Désinfection, Stérilisation, Asepsie et Antisepsie; OCE

Désinfection, Stérilisation, Asepsie et Antisepsie; OCE

Désinfection, Stérilisation, Asepsie et Antisepsie; OCE

Introduction

L’exercice de la médecine dentaire expose à des risques infectieux élevés. La propagation d’infections redoutables telles que le SIDA, l’hépatite B et C, et l’apparition de nouvelles pathologies infectieuses transmissibles induisent une gestion accrue du risque contaminant. L’hygiène et l’asepsie doivent être une démarche systématique à laquelle les chirurgiens-dentistes ne peuvent déroger. Il s’agit de protocoles appliqués dans l’espoir d’atteindre l’hypothétique « niveau zéro » du risque infectieux nosocomial. Ces protocoles constituent la chaîne d’asepsie.

Le point de départ est de considérer tout patient comme porteur d’une infection et de maîtriser, par une organisation et une gestuelle rigoureuses, les règles d’hygiène et d’asepsie depuis l’accueil du patient jusqu’à sa sortie.


Définitions

Asepsie

L’asepsie correspond à l’ensemble des mesures propres à empêcher tout apport exogène de micro-organismes.

Antisepsie

Opération au résultat momentané permettant, au niveau des tissus vivants, dans la limite de leur tolérance, d’éliminer ou de tuer les micro-organismes et/ou d’inactiver les virus, en fonction des objectifs fixés. Le résultat de cette opération est limité aux micro-organismes présents au moment de l’opération.

Désinfection

Opération au résultat momentané permettant d’éliminer ou de tuer les micro-organismes et/ou d’inactiver les virus indésirables portés par des milieux inertes contaminés, en fonction des objectifs fixés. Le résultat de cette opération est limité aux micro-organismes présents au moment de l’opération (AFNOR). En pratique, elle est considérée comme effective lorsqu’il y a une réduction de 10⁵ du nombre de germes initiaux sur un matériel préalablement nettoyé.

Décontamination

Correspond à une réduction entre 10² et 10⁴ du nombre de germes initiaux (niveau moindre). La désinfection et la décontamination ne doivent pas être considérées comme synonymes.

Stérilisation

C’est la destruction de tous les microbes dans un système par l’action d’agents antimicrobiens et l’élimination des corps microbiens (AFNOR). Les normes AFNOR précisent que le résultat de l’opération, non limité à la durée d’application, est l’état de stérilité (lié au conditionnement).

Infection nosocomiale

Infection contractée à l’hôpital et non directement liée à l’affection pour laquelle le patient est hospitalisé (Petit Larousse de la médecine).


Risque Infectieux Croisé en Pratique Dentaire

Voies et Mécanismes de Transmission

Infection Endogène

Elle se développe à partir d’un micro-organisme appartenant à la flore du patient, suite à des actes invasifs.

Infection Exogène

Les différents modes de transmission croisée sont :

  • Par contact
  • Par les gouttelettes
  • Par l’air
  • Par les vecteurs communs
  • Par les produits biologiques

Tous les produits biologiques d’origine humaine sont considérés comme à risque. Dans ce contexte, les agents infectieux peuvent se transmettre, rendant possibles les infections :

  • De patient à patient
  • Du patient à l’équipe médicale
  • Du praticien porteur d’une pathologie infectieuse (ex. : hépatite virale, grippe) au patient
  • Du patient à lui-même (ex. : endocardite d’origine endogène suite à des soins dentaires, infection du site opératoire)
  • À partir de l’environnement (eau du réseau, eau de l’unit, etc.).

Aseptie de l’Opérateur et des Aides

Le Personnel

Pour prévenir les risques de transmission croisée des infections, et compte tenu que le statut infectieux du patient est souvent inconnu, il est indispensable de respecter les mesures d’hygiène de base, notamment l’hygiène des mains et l’hygiène de la tenue.

Hygiène des Mains

L’hygiène des mains contribue à limiter la transmission manuportée d’agents infectieux. NB : Le port de gants à usage unique ne dispense pas du lavage ou d’une friction désinfectante des mains avant et après leur retrait.

En fonction du niveau de risque infectieux lié à l’acte pratiqué, un lavage des mains avec un savon ou une friction avec un produit hydroalcoolique sera effectué selon les recommandations suivantes :

Lavage Simple des MainsLavage Antiseptique des Mains
Objectifs– Réduction de la flore transitoire des mains – Éliminer les souillures, même invisiblesRéduction de la flore des mains, afin d’éviter sa transmission
Indications– Risque bas : Avant tout soin de contact avec la peau saine Après tout contact avec les surfaces inertes au cours des soins– Risque intermédiaire : Avant tout geste invasif Après tout contact avec des patients infectés ou avec un liquide biologique ou matière organique
Équipement– Lavabo – Robinet fonctionnel – Savon liquide ordinaire dans un distributeur – Essuie-mains à usage unique – Sac-poubelle à proximité– Lavabo – Robinet fonctionnel, eau courante – Savon désinfectant dans un distributeur – Essuie-mains à usage unique – Sac-poubelle à proximité
Procédure de Lavage1. Se mouiller les mains à l’eau tiède 2. Prendre une dose de savon liquide simple (en utilisant le coude) 3. Savonner soigneusement pendant au moins 30 secondes 4. Rincer abondamment pendant 60 secondes à l’eau tiède en laissant l’eau couler le long des avant-bras 5. Sécher avec un essuie-mains à usage unique 6. Fermer le robinet à l’aide de l’essuie-mains ou du coude 7. Jeter l’essuie-mains dans la poubelle, si possible ouverte, actionner le couvercle avec le pied1. Se mouiller les mains et avant-bras 2. Savonner avec un savon liquide désinfectant, masser au moins 30 secondes, en insistant sur les paumes, régions périunguéales, espaces interdigitaux, poignets, brosser les ongles 3. Rincer abondamment pendant 60 secondes à l’eau tiède en laissant l’eau couler le long des avant-bras 4. Fermer le robinet à l’aide de l’essuie-mains ou du coude 5. Sécher avec un essuie-mains à usage unique 6. Jeter l’essuie-mains dans la poubelle, si possible ouverte, actionner le couvercle avec le pied 7. S’il faut ouvrir une porte, le faire à l’aide de l’essuie-mains, du coude ou du pied

Tenue Professionnelle

La tenue professionnelle constitue une barrière entre le patient et le personnel. Ses objectifs sont de limiter la contamination du personnel par le patient et du patient par le personnel. La tenue doit être adaptée aux différentes situations rencontrées.

Tenue de Travail

  • Le port d’un vêtement de travail à manches courtes (tunique-pantalon ou, à défaut, blouse longue) est recommandé pour tous les soins.
  • Elle devra être enlevée en fin d’activité, changée quotidiennement et en cas de souillure.

Gants

  • Le port de gants à usage unique est obligatoire pour tout examen ou soin dentaire.
  • Les gants sont changés entre deux patients et en cours de soins s’ils sont détériorés.
  • Toute interruption des soins (ex. : répondre au téléphone) impose le retrait des gants, puis leur changement.
  • Pendant l’acte, les gants ne doivent pas être souillés par contact avec des équipements ou mobiliers, car cela pourrait contribuer à la transmission indirecte d’agents infectieux.
  • Tout lavage ou désinfection des gants est proscrit (cela altérerait leur qualité protectrice).
  • Les gants doivent être stériles pour les procédures chirurgicales, mais peuvent être non stériles pour les examens ou procédures non chirurgicales.
  • Le port de gants de protection est indispensable lors de la manipulation d’instruments souillés, de produits de radiographie, de désinfectants ou de produits d’entretien.
Technique pour Enfiler des Gants Stériles
  1. Réaliser une hygiène des mains avant l’acte aseptique.
  2. Prendre délicatement un gant entre le doigt et l’index d’une main (au niveau du pli du poignet).
  3. Ouvrir l’emballage externe non stérile de façon à présenter l’emballage stérile sans le toucher.
  4. Enfiler l’autre main dans le gant d’un seul geste en gardant le pli du gant au niveau du poignet.
  5. Avec la main gantée, insérer les doigts à l’intérieur du pli de l’autre gant.
  6. Enfiler l’autre main dans le gant d’un seul geste.
    • Ces étapes sont effectuées par une tierce personne. Après la préparation des mains, celles-ci ne doivent entrer en contact qu’avec les faces internes des gants chirurgicaux.

Masques

Appareil de Protection FFP2

Un appareil de protection respiratoire filtrant contre les particules protège contre l’inhalation d’agents infectieux à transmission aérienne ou par gouttelettes. Son port n’est pas recommandé durant la réalisation des soins.

Masque Chirurgical

Le masque chirurgical sert à piéger les gouttelettes de salive lors de l’expiration de celui qui le porte. Il ne protège pas contre les agents infectieux transmissibles par voie aérienne. Il doit :

  • Présenter une couche imperméable et une efficacité de filtration bactérienne supérieure à 98 %.
  • Couvrir le nez et la bouche.
  • Être équipé d’une barrette nasale intégrée pour une adaptation anatomique obligatoire.
Modalités de Changement

Le masque doit être changé :

  • Au moins toutes les 3 heures en cas de port prolongé.
  • En cas de souillure, de projection, s’il a été touché ou baissé au niveau du cou.
  • Manipuler le masque par les liens pour l’enlever.
  • Éliminer le masque sans délai après l’avoir enlevé (le masque usagé est une source de contamination).
  • Pratiquer une friction hydroalcoolique avant et après chaque changement de masque.

Lunettes

Le port de lunettes fait partie des précautions standard. Lors des soins, de nombreuses gouttelettes et projections peuvent atteindre les yeux du personnel soignant. Les lunettes les protègent. Pour certains soins, des matériaux durs peuvent être projetés, rendant la protection oculaire nécessaire.

Matériels & Produits Nécessaires
  • Lunettes de protection conformes aux normes NF EN 166, NF EN 167 et NF EN 168, et à la directive européenne 89/686 relative aux équipements de protection individuelle.
  • Masques à visières de type IIR selon la norme NF EN 14683.
  • Le masque doit couvrir du sommet de la crête nasale jusqu’à sous le menton.
Mise en Œuvre
  • Dans la salle de soins : Port obligatoire de lunettes de protection larges avec retour sur les côtés (ou masque à visière) par les praticiens et leurs assistantes pour tout acte générant des projections ou aérosols.
  • Dans la salle de stérilisation : Port de lunettes et masque (ou masque à visière) contre le risque de projection lors des phases de prédésinfection et de nettoyage.
  1. Faire une friction des mains avec une solution hydroalcoolique.
  2. Disposer le masque avant les lunettes.
  3. Ajuster la barrette du masque à visière pour qu’il épouse le contour du visage.

Remarque : Les lunettes médicales ne sont pas considérées comme des lunettes de protection.

Protection du Personnel

Vaccination

La vaccination protège individuellement le professionnel de santé et son personnel, ainsi qu’indirectement les patients, contre :

  • L’hépatite B
  • La diphtérie
  • Le tétanos
  • La poliomyélite
  • La tuberculose (vaccin BCG)

Prévention des Accidents d’Exposition au Sang (AES) et aux Liquides Biologiques

Un Accident d’Exposition au Sang (AES) correspond à :

  • Toute exposition percutanée (piqûre ou coupure).
  • Tout contact sur une peau lésée ou des muqueuses (bouche, yeux) avec du sang ou un liquide biologique souillé par du sang.

Certains instruments ou gestes techniques sont plus fréquemment impliqués, par exemple :

  • Instruments rotatifs
  • Aiguilles d’anesthésie ou de suture
  • Instruments pointus
  • Lames de bistouri
Prévention des AES
  • Respect systématique des précautions standard pour tout patient.
  • Port de la tenue professionnelle.
  • Hygiène des mains.
  • Ergonomie, organisation et planification des séquences de travail.
  • Planification du traitement et de l’évacuation du matériel.
  • Manipulation prudente des objets tranchants et piquants pour éviter blessures et coupures.
  • Éviter le recapuchonnage des aiguilles.
  • Dépôt des instruments jetables, piquants, coupants ou tranchants dans un conteneur de sécurité dédié.
  • Respect de la chaîne de stérilisation du matériel.
Précautions
  • Mettre en œuvre une démarche de prévention des AES au cabinet, débutant par le respect des précautions standard.
  • Définir des protocoles adéquats et utiliser du matériel de sécurité (destructeur d’aiguille, seringue avec protecteur d’aiguille) pour réduire le risque.
  • Utiliser un destructeur d’aiguille pour détruire la partie piquante ou tranchante par fusion à haute température.

Organisation du Cabinet Dentaire pour une Asepsie Optimale

Plan d’un Cabinet Dentaire

La disposition des pièces doit être déterminée en fonction du risque potentiel de contamination :

  • Zones administratives : accueil, bureau, salle d’attente.
  • Zones potentiellement contaminées : zone de traitement du matériel, zone de stockage des déchets, zone pour le matériel de ménage, sanitaires.
  • Zones protégées : zone d’examen et de soins, zone de conditionnement, de stérilisation, de stockage du matériel stérile et des médicaments.

La zone de soins doit être individualisée des zones techniques. Une aération régulière des locaux est indispensable. En cas de ventilation mécanique, les bouches d’extraction d’air doivent se situer au-dessus des zones potentiellement contaminées.

Aménagement du Cabinet Dentaire

  • Le mobilier et les équipements, réduits au minimum, doivent être sur pieds ou sur roulettes pour faciliter l’hygiène des sols, et faciles à nettoyer.
  • Les plans de travail et parties supérieures des meubles de rangement doivent être dégagés au maximum.
  • L’équipement informatique (RVG) doit être éloigné de l’unit et ne pas être touché pendant le soin. À défaut, le clavier sera emballé dans un film plastique.
  • Les réservoirs potentiels de micro-organismes (plantes vertes, étagères non fermées) sont à proscrire.

Désinfectants et Antiseptiques

Définitions

Les désinfectants (DSF) sont des produits ou procédés utilisés pour la désinfection (ou la décontamination) dans des conditions définies. Les antiseptiques (ATS) sont des substances ou préparations permettant le traitement des tissus vivants en tuant ou inhibant les bactéries, champignons, spores et/ou en inactivant les virus, pour prévenir ou limiter la gravité d’une infection.

L’évolution de la terminologie européenne considère que les DSF et ATS réduisent les micro-organismes vivants à un niveau suffisant pour limiter leur multiplication, sans nécessiter l’état stérile. Les désinfectants s’appliquent aux milieux inertes, les antiseptiques aux tissus vivants. En pratique, il s’agit souvent du même produit, seule la concentration varie.

Produits

Halogénés

Chlore et Dérivés Chlorés
  • Mécanisme d’action : Pouvoir oxydant de l’acide hypochloreux, issu de la transformation de l’hypochlorite en présence d’eau.
  • Produit de référence : Eau de Javel (solution d’hypochlorite de sodium).
  • Spectre d’activité : Large, à des concentrations faibles, mais corrosif pour les dispositifs médicaux en acier (déconseillé par les fabricants).
  • Utilisation : Désinfectant ou antiseptique, limitée par sa causticité sur la peau lésée.
  • NB : Instabilité des solutions diluées, nécessitant des préparations extemporanées.

Aldéhydes

  • Types : Formaldéhyde (formol) et glutaraldéhyde.
  • Mécanisme d’action : Dénaturation des protéines et acides nucléiques des micro-organismes.
  • Spectre d’activité : Large, mais retiré des antiseptiques en raison de :
    • Toxicité (réactions respiratoires, cutanées, muqueuses).
    • Allergisant et mutagène (formol).
    • Inefficacité contre les prions (fixation des protéines).
  • Utilisation :
    • Formaldéhyde : Désinfection de surfaces en association, ou par voie aérienne (salles de soins/stérilisation, hors présence humaine).
    • Glutaraldéhyde : Désinfectant d’instruments (solution à 2 %).

Iode et Iodophores

  • Mécanisme d’action : Similaire aux produits chlorés.
  • Spectre d’activité : Large (bactéricide à 0,1 %, fongicide à 0,1-1 %, sporicide et virucide à 1 %).
  • Utilisation :
    • Savon iodé pour l’hygiène des mains sur peau saine.
    • Solution aqueuse ou alcoolique pour l’antisepsie avant gestes à risque, sur muqueuses (10 % buccal, 5 % irrigation oculaire).
  • NB : Sensibilité à la lumière, conservation dans des flacons opaques.

Acide Peracétique

  • Famille : Agents oxydants libérant de l’oxygène actif (avec peroxyde d’hydrogène, permanganates, ozone).
  • Mécanisme d’action : Destruction des cellules par oxydation des liaisons moléculaires.
  • Spectre d’activité : Large (bactéries, spores, virus, champignons) à 0,3-2 %. Partiellement efficace contre les prions.
  • Utilisation : Désinfectant d’instruments, désinfection aérienne dans des isolateurs.

Amphotères

  • Types : Dérivés d’alkylamines, avec activités microbicides (bactéries, virus, champignons) et/ou détergentes.
  • Spectre d’activité : Large (bactéries, champignons, virucide au cas par cas). Sporicide à faible concentration avec élévation de la température.
  • Utilisation : Bien tolérées, utilisées à faible concentration.

Ammoniums Quaternaires

  • Composition : Cation ammonium quaternaire et anion halogéné (souvent chlorure).
  • Spectre d’activité : Étroit, efficace contre les bactéries Gram+, sans activité contre les virus.
  • Utilisation : Associés à des produits détergents-désinfectants, rarement utilisés seuls.

Alcools

  • Types : Éthanol, isopropanol.
  • Mécanisme d’action : Nécessite la présence d’eau (titre optimal à 70 %).
  • Spectre d’activité : Limité (faiblement bactéricide, peu fongicide, non sporicide). Rapide et potentialisateur en association (aldéhydes, biguanides).
  • Utilisation : Antiseptiques pour peau saine, friction des mains, désinfectants de surface en spray.

Biguanides

  • Types : Polyhexaméthylène biguanide (aliphatique), chlorhexidine (aromatique, sous forme de digluconate).
  • Spectre d’activité : Essentiellement bactéricide, bien tolérée par la peau.
  • Utilisation : Antiseptique, parfois en désinfection hospitalière à plus forte concentration.
  • Compatibilité : Aucune incompatibilité avec les métaux, mais réactions possibles avec certains élastomères (caoutchouc).

Phénols

  • Types : Orthophénylphénol, crésol, triclosan.
  • Spectre d’activité : Étroit (bactéricide, non virucide, non sporicide, peu fongicide).
  • Risques : Allergisants, photosensibilisants, irritants à forte concentration.
  • Utilisation : Désinfection des surfaces.

Antisepsie du Champ Opératoire

En odontologie, le niveau d’antisepsie de la peau et de la cavité buccale est déterminé par le risque infectieux et la nature de l’intervention. Les antiseptiques utilisés pour le rinçage buccal sont l’alcool, les biguanides ou les ammoniums quaternaires.

Techniques Préconisées

  1. Brossage des dents et des muqueuses : Réalisé juste avant une intervention de chirurgie buccale.
  2. Bain de bouche : Pratiqué pendant 2 minutes au fauteuil, avant et après chaque séance de soin.
  3. Badigeonnage de la peau et des muqueuses : Précédé d’un nettoyage et d’un rinçage, réalisé avant tout acte chirurgical avec une solution colorée, à l’aide d’une compresse stérile imbibée sur une pince montée.

Traitement des Dispositifs Médicaux (DM)

Traitement de l’Instrumentation Réutilisable

La réduction du risque infectieux transmis par les instruments passe par :

  • La qualité du traitement appliqué aux instruments réutilisables.
  • Le recours au matériel à usage unique.

Tout instrument utilisé chez un patient doit être considéré comme contaminé et potentiellement contaminant. Le traitement des dispositifs médicaux réutilisables tient compte du niveau de risque infectieux lié au tissu en contact avec le DM. Ils seront désinfectés ou stérilisés via un processus comprenant :

  • Opérations préliminaires : prédésinfection, nettoyage, séchage.
  • Désinfection (trempage ou thermique) pour les DM « nus », suivis d’un emballage.
  • Stérilisation pour les DM conditionnés dans un emballage assurant le maintien de l’état stérile.

Des vérifications intermédiaires sont nécessaires pour garantir le résultat de chaque étape.

Opérations Préliminaires

Tous les DM mis à disposition lors d’une intervention, utilisés ou non, doivent être traités avec précaution pour limiter le risque infectieux et maintenir leurs performances.

Prédésinfection
  • Définition : Premier traitement des objets et matériels souillés pour réduire la population de micro-organismes et faciliter le nettoyage ultérieur.
  • Objectifs :
    • Réduire le taux de contamination initiale.
    • Protéger le personnel et l’environnement.
    • Éviter le séchage des matières organiques.
  • Mise en œuvre :
    • Utiliser un produit détergent-désinfectant à la bonne dilution.
    • Tremper les DM dans un bac adapté dès la fin de leur utilisation jusqu’au nettoyage.
    • Respecter le temps de trempage (minimum 15 minutes, selon les recommandations du fabricant).
    • Renouveler le bain au moins une fois par jour.
    • Tenir compte de la qualité des matériaux pour la durée maximale de trempage.
    • Instruments articulés en position ouverte ou démontés.
    • Aspiration-irrigation avec la solution pour les instruments creux.
Nettoyage
  • Objectif : Éliminer les salissures pour obtenir un DM propre, étape essentielle pour l’efficacité du traitement final.
  • Étapes : Une ou deux opérations de lavage, suivies d’un ou plusieurs rinçages, et éventuellement un séchage (si stérilisation).
  • Méthodes :
    • Manuel : Sur DM démontés si nécessaire, dans un bain neuf de détergent-désinfectant. Brossage et écouvillonnage avec brosses à poils doux pour éliminer les souillures visibles. Rinçage pour éliminer les traces de détergent, séchage à l’air pulsé sec ou par tamponnement avec un support absorbant (textile, papier, non-tissé à usage unique ou limité).
    • En machine : Dans des bacs à ultrasons ou un laveur-désinfecteur.
      • Bacs à ultrasons : Méthode semi-automatisée utilisant la cavitation pour décrocher les salissures, adaptée aux instruments creux, complexes ou à anfractuosités. Applicable uniquement aux matériaux métalliques. Rinçage et séchage après nettoyage.
      • Laveur-désinfecteur : Automatisé, combine actions mécaniques (aspersion, friction), chimiques (détergents, neutralisants) et thermiques (prérinçage < 50 °C, lavage-désinfection jusqu’à 93 °C, séchage jusqu’à 110 °C).
  • Vérification après nettoyage : Contrôler l’état de propreté et les performances des instruments. Recommencer le nettoyage ou retirer un instrument altéré (corrosion, etc.) pour entretien ou définitivement.
Désinfection
  • Réservée aux DM thermosensibles ne pouvant être stérilisés (critiques ou semi-critiques).
  • Réalisée par trempage dans une solution désinfectante adaptée (choix en fonction de l’objectif : bactéricidie, virucidie, sporicidie).
  • Respecter les conditions d’utilisation : préparation, temps de trempage, durée d’efficacité du bain.
  • Rinçage abondant avec une eau microbiologiquement maîtrisée ou stérile pour éliminer les traces de désinfectant.
  • Séchage à l’air sec ou avec un linge à usage unique propre/stérile.
  • Stockage des DM désinfectés et secs.
  • Désinfection thermique : Pour DM à thermosensibilité relative, à 93 °C (laveur-désinfecteur thermique) ou 134 °C (DM nus).
  • Remarque : La désinfection n’est plus une fin en soi, mais une étape de la chaîne de stérilisation.
Stérilisation
  • Réalisée sur des DM emballés lors du conditionnement, garantissant l’état stérile jusqu’à l’utilisation.
  • Procédé recommandé : Stérilisation à la vapeur saturée (autoclave).
Autoclave (Chaleur Humide)
  • Principe : Utilisation de la vapeur d’eau saturée sous pression, procédé de référence.
  • Description : Cuve métallique supportant la pression interne, chauffée par résistances électriques.
  • Cycle de stérilisation :
    • À 121 °C : 30 minutes.
    • À 134 °C : 18-20 minutes.
  • Avantages :
    • Efficacité absolue.
    • Stérilise tissus, cotons, verres.
    • Rapidité d’action.
    • Température de stérilisation peu élevée.
    • Conditionnement possible.
    • Faible coût.
  • Inconvénients :
    • Coût d’achat élevé.
    • Risque de corrosion pour instruments de qualité moyenne.
  • Autoclavage systématique : DM autoclavables reconnaissables par un pictogramme spécifique. Pour les DM sensibles (ex. : porte-instruments rotatifs), suivre les instructions du fabricant (norme ISO).
  • Cycle Prion : Cycle de type B à 134 °C pendant 18 minutes, recommandé pour inactiver les prions. Autres cycles/autoclaves insuffisants.
  • Matériels nécessaires : Autoclave de type B (norme NF EN 13060), réglé pour cycle Prion.
  • Contrôle de fiabilité :
    • Contrôle paramétrique via graphiques/tickets d’enregistrement.
    • Indicateurs chimiques (non pleinement fiables) :
      • Indicateurs de passage : Sensibles à la température ou au contact avec la vapeur.
      • Indicateurs de température : Rubans, bandelettes, peinture (indiquent qu’une température a été atteinte).
      • Indicateurs de temps et température : Vérifient si la température a été atteinte et maintenue.
      • Test de Bowie et Dick : Vérifie la qualité de la vapeur (pénétration dans un paquet standard). Paquets-test à usage unique pour plus de fiabilité.
Conditionnement
  • Étape essentielle pour garantir le maintien de l’état stérile.
  • Objectifs :
    • Adapter l’emballage au DM, à l’agent stérilisant, aux conditions de transport et de stockage.
    • Permettre le passage de l’agent stérilisant.
    • Assurer l’extraction aseptique.
    • Préserver l’espace inviolable de stérilité.
  • Types d’emballages : Sachets/gaines papier, papier-plastique, papier crêpe, non-tissé, conteneurs à filtre/soupape (usage unique ou réutilisables).
Stockage des Dispositifs Médicaux
  • Exigences :
    • Stocker à l’abri de l’humidité.
    • Utiliser des conditionnements adaptés.
    • Stocker dans un espace ventilé, sans poussière.
    • Protéger contre les détériorations mécaniques.
    • Distinguer les DM stériles des non stériles.
    • Mettre en place une traçabilité (cycle, date, lot) pour assurer la rotation du matériel.

Traitement des Instruments Rotatifs, Pièces à Main et Contre-Angles

  • Fraises diamantées/carbure de tungstène :
    • Traitement séparé avec produits adaptés, éventuellement en ultrasons pour les surfaces striées.
    • Lavage dans des bacs distincts, rangés dans des supports adaptés pour laveur-désinfecteur (si automatisé) ou immergés pour nettoyage manuel.
  • Turbines, pièces à main :
    • Complexité interne rendant la désinfection/stérilisation difficile.
    • Procédure recommandée :
      1. Faire fonctionner à vide avec spray (10 secondes) pour rincer les tuyaux.
      2. Nettoyer la face externe (manuellement ou laveur-désinfecteur).
      3. Lubrifier (si recommandé).
      4. Nettoyer les fibres optiques à l’alcool.
      5. Éliminer les surcharges d’huile.
      6. Conditionner.
      7. Stériliser.
      8. Tester à vide avant utilisation.
    • Utilisation d’appareils spécifiques (ex. : Askina®, Turbocid®) pour nettoyer, désinfecter et lubrifier les conduits.
  • Stockage : Dans les supports des laveurs-désinfecteurs ou conditionnements adaptés pour stérilisation vapeur.

Matériel à Usage Unique

  • À privilégier pour répondre aux performances attendues et résoudre les problèmes de transmission croisée pour les instruments difficiles à nettoyer/désinfecter.
  • Exemples : Compresses, tampons salivaires, matrices pour amalgame, canules d’aspiration, embouts de seringues air/eau, aiguilles, seringues pour irrigation, certaines limes endodontiques, fraises.
  • Gestion : Placer dans des boîtes collectrices après utilisation, avant évacuation.
  • Remarque : DM à usage unique non conçus pour être re-stérilisés (altération des caractéristiques). Reconnaissables par un pictogramme spécifique sur l’emballage.

Désinfection des Locaux

La désinfection des locaux repose sur un nettoyage couplé à une opération de désinfection, appelé « bionettoyage ».

Objectif

Élimination soigneuse des matières organiques et minérales sur les objets, instruments et surfaces, via une action mécanique et chimique avec une solution à température adaptée, respectant le temps de contact du désinfectant. Vise une propreté physique et bactériologique.

Techniques

Au Niveau des Sols

  • Méthode de référence : Balayage humide, fixant les poussières au sol pour éviter la projection de particules vectrices de micro-organismes.

Autres Surfaces

  • Principes généraux : Nettoyage-dépoussiérage (balai ou chiffonnette imbibée), suivi d’une application de solution désinfectante alcoolique en spray.

Applications

  • Mobilier fixe et mobile non médical : Désinfecté une fois par jour (portes, sièges, bureau, table, téléphone, etc.).
  • Matériels et plans de travail de la zone de préstérilisation : Nettoyés et désinfectés deux fois par jour avec une solution nettoyante-désinfectante.
  • Équipement de la zone opératoire :
    • Unit (unité de traitement) : Fauteuil, bras support, crachoir, fixation des porte-instruments rotatifs, poignées, commandes ; désinfecté entre chaque patient.
    • Appareil de radiographie : Commande, mentonnière ; entre chaque patient.
    • Table opératoire : Plateau amovible ; entre chaque patient.
    • Meubles à distance de l’opérateur : Surfaces, poignées des tiroirs ; deux fois par jour.

Systèmes d’Évacuation des Déchets

  • Crachoir : Désinfecté par vaporisation entre chaque patient, évacuation traitée deux fois par jour avec une solution désinfectante à base de chlore ou d’aldéhyde.
  • Systèmes d’aspiration :
    • Entre chaque patient : Aspiration d’une solution répondant aux normes AFNOR (bactéricide, fongicide, virucide, sporicide) ou connexion au système de désinfection de l’unit (si équipé).
    • Quotidiennement : Nettoyage-désinfection du matériel détachable par immersion dans une solution de prédésinfection-nettoyage, puis rinçage sous pression.

Typologie des Déchets d’Activité de Soins Dentaires

  1. Déchets Ménagers et Assimilés (DMA).
  2. Déchets d’Activité de Soins Biologiques et/ou Infectieux (DASRI), incluant les Objets Piquants, Coupants, Tranchants (OPCT).
  3. Déchets d’Activité de Soins à Risque Chimique et/ou Toxique (DRCT).

Évacuation des Déchets d’Activités de Soins à Risques Infectieux (DASRI)

Trois catégories distinctes :

  • Objets Piquants, Tranchants et Coupants (OPCT) : En odontologie, inclut aiguilles, matériel endodontique, fraises, forets, bistouris, carpules, ampoules en verre, matériel à usage unique (miroirs, sondes, précelles), fils métalliques, etc. Les utilisateurs doivent être vigilants lors de l’emploi des collecteurs de déchets perforants (circulaire DH/S12 – DGS/VS3 n°554 du 1er septembre 1998).
  • Produits sanguins à usage thérapeutique : Incomplètement utilisés ou périmés.
  • Déchets anatomiques humains : Fragments humains non aisément identifiables.

Conclusion

La diversité de l’instrumentation et la toxicité de certains matériaux n’empêchent pas l’application de méthodes garantissant un processus d’hygiène conforme aux normes. La responsabilité du chirurgien-dentiste est grande dans la prévention des maladies transmissibles. Les règles générales d’hygiène doivent être respectées systématiquement avec tous les patients.


Bibliographie

  1. E. Binhas, P. Machtou. Guide pratique du contrôle de l’infection au cabinet dentaire. Édition CdP, 1991.
  2. Pr Berkane Mohamed. Pathologie bucco-dentaire. OPU, 1ère édition, Alger, Juillet 2004.
  3. Guillaume B. L’hygiène et l’asepsie en cabinet dentaire : avant tout un état d’esprit. www.lefildentaire.com, Le Fil Dentaire n°25, septembre 2007.
  4. Rocher P., Bonne B. Étapes de la chaîne de stérilisation avant passage à l’autoclave. 7 avril 2011.
  5. Spécial hygiène et asepsie. Le Fil Dentaire n°74, juin 2012.
  6. Touboul Corinne. La stérilisation au cabinet dentaire. Société d’Odontologie de Paris, avril 2012.
  7. Assila Layla, Abdallaoui Faïza. Chaîne d’asepsie au cabinet dentaire. Faculté de Médecine Dentaire de Rabat.
  8. Sepsie : Comment veiller à l’hygiène du cabinet dentaire ? Conseils Qualité Odontologique, février 2022.
  9. Rocher Philippe et al. Hygiène et asepsie. Les règles enfoncent le clou. La réglementation en matière d’hygiène et d’asepsie a-t-elle été renforcée au cours des dernières années ? Commission des dispositifs médicaux de l’ADF, 26 octobre 2023.

Désinfection, Stérilisation, Asepsie et Antisepsie; OCE

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