CLASSIFICATION DES PONTS ET PRINCIPES BIOMECANIQUES

CLASSIFICATION DES PONTS ET PRINCIPES BIOMECANIQUES

CLASSIFICATION DES PONTS ET PRINCIPES BIOMECANIQUES.

Classification des ponts et principes biomécaniques

Sommaire

  • Introduction
  • Classification des ponts
  • Principes biomécaniques
  • Conclusion

Introduction

La réalisation des bridges – ponts dentaires – requiert des connaissances générales afin d’établir, sur la base d’un diagnostic fiable, un traitement satisfaisant. En effet, un chirurgien-dentiste doit concevoir les restaurations bucco-dentaires à la manière d’un architecte.

Ces restaurations prothétiques fixées – bridges – obéissent à des principes biomécaniques bien définis :

  • Principes mécaniques
  • Principes d’équilibre
  • Principes biologiques et prophylactiques

Classification des ponts

Selon l’importance des éléments composant l’ensemble de la restauration prothétique, on distingue plusieurs types de ponts, variant selon le mode d’ancrage utilisé, la nature et le nombre des dents piliers. La forme du pont dépend de la situation et du nombre des dents piliers choisies sur l’arcade dentaire, d’où la classification suivante :

  • Bridge de courte portée
  • Bridge de moyenne portée
  • Bridge de longue portée

Bridge de courte portée

Ces bridges remplacent généralement une dent sur l’arcade. Ils sont de conception facile, mais leur inconvénient réside dans la mutilation de deux dents pour remplacer une seule. On distingue :

BCP à double encastrement (2 dents piliers)

Ce bridge comporte deux piliers supports avec ancrage sur une dent pulpée ou dépulpée. Le choix de l’ancrage et de la travée dépend de la situation du bridge. On peut avoir :

  • BCP à double encastrement rectiligne (secteurs latéraux de l’arcade dentaire)
    Figure 1 : Bridge rectiligne
CLASSIFICATION DES PONTS ET PRINCIPES BIOMECANIQUES
  • BCP à double encastrement curviligne (secteur antérieur)

BCP à simple encastrement (1 dent pilier)

Il existe deux types :

  • BCP à simple encastrement avec un inlay d’appui
    Un inlay, moins visible qu’une coiffe, est réalisé sur la dent saine, tandis que l’autre dent sert de pilier. Exemple : remplacement de la 1ère prémolaire (taille de la 2ème prémolaire plus un onlay sur la canine).
    Figure 2 : Bridge de courte portée
  • BCP à simple encastrement (bridge en extension libre)
    Il s’agit d’un bridge cantilever. La partie en extension constitue un bras de levier traumatisant pour la dent pilier et la muqueuse. Ce bridge est mobilisable dans toutes les directions et présente un risque accru de torsion et de renversement. Les bridges avec extension mésiale (incisive latérale ou prémolaire) supportent mieux les forces occlusales que ceux avec extension distale.
    Recommandations :
  • Absence de contacts occlusaux sur l’extension lors des mouvements de latéralité ou de diduction.
  • L’élément en extension doit être porté par un bridge d’au moins deux piliers.
  • Indications principalement pour le remplacement des incisives latérales ou prémolaires, lorsque l’alternative implantaire est impossible.
    Figure 3 : Bridge cantilever
CLASSIFICATION DES PONTS ET PRINCIPES BIOMECANIQUES

Bridge de moyenne portée

Ces bridges, plus difficiles à réaliser que ceux de courte portée, remplacent deux dents absentes, contiguës ou non.

BMP à double encastrement rectiligne

Exemple : absence de la 2ème prémolaire et de la 1ère molaire ; utilisation de la 1ère prémolaire et de la 2ème molaire comme piliers.

BMP à double encastrement curviligne

Les bridges antérieurs adoptent une forme curviligne. Les intermédiaires sont à distance d’un axe joignant les moyens d’ancrage, agissant comme un levier et provoquant un mouvement de rotation autour de cet axe. Ce mouvement est d’autant plus important que la courbure est prononcée. Pour limiter cette rotation, néfaste pour la survie des piliers et de leur parodonte, il est parfois nécessaire d’ajouter un ou des piliers latéro-postérieurs (prémolaires).
Exemple : le remplacement des 4 incisives supérieures nécessite l’utilisation des deux canines et de la première prémolaire comme piliers, tandis qu’au maxillaire inférieur, deux canines suffisent.
Figure 4 : Rotation du pont antérieur

imagedent.png

BMP à double encastrement avec pilier intercalé

Exemple : absence de la 1ère prémolaire et de la 1ère molaire. Ce type de bridge est plus complexe, coûteux et difficile à réaliser. Le pilier intercalé (2ème prémolaire) reçoit des impulsions des deux piliers qui l’encadrent, rendant le parallélisme entre les piliers rarement aisé. Les mouvements auxquels ce pont est soumis peuvent provoquer la lyse des tissus de soutien si la rétention de l’ancrage (pilier intercalé) n’est pas soigneusement étudiée.
Figure 5 : Bridge de moyenne étendue (métal non précieux) avec deux intermédiaires et un pilier central

CLASSIFICATION DES PONTS ET PRINCIPES BIOMECANIQUES

Bridges polygonaux

Réalisés sur plusieurs piliers disposés dans différents plans de l’arcade, ils peuvent être partiels ou totaux selon le nombre de dents résiduelles.

Bridges polygonaux partiels

  • Restauration de la partie antérieure de l’arcade (de prémolaire à prémolaire) : appelés bridges curvilignes, ils se présentent sous forme d’un arc.
  • Restauration de la partie latérale et rectiligne de l’arcade, plus ou moins étendue vers l’arc antérieur : ils adoptent la forme d’une parabole (bridges polygonaux paraboliques).

Bridges polygonaux totaux

Ils restaurent la totalité de l’arcade.
Figure 6 : Bridge complet céramo-métallique

CLASSIFICATION DES PONTS ET PRINCIPES BIOMECANIQUES

Classification selon le type de jonction

  1. Bridge inamovible (conventionnel)
    Composés d’éléments scellés sur les dents (ancrages) supportant des travées ou pontiques reproduisant la forme occlusale des dents absentes. Avantages : confort, sécurité, stabilité. Inconvénients : mutilation tissulaire, non totalement prophylactique.
  2. Bridge amovo-inamovible
    Même fixité et rigidité que les bridges inamovibles, mais articulés et partiellement démontables par le praticien grâce à des écrous ou vis. Avantages : fixité et possibilité de vérification périodique des muqueuses sous-jacentes.
  3. Bridge amovible
    Utilise la force de friction entre les ancrages scellés (infrastructure) et une superstructure comportant une travée ajustée à frottement plus ou moins serré.
    Figure 7 : Bridge amovible avec un attachement
CLASSIFICATION DES PONTS ET PRINCIPES BIOMECANIQUES
CLASSIFICATION DES PONTS ET PRINCIPES BIOMECANIQUES

CLASSIFICATION DES PONTS ET PRINCIPES BIOMECANIQUES

CLASSIFICATION DES PONTS ET PRINCIPES BIOMECANIQUES

Principes biomécaniques

Principes d’équilibre naturel des dents

Au cours de la mastication, les dents subissent des forces fonctionnelles qui tendent à les déplacer de leurs alvéoles, et des forces de résistance qui les maintiennent en place. Les forces fonctionnelles, provenant des muscles masticateurs, varient selon l’âge, la nature des aliments et l’individu. Les forces de résistance, bio-réactionnelles, résultent de :

  • Forces réactionnelles : liées à l’éruption passive des dents.
  • Forces passives : résistance radiculaire-alvéolaire, où le bras de levier radiculaire est bien supérieur à celui de la couronne, renforcé par la dissymétrie morphologique des racines.

Groupe antérieur (canines et incisives)

Soumis à des forces postéro-antérieures dirigées vers l’extérieur et le haut, ces dents risquent une vestibulisation sans protection. L’engrènement prémolo-molaire protège les dents antérieures. Chez les édentés molaires, on observe une vestibulisation du bloc incisivo-canin avec diminution de la dimension verticale.

Groupe antérieur inférieur

Les forces s’exercent dans l’axe des dents, rendant ces dents les dernières perdues, sauf en cas de parodontolyse.

Groupe prémolo-molaire

Les forces sont réparties selon leur grand axe en occlusion centrée. En diduction, les forces latérales tangentielles sont compensées par l’équilibre cuspidien et la morphologie radiculaire.

Objectifs des restaurations prothétiques

  1. Rétablir durablement les fonctions perturbées par l’édentement : mastication, esthétique, phonation.
  2. Respecter et préserver les structures biologiques de la cavité buccale.

Principes mécaniques

CLASSIFICATION DES PONTS ET PRINCIPES BIOMECANIQUES

La construction prothétique doit répondre à trois exigences :

  1. Insertion et parallélisme
  2. Rétention
  3. Résistance mécanique aux contraintes fonctionnelles

Résistance mécanique

La rigidité de la construction dépend des qualités mécaniques de l’alliage et de la morphologie du bridge :

  • Alliages :
  • Pour des constructions peu étendues : alliages précieux ou non précieux (Ni-Cr).
  • Pour des constructions très étendues : alliages non précieux (Ni-Cr) pour une rigidité accrue.
  • Structure métallique :
  • Épaisseur suffisante, adaptée à l’alliage.
  • Contact large, avec embrasure dégagée pour l’hygiène.
  • Section suffisante de la travée.
  • Renforcement lingual par épaississement du métal.
    Figure 8 : La flexion de la travée de bridge est 8 fois plus importante si la longueur est doublée
    Figure 9 : La flexion d’une travée de bridge d’épaisseur t est 8 fois moindre que celle d’une travée deux fois moins épaisse
CLASSIFICATION DES PONTS ET PRINCIPES BIOMECANIQUES

   Figure 8:La flexion de la travée de bridge est 8 fois plus importante si la longueur est double.

CLASSIFICATION DES PONTS ET PRINCIPES BIOMECANIQUES

   Figure 8:La flexion de la travée de bridge est 8 fois plus importante si la longueur est double.

CLASSIFICATION DES PONTS ET PRINCIPES BIOMECANIQUES

Principes biologiques

Ces principes s’appliquent aux ancrages, aux éléments intermédiaires et aux surfaces occlusales.

Morphologie des ancrages

  • Respect des tissus et conservation de la vitalité pulpaire.
  • Limite cervicale assurant un joint dento-prothétique.
  • Morphologie axiale dans la continuité des racines.
  • Innocuité vis-à-vis du parodonte profond.

Morphologie des éléments intermédiaires

Rapports avec la crête édentée

Visent à préserver la fibro-muqueuse de toute irritation.

  • Intermédiaire supra-muqueux :
  • Situé à distance de la crête, toléré mais inesthétique.
  • Formes : arche (Perl), pentagonale (Poggioli), ovoïde (Stein).
    Figure 10 : Vue vestibulaire d’un intermédiaire supra-muqueux
  • Intermédiaire contra-muqueux :
  • Type ovoïde : travée en forme d’œuf, intrados convexe, contact minimal avec la crête, embrasures dégagées.
    Figure 11 : Selle ovoïde
  • Type de selle modifié (Stein) : partie vestibulaire conservée, intrados convexe, embrasure gingivale ouverte côté lingual.
imagedent.png
Aménagements tissulaires
  • Gingivectomie : élimine le tissu hyperplasique.
  • Chirurgie crestale additive : crée un profil convexe favorable.
CLASSIFICATION DES PONTS ET PRINCIPES BIOMECANIQUES
État de surface de l’intrados
  • Lisse, poli, régulier.
  • Zones de jonction céramique/métal situées à distance de la crête, accessibles à l’hygiène.
    Figure 12 : Pontique céramo-métallique avec zone de jonction irrégulière en regard de la crête gingivale : à proscrire
Morphologie axiale

Faces vestibulaire et linguale convexes, embrasures larges pour l’hygiène.

Morphologie des surfaces occlusales et équilibration occlusale

Liée aux mouvements mandibulaires et à la morphologie des dents antagonistes, elle vise à répartir les efforts sur le parodonte profond. Facteurs à considérer :

  • Angulation cuspidienne modérée pour éviter le descellement en diduction.
  • Réduction de la largeur des tables occlusales des pontiques.

  • Création de sillons d’échappement.
    Figure 13 : Réduction des faces occlusales des pontiques

Choix des dents supports

Les dents piliers doivent résister durablement aux forces occlusales. Lois principales :

C:\Users\PC\Desktop\Capturemlkjgf.PNG CLASSIFICATION DES PONTS ET PRINCIPES BIOMECANIQUES
  • Loi de Beliard :
    L’augmentation du nombre de piliers non alignés améliore l’équilibre en limitant les axes de rotation.
    Figure 14 : Loi de Beliard
C:\Users\PC\Desktop\fcgbkj.PNG
  • Loi de Sadrin :
    Une courbure prononcée nécessite des appuis supplémentaires pour équilibrer le mouvement de renversement.
  • Loi de Duchange :
    Considère la morphologie coronaire, la surface occlusale et la position de la dent. La somme des coefficients des dents piliers (force de résistance) doit être supérieure ou égale à celle des dents absentes (force de travail). Dents supérieures IC IL Canine 1ère PM 2ème PM 1ère M 2ème M DDS Coefficient masticatoire 2 1 4 ou 5 3 3 6 6 2 à 5 Dents inférieures IC IL Canine 1ère PM 2ème PM 1ère M 2ème M DDS Coefficient masticatoire 1 1 4 3 3 6 6 4 à 6
  • Loi de Roy :
    Divise l’arcade en 5 plans (incisif, canines, prémolo-molaires). Les piliers doivent être choisis dans plusieurs plans pour assurer l’immobilisation. Si deux dents absentes sont dans des plans différents, 4 piliers sont nécessaires (2 par côté).
Dents  supI CI LCANINE1er PM2eme PM1ere M2eme MDDS
Coefficient masticatoire214 ou 5 33662 à 5 
Dents  infI CI LCANINE1er PM2eme PM1ere M2eme MDDS
Coefficient masticatoire11433664 à 6

Conclusion

La réalisation des ponts dépend d’un grand nombre de paramètres, constituant un véritable cahier des charges. Elle résulte de l’analyse clinique, du pronostic et du respect des règles de conception des prothèses fixées. Les restaurations prothétiques plurales doivent être conçues pour éviter les déséquilibres occlusaux et les surcharges sur les dents piliers.

Bibliographie

  1. Herbert Shillingburg : Les bases fondamentales en prothèse fixée.
  2. Shillingburg, Jacobi, Brackett : Les préparations en prothèse fixée : principes et applications cliniques.
  3. L. Roucoules : Principes généraux de prothèse dentaire à éléments inamovibles.

Voici une sélection de livres en français sur les prothèses dentaires:

CLASSIFICATION DES PONTS ET PRINCIPES BIOMECANIQUES

Leave a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *