ANATOMIE-HISTOLOGIE-PHYSIOLOGIE DU DESMODONTE
INTRODUCTION
On appelle parodonte l’ensemble des tissus minéralisés ou non qui assurent la fixation et l’articulation de la dent dans les maxillaires. Il comprend l’os alvéolaire qui circonscrit l’alvéole où s’implante la dent, le cément, tissu minéralisé tapissant la racine dentaire, et le ligament parodontal, solidement amarré aux deux tissus durs, osseux et cémentaire.
1. DEFINITION
Le ligament alvéolo-dentaire ou ligament parodontal proprement dit ou desmodonte est le tissu conjonctif fibreux, richement vascularisé et innervé qui occupe l’espace périodontal situé entre la racine dentaire et la paroi alvéolaire.
2. RAPPEL EMBRYOLOGIQUE
- Le desmodonte dérive des fibres centrales du sac folliculaire.
- Les cellules mésenchymateuses qui se différencient en fibroblastes qui fabriqueront les fibres de collagènes; en ostéoblastes et en cémentoblastes plus les vaisseaux et terminaisons nerveuses du tissu conjonctif, le tout formera le desmodonte.
3. ANATOMIE MACROSCOPIQUE
- Le desmodonte constitue une bande de tissu fibreux occupant l’espace périodontal entre la surface radiculaire et la paroi alvéolaire, à une distance de 1 mm de la jonction améliocémentaire.
- Il est contigu au tissu conjonctif gingival supra-alvéolaire.
- Il communique avec les espaces médullaires des procès alvéolaires via les canaux vasculaires de la paroi alvéolaire et avec le tissu conjonctif pulpaire via l’orifice apical et les canaux latéraux et accessoires de la racine.
- Sa forme est assimilable à celle d’un sablier.
- Sa largeur plus augmentée cervicalement qu’au niveau de la partie moyenne de la racine et diminue avec l’âge de l’individu:
- 0.25 mm de 11 à 16 ans.
- 0.18 mm de 30 à 50 ans.
- 0.15 mm de 50 à 70 ans.
- Elle est également plus réduite au niveau d’une dent afonctionnelle ou incluse qu’au niveau d’une dent soumise au stress occlusal. Plus réduite au niveau des dents permanentes qu’au niveau des dents temporaires.
- À la radio, c’est l’espace radio-clair situé entre la surface radiculaire et la lamina dura de l’alvéole osseuse.
- Tout élargissement de cet espace est un signe de pathologie ligamentaire.
4. STRUCTURE MICROSCOPIQUE
Le ligament alvéolo-dentaire est constitué :
- d’une matrice extra-cellulaire à prédominance fibrillaire;
- de cellules;
- de structures vasculo-nerveuses.
4.1. Matrice extra-cellulaire
Constituée de fibres et d’une substance fondamentale :
4.1.1. Fibres
Elles représentent la majeure partie de la substance fondamentale et sont principalement des fibres de collagène avec la présence de quelques fibres oxytalanes.
Fibres de collagène : Synthétisées par les fibroblastes du ligament alvéolo-dentaire. Elles sont constituées de :
- Collagène type I le plus répandu.
- Collagène type III 20% du collagène ligamentaire.
Ces fibres se répartissent en groupes :
- Groupe des fibres crestales : Attachées au cément cervical sous-jacent à la jonction améliocémentaire et à la portion marginale de la paroi alvéolaire ou crête alvéolaire.
- Groupe des fibres horizontales : Situées apicalement au groupe des fibres crestales. Elles s’étendent du cément à la paroi alvéolaire perpendiculairement à l’axe longitudinal de la racine.
- Groupe des fibres obliques : Les plus nombreuses de toutes les fibres ligamentaires. Elles sont sous-jacentes aux fibres horizontales et se dirigent obliquement en direction apicale, de la paroi alvéolaire vers la surface cémentaire.
- Groupe des fibres apicales : Rayonnent du cément apical vers la base de l’alvéole. Elles sont assez irrégulièrement disposées.
- Groupe des fibres interradiculaires : Partent du cément de la furcation radiculaire, à la crête du septum osseux interradiculaire.
- Groupe des fibres transeptales :
- Sus-jacents à la crête du septum osseux interalvéolaire.
- Même orientation que les fibres alvéolo-dentaires sous-jacentes.
- Insérées dans le cément cervical de deux dents adjacentes.
- Participent au maintien des dents dans leurs alvéoles et rendent solidaires les dents d’une même arcade.
- Leur contraction serait en partie responsable de la migration mésiale des dents.
Le collagène de type III forme de fines fibrilles, à striation, isolées, associées à des éléments de la substance fondamentale pour former des fibres dites de réticuline, souvent assimilées à des fibres de collagène en développement et ne semblent pas jouer un rôle dans le soutien des dents.
Fibres oxytalanes :
- Intimement entremêlées aux fibres collagènes.
- Orientées parallèlement à la surface radiculaire, plus ou moins perpendiculairement à l’axe des faisceaux fibrillaires de collagène.
- Souvent attachées au cément, jamais au tissu osseux.
- Semblent participer à la régulation du flux sanguin.
- Plus abondantes et de diamètre plus important au niveau du ligament des dents soumises à des stress occlusaux qu’à celui des dents afonctionnelles.
Fibres élastiques : Elles sont rares au niveau du LAD. Elles sont observées uniquement au niveau des parois des petits vaisseaux sanguins.
4.1.2. Substance fondamentale
De volume important au niveau du LAD (65%). Elle constitue un gel polysaccharidique hautement hydraté incluant les cellules et les fibres matricielles. Composée principalement de macromolécules synthétisées par des fibroblastes :
- Acide hyaluronique : une glycosaminoglycane (GAG).
- Protéoglycanes : GAG hydrophiles liées à une protéine.
4.2. Cellules
4.2.1. Cellules du tissu conjonctif
- Fibroblastes : Ce sont les cellules les plus nombreuses de toutes les cellules du LAD (50% du volume tissulaire ligamentaire). Situées entre les fibres collagènes. Leur morphologie est fonction de leur état fonctionnel, généralement fusiformes avec de fins prolongements cellulaires intimement associés aux fibres collagènes. Il en existe 02 types :
- Fibroblastes à activité de synthèse et de sécrétion de protéines.
- Fibroblastes à activité de dégradation.
- Cellules mésenchymateuses indifférenciées :
- Localisées dans les régions paravasculaires.
- Constituent une population de cellules précurseurs, susceptibles de se diviser, de migrer et de se différencier en fibroblastes, ostéoblastes, cémentoblastes.
- Autres cellules : ostéoblastes, ostéoclastes, cémentoblastes, cémentoclastes.
4.2.2. Cellules de défense
- Macrophages dérivés des monocytes sanguins.
- Granulocytes éosinophiles capables de phagocyter et de proliférer dans certaines conditions pathologiques.
- Mastocytes souvent associés aux vaisseaux sanguins.
- Lymphocytes et plasmocytes.
4.2.3. Cellules épithéliales de Malassez
5. VASCULARISATION
Elle provient essentiellement des artères dentaires supérieure et inférieure branche de l’artère maxillaire. La vascularisation sanguine atteint le ligament parodontal à partir de trois sources :
- Les vaisseaux apicaux qui pénètrent dans la partie apicale du LAD et donnent des branches pulpaires et des branches ligamentaires cheminant coronairement vers la gencive.
- Les vaisseaux du tissu conjonctif gingival.
- Les vaisseaux périostés et les vaisseaux intraseptaux (très importante source de vascularisation ligamentaire).
6. SYSTEME LYMPHATIQUE
Il est minime par rapport au système vasculaire sanguin, localisé près de la paroi alvéolaire. Le drainage principal se fait vers la région apicale ligamentaire, puis vers les ganglions lymphatiques submandibulaires pour toutes les dents excepté pour la DDS et les incisives inférieures dont le drainage se fait respectivement vers les ganglions lymphatiques jugulo-digastriques et sous-mentonniers.
7. INNERVATION
Elle provient du nerf trijumeau par l’intermédiaire de 02 branches : le nerf maxillaire et le nerf alvéolaire.
8. PHYSIOLOGIE
8.1. Fonction d’attache
Le desmodonte assure la fixation de la dent à son alvéole par les importants faisceaux fibrillaires denses et épais insérés dans le cément et la paroi alvéolaire sous forme de fibres de Sharpey, complétés par ceux de la gencive.
8.2. Fonction de support de la dent au cours de la fonction occlusale
Le LAD est un des éléments essentiels du parodonte jouant un rôle capital dans cette fonction de support. Il permet l’amortissement des contraintes fonctionnelles exercées sur la couronne dentaire et leur transformation en tension à l’os alvéolaire protégeant ainsi l’ensemble de l’organe dentaire.
8.3. Fonction sensorielle
L’innervation du desmodonte fournit une sensibilité proprioceptive et extéroceptive permettant à la fois de détecter et de localiser les forces externes agissant sur chaque dent. Le LAD a une importance cruciale dans le mécanisme neuromusculaire qui contrôle la musculature masticatoire grâce aux récepteurs propriocepteurs.
8.4. Fonction de réparation
- Synthèse de nouvelles fibrilles de collagène par des fibroblastes ayant migré de la région apicale à la lésion en direction coronaire.
- Néoformation cémentaire sur la surface radiculaire biocompatible.
- Néoformation osseuse.
- Insertion des fibres collagènes nouvellement synthétisées, dans le cément et le tissu osseux, simultanément à la cémentogenèse et à l’ostéogenèse.
8.5. Fonction homéostatique
Les fibroblastes du ligament, dans des conditions physiologiques, peuvent synthétiser ou résorber les fibrilles et la substance fondamentale. Ce turnover est rapide dans le tissu conjonctif ligamentaire. Le remodelage permanent du tissu osseux et du cément agit parallèlement à celui du ligament.
8.6. Fonction de nutrition
La riche vascularisation du LAD fournit les éléments nécessaires au métabolisme des cellules ligamentaires. Elle assure la nutrition du cément, de la gencive et de l’os alvéolaire.
8.7. Fonction de défense
La défense est assurée par des cellules inflammatoires (macrophages, mastocytes, polynucléaires, lymphocytes et plasmocytes).
9. VIEILLISSEMENT DU DESMODONTE
Au cours du vieillissement, le desmodonte subit diverses modifications :
- Une diminution de la largeur de l’espace ligamentaire.
- Une diminution de la densité cellulaire et des activités métaboliques cellulaires.
- Une diminution du diamètre fibrillaire.
- Le collagène devient moins soluble et plus résistant aux enzymes.
- Un épaississement des faisceaux fibrillaires.
- Des modifications chimiques de la substance fondamentale.
- Une augmentation des espaces interstitiels.
- Une augmentation des cellules adipeuses.
- La minéralisation des fibrilles.
CONCLUSION
Le desmodonte possède une activité métabolique et un potentiel de réparation plus élevé qu’aucun autre tissu du parodonte. Il intervient dans la formation des tissus parodontaux, et à la cicatrisation des lésions parodontales.
Les modifications à tendance dégénérative diminuent le potentiel de résistance du ligament alvéolo-dentaire aux forces fonctionnelles occlusales et son potentiel de réparation.
ANATOMIE-HISTOLOGIE-PHYSIOLOGIE DU DESMODONTE
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ANATOMIE-HISTOLOGIE-PHYSIOLOGIE DU DESMODONTE

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.