Approche Psychologique de l’Enfant, ODF
Introduction
La relation thérapeutique dans nos cabinets est une rencontre entre :
- Un adulte qui, lui aussi, possède sa propre émotivité et qui veut soigner l’enfant.
- Un enfant qui possède une psychologie, un raisonnement, une émotivité, une façon de réagir qui lui sont propres.
Il faut toujours avoir présent à l’esprit que l’enfant est déjà plus ou moins informé, sinon motivé, par ses proches, de la nature des soins dentaires et qu’il possède, à sa façon, une idée particulière de ces soins. L’enfant, lors de sa première visite au cabinet dentaire, a très peur. Il y a plusieurs raisons à cela :
- L’inconnu
- Histoires de dentistes : à la maison ou par des camarades
- Les menaces : enfant menacé quelques fois par ses parents, de l’emmener chez le dentiste s’il n’était pas sage
- La douleur : « La peur de la douleur deviendrait presque la douleur de la peur » (RUEL-KELLERMANN, 1992).
L’acquisition des fondements de la psychologie infantile est donc nécessaire pour les dentistes qui désirent traiter de jeunes patients.
Principes de l’approche psychologique
On estime ainsi souvent qu’il est nécessaire de capter la confiance de l’enfant en allant nous-même à sa rencontre. Cette rencontre est possible à la condition que nous observions un certain nombre de principes :
- Il nous faut d’abord aller nous-mêmes à la rencontre de l’enfant, en faisant tout pour minimiser son angoisse et sa peur.
- Il faudra alors éliminer du cadre de nos soins, de nos gestes, de nos paroles, tout l’aspect étranger, agressif, frustrant ou humiliant.
- Il faut toujours se rappeler que des accessoires, qui objectivement ne font pas mal (pompe à salive, rouleaux de coton salivaire…), peuvent déclencher des réactions de peur.
- Il faudra donc familiariser notre patient avec notre installation, nos instruments, avec nous-mêmes.
- Réciproquement, il faut que l’enfant vienne à notre rencontre. Par notre autorité et notre amitié, nous devons susciter la confiance, cela nous permettra de l’encourager, de stimuler son amour-propre et de l’emmener à surmonter lui-même son angoisse.
Rencontre de l’enfant au cabinet dentaire
Rencontre avec l’enfant et ses parents
Dans un premier temps, l’enfant observera les locaux et le praticien. Les locaux, sans être forcément décorés comme un cabinet de spécialiste en odontologie pédiatrique, doivent être agréables visuellement et aérés. On oublie trop souvent que de nombreuses odeurs dans un cabinet dentaire rappellent celles de l’hôpital avec tout son cortège de mauvais souvenirs pour certains enfants. La lumière ne doit pas être trop agressive et une ambiance musicale légère sera bienvenue.
Notre comportement est un facteur essentiel dans l’établissement de cette relation de confiance triangulaire enfant-parent-praticien. Le port d’un masque lors de cette première consultation n’est pas utile. Une blouse colorée est recommandée. Le praticien tient compte de toutes les remarques des parents concernant l’enfant :
- Comportement général (à la maison, à l’école, etc.).
- Expérience antérieure du milieu médical.
Nous devons percevoir l’attente des parents et comprendre le motif de la consultation. Une relation de confiance entre le praticien et ceux-ci est indispensable pour la suite des événements.
Classification du comportement de l’enfant au cabinet dentaire
Celle de Frankl et coll. est la plus connue, on lui accorde le mérite d’être fiable à 85 % :
Stade | Description |
---|---|
Stade I | « Enfant définitivement négatif » : refuse le traitement, pleure et tremble de peur. |
Stade II | « L’enfant est négatif » : éprouve de la répugnance à accepter le traitement, n’est pas coopératif. |
Stade III | « Attitude positive » : l’enfant accepte le traitement, mais reste méfiant. |
Stade IV | « Attitude extrêmement positive » : l’enfant s’intéresse au traitement, plaisante. |
Rencontre de l’enfant dans la pratique des soins
L’enfant est sur le fauteuil, il ne s’oppose pas à nos soins, mais nous savons que l’anxiété n’est pas surmontée et qu’elle reste prête à se manifester. Il faut donc “apprivoiser” l’enfant, par notre attitude, nos paroles, nos gestes, notre façon de pratiquer les soins. Dans cette démarche, nous disposerons des moyens suivants :
- Soigner par la parole
- Capter l’attention
- Dédramatiser les instruments
- Observer une progression dans les soins
Soigner par la parole (Esculape)
Il faut parler à l’enfant et le faire parler. Le silence est toujours impressionnant, notre bonjour amical a pu rompre la glace, mais le silence ne doit pas s’installer. La conversation doit nous permettre d’apaiser les craintes de l’enfant, de détourner son attention, de mieux le connaître et de créer des liens entre lui et nous. Mais elle n’est pas efficace avec tous les enfants. Cela dépend de leur tempérament.
Communication verbale | Communication non verbale |
---|---|
Un ton monotone et une voix douce ou apaisante | Échanger les regards et ne pas perdre le contact visuel et physique avec lui |
Éviter tout terme agressif (mal, piqûre…) | Créer une ambiance apaisante et rassurante (cabinet lumineux, jouer sur les couleurs, dessins d’enfant ou autre jeu) |
Toujours dire ce que l’on va faire | Prendre un enfant par la main |
Appeler l’enfant par son prénom | Avoir des gestes attentionnés (toucher la main, la joue, l’épaule) et toujours lents et non précipités |
Des paroles appropriées à l’âge de l’enfant (chanson pour les tout-petits, histoire pour les plus grands) |
Notre langage doit être adapté à l’âge mental de l’enfant. Si nous employons un vocabulaire trop élaboré, en particulier des termes techniques, l’enfant s’inquiétera de ce qu’il ne comprendra pas. Mais il ne faut pas non plus faire le contraire et le traiter comme un bébé, car il peut se sentir humilié. Il faut éviter les mots comme douleur, peine, peur…
Capter l’attention
Avant de capter l’attention, il faut toujours essayer de la détourner. Parlons-lui de ce qui l’intéresse : les petits aiment les animaux, les jouets, les friandises. Ils aiment être complimentés pour leurs habits. Quand ils grandissent, ils préfèrent qu’on leur parle de distractions : sports, voitures, jeux… Les filles restent toujours sensibles à la toilette et à la coiffure.
La pensée de l’enfant peut être aussi occupée par la promesse d’une récompense. Certains praticiens remettent à leurs patients, dès le début de la séance, une enveloppe brillante et colorée dont on ne sait ce qu’elle contient. Ils l’appellent “l’enveloppe magique”. Ce seul mot intrigue l’enfant pendant les soins, il est pressé d’en dévoiler le secret.
Dédramatiser les instruments
L’enfant est un être essentiellement affectif, et chez nous, il a peur. Ce sont donc deux raisons pour lesquelles il ne faut pas compter d’emblée sur les explications et le raisonnement pour le tranquilliser, surtout s’il a moins de 7 ans. Ainsi, un petit enfant est incapable de distinguer un instrument qui peut faire mal d’un autre.
Se faire donc rapporter ce qui peut effrayer à autre chose qui ne fait pas peur, faire des comparaisons avec le monde familier. Par exemple :
- Le spray d’anesthésie devient un vaporisateur d’eau fraîche.
- La fraise = enlève le noir.
- L’anesthésie comme quelque chose qui ressemble à une piqûre de moustique qui fera dormir la dent.
On peut faire toucher à l’enfant tous ces instruments qui l’impressionnent : le miroir, la pompe à salive, un rouleau de coton, le faire jouer avec la seringue à eau et à air. Nous dédramatiserons la fameuse roulette, en donnant un petit coup de fraise sur l’ongle, puis nous proposerons à l’enfant de lui faire la même chose. Rares sont ceux qui refusent, et comme cela ne fait évidemment pas mal, la plupart, rassurés, ouvrent la bouche.
Après 8 ans, on peut leur donner des explications sur ce que nous faisons, le déroulement du traitement, et le rôle de chaque outil. Il faudra aussi minimiser nos actes (on fera une petite piqûre, un petit traitement). Cela rassure le patient.
Termes techniques | Termes imagés |
---|---|
Ouvre la bouche | Fait le crocodile |
La piqûre | Le petit moustique |
L’appareil radiographique | La caméra magique |
Pâte à empreinte | Pâte à modeler et moulage |
Le mordançage | La peinture bleue |
Observer une progression dans les soins
Il ne faudra jamais commencer par une extraction, acte le plus redouté des patients. Au petit enfant, ou à l’enfant anxieux qui vient nous voir pour la première fois, nous dirons que nous voulons regarder et compter ses dents, et nous le ferons d’abord sans miroir, au besoin sans le faire asseoir sur le fauteuil. Après, on pourra parler de nettoyer la dent avec une “brosse qui tourne”.
Nous éviterons toute douleur que l’enfant, normalement, ne pourra supporter. Le soin en est variable selon les individus et la patience a des limites chez l’enfant. Il faut être bref et efficace. S’il y a un “ratage” lors d’une séance, lui laisser le temps d’oublier, et contrairement à la règle générale, éloigner le rendez-vous suivant. La prise d’empreinte est généralement reportée à la séance suivante.
Méthode Tell-Show-Do
Toujours dire ce que l’on va faire et faire ce que l’on dit. La méthode expliquer, montrer, faire a été mise au point par ADLESTON, elle est devenue la méthode la plus populaire pour contrôler le comportement des enfants. Il ne s’agit plus de cacher le matériel au jeune patient mais, au contraire, d’utiliser ses sens pour lui expliquer l’intérêt, le rôle et le fonctionnement de chaque instrument tout en lui prouvant qu’ils ne procurent pas de douleur.
- Expliquer : le rôle de chaque instrument avec un vocabulaire adapté et imagé. Tous les sens de l’enfant doivent être sollicités : il doit regarder, toucher, manipuler, écouter et enfin sentir.
- Montrer : le fonctionnement de l’instrument sur un doudou, un parent ou même sa main pour lui montrer que ça ne fait pas mal (une fraise de contre-angle à vitesse réduite pour lui montrer que « ça fait des chatouilles »…).
- Réaliser : l’acte après s’être assuré qu’il a bien compris tout en continuant à lui expliquer chaque étape calmement.
Points à ne pas oublier
Le pouvoir de contrôle
OPTON (1969) suggère de donner à l’enfant, au moins l’illusion d’un pouvoir de contrôle, en lui remettant une petite glace.
Temps de repos
W.C.
Fatigue physique et comportement de l’enfant
La tension psychologique de l’enfant varie en fonction des heures. Par exemple, un enfant est fatigué en sortant de l’école et son acuité sensorielle en est accrue. Il ressent davantage la douleur. En cas de fatigue excessive, l’enfant est irritable, crie et pleure. Il vaut mieux différer les soins et choisir pour une prochaine visite l’heure où l’enfant est peu fatigué, généralement le matin.
Conclusion
L’acquisition des fondements de la psychologie infantile est nécessaire pour les dentistes, et surtout les orthodontistes pour qui les enfants constituent 90 % du total des patients consultants, et ceci, afin de comprendre leurs comportements et les raisons de leurs anxiétés. Par l’aspect accueillant du cadre des soins, avec le concours de notre personnel, et, si possible des parents, par notre présence rassurante, nous aurons apaisé les craintes de l’enfant. Ainsi, tous les membres de l’équipe dentaire doivent s’entendre sur une approche psychologique commune.
Approche Psychologique de l’Enfant, ODF
La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes. Les étudiants en médecine dentaire doivent maîtriser l’anatomie dentaire et les techniques de diagnostic pour exceller. Les praticiens doivent adopter les nouvelles technologies, comme la radiographie numérique, pour améliorer la précision des soins. La prévention, via l’éducation à l’hygiène buccale, reste la pierre angulaire de la pratique dentaire moderne. Les étudiants doivent se familiariser avec la gestion des urgences dentaires, comme les abcès ou les fractures dentaires. La collaboration interdisciplinaire avec d’autres professionnels de santé optimise la prise en charge des patients complexes. La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes.
Approche Psychologique de l’Enfant, ODF

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.