Anesthésie en Odontostomatologie : Produits et Techniques - Pathologies Bucco-Dentaires

Anesthésie en Odontostomatologie : Produits et Techniques – Pathologies Bucco-Dentaires

Anesthésie en Odontostomatologie : Produits et Techniques – Pathologies Bucco-Dentaires

1. Introduction et Définitions

  • Les anesthésiques locaux sont les médicaments les plus utilisés en odontostomatologie.
  • Ils interrompent réversiblement la conduction nerveuse dans tous les tissus nerveux.
  • Anesthésie : Suspension de la sensibilité.
  • Anesthésie locale : Résulte de l’infiltration d’un territoire donné.
  • Anesthésie générale : Accompagnée d’une perte de conscience.
  • Anesthésie définitive : Par alcoolisation ou section des trajets nerveux.

2. Le Matériel

  • Seringues : Utilisées pour l’injection des anesthésiques.
  • Aiguilles : Adaptées aux injections locales.
  • Destructeurs d’aiguilles : Pour une élimination sécurisée.
  • Réchauffeurs de carpules : Pour maintenir les solutions à température optimale.

Matériel Accessoire

  • Recapuchonneur d’aiguille : Pour manipuler les aiguilles en toute sécurité.
  • Destructeurs d’aiguilles : Assurent une élimination conforme.
  • Réchauffeur de carpules : Améliore le confort du patient.

3. Les Solutions Anesthésiques

3.1. Anesthésiques de Surface

  • Conditionnement : Sprays, gels, crèmes, liquides ou imprégnants de boulettes de coton.
  • Action : Limitée et superficielle, facilite la relation thérapeutique, notamment pour les enfants ou les adultes craintifs.

3.2. Anesthésiques Injectables

3.2.1. Présentation

  • Carpule d’anesthésique : Contenant standard pour les solutions injectables.

3.2.2. Composition

Molécules Anesthésiques
  • Esters : Hydrolysés par les cholinestérases plasmatiques, libérant l’acide para-amino-benzoïque.
  • Amides : Hydrolysés par le foie en composés hydrosolubles, rarement allergènes.
Vasoconstricteurs
  • Adrénaline : Utilisée à des concentrations de 1/100 000 ou 1/200 000. Contre-indiquée chez les patients sous bisphosphonates, après irradiation cervico-faciale ou en cas de certaines cardiopathies.
  • Noradrénaline : Effet principalement sur les récepteurs alpha, avec peu d’impact sur le rythme cardiaque.
Conservateurs
  • Parabens : Bactériostatiques et antifongiques, mais leur usage diminue avec les opercules en caoutchouc synthétique.
  • EDTA : Antioxydant, bloque les réactions d’oxydation dues aux UV.
  • Sulfites : Conservateurs antioxydants, présents dans divers produits (E221, E222, etc.).

3.2.3. Structure des Molécules Anesthésiques

  • Composées de :
    • Un pôle lipophile (extrémité aromatique).
    • Un pôle hydrophile (extrémité aminée).
    • Une chaîne intermédiaire avec une liaison ester ou amide.
  • Classification : Esters ou amides selon la chaîne intermédiaire.

3.2.4. Métabolisme

  • Esters : Hydrolyse par les cholinestérases plasmatiques.
  • Amides : Hydrolyse hépatique en métabolites hydrosolubles.
  • Élimination : Les métabolites sont excrétés par les reins.

3.2.5. Mode d’Action

  • La conduction nerveuse dépend des mouvements ioniques (Na⁺ et K⁺) modifiant le gradient transmembranaire.
  • Dépolarisation : Entrée de sodium via des canaux ioniques.
  • Polarisation : Sortie de potassium.
  • Action des anesthésiques locaux : Bloquent la dépolarisation en inhibant le flux sodique.

3.2.6. Propriétés Physico-chimiques

  • Coefficient de partage lipide/eau : Une liposolubilité élevée augmente la puissance.
  • pKa : pH où 50 % des molécules sont ionisées. Un pKa faible réduit le délai d’action.
  • Liaison aux protéines : Conditionne la durée d’action.

3.2.7. Durée et Délai d’Action

  • Durée : Dépend de la liaison aux protéines (ex. : amides fixés à l’albumine).
  • Délai d’installation : Plus rapide avec un pKa proche du liquide extracellulaire.

3.3. Produits Anesthésiques

Esters

  1. Cocaïne :
    • Usage : Anesthésie de surface (chirurgie nasale).
    • Installation : Immédiate.
    • Durée : 45 minutes.
    • Dose maximale : 200 mg.
  2. Procaïne (Novocaïne) :
    • Solution : 2 à 4 % avec ou sans adrénaline (1/200 000).
    • Installation : 2 à 5 minutes.
    • Durée : 45 à 60 minutes.
    • Dose maximale : 100 mg.
  3. Tétracaine (Pontocaïne) :
    • Solution : 0,1 à 0,25 % avec ou sans adrénaline (1/200 000).
    • Installation : 5 à 15 minutes.
    • Durée : 2 heures.
    • Dose maximale : 100 mg.

Amides

  1. Lidocaïne :
    • Solution : 0,5 à 2 % (2 à 60 ml) avec ou sans adrénaline.
    • Installation : Rapide.
    • Durée : 1 à 1h30 (2h avec adrénaline).
    • Dose maximale : 300 mg (sans adrénaline), 500 mg (avec adrénaline).
    • Anesthésie de contact : 2 à 4 %, dose maximale 250 mg.
  2. Mépivacaïne (Carbocaïne) :
    • Moins vasodilatatrice, utilisable sans adrénaline.
    • Indiquée pour hypertendus, cardiaques, diabétiques.
    • Installation : Rapide.
    • Durée : 2 heures.
  3. Bupivacaïne (Marcaïne) :
    • Solution : 0,25 à 0,75 %.
    • Durée : 3 à 8 heures.
    • Dose maximale : 200 mg.
  4. Etidocaïne (Duranest) :
    • Solution : 0,5 à 1,5 % avec adrénaline (1/200 000).
    • Durée : 4 à 6 heures.
    • Dose maximale : 300 mg.
  5. Articaïne :
    • Très puissante, durée : 1 à 2 heures.

4. Techniques d’Anesthésie

4.1. Anesthésie de Surface

  • Conditionnement : Sprays, gels, crèmes, liquides ou imprégnants.
  • Action : Insensibilisation brève et superficielle de la muqueuse ou de la peau.
  • Indications : Enfants ou adultes craintifs.

Techniques

  1. Anesthésie par réfrigération (cryosprays) :
    • Chlène (chlorure d’éthyle) : Abandonné (inflammable, brûlures oculaires, risque d’inhalation).
    • Frildjet (tétrafluoro-dichloro-éthane) : Utilisé, mais limité.
  2. Anesthésie par badigeonnage :
    • Application de gels ou solutions sur la muqueuse asséchée avec une boulette de coton.
    • Précautions :
      • Risque de brûlure muqueuse sans rinçage.
      • Mordillement des lèvres chez les enfants.
      • Risque de fausse route (anesthésie des muscles laryngés).
  3. Anesthésie par tamponnement :
    • Mèche imbibée de xylocaïne 5 % tassée dans les fosses nasales.
    • Action : Anesthésie des nerfs dentaires supérieurs antérieurs.
    • Indications :
      • Enucléation de kystes narinaires.
      • Extraction de dents incluses hautes.
      • Lever un trismus inflammatoire.

4.2. Anesthésie par Infiltration

  • Injection du produit anesthésique au contact des terminaisons nerveuses profondes.

4.2.1. Anesthésie Locale

  1. Anesthésie locale muqueuse :
    • Infiltration directe dans la muqueuse buccale, limitée à l’épithélium.
    • Indications : Biopsies, exérèse de tumeurs, complément à l’anesthésie tronculaire.
    • Technique : Injection dans la zone opératoire, durée de 20 à 40 minutes.
  2. Anesthésie para-apicale :
    • Dépôt du produit près des apex dentaires pour diffusion à travers l’os.
    • Technique :
      • Côté vestibulaire :
        • Biseau de l’aiguille vers la table osseuse.
        • Pénétration dans le fond du vestibule, parallèle à l’os.
        • Injection lente (2/3 de carpule).
      • Côté buccal :
        • Pénétration à mi-distance entre le collet et la région apicale.
        • Injection lente du 1/3 restant.
    • Indications : Extractions dentaires (sauf molaires mandibulaires).
    • Effet : Immédiat, durée de 30 à 60 minutes.
  3. Anesthésie intra-ligamentaire :
    • Infiltration dans le desmodonte pour anesthésier la pulpe et l’alvéole.
    • Technique :
      • Aiguille insérée à 30° par rapport à l’axe dentaire jusqu’au desmodonte (2 à 4 mm).
      • Injection par poussées successives.
    • Indications :
      • Échec d’autres anesthésies.
      • Extraction de dents avec desmodontite.
    • Inconvénients :
      • Inefficace sur parodonte affaibli.
      • Nécessite des aiguilles spécifiques.
      • Risque de bactériémie.
  4. Anesthésie intrapulpaire :
    • Dépôt dans la chambre pulpaire, en complément d’autres techniques.
  5. Anesthésie intra-osseuse :
    • Injection directe dans l’os spongieux.
    • Avantages :
      • Effet immédiat et profond (15 à 20 minutes).
      • Faible risque de surdosage.
    • Inconvénients :
      • Durée brève.
      • Risque de nécrose osseuse.
      • Matériel coûteux et aiguilles spéciales.
    • Indications :
      • Extractions chez les patients avec troubles de l’hémostase.
      • Préparation implantaire.
    • Technique :
      • Perforation indolore de la corticale pour injection dans l’os spongieux.
    • Risques :
      • Échauffement osseux.
      • Bris d’aiguille.
  6. Anesthésie intra-septale :
    • Injection au milieu de la papille interdentaire sous forte pression.
    • Effet : Anesthésie immédiate de la dent et des tissus de soutien.
    • Indications : Arthrite dentaire, anesthésie conventionnelle inadaptée.
    • Inconvénient : Risque de nécrose du septum.

4.2.2. Anesthésie Locorégionale (Tronculaire)

  • Infiltration près des branches nerveuses.
  • Indications :
    • Extractions multiples.
    • Interventions chirurgicales étendues (kystes, fractures).
    • Extractions chirurgicales des dents de sagesse.
    • Phénomènes inflammatoires.
Au Maxillaire Supérieur (V2)
  1. Anesthésie du nerf infra-orbitaire :
    • Indications : Analgésie des téguments palpébraux, nasaux et labiaux.
    • Complications : Lésion nerveuse si pénétration dans le canal infra-orbitaire.
    • Repères : Foramen infra-orbitaire.
    • Voie transcutanée :
      • Point de ponction : 1 cm en dehors de l’aile du nez.
      • Trajectoire : Oblique vers le foramen sans pénétration.
    • Voie endobuccale :
      • Point de ponction : Fosse canine.
      • Trajectoire : Vers le foramen sans pénétration.
    • Volume : 1 à 2 ml.
  2. Anesthésie du nerf naso-palatin :
    • Technique : Injection au trou palatin antérieur (1 cm derrière la papille rétro-incisive).
    • Indications : Chirurgie du tiers antérieur du palais.
    • Complications : Risque d’hématome.
  3. Anesthésie du nerf palatin antérieur :
    • Technique : Injection au trou palatin postérieur (1 cm du rebord alvéolaire, région apicale de la dent de sagesse).
    • Effet : Anesthésie des 2/3 postérieurs du palais.
  4. Anesthésie des nerfs dentaires postérieurs :
    • Technique :
      • Bouche semi-ouverte, aiguille introduite près de l’apex distal de la deuxième molaire.
      • Progression le long de la table externe jusqu’à la tubérosité (2 cm).
      • Vérification de l’absence d’effraction vasculaire avant injection.
    • Effet : Anesthésie des trois molaires (sauf racine mésiovestibulaire de la 6).
Au Niveau de la Mandibule (V3)
  1. Anesthésie du nerf alvéolaire inférieur :
    • Indications : Extractions des molaires mandibulaires.
    • Contre-indications : Hémophilie, patients sous anticoagulants.
    • Technique :
      • Repérage du bord antérieur de la branche montante.
      • Seringue orientée vers la canine opposée.
      • Pénétration jusqu’au contact osseux, retrait de 1 à 2 mm, puis injection.
    • Signes subjectifs : Fourmillement de l’hémi-lèvre inférieure et alourdissement de l’hémi-langue.
    • Remarque : La muqueuse vestibulaire nécessite une anesthésie para-apicale.
  2. Anesthésie du nerf mental (mentonnier) :
    • Indications : Anesthésie du bloc incisivo-canin, lèvre inférieure, menton.
    • Complications : Risque d’hématome.
    • Repères : Foramen mentonnier (jonction des prémolaires).
    • Technique :
      • Point de ponction : 0,5 cm au-dessus du foramen.
      • Trajectoire : Oblique à 45° jusqu’à paresthésie.
      • Volume : 1 à 2 ml.
  3. Anesthésie du nerf buccal :
    • Indications : Muqueuse jugale et alvéolaire des molaires inférieures.
    • Technique : Injection au fond du vestibule, complément à l’anesthésie du nerf alvéolaire.
  4. Anesthésie du nerf lingual :
    • Effet : Insensibilisation des 2/3 antérieurs de la langue, muqueuse du plancher, glandes sous-maxillaire et sublinguale.
    • Technique : Infiltration dans la muqueuse du plancher buccal près de la dent de sagesse inférieure.
  5. Anesthésie du nerf massétérin :
    • Indications : Trismus d’origine temporale ou massétérine.
    • Repères : Processus zygomatique, coronoïde, condylien.
    • Point de ponction : Dépression pré-condylienne.

5. Incidents, Accidents et Complications

Accidents Toxiques

  • Lipothymie et syncope : Perte de connaissance, ralentissement respiratoire, pâleur, globes oculaires révulsés.

Accidents Hémorragiques

  • Hémorragies retardées : Liées aux vasoconstricteurs.
  • Hématomes et ecchymoses : Lors d’injections mal contrôlées.

Accidents Infectieux

  • Propagation d’infection : Injection dans un site inflammatoire.

Accidents Divers

  • Bris d’aiguille : Risque lors d’injections intra-osseuses.
  • Esquarres des muqueuses : Par injection inappropriée.
  • Paralysies faciales transitoires : Liées à une diffusion excessive.

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