Approche psychologique de l'enfant – ORTHOPÉDIE-DENTO-FACIALE

Approche psychologique de l’enfant – ORTHOPÉDIE-DENTO-FACIALE

Approche psychologique de l’enfant – ORTHOPÉDIE-DENTO-FACIALE

Introduction

L’orthodontie est une discipline de la dentisterie qui vise à corriger les malocclusions dentaires et les anomalies des maxillaires pour améliorer la santé bucco-dentaire et la fonction masticatoire.

Cependant, traiter les enfants en orthodontie ne se limite pas uniquement à l’aspect physique de la dentition. Les aspects psychologiques et émotionnels des enfants jouent un rôle clé dans leur expérience orthodontique et peuvent influencer leur coopération, leur motivation et leur satisfaction globale.

L’approche psychologique de l’enfant en orthodontie prend en compte les aspects émotionnels, comportementaux et sociaux de l’enfant pendant le processus de traitement orthodontique.

Elle implique une compréhension approfondie du développement psychologique de l’enfant, de sa personnalité, de son comportement et de sa communication pour créer un environnement positif et favorable à la réussite du traitement orthodontique.

Développement psychologique de l’enfant

Il est important pour l’orthodontiste de connaître les différentes étapes du développement psychologique de l’enfant :

  1. La petite enfance
  2. La seconde enfance
  3. La grande enfance
  4. L’adolescence

La petite enfance (0-2 ans)

Durant les neuf premiers mois de sa vie, le bébé va exercer les réflexes innés dont il dispose (ex : la succion, la préhension).

  • Entre 9 mois et 24 mois, les mouvements deviennent coordonnés et de plus en plus complexes.
  • L’enfant passe par une période d’angoisse face aux visages qu’il identifie comme « non mère ».

Au cabinet dentaire

  • Le praticien peut l’examiner dans sa poussette ou avec l’aide de la mère.
  • Le tout petit enfant ne doit pas être séparé de sa mère.

La seconde enfance (2-6 ans)

Entre 2 et 4 ans

À lieu le perfectionnement des différentes acquisitions.

  • Vers 3 ans, il est curieux et tente d’élaborer son pouvoir dominateur. Il n’accepte pas le « NON ».
Au cabinet dentaire
  • Encore dépendant de ses parents.
  • Sa capacité à être attentif est faible.
  • Il n’a pas la notion du temps et la durée des étapes opératoires.

Entre 4 et 6 ans

  • Il peut avoir une certaine volonté à être autonome et à aider.
  • Il commence à avoir la notion des limites sociales et des interdits.
  • Il accepte l’autorité.

La grande enfance (6-12 ans)

Avec l’école, l’enfant acquiert une relative indépendance. Il s’adapte aux contraintes extérieures et peut rester longtemps dans la même position.

  • Vers 8-9 ans, il réclame, il discute et revendique.
  • À 10 ans, il présente une grande stabilité émotionnelle et caractérielle.
  • À la fin de cette période, il aime être considéré comme un grand.
  • Le praticien repère ses centres d’intérêt préférés : le sport, etc.
  • À 11 ans, l’enfant aime qu’on lui fasse confiance, mais le praticien ne doit pas oublier qu’il reste un enfant avec ses limites.

L’adolescence (13-15 ans)

Elle est marquée par un repli sur soi et des difficultés de socialisation.

  • Il s’oppose souvent aux adultes qui « ne le comprennent pas » et le praticien lui-même n’y échappe pas.

Au cabinet dentaire

  • Il est souvent difficile à motiver.
  • Ne pas le critiquer ouvertement mais lui donner des explications car il a la capacité de raisonnement.

Peur, anxiété et angoisse au cabinet dentaire

La peur

La peur est un phénomène psychologique à caractère affectif marqué accompagnant la prise de conscience d’un danger ou d’une menace pour la vie ou la sensibilité du sujet.

Cette peur peut être objective, en relation avec un soin dentaire, par exemple, elle cède à une explication ou une démonstration réussie.

Elle peut être subjective, liée à l’imaginaire ou un ensemble d’idées reçues, notamment sur la pratique de l’art dentaire.

L’anxiété

L’anxiété est définie par « une vive inquiétude née de l’incertitude d’une situation, de l’appréhension d’un événement ».

L’anxiété peut être un trait de la personnalité, elle est différente de la peur dans le sens où l’individu qui l’éprouve multiplie inconsciemment le danger et se sent incapable de pouvoir y faire face. Cette émotion s’exprime physiquement par des palpitations, sueurs et mentalement par la diminution du raisonnement et de la capacité de réflexion.

L’angoisse

L’angoisse est « une inquiétude profonde, une peur intense née d’un sentiment de menace imminente ». Comme l’anxiété, l’angoisse naît d’un objet réel ou imaginaire. Elle s’accompagne de manifestations somatiques : constrictions épigastriques, sensation d’oppression, etc.

Une crise d’angoisse aiguë peut déclencher une crise de lipothymie.

Pourquoi a-t-on peur au cabinet dentaire ?

Le conditionnement

Le comportement d’un enfant résulte d’un ensemble de recommandations transmises par ses proches, essentiellement sa mère mais également son père, ses frères et sœurs et ses camarades d’école.

Il s’agit le plus souvent d’attitudes négatives ou d’avertissements envers les soins dentaires. De même, pendant le rendez-vous, l’inquiétude des parents se transmet à l’enfant. Cela l’influence négativement dans son aptitude à assimiler la consultation.

La douleur

La peur de la douleur est le principal facteur anxiogène rencontré chez le chirurgien-dentiste. Chez l’enfant, la douleur est le contraire du plaisir, il a donc tendance à assimiler tout ce qui peut être désagréable à un phénomène douloureux.

Les facteurs médico-dentaires antérieurs

La qualité de la relation entre l’enfant et le chirurgien-dentiste est également fonction de ses expériences médico-dentaires précédentes.

Ainsi, l’apparition et le développement de la peur au cabinet dentaire peuvent être en relation avec une consultation antérieure chez un autre praticien ou à un séjour à l’hôpital.

La qualité de la relation

L’aspect relationnel a une importance capitale, il s’agit d’une relation triangulaire entre parents, enfant et praticien. La qualité de ces rapports va influencer l’évolution de la peur chez l’enfant.

Le caractère inconnu du monde dans lequel il est plongé

L’enfant, placé sur un fauteuil, est en position de grande fragilité. Non seulement, il se retrouve dans le monde des adultes, monde parfois incompréhensible, donc effrayant, en plus ce monde est à dimension adulte. Le fauteuil inadapté, les instruments démesurés introduits dans sa petite bouche sont autant d’éléments qui se surajoutent.

Dans un cabinet dentaire, tout est insolite voire hostile : le matériel, les protocoles, les bruits, les odeurs…, et même le praticien présente un aspect mystérieux, angoissant et inconnu. Or, pour les enfants, tout ce qui est inconnu est effrayant et peut exacerber chez eux un sentiment d’abandon ou de trahison, déjà existant.

Comportement de l’enfant au cabinet dentaire

Plusieurs classifications des comportements au cabinet dentaire ont été proposées, celle de Frankl et coll. reste la plus connue et la plus fiable, elle classe le comportement des enfants en 4 stades :

  • Stade I « enfant définitivement négatif » : refuse le traitement, pleure et tremble de peur.
  • Stade II « l’enfant est négatif » : éprouve de la répugnance à accepter le traitement (n’est pas coopératif).
  • Stade III « attitude positive » : l’enfant accepte le traitement, mais reste méfiant.
  • Stade IV « attitude extrêmement positive » : l’enfant s’intéresse au traitement.

Conduite à tenir au cabinet dentaire

La première consultation est un moment privilégié entre le praticien, l’enfant et ses parents. De ce premier contact dépend souvent l’évolution des rendez-vous ultérieurs.

L’enfant vit dans un monde magique où tout est possible. La peur liée à une situation nouvelle est une réaction normale et physiologique. Son entourage peut alimenter, consciemment ou non, cette impression d’insécurité.

Lors de ce premier contact, le praticien devra analyser ce contexte particulier et le dédramatiser. Tout choc émotionnel est susceptible d’engendrer non seulement une réaction indésirable de l’enfant mais aussi un refus de soins.

Il faut “apprivoiser” l’enfant, par notre attitude, nos paroles, nos gestes, notre façon de pratiquer les soins.

Dans cette démarche, nous disposerons des moyens suivants :

  • Soigner par la parole ;
  • Capter l’attention ;
  • Dédramatiser les instruments ;
  • Observer une progression dans les soins ;
  • Dire ce que l’on va faire et faire ce que l’on dit « Méthode Tell-Show-Do ».

Soigner par la parole

  • Il faut parler à l’enfant et le faire parler, le silence ne doit pas s’installer.
  • Il faut l’appeler par son prénom.
  • La conversation doit nous permettre d’apaiser les craintes de l’enfant, de détourner son attention, de mieux le connaître et de créer des liens entre lui et nous.
  • Notre langage doit être adapté à l’âge mental de l’enfant, pas de mots techniques (inquiétude du patient) et ne pas le traiter comme un bébé non plus (humiliation du patient).
  • Il faut éviter des termes agressifs comme douleur, mal, piqûre, peur…

Capter l’attention

  • Avant de capter l’attention, il faut toujours essayer de la détourner (ce qui intéresse le jeune patient).
  • La pensée de l’enfant peut être aussi occupée par la promesse d’une récompense.

Dédramatiser les instruments

  • Un petit enfant est incapable de distinguer un instrument qui peut faire mal d’un autre.
  • Se faire donc rapporter ce qui peut effrayer à autre chose qui ne fait pas peur, faire des comparaisons avec le monde familier.
  • On peut permettre au patient de toucher et manipuler certains instruments.
  • Nous dédramatiserons la fameuse roulette, en donnant un petit coup de fraise sur l’ongle.
  • Après 8 ans, on peut leur donner des explications sur ce que nous faisons, le déroulement du traitement, et le rôle de chaque outil, il faudra aussi minimiser nos actes (on fera une petite piqûre, un petit traitement). Cela rassure le patient.

Observer une progression dans les soins

  • Il ne faudra jamais commencer par une extraction, acte le plus redouté des patients. Au petit enfant, ou à l’enfant anxieux qui vient nous voir pour la première fois, nous dirons que nous voulons regarder et compter ses dents, et nous le ferons d’abord sans miroir, au besoin sans le faire asseoir sur le fauteuil.
  • Après, on pourra parler de nettoyer la dent avec une “brosse qui tourne”.
  • Nous éviterons toute douleur que l’enfant, normalement, ne pourra supporter, le soin en est variable selon les individus et la patience a des limites chez l’enfant.
  • Il faut être bref et efficace, s’il y a un “ratage” lors d’une séance, lui laisser le temps d’oublier, et contrairement à la règle générale, éloigner le rendez-vous suivant. La prise d’empreinte est généralement reportée à la séance suivante.

Ne pas oublier

  • Le pouvoir de contrôle : OPTON (1969) suggère de donner à l’enfant, au moins l’illusion d’un pouvoir de contrôle, en lui remettant une petite glace.
  • Temps de repos.
  • W.C.
  • Fatigue physique et comportement de l’enfant : la tension psychologique de l’enfant varie en fonction des heures, par exemple un enfant est fatigué en sortant de l’école et son acuité sensorielle en est accrue, il ressent davantage la douleur. En cas de fatigue excessive, l’enfant est irritable, crie et pleure… Il vaut mieux différer les soins et choisir pour une prochaine visite l’heure où l’enfant est peu fatigué, généralement le matin.

Conclusion

Il n’existe pas de règles ou de recettes permettant de réussir systématiquement notre approche de l’enfant en milieu dentaire.

Chaque praticien est différent et devra donc adapter son approche de l’enfant à sa conception de la pratique orthodontique. Notons que si la première consultation apparaît comme capitale, rien n’est irréversible.

Des expériences positives pendant quelques consultations peuvent donc suffire à effacer l’échec d’un premier rendez-vous et conduire l’enfant vers une attitude favorable au traitement.

Au même titre qu’une relation de confiance établie entre le praticien et son jeune patient lors de la première rencontre ne garantit pas le succès des rendez-vous suivants.

Si les connaissances théoriques et pratiques du praticien doivent être régulièrement mises à jour, il ne doit cependant pas négliger l’aspect psychologique.

Il apparaît que pour soigner des enfants, il faut avant tout les respecter et les aimer.

Bibliographie

  1. Ahier J. Université de Nantes. Prise en charge psychologique de l’enfant réfractaire aux soins au cabinet dentaire. Th. D’Exercice, 2011.
  2. A. Vanderzwalm-Gouvernaire, C. Naulin-IFI. Développement de l’enfant et approche comportementale au cabinet dentaire. In : Odontologie pédiatrique clinique. Paris : Wolters Kluwer France, 2011 : 1-12.
  3. Bourassa.M. Approche psychologique de l’enfant au cabinet dentaire, EMC, Paris 1991.

Approche psychologique de l’enfant – ORTHOPÉDIE-DENTO-FACIALE

  La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes. Les étudiants en médecine dentaire doivent maîtriser l’anatomie dentaire et les techniques de diagnostic pour exceller. Les praticiens doivent adopter les nouvelles technologies, comme la radiographie numérique, pour améliorer la précision des soins. La prévention, via l’éducation à l’hygiène buccale, reste la pierre angulaire de la pratique dentaire moderne. Les étudiants doivent se familiariser avec la gestion des urgences dentaires, comme les abcès ou les fractures dentaires. La collaboration interdisciplinaire avec d’autres professionnels de santé optimise la prise en charge des patients complexes. La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes.  

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