Anomalies Dentaires
- Introduction
L’anomalie constitue une irrégularité, une déviation par rapport à ce qui est habituel ou considéré comme tel.
De ce point de vue, le système dentaire est défini par des normes qui concernent le nombre de dents, leur forme, leur situation sur l’arcade, la constitution histologique de chacune, et il n’est pas jusqu’à l’éruption, phénomène physiologique dont le temps est un facteur intrinsèque, qui ne se déroule d’habitude dans un cadre chronologique précis aux limites spécifiques.
- Définition
Ce sont des altérations des structures coronaires ou radiculaires et variations dans le nombre, la situation et l’éruption d’une ou plusieurs dents.
Ces anomalies résultent d’un trouble survenant au cours de la formation de la denture, d’origine exogène ou endogène.
- Etiologie des Anomalies Dentaires
Elles relèvent de deux ordres de facteurs étiologiques:
- Étiologie génétique :
Plusieurs mécanismes peuvent entrer en jeu :
Mécanismes monogénique :
Dans ce cas un seul gène au niveau du chromosome est touché, les altérations sont limités aux dents et sont le fait de gènes hautement spécialisés (dits « gènes dentaires »).
Mécanismes pléiotropes :
La mutation d’un « gène pléiotrope » est le mécanisme responsable des anomalies dentaires retrouvées dans divers syndromes génétiques, où l’anomalie qui touche les dents est une parmi d’autres qui sont localisées à différents niveaux de l’organisme.
3.2 Etiologie non génétique :
Ce sont des facteurs environnementaux au sein des maxillaires qui engendrent des :
- Anomalies de nombre et de position dans le cas des fentes labio-palatines ou syndromes du premier arc.
Anomalies de forme et de structure dus à un traumatisme mécanique ou une radiothérapie, troubles du métabolisme ou de l’alimentation (Rachitisme, Fluorose, insuffisance Rénale), ou à des agents pharmacologiques comme les tétracyclines.
- Classifications :
Nous retiendrons la classification suivante :
- Anomalies d’éruption
- Anomalies de forme
- Anomalies de nombre
- Anomalies de siège (dystopies)
- Anomalies de structure (dysplasie)
- Anomalies de volume
- Anomalies d’éruption :
L’éruption dentaire est un phénomène physiologique stable, qui se produit à des dates relativement fixes. Toute perturbation se traduit soit par une éruption prématurée ou une éruption retardée.
- Eruptions prématurées :
Dents natales et néonatales : Les dents natales, présentes à la naissance, ne constituent pas un cas d’éruption précoce, dans la mesure où il s’agit de formations odontoïdes surnuméraires muqueuses, très peu ou même non calcifiées, vite éliminées, et qui siègent en général à l’emplacement des futures incisives de lait supérieures, mais plus souvent inférieures.
Dents précoces : Apparition sur l’arcade de dents bien constituées avant la date normale de leur éruption. (Les dents temporaires avant 5 mois, et les dents permanentes avant l’âge de 5 ans.)
- Etiopathogénie:
- Causes générales:
- Hyperthyroidisme (puberté précoce)
- Causes locales:
- Position superficielle du germe.
- Dans le cas des dents permanentes par chute précoce de la dent temp.
- Causes générales:
Peuvent être retrouvées dans le cadre de syndromes:
Synd. Sturge-Weber
Synd. Sotos
Synd. Turner (XO)
- Eruptions Retardées
On ne parle d’éruption retardée ou retard d’éruption qu’au delà de 12 mois après la date normale d’évolution pour les dents permanentes (éruption retardée au dela de 7 et même 8 ans) et au-delà de 7 mois pour la denture temporaire.
Avant de confirmer un tel retard il faut s’assurer que les dents sont présentes et en bonne position.
Étiologie:
Lorsque le retard d’éruption est localisé à une dent il s’agit d’une étiologie locale.
- Obstacles gingivaux : hyperplasie congénitale de la gencive.
- Obstacles tumoraux : kyste péri coronaire.
- Obstacles dentaires : D.D.M. par macrodontie relative, les dents surnuméraires et les odontomes.
- Obstacle osseux : ostéopathies…etc.
- Anomalie du germe : traumatisé, racine coudée
Lorsque le retard est généralisé à toute la denture il s’agit d’une étiologie générale:
- Carences vitaminiques: rachitisme, scorbut.
- Génétique: comme dans le Syndrome de Down, Synd. Singleton-Merten…
- Anomalies de forme
Ces anomalies sont généralisées ou localisées, affectant soit la couronne dentaire, soit la racine dentaire, soit toute la dent.
Anomalies Dentaires
Les dysmorphies partielles coronaires
Les cuspides surnuméraires
C’est un défaut transmis par un gene dit de structure qui contrôle la morpho différenciation du bourgeon dentaire.
Incisives :
Un développement anormale de la cingule, la forme majeure de l’hypertrophie cingulaire incisive est la cuspide en talon Incisive en forme de pelle : les deux bords latéraux ont un relief disproportionné du coté palatin.
Canines :
L’anomalie habituelle est le developpement anormal de la cingule, parfois tellement developpé qu’il donne à la canine l’aspect d’une premolaire (premolarisation). Un tubercule accessoire peut aussi exister sur la face vestibulaire.
Prémolaires :
L’existance d’une crete marginale accessoire peut modifier la morphologie du tubercule vestibulaire et donner à la couronne un aspect tricuspide.
Dans d’autres cas, il existe un véritable tubercule accessoire sur la face vestibulaire donnant à la dent l’aspect d’une molaire (molarisation).
Molaires :
On peut trouver au niveau de la première molaire supérieure trois cuspides ou trois cuspides vestibulaires et une cuspide palatine.
Tubercule de carabelli :
Carabelli et von lunkas ont montré des 1844 l’existence possible d’un tubercule accessoire mesiopalatin qui est considéré comme cuspide surnuméraire au niveau de la première molaire supérieure.
Tubercule de BOLK :
C’est un tubercule paramolaire accessoire mésio vestibulaire fréquent sur la 2eme et la 3eme molaire supérieures.
Dysmorphies totales corono – radiculaires : dents en touche de piano.
Dysmorphies radiculaires :
Elles sont soit des anomalies de direction et de nombre soit de forme et de taille.
Anomalies de nombre :
On trouve des racines supplémentaires fréquemment sur les canines permanentes inférieures, ou deux racines pour la première prémolaire supérieure une vestibulaire et l’autre palatine comme on peut trouver une dent de sagesse avec sept racines.
Anomalies de forme :
Les courbures qui sont la conséquence d’un obstacle pendant la croissance radiculaire (kyste, dent incluse….) la racine sera coudée ou crochue si la croissance se poursuit dans direction differente.
Taurodontisme :
Dysmorphie decouverte à l’examen radiologique, caractérisée par une vaste chambre pulpaire des premolaires mais surtout des molaires et pas de serrement au niveau de la jonction amélo – cémentaire.
Le déplacement apical de la furcation a pour resultat une augmentation de la taille camérale.
Anomalies Dentaires
Perles, nodules, projection d’émail :
C’est des anomalies de developpement formées à partir d’une évagination de la couche epithéliale interne.
Les perles d’émail peuvent etre intra ou extra dentaires avec localisation coronaire, cervicoradiculaire. Trouvées le plus souvent à la bifurcation des racines des molaires supérieures.
Concrescence :
C’est l’union de 02 dents par leurs racines par le cément, elle intéresse surtout les incisives supérieures. Elle survient pendant la formation des racines.
Coalescence :
C’est l’union de deux dents par un tissu osseux tres dense. Les deux dents conservent toute leur individualité.
La fusion : synodontie
C’est une anomalie de developpement constituée par l’union le plus souvent par la dentine de deux germes normaux au moment de leur formation.
La gémination :
Partielle : C’est une division incomplete d’un germe dentaire.
Cliniquement, c’est une simple encoche du bord incisif d’une incisive. Elle est frequente en denture temporaire au niveau de la région incisivo – canine. Totale (schizodontie): elle est rare, il y’a formation d’une dent jumelle surnuméraire.
- Anomalies de nombre
Anomalies Dentaires
Les anomalies de nombres apparaissent soit sous forme d’augmentation ou de réduction du matériel dentaire.
Elles peuvent être accompagnées d’autres anomalies de forme et/ou de volume, avec rétention de la dent temporaire correspondante.
- Hypodontie: est anomalie de nombre définie par l’absence d’une unité dentaire, en relation avec l’absence du germe correspondant (agénésie)
Il s’agit le plus souvent d’une « dent de fin de série »:
- 3ièmes molaires (10 à 35% des cas)
- Incisive latérales supérieures
- 2ièmes prémolaires.
- Anodontie: c’est l’absence totale de toutes les dents temporaires et permanentes par agénésie complète. (extrêmement rare)
- Oligodontie: c’est l’absence d’un grand nombre de dents, s’observe dans des syndromes tels que le syndrome de Christ-Siemens.
Hyperdontie: C’est une augmentation du nombre des dents due à l’hyperactivité localisée de la lame dentaire
On distingue habituellement:
Dent supplémentaire : Si la dent a une forme harmonieuse, elle ne touche qu’une dent à la fois (incisive latérale, molaire ou prémolaire).
Dent surnuméraire : (Mésiodens ou odontoïde) si la dent a une forme atypique ou dysmorphique en surnombre sur l’arcade ou incluse, le plus souvent de volume réduit située en arrière ou entre les incisives supérieures.
Dans les secteurs postérieurs on retrouve parfois une 3ème prémolaire, une 4ème voire 5ème molaire ayant l’aspect de dents de sagesse.
- Anomalies de siège : les dystopies
L’hétérotopie :
C’est l’apparition d’une dent hors de l’arcade dentaire.
Exemple :
DDS dans la branche montante, évolution d’une canine dans la cavité orbitaire…
L’ectopie :
Une dent est dite ectopique si elle siège au voisinage de l’assise alvéolaire mais en dehors de la crête.
La transposition :
C’est une anomalie de position dans laquelle deux dents le plus souvent adjacente permutent leur position respective sur l’arcade.
Elle peut être partielle ou totale. Le cas le plus fréquent est celui de la canine et la première ou deuxième prémolaire supérieures.
La transmigration :
C’est le déplacement d’une dent qui au cours de son éruption gagne sur l’arcade une place inhabituelle. Le cas le plus fréquent est celui de la canine inferieure qui gagne un endroit inhabituelle, parfois controlatéral par exemple entre canine et incisive latérale controlatérales,
La rotation :
La dent occupe une position normale sur l’arcade mais a tourné de 45 à 180° autour de son axe longitudinal.
Elle affecte la deuxième prémolaire supérieure qui peut subir une rotation de 180°.
Anastrophie :
C’est une anomalie rare caractérisée par le retournement d’un germe par ailleurs à sa place, le pivotement de 180° autour d’un axe mésio-distal place la racine en direction buccale. L’éruption est généralement empêchée et la dent reste incluse.
Cette anomalie concerne généralement les dents surnuméraires, en particulier la mésiodens qui peut éventuellement faire éruption dans la cavité nasale ou dans le sinus maxillaire.
Ankylose :
C’est la diminution plus ou moins complète de la mobilité physiologique d’une dent. Fréquemment observée sur les molaires temporaires rarement sur la denture permanente.
Cliniquement on note que la dent est immobile. Sa percussion donne un son clair.
Radiologiquement on note un amincissement de l’image ligamentaire voir sa disparition.
L’inclusion :
Toutes les dents passent par un stade d’inclusion physiologique .On considère qu’il y a pathologie quand la dent reste emprisonnée dans l’os et les tissus mous au delà de la date normale d’éruption.
- Anomalies de structure :
Ce sont des défauts dans la structure des tissus durs des dents qui surviennent pendant l’odontogenèse. ces défauts affectent une dent ou plusieurs dents ou toutes les dents, tant en denture temporaire qu’en denture permanente. Les défauts de structure affectent soit l’email, soit la dentine, soit le cément, soit encore tous les tissus durs de la dent.
Anomalies Dentaires
Anomalies de l’émail :
Seront successivement envisagées les anomalies de structure et les anomalies de maturation de l’émail, héréditaires et acquises.
- Amélogeneses imparfaites héréditaires
C’est une affection héréditaire et congénitale et atteint les dentitions temporaire et définitives. Les altération sont limitées aux dents, ce qui implique des gènes hautement spécialisés.
La forme et le volume des dents sont affectés par la deterioration de l’émail et par attrition précoce : les incisives perdent leur tranchant, les canines leur pointes et les molaires leurs cuspides.
Type I hypoplasie
La forme hypoplasique (60 % des cas) résulte d’un déficit matriciel.
Ce sont des anomalies quantitatives affecteant le plus souvent les deux dentitions, au cours desquelles il y a une diminution de la quantité de matrice d’émail déposée pendant l’amelogenese. L’émail, quand il existe, est immature et de volume reduit
Type II hypomaturation
La forme hypomature est fréquente (40 % des cas).
Dans ces cas, l’émail est d’épaisseur normale mais sa dureté est moindre. L’aspect montre des marbrures jaune brun par place, ou des opacités blanchâtres, localisée au bord libre de la dent. Radiologiquement, la densité amélaire apparaît un peu affaiblie et le contraste avec la dentine moins marqué.
Type III hypominaralisation
La forme hypominéralisée (7 %)
Ce sont des anomalies qualitatives, dues à un défaut de minéralisation de l’amail, qui affectent les deux dentitions.
- amélogeneses imparfaites de type syndromique
ce sont le plus souvent des hypoplasies, accompagnées parfois d’hypominéralisation.
Une hypoplasie marquée affectant les deux dentitions est observée en cas de dysplasie oculo-dent-osseuse. En cas de syndrome de DOWN de TURNER….
- hypoplasie de l’émail de causes locales et generales acquises : les dysplasies et les dysmorphies
de nombreuses maladies peuvent etre responsables d’hypoplasies et d’hypocalcification de l’émail, variables en fonction de la période d’affectation par rapport à l’amélogenese.
En fait, toute maladie systemique de la mere enceinte ou du jeune enfant, toute defaillance importante de l’organisme peuvent laisser une signature au niveau de l’émail.
L’intoxication fluorée ou les anomalies du métabolisme phosphocalcique
C’est une maladie chronique en rapport avec l’administration durable de doses très importantes de Fluor : La coloration des dents varie du jaune au marron foncé avec l’aspect caractéristique de l’émail qui est terne plus des taches crayeuses.
Anomalie de la dentine
La dentinogenèse imparfaite (DI) et la dysplasie dentinaire (DD) représentent l’expression clinique des anomalies de la dentine.
.1. La dentinogénèse imparfaite:
La DI se rencontre soit isolée, soit associée à une des formes de l’ostéogenèse imparfaite (OI).
L’usure coronaire est plus ou moins intense, La coloration générale est ambrée, translucide. L’émail fragile.
2. La dysplasie dentinaire :
La dysplasie dentinaire coronaire :
Elle se caractérise par l’atteinte des dents de lait dont la couleur ambrée et translucide.. Les dents permanentes ont une couleur normale. La structure histologique de la dentine est très anarchique
Les anomalies du cément :
Hypo ou aplasie cémentaire :
De découverte radiographique.
Affecte les dents temporaires surtout antérieures.
Habituellement avant l’âge de trois ans.
C’est un défaut de dépôt du cément cellulaire sur le cément acellulaire.
Cémenticule :
Noyaux calcifiés sphériques qui se développent au sein des éléments fibro vasculaircs.
De siège habituel inter radiculaire il peuvent se trouver au sein de la couche cémentaire ou de l’os alvéolaire.
Anomalies Dentaires
Hypercémentose :
Atteint surtout les molaires mandibulaires.
De localisation surtout apicale.
Peut entraver l’éruption des dents, entraîner des coudures radiculaire et conduire à une ankylose.
- Anomalies de volume :
- Anomalies de volumes vraies (absolues)
La taille des dents est déterminée génétiquement, mais peut être affectée par d’autres facteurs.
Macrodontie généralisée vraie : ou gigantisme dentaire est extrêmement rare, elle affecte toutes les dents et a été associé au gigantisme d’origine hypophysaire.
Macrodontie localisée vraie : il peut s’agir de la macrodontie d’une dent et de son homologue symétrique, comme il peut s’agir d’une macrodontie unilatérale, comme elle peut toucher uniquement la racine : c’est la rhizomégalie.
Microdontie généralisée vraie
Ou nanisme dentaire (ou microdontisme) est rare, elle parfois associée au nanisme d’origine pituitaire.
Microdontie localisée vraie : localisée à une ou plusieurs dents, elle est fréquente, elle concerne surtout les dents de fin de série qui sont aussi parmi les dents les plus agénésiques. En cas de fente palatine unilatérale, les dents définitives sont souvent plus petites que leur homologue du côté sain.
Elle peut être retrouvée dans le cadre de certains syndromes génétiques : Synd. Mohr, Goltz, Williams…
Le nanisme radiculaire ou rhizomicrie est rencontré au niveau des prémolaires et des troisièmes molaires.
Anomalies Dentaires
- Conclusion
Le problème des anomalies dentaires n’est pas spécifique à l’orthodontie mais un grand nombre d’entre elles à des répercussions orthodontiques.
Un nombre important passe inaperçu à leur installation.
L’observation attentive de la denture et des maxillaires permet de les détecter précocement et d’en effectuer le traitement approprié.
Anomalies Dentaires
Les dents de sagesse peuvent provoquer des douleurs si elles sont mal positionnées.
Les obturations en composite sont esthétiques et résistantes.
Les gencives qui saignent peuvent être un signe de gingivite.
Les traitements orthodontiques corrigent les désalignements dentaires.
Les implants dentaires offrent une solution fixe pour les dents manquantes.
Le détartrage élimine le tartre et prévient les maladies gingivales.
Une bonne hygiène dentaire commence par un brossage deux fois par jour.
Anomalies Dentaires

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.