou comme adjuvant au détartrage-surfaçage radiculaire, le laser donne des résultats similaires et non supérieurs au détartrage-surfaçage radiculaire seul en termes de quantité de tartre éliminée, d’indices de saignement, de gain d’attache, de gain osseux. Seul le temps opératoire raccourcit et un confort supérieur pour le patient avec moins de douleurs sont clairement identifiés. Enfin, le coût élevé de l’appareil ne le rend pas performant en termes de rapport coût/bénéfice. Les rayonnements laser utilisables en odontostomatologie sont situés dans l’infrarouge, une partie invisible du spectre des ondes électromagnétiques située dans les longueurs d’ondes supérieures à 800 nm.

Cicatrisation

  • Au bout d’une semaine : l’inflammation marginale est en régression.
  • Au bout de 15 jours : réapparition du piqueté gingival.
  • Au bout de 21 jours : la gencive reprend sa morphologie normale.

Conclusion

Le détartrage-surfaçage est reconnu depuis longtemps comme le traitement étiologique de la maladie parodontale. Aujourd’hui, il évolue vers un acte plus conservateur des tissus parodontaux. Ces thérapeutiques, lorsqu’elles sont bien menées, sont souvent suffisantes dans le traitement des parodontites chroniques en termes de réduction de l’inflammation et de la profondeur des poches, ainsi que dans le gain d’attache.

Dans le cadre de la phase de maintenance, le détartrage-surfaçage a un rôle prépondérant dans le maintien de la santé parodontale.

Bibliographie

  • BARRELLE
  • E.P BENQUET, E.JAQUET, Détartrage, EMC 23601 C10, 12-1975
  • Gérard Rey, Patrick Missika, Traitements parodontaux et laser en omnipratique dentaire : la simplicité efficace
  • Philippe Bouchard, Parodontologie dentisterie implantaire, volume 1 – Médecine parodontale
  • P.Laffargue, S.Saliveres, E.Challot, F.Jame, P.Gilbert, Détartrage et surfaçage radiculaire, EMC 23-445-E-12 (2004)
  • EMC, Thérapeutiques parodontales non chirurgicales

Voici une sélection de livres:

Détartrage surfaçage radiculaire

Leave a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *