Anomalies Dentaires

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Anomalies Dentaires

Introduction

L’anomalie constitue une irrégularité, une déviation par rapport à ce qui est habituel ou considéré comme tel. De ce point de vue, le système dentaire est défini par des normes qui concernent le nombre de dents, leur forme, leur situation sur l’arcade, la constitution histologique de chacune, et il n’est pas jusqu’à l’éruption, phénomène physiologique dont le temps est un facteur intrinsèque, qui ne se déroule d’habitude dans un cadre chronologique précis aux limites spécifiques.

Définition

Ce sont des altérations des structures coronaires ou radiculaires et variations dans le nombre, la situation et l’éruption d’une ou plusieurs dents. Ces anomalies résultent d’un trouble survenant au cours de la formation de la denture, d’origine exogène ou endogène.

Étiologie des Anomalies Dentaires

Elles relèvent de deux ordres de facteurs étiologiques :

Étiologie génétique

Plusieurs mécanismes peuvent entrer en jeu :

Mécanismes monogéniques

Dans ce cas, un seul gène au niveau du chromosome est touché, les altérations sont limitées aux dents et sont le fait de gènes hautement spécialisés (dits « gènes dentaires »).

Mécanismes pléiotropes

La mutation d’un « gène pléiotrope » est le mécanisme responsable des anomalies dentaires retrouvées dans divers syndromes génétiques, où l’anomalie qui touche les dents est une parmi d’autres qui sont localisées à différents niveaux de l’organisme.

Étiologie non génétique

Ce sont des facteurs environnementaux au sein des maxillaires qui engendrent des :

  • Anomalies de nombre et de position dans le cas des fentes labio-palatines ou syndromes du premier arc.
  • Anomalies de forme et de structure dues à un traumatisme mécanique ou une radiothérapie, troubles du métabolisme ou de l’alimentation (rachitisme, fluorose, insuffisance rénale), ou à des agents pharmacologiques comme les tétracyclines.

Classifications

Nous retiendrons la classification suivante :

  • Anomalies d’éruption
  • Anomalies de forme
  • Anomalies de nombre
  • Anomalies de siège (dystopies)
  • Anomalies de structure (dysplasie)
  • Anomalies de volume

Anomalies d’éruption

L’éruption dentaire est un phénomène physiologique stable, qui se produit à des dates relativement fixes. Toute perturbation se traduit soit par une éruption prématurée, soit par une éruption retardée.

Éruptions prématurées

Dents natales et néonatales

Les dents natales, présentes à la naissance, ne constituent pas un cas d’éruption précoce, dans la mesure où il s’agit de formations odontoïdes surnuméraires muqueuses, très peu ou même non calcifiées, vite éliminées, et qui siègent en général à l’emplacement des futures incisives de lait supérieures, mais plus souvent inférieures.

Dents précoces

Apparition sur l’arcade de dents bien constituées avant la date normale de leur éruption (les dents temporaires avant 5 mois, et les dents permanentes avant l’âge de 5 ans).

Étiopathogénie

Causes générales :

  • Hyperthyroïdisme (puberté précoce)

Causes locales :

  • Position superficielle du germe.
  • Dans le cas des dents permanentes, par chute précoce de la dent temporaire.

Peuvent être retrouvées dans le cadre de syndromes :

  • Syndrome de Sturge-Weber
  • Syndrome de Sotos
  • Syndrome de Turner (XO)

Éruptions retardées

On ne parle d’éruption retardée ou retard d’éruption qu’au-delà de 12 mois après la date normale d’évolution pour les dents permanentes (éruption retardée au-delà de 7 et même 8 ans) et au-delà de 7 mois pour la denture temporaire. Avant de confirmer un tel retard, il faut s’assurer que les dents sont présentes et en bonne position.

Étiologie

Lorsque le retard d’éruption est localisé à une dent, il s’agit d’une étiologie locale :

  • Obstacles gingivaux : hyperplasie congénitale de la gencive.
  • Obstacles tumoraux : kyste péri-coronaire.
  • Obstacles dentaires : dysmorphie dentaire par macrodontie relative, les dents surnuméraires et les odontomes.
  • Obstacle osseux : ostéopathies, etc.
  • Anomalie du germe : traumatisé, racine coudée.

Lorsque le retard est généralisé à toute la denture, il s’agit d’une étiologie générale :

  • Carences vitaminiques : rachitisme, scorbut.
  • Génétique : comme dans le syndrome de Down, syndrome de Singleton-Merten, etc.

Anomalies de forme

Ces anomalies sont généralisées ou localisées, affectant soit la couronne dentaire, soit la racine dentaire, soit toute la dent.

Dysmorphies partielles coronaires

Les cuspides surnuméraires

C’est un défaut transmis par un gène dit de structure qui contrôle la morpho-différenciation du bourgeon dentaire.

Incisives :

  • Un développement anormal de la cingule, la forme majeure de l’hypertrophie cingulaire incisive est la cuspide en talon.
  • Incisive en forme de pelle : les deux bords latéraux ont un relief disproportionné du côté palatin.

Canines :

  • L’anomalie habituelle est le développement anormal de la cingule, parfois tellement développé qu’il donne à la canine l’aspect d’une prémolaire (prémolarisation).
  • Un tubercule accessoire peut aussi exister sur la face vestibulaire.

Prémolaires :

  • L’existence d’une crête marginale accessoire peut modifier la morphologie du tubercule vestibulaire et donner à la couronne un aspect tricuspide.
  • Dans d’autres cas, il existe un véritable tubercule accessoire sur la face vestibulaire donnant à la dent l’aspect d’une molaire (molarisation).

Molaires :

  • On peut trouver au niveau de la première molaire supérieure trois cuspides ou trois cuspides vestibulaires et une cuspide palatine.

Tubercule de Carabelli :

  • Carabelli et von Lunkas ont montré dès 1844 l’existence possible d’un tubercule accessoire mésio-palatin qui est considéré comme cuspide surnuméraire au niveau de la première molaire supérieure.

Tubercule de Bolk :

  • C’est un tubercule paramolaire accessoire mésio-vestibulaire fréquent sur la 2e et la 3e molaire supérieures.

Dysmorphies totales corono-radiculaires

  • Dents en touche de piano.

Dysmorphies radiculaires

Elles sont soit des anomalies de direction et de nombre, soit de forme et de taille.

Anomalies de nombre

  • On trouve des racines supplémentaires fréquemment sur les canines permanentes inférieures, ou deux racines pour la première prémolaire supérieure (une vestibulaire et l’autre palatine), comme on peut trouver une dent de sagesse avec sept racines.

Anomalies de forme

  • Les courbures qui sont la conséquence d’un obstacle pendant la croissance radiculaire (kyste, dent incluse, etc.), la racine sera coudée ou crochue si la croissance se poursuit dans une direction différente.

Taurodontisme :

  • Dysmorphie découverte à l’examen radiologique, caractérisée par une vaste chambre pulpaire des prémolaires, mais surtout des molaires, et pas de serrement au niveau de la jonction amélo-cémentaire.
  • Le déplacement apical de la furcation a pour résultat une augmentation de la taille camérale.

Perles, nodules, projection d’émail

  • Ce sont des anomalies de développement formées à partir d’une évagination de la couche épithéliale interne.
  • Les perles d’émail peuvent être intra- ou extra-dentaires avec localisation coronaire, cervico-radiculaire. Elles sont trouvées le plus souvent à la bifurcation des racines des molaires supérieures.

Concrescence

  • C’est l’union de deux dents par leurs racines par le cément, elle intéresse surtout les incisives supérieures. Elle survient pendant la formation des racines.

Coalescence

  • C’est l’union de deux dents par un tissu osseux très dense. Les deux dents conservent toute leur individualité.

La fusion : synodontie

  • C’est une anomalie de développement constituée par l’union, le plus souvent par la dentine, de deux germes normaux au moment de leur formation.
Anomalies Dentaires

La gémination

Partielle :

  • C’est une division incomplète d’un germe dentaire.
  • Cliniquement, c’est une simple encoche du bord incisif d’une incisive. Elle est fréquente en denture temporaire au niveau de la région incisivo-canine.

Totale (schizodontie) :

  • Elle est rare, il y a formation d’une dent jumelle surnuméraire.

Anomalies de nombre

Les anomalies de nombre apparaissent soit sous forme d’augmentation, soit de réduction du matériel dentaire. Elles peuvent être accompagnées d’autres anomalies de forme et/ou de volume, avec rétention de la dent temporaire correspondante.

Hypodontie

  • Est une anomalie de nombre définie par l’absence d’une unité dentaire, en relation avec l’absence du germe correspondant (agénésie).
  • Il s’agit le plus souvent d’une « dent de fin de série » :
  • 3e molaires (10 à 35 % des cas)
  • Incisives latérales supérieures
  • 2e prémolaires

Anodontie

  • C’est l’absence totale de toutes les dents temporaires et permanentes par agénésie complète (extrêmement rare).

Oligodontie

  • C’est l’absence d’un grand nombre de dents, s’observe dans des syndromes tels que le syndrome de Christ-Siemens.

Hyperdontie

  • C’est une augmentation du nombre des dents due à l’hyperactivité localisée de la lame dentaire.
  • On distingue habituellement :
  • Dent supplémentaire : Si la dent a une forme harmonieuse, elle ne touche qu’une dent à la fois (incisive latérale, molaire ou prémolaire).
  • Dent surnuméraire : (Mésiodens ou odontoïde) si la dent a une forme atypique ou dysmorphique en surnombre sur l’arcade ou incluse, le plus souvent de volume réduit située en arrière ou entre les incisives supérieures.
  • Dans les secteurs postérieurs, on retrouve parfois une 3e prémolaire, une 4e voire 5e molaire ayant l’aspect de dents de sagesse.

Anomalies de siège : les dystopies

L’hétérotopie

  • C’est l’apparition d’une dent hors de l’arcade dentaire.
  • Exemple : dents de sagesse dans la branche montante, évolution d’une canine dans la cavité orbitaire, etc.

L’ectopie

  • Une dent est dite ectopique si elle siège au voisinage de l’assise alvéolaire mais en dehors de la crête.

La transposition

  • C’est une anomalie de position dans laquelle deux dents, le plus souvent adjacentes, permutent leur position respective sur l’arcade.
  • Elle peut être partielle ou totale. Le cas le plus fréquent est celui de la canine et la première ou deuxième prémolaire supérieures.

La transmigration

  • C’est le déplacement d’une dent qui, au cours de son éruption, gagne sur l’arcade une place inhabituelle. Le cas le plus fréquent est celui de la canine inférieure qui gagne un endroit inhabituel, parfois controlatéral, par exemple entre canine et incisive latérale controlatérales.

La rotation

  • La dent occupe une position normale sur l’arcade mais a tourné de 45 à 180° autour de son axe longitudinal.
  • Elle affecte la deuxième prémolaire supérieure qui peut subir une rotation de 180°.

Anastrophie

  • C’est une anomalie rare caractérisée par le retournement d’un germe par ailleurs à sa place, le pivotement de 180° autour d’un axe mésio-distal place la racine en direction buccale. L’éruption est généralement empêchée et la dent reste incluse.
  • Cette anomalie concerne généralement les dents surnuméraires, en particulier la mésiodens qui peut éventuellement faire éruption dans la cavité nasale ou dans le sinus maxillaire.

Ankylose

  • C’est la diminution plus ou moins complète de la mobilité physiologique d’une dent. Fréquemment observée sur les molaires temporaires, rarement sur la denture permanente.
  • Cliniquement, on note que la dent est immobile. Sa percussion donne un son clair.
  • Radiologiquement, on note un amincissement de l’image ligamentaire voire sa disparition.

L’inclusion

  • Toutes les dents passent par un stade d’inclusion physiologique. On considère qu’il y a pathologie quand la dent reste emprisonnée dans l’os et les tissus mous au-delà de la date normale d’éruption.

Anomalies de structure

Ce sont des défauts dans la structure des tissus durs des dents qui surviennent pendant l’odontogenèse. Ces défauts affectent une dent, plusieurs dents ou toutes les dents, tant en denture temporaire qu’en denture permanente. Les défauts de structure affectent soit l’émail, soit la dentine, soit le cément, soit encore tous les tissus durs de la dent.

Anomalies de l’émail

Seront successivement envisagées les anomalies de structure et les anomalies de maturation de l’émail, héréditaires et acquises.

Amélogenèses imparfaites héréditaires

  • C’est une affection héréditaire et congénitale qui atteint les dentitions temporaire et définitives. Les altérations sont limitées aux dents, ce qui implique des gènes hautement spécialisés.
  • La forme et le volume des dents sont affectés par la détérioration de l’émail et par attrition précoce : les incisives perdent leur tranchant, les canines leur pointe et les molaires leurs cuspides.

Type I : Hypoplasie

  • La forme hypoplasique (60 % des cas) résulte d’un déficit matriciel.
  • Ce sont des anomalies quantitatives affectant le plus souvent les deux dentitions, au cours desquelles il y a une diminution de la quantité de matrices d’émail déposée pendant l’amélogenèse. L’émail, quand il existe, est immature et de volume réduit.

Type II : Hypomaturation

  • La forme hypomature est fréquente (40 % des cas).
  • Dans ces cas, l’émail est d’épaisseur normale mais sa dureté est moindre. L’aspect montre des marbrures jaune-brun par endroits, ou des opacités blanchâtres, localisées au bord libre de la dent. Radiologiquement, la densité amélaire apparaît un peu affaiblie et le contraste avec la dentine moins marqué.

Type III : Hypominéralisation

  • La forme hypominéralisée (7 %).
  • Ce sont des anomalies qualitatives, dues à un défaut de minéralisation de l’émail, qui affectent les deux dentitions.

Amélogenèses imparfaites de type syndromique

  • Ce sont le plus souvent des hypoplasies, accompagnées parfois d’hypominéralisation.
  • Une hypoplasie marquée affectant les deux dentitions est observée en cas de dysplasie oculo-dento-osseuse, en cas de syndrome de Down, de Turner, etc.

Hypoplasie de l’émail de causes locales et générales acquises : les dysplasies et les dysmorphies

  • De nombreuses maladies peuvent être responsables d’hypoplasies et d’hypocalcification de l’émail, variables en fonction de la période d’affectation par rapport à l’amélogenèse.
  • En fait, toute maladie systémique de la mère enceinte ou du jeune enfant, toute défaillance importante de l’organisme peuvent laisser une signature au niveau de l’émail.

L’intoxication fluorée ou les anomalies du métabolisme phosphocalcique

  • C’est une maladie chronique en rapport avec l’administration durable de doses très importantes de fluor : la coloration des dents varie du jaune au marron foncé avec l’aspect caractéristique de l’émail qui est terne plus des taches crayeuses.

Anomalies de la dentine

La dentinogenèse imparfaite (DI)

  • La DI se rencontre soit isolée, soit associée à une des formes de l’ostéogenèse imparfaite (OI).
  • L’usure coronaire est plus ou moins intense, la coloration générale est ambrée, translucide. L’émail est fragile.

La dysplasie dentinaire (DD)

La dysplasie dentinaire coronaire :

  • Elle se caractérise par l’atteinte des dents de lait dont la couleur ambrée et translucide. Les dents permanentes ont une couleur normale. La structure histologique de la dentine est très anarchique.

Les anomalies du cément

Hypo- ou aplasie cémentaire

  • De découverte radiographique.
  • Affecte les dents temporaires, surtout antérieures.
  • Habituellement avant l’âge de trois ans.
  • C’est un défaut de dépôt du cément cellulaire sur le cément acellulaire.

Cémenticule

  • Noyaux calcifiés sphériques qui se développent au sein des éléments fibro-vasculaires.
  • De siège habituel inter-radiculaire, ils peuvent se trouver au sein de la couche cémentaire ou de l’os alvéolaire.

Hypercémentose

  • Atteint surtout les molaires mandibulaires.
  • De localisation surtout apicale.
  • Peut entraver l’éruption des dents, entraîner des courbures radiculaires et conduire à une ankylose.

Anomalies de volume

Anomalies de volume vraies (absolues)

La taille des dents est déterminée génétiquement, mais peut être affectée par d’autres facteurs.

Macrodontie généralisée vraie

  • Ou gigantisme dentaire, est extrêmement rare, elle affecte toutes les dents et a été associée au gigantisme d’origine hypophysaire.

Macrodontie localisée vraie

  • Il peut s’agir de la macrodontie d’une dent et de son homologue symétrique, comme il peut s’agir d’une macrodontie unilatérale, comme elle peut toucher mediu, ce este numită rhizomégalie.

Microdontie généralisée vraie

  • Ou nanisme dentaire (ou microdontisme), est rare, parfois associée au nanisme d’origine pituitaire.

Microdontie localisée vraie

  • Localisée à une ou plusieurs dents, elle est fréquente, elle concerne surtout les dents de fin de série qui sont aussi parmi les dents les plus agénésiques. En camion de fente palatine unilatérale, les dents définitives sont souvent plus petites que leur homologue du côté sain.
  • Elle peut être retrouvée dans le cadre de certains syndromes génétiques : syndrome de Mohr, Goltz, Williams, etc.
  • Le nanisme radiculaire ou rhizomicrie est rencontré au niveau des prémolaires et des troisièmes molaires.

Conclusion

Le problème des anomalies dentaires n’est pas spécifique à l’orthodontie, mais un grand nombre d’entre elles ont des répercussions orthodontiques. Un nombre important passe inaperçu à leur installation. L’observation attentive de la denture et des maxillaires permet de les détecter précocement et d’en effectuer le traitement approprié.


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