Asepsie, antisepsie, stérilisation.
Introduction
L’extraction dentaire est un acte chirurgical à part entière et doit être accomplie dans les mêmes conditions que celles requises pour les actes de petite chirurgie. Les différents maillons de la chaîne asepsie-antisepsie doivent être respectés :
- Lavage des mains (avant et après)
- Désinfection de la région où l’on travaille
- Utilisation d’instruments stériles
La réglementation en matière d’hygiène ne cesse d’évoluer. En plus des mesures d’hygiène parfaitement établies (lavage des mains, désinfection du champ opératoire, usage de matériel stérile et de matériel à usage unique), des procédés plus élaborés ont été mis en place afin de lutter contre de nouvelles formes de contamination, d’autant plus strictes depuis la pandémie mondiale de la Covid-19.
Définitions
Stérilisation
Méthode permettant de détruire divers micro-organismes (bactéries, virus, champignons, parasites) présents à la surface ou dans l’épaisseur d’un objet quelconque.
Désinfection
Destruction momentanée des germes pathogènes susceptibles d’entraîner des infections et qui sont présents sur un matériel ou une surface (environnement du malade : linge, literie, instruments médicaux, locaux, mobilier). Les moyens utilisés peuvent être chimiques (eau de Javel, formaldéhyde) ou physiques (chaleur sèche ou humide, rayonnements ionisants).
Asepsie
Absence de germes microbiens susceptibles de causer une infection. C’est l’ensemble des méthodes préservant de la souillure microbienne tout ce qui est en contact avec la plaie opératoire. Ensemble des mesures propres à empêcher tout apport exogène de micro-organismes ou des virus sur des tissus vivants ou des milieux inertes. L’asepsie associe la désinfection de l’environnement et de l’air, la rigueur de la technique, l’utilisation de matériel stérile et d’antiseptiques.
Antisepsie
Ensemble des procédés employés pour éliminer les risques d’infection microbienne de surface (peau, muqueuse). C’est l’un des fondements de l’hygiène médicale (produits chimiques en applications externes : solution de Dakin, teinture d’iode, alcool, etc.). « Opération au résultat momentané permettant, au niveau des tissus vivants, dans la limite de leur tolérance, d’éliminer ou de tuer les micro-organismes et/ou d’inactiver les virus en fonction des objectifs fixés. Le résultat de l’opération est limité aux micro-organismes présents au moment de l’opération ».
Contagion
C’est le fait de transmettre une maladie de façon :
- Directe (d’individu à individu)
- Indirecte (par l’intermédiaire d’un animal ou d’un objet contaminé)
- Mixte (le plus souvent)
Les risques
Au cabinet dentaire, toutes les maladies bactériennes, virales ou mycosiques peuvent être contractées ou transmises. Les plus craintes sont :
- La tuberculose
- La syphilis
- Les hépatites virales (B et C)
- L’herpès
- Le SIDA
- La Covid-19 (depuis décembre 2019)
Réservoirs microbiens
Homme
Les contaminations impliquent les patients, les personnels soignants et de service, ainsi que le laboratoire de prothèse.
Surfaces et matériel
Dans la zone opératoire et la zone de pré-stérilisation, les liquides biologiques et les déchets d’activités de soins peuvent contaminer les surfaces et le matériel. Les empreintes, les prothèses et les différents travaux destinés au laboratoire représentent également un potentiel contaminant. Il faut ajouter que « plus un objet est manipulé, plus il est contaminé et plus il devient contaminant ».
Voies de transmission
Les micro-organismes peuvent être transmis directement par contact ou indirectement par du matériel ou l’environnement (air, eau, autres surfaces). Deux modes de transmission sont décrits :
- La contamination aéroportée : les micro-organismes sont véhiculés par la poussière, les gouttelettes de salive (toux, éternuements, etc.), les projections d’aérosols (instrumentation).
- La contamination manuportée : la transmission se fait par les mains.
Les principales sources de contamination
- Les mains
- Les instruments
- Les vêtements
- Le mobilier
- Le crachoir
- L’aspiration
- L’air ambiant
Le danger provient du malade asymptomatique qui s’ignore ou qui cache sa maladie. Pour le malade connu, des mesures préventives doivent être prises.
Plan d’hygiène
- Le plan d’hygiène doit être pratique, simple et efficace.
- Les données épidémiologiques indiquent clairement que la notion de « population à risque » est largement dépassée.
- La règle des précautions standards est de considérer tout patient comme potentiellement infectieux.
Facteurs de susceptibilité de risque infectieux
- Les déficits immunitaires
- Les lésions de la barrière cutanéo-muqueuse
- L’état de la flore microbienne commensale
- Les affections systémiques
- Les sujets porteurs de matériaux inertes implantés
Dépistage des patients à haut risque
Par l’interrogatoire, il faut dépister le patient à haut risque, notamment :
- Malades sous immunosuppresseurs
- Opérés du cœur
- Malades dialysés
- Hémopathies malignes (leucémie, lymphome, etc.)
- Antécédents de tuberculose
- Antécédents de syphilis
- Antécédents d’hépatite
- Toxicomanes
- Hommes homosexuels
- Malades tatoués
- Malades sous acupuncture
- Polytransfusés
Il faut se protéger soi-même, protéger le personnel et les malades. Il est recommandé d’utiliser des champs de papier jetables sur le plan de travail car ils représentent une barrière physique à la contamination des surfaces fixes du mobilier.
Mesures d’hygiène
Précautions standards
- Hygiène du poste de travail : fauteuil, locaux, etc.
- Protection vestimentaire : port de gants, masque, lunettes, blouse, surblouse, etc.
- Lavage des mains
- Préférence pour le matériel à usage unique
Zones à risque au cabinet dentaire
(Vide dans le texte original, aucune information spécifique fournie.)
Cycle de préparation des instruments
Les instruments doivent passer par les étapes de nettoyage, stérilisation et stockage. L’utilisation de matériel consommable préemballé stérile à usage unique constitue un excellent moyen de lutte contre l’infection. Il est recommandé d’utiliser des champs de papier jetables sur le plan de travail car ils représentent une barrière physique à la contamination des surfaces fixes du mobilier.
Traitement de l’instrumentation réutilisable
Pré-désinfection
Cette opération est définie comme « le premier traitement à effectuer sur les objets et matériels souillés, dans le but de diminuer la population de micro-organismes et de faciliter le nettoyage ultérieur en évitant le séchage des matières organiques ». Elle peut être supprimée si le nettoyage est effectué immédiatement après utilisation.
La pré-désinfection a pour objectif de réduire le taux de contamination initiale du matériel souillé, tout en protégeant le personnel appelé à le manipuler et l’environnement dans lequel il se trouve. Pour réaliser la pré-désinfection, le produit utilisé doit présenter une activité à la fois détergente et désinfectante ; il doit être employé à la bonne dilution et constituer une solution dans laquelle les instruments vont être mis à tremper dès la fin de leur utilisation, dans un bac adapté, jusqu’à leur nettoyage. La durée minimale de trempage est généralement de 15 minutes, mais elle doit être en adéquation avec les recommandations du fabricant du produit détergent-désinfectant utilisé.
Nettoyage
L’objectif du nettoyage est d’éliminer les salissures afin d’obtenir un dispositif médical propre. Cette étape est essentielle, car elle conditionne l’efficacité du traitement final appliqué aux instruments. Le nettoyage est réalisé soit manuellement (brossage), soit en machine à laver (bacs à ultrasons). L’efficacité du nettoyage aux ultrasons grâce au phénomène de cavitation est supérieure au nettoyage manuel à l’aide d’une brosse. Les risques de piqûre ou de blessure sont éliminés.
Désinfection
Cette étape est effectuée sur des instruments propres. Elle est strictement réservée aux dispositifs médicaux thermosensibles ne pouvant être stérilisés. Cette opération est réalisée par trempage dans une solution de désinfectant adaptée. Le séchage est réalisé à l’air sec et/ou avec un linge à usage unique propre ou stérile.
Stérilisation
L’opération de stérilisation est réalisée sur des instruments emballés lors de l’étape de conditionnement ; un produit n’étant qualifié de stérile que dans la mesure où il est emballé avant stérilisation dans un emballage qui maintient cet état jusqu’à son utilisation.
Il existe quatre modes de stérilisation :
- Four à chaleur sèche (poupinel), abandonné depuis 2010
- Four à chaleur humide ou stérilisateur à vapeur saturée, aussi appelé autoclave
- Chemiclave de Harvey
- Oxyde d’éthylène
Le mode de stérilisation aujourd’hui recommandé est la stérilisation à la vapeur saturée. Certains procédés longtemps utilisés en milieu dentaire n’apportent pas les garanties du résultat. Ainsi, le stérilisateur à billes de verre a été retiré du marché en 1998 ; le Chemiclave® est aujourd’hui considéré comme un procédé de désinfection ne pouvant pas permettre une stérilisation fiable.
Autoclave : chaleur humide
- Obligatoire en Algérie au cabinet dentaire depuis 2010.
- Appareil utilisant l’action combinée de la chaleur et de la vapeur d’eau sous pression.
- Cycle de 30 à 45 minutes avec une chaleur humide de 115 à 135°C.
- Les objets sont placés dans des boîtes étanches.
Avantages
- Stérilisation en boîtes fermées dure pendant une semaine.
- Pénétration de la vapeur rapide et efficace.
- Stérilisation des textiles (tissus), matériel fragile et des solutions chimiques.
- Temps de stérilisation court, donc bonne rotation du matériel.
Inconvénients
- La vapeur entraîne la corrosion de l’acier et l’oxydation des instruments métalliques.
- Prix d’achat élevé.
- Parfois persistance d’humidité résiduelle à la surface des instruments.
On essuie ensuite le tout avec un linge propre ou on les répartit sur un champ en papier et on les laisse sécher à l’air libre. Une fois secs, les instruments sont mis dans des boîtes métalliques ou dans des emballages avant de passer au stérilisateur. Dans le cas de patients contagieux, les instruments passent au stérilisateur directement, puis ils seront nettoyés et stérilisés une seconde fois. Les textiles et les solutions chimiques ne peuvent pas être stérilisés.
Stockage
- Le matériel doit être stérilisé, maintenu stérile et stocké dans des boîtes ou des sachets hermétiquement fermés.
- Le matériel consommable à usage unique stérile est obligatoire.
- Stockage dans des boîtes ou des tiroirs propres contenant dans un coin des pastilles de trioxyméthylène dans une compresse.
- Les tiroirs sont nettoyés et désinfectés chaque semaine.
Entretien et surveillance de l’environnement
L’eau
- Eau potable : faire couler l’eau des canalisations pendant 5 minutes chaque matin avant le premier patient et pendant 30 secondes entre chaque patient.
- Le crachoir et son robinet, éventuellement le gobelet : le crachoir sera rincé et désinfecté entre chaque patient à l’aide d’un chiffon et d’un détergent-désinfectant. Le siphon sera désinfecté en fin de journée avec de l’eau de Javel.
- Le point de lavage des mains :
- La commande du robinet sera de préférence à commande non manuelle, voire automatique/électronique.
- Le distributeur de savon liquide sera doté d’une commande au coude.
- L’essuyage des mains se fera avec du papier à usage unique, le séchage électrique étant proscrit.
L’air
- Le dépoussiérage sera exclusivement humide.
- Il conviendra de limiter le nombre de personnes dans la salle ainsi que les allées et venues souvent trop nombreuses.
Surfaces
- Nettoyage des surfaces souillées avec une lingette imprégnée d’un produit bactéricide, fongicide et virucide.
- Pulvérisation sur les surfaces propres d’un film antimicrobien et séchage sans essuyage.
Les locaux
La conception architecturale des locaux doit répondre à certains principes de base tels que :
- Séparation des zones de travail et d’accueil.
- Communication entre salle de stérilisation et salle de soin.
- Choix de revêtements faciles à entretenir.
Conclusion
Il faut systématiquement, avec tous les patients et tous les jours, respecter les règles générales de l’hygiène. Les règles de base en hygiène reposent sur le respect des précautions standards, dont le principe de base est de « considérer tout patient comme porteur potentiel d’agent infectieux connu ou inconnu ». Leur objectif est donc d’assurer une double protection à la fois du soignant et du soigné. Le praticien doit éviter les risques de contamination du personnel et des patients.
Voici une sélection de livres:
- Guide pratique de chirurgie parodontale Broché – 19 octobre 2011
- Parodontologie Broché – 19 septembre 1996
- MEDECINE ORALE ET CHIRURGIE ORALE PARODONTOLOGIE
- Parodontologie: Le contrôle du facteur bactérien par le practicien et par le patient
- Parodontologie clinique: Dentisterie implantaire, traitements et santé
- Parodontologie & Dentisterie implantaire : Volume 1
- Endodontie, prothese et parodontologie
- La parodontologie tout simplement Broché – Grand livre, 1 juillet 2020
- Parodontologie Relié – 1 novembre 2005
Asepsie, antisepsie, stérilisation.

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.

