Biomécanique implantaire
La prothèse implantaire fait partie d’un ensemble général représenté par la cavité buccale et l’appareil manducateur, sur lesquels elle retentit, mais qu’elle subit, par l’intermédiaire des forces occlusales, générées au cours des différentes fonctions.
Son comportement vis-à-vis de ces forces conditionne pour beaucoup, le succès ou l’échec du projet implantaire.
2. Définitions :
2.1 Mécanique :
Il s’agit de l’étude du comportement des corps (solides, liquide, gazeux) lorsque différentes actions, appelées (forces) s’exercent sur eux.
2.2 Biomécanique :
La biomécanique désigne l’application des lois de la mécanique à des systèmes biologiques. C’est l’étude des effets des forces sur le corps humain (ses différentes parties), en mouvement (dynamique) ou en état de repos (statique).
3. Particularités biomécaniques de la prothèse implanto-portée :
Les particularités du comportement biomécanique des systèmes implantaires font partie des aspects fondamentaux, qui vont modifier les attitudes cliniques, en comparaison avec la prothèse conventionnelle.
Bien que les deux types de prothèse présentent les mêmes objectifs :
- → Esthétiques ; ou entraine de patient
- → Fonctionnels : assurer les fonctions orales ; montrer / parler (très implantant)
- → Maintenir la santé des organes dentaires (santé parodontale, santé péri-implantaire) ;
- → Assurer la pérennité des reconstructions prothétiques. (pour le modificatif).
Cependant dents et systèmes implantaires ne fonctionnent pas de la même manière, du principalement à leurs environnements différents.
- → Environnement fibro-muqueux :
Après l’implantation, les tissus mous autour de l’implant ont une forme analogue à celle de la gencive qui entoure la dent, il s’agit de la muqueuse péri-implantaire. Elle forme une collerette qui serait le pourtour du pilier de l’implant.
Saine, elle est de couleur rose.
Comme au niveau des tissus péri-dentaires, la muqueuse péri-implantaire entre les piliers des 2 implants adjacents, et/ou un implant et une dent, constitue la papille.
Le sulcus péri-implantaire sain présente une profondeur de 2 à 4 mm, ne présente pas de saignement au sondage.
Tout comme le fluide gingival, le fluide péri-implantaire peut sourdre du sulcus péri-implantaire. Son volume et sa composition dépendent de l’état de santé des tissus avoisinants.
Histologiquement, la muqueuse péri-implantaire est constituée d’un épithélium et d’un tissu conjonctif, séparés par une interface.
→ Comme pour la gencive, on distingue:
- Un épithélium oral (kératinisé);
- Un épithélium oral sulculaire (non kératinisé);
- Un épithélium jonctionnel (non kératinisé, en continuité avec l’épithélium sulculaire, adhère à la surface de l’implant), il forme l’attache épithéliale.
→ Le tissu conjonctif qui entoure l’implant ressemble histologiquement à un tissu de cicatrisation. Il est plus riche en fibres de collagène, plus pauvre en fibroblastes et moins vascularisé. Les fibres de collagène s’organisent parallèlement à la surface de l’implant. Elles sont attachées au périoste et à la crête osseuse (perpendiculairement).
L’ensemble formé par l’épithélium jonctionnel et l’attache conjonctive représente l’espace biologique. Il mesure en moyenne 3 à 3,5 mm.
◆ Environnement osseux :
L’architecture de l’os s’organise en différents compartiments. On distingue de l’extérieur vers l’intérieur :
→ Le périoste (enveloppe externe);
→ L’os cortical (os compact);
→ L’os spongieux (os trabéculé).
→ L’os osseux entre le trône et l’ostin ; des espaces extracs ouverts;
→ L’espace précédente;
La distribution du tissu osseux cortical et spongieux permet de catégoriser différentes qualités d’os. Lekholm et Zarb (1985) les ont classés en 4 types :
- Os de type I : os dense, composé principalement d’os compact (la partie de l’os spongieux est quasiment inexistante);
- Os de type II : composé d’une partie d’os cortical et d’une partie d’os spongieux;
- Os de type III : la partie de l’os cortical est fine, et la partie spongieuse est consistante;
- Os de type IV : l’os cortical est quasiment inexistant, et la partie spongieuse est aussi réduite.

Ainsi, en récapitulant :
On déduit que la grande différence réside dans le fait que les dents sont reliées à leurs procès alvéolaires via le ligament parodontal, avec son effet amortisseur, alors que les systèmes implantaires sont directement reliés à l’os, par ostéo-intégration.
Ci-joint un tableau résumant les principales caractéristiques (dent-systèmes implantaires) pouvant conditionner l’aspect biomécanique.
Caractéristique
Dent | Système implantaire | |
---|---|---|
Rapport avec l’os | Ligament parodontal | Ostéo-intégration / ankylose fonctionnelle |
Proprioception | Mécanorécepteurs du ligament parodontal | Ostéopercoption |
Seuil de perception | 20 µm | 40-100 µm |
Mobilité | 25-100 µm | 3-5 µm |
Pivot des forces latérales | Tiers apical de la racine | Os crestal |
Les implants ostéo-intégrés auront une plus grande susceptibilité que les dents aux surcharges occlusales à cause de leur faible perception et donc de la faible adaptabilité de l’ensemble os-implant.
4. Les facteurs influençant la biomécanique implantaire :
La mise en place d’une bonne stratégie du projet implantaire, notamment occlusale représente l’élément clé, pouvant conditionner sa réussite ou son échec.
Différents facteurs peuvent être retenus dans ce contexte :
- Diagnostic occlusal et manducateur :
Le dépistage des anomalies de fonctionnement de l’appareil manducateur de l’occlusion statique et dynamique, d’éventuelles parafonctions, facteurs d’instabilité occlusale et de majoration des contraintes manducatrices sur les systèmes implantaires, est indispensable.
Ceci se fait grâce à un examen clinique minutieux, complété par une bonne étude des moulages.
- Thérapeutique initiale occlusodontique :
Cette dernière consiste en la normalisation des structures et des fonctions occlusales, du fonctionnement de l’appareil manducateur, et la suppression des parafonctions. - Prospective prothétique :
Se fait grâce à la définition d’un plan de traitement occlusal et prothétique adapté, avec une bonne maquette prospective. - Transfert des données prospectives sur le projet implantaire :
Par l’utilisation des guides radiologiques et chirurgicaux.
Choix de la position de référence et enregistrement de l’occlusion :
Il n’existe pas de spécificités dans le choix de la position de référence en prothèse implantaire.
Les règles conventionnelles doivent s’appliquer :
- Intégration à l’occlusion d’intercuspidation maximale (OIM);
- Création d’une nouvelle occlusion en relation centrée si l’OIM n’est pas physiologique (perte de calage occlusal)…etc

Choix des piliers :
Ce choix doit porter sur le nombre, la distribution ainsi que la position (les axes implantaires doivent coïncider avec le sens de transmission des forces occlusales).
- Choix du type d’implant en prenant en considération la typologie osseuse;
- Choix du concept occlusal :
- Contacts harmonieusement répartis;
- Créer une légère infraclusion sur les cantilevers;
- Guide latéral organisé en fonction groupe (en antagoniste de dents naturelles ou prothétiques) avec désocclusion du côté non travaillant;
- Guide antérieur avec désocclusion du côté postérieur.
Choix de la morphologie occlusale :
- Inclinaison cuspidienne réduite;
- Fosse occlusale large;
- Table occlusale réduite;
- Cuspide porteuse antagoniste en occlusion dans la fosse centrale, pour générer des forces axiales sur l’implant.
- Passivité des armatures :
Une mauvaise conception prothétique peut être la source d’une inadaptation de cette dernière. La non passivité peut provoquer : la fracture de la prothèse, la fracture de la vis (piller, de la prothèse), un hiatus source d’autres soucis (accumulation du biofilm), la fracture de l’implant, ou un défaut d’ostéo-intégration. - Maintenance occlusale.
5. Réactions du système implantaire aux forces occlusales :
Le tissu osseux est un tissu dit baro-sensible, c’est-à-dire capable de s’adapter aux conditions biomécaniques, et que l’équilibre entre apposition osseuse et résorption osseuse caractéristique du tissu osseux nécessite un certain stimulus biomécanique.
Dans un environnement où les stimuli sont faibles, la résorption l’emporte contre l’apposition. Lorsque les contraintes osseuses augmentent au-delà des limites habituelles, en présence d’une surcharge occlusale modérée, le tissu osseux se densifie.
Dans un environnement où les contraintes sont trop intenses, le tissu osseux s’organise afin de se tenir à distance des foyers de trop grandes densités de contraintes, il se résorbe. Cette lyse osseuse est détectable radiologiquement sous l’aspect d’une perte crestale en forme de V. Elle se distingue de la perte osseuse d’origine inflammatoire, qui est plus large, en forme de U.

6. Conclusion :
Faisons la ensemble.
Biomécanique implantaire
Voici une sélection de livres:
- Guide pratique de chirurgie parodontale Broché – 19 octobre 2011
- Parodontologie Broché – 19 septembre 1996
- MEDECINE ORALE ET CHIRURGIE ORALE PARODONTOLOGIE
- Parodontologie: Le contrôle du facteur bactérien par le practicien et par le patient
- Parodontologie clinique: Dentisterie implantaire, traitements et santé
- Parodontologie & Dentisterie implantaire : Volume 1
- Endodontie, prothese et parodontologie
- La parodontologie tout simplement Broché – Grand livre, 1 juillet 2020
- Parodontologie Relié – 1 novembre 2005
Biomécanique implantaire

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.