Adhésion Rétention Sustentation en prothèse totale adjointe

Adhésion Rétention Sustentation en prothèse totale adjointe

Adhésion Rétention Sustentation en prothèse totale adjointe

INTRODUCTION:

En prothèse amovible complète, la rétention, la sustentation et la stabilité prothétique est la clé du succès de toute réhabilitation prothétique quel que soit la situation clinique.

Grâce au confort qu’elle apporte aux patients, elle améliore nettement leur qualité de vie en leurs garantissant le rétablissement des différentes fonctions orales fortement altérées par la perte des dents ainsi qu’une intégration organique et psychique de la prothèse.

  1. LA RETENTION:
    1. Définition:
      • Réaction favorable qui s’oppose aux forces exercées sur la prothèse pour l’éloigner de la surface d’appui.
    2. Rôles de la rétention:

Son rôle initial est d’éviter la désinsertion de la prothèse, mais elle intervient aussi pour :

  • Préserver l’intégrité tissulaire.
  • Permettre une efficacité fonctionnelle.
  • Favoriser l’intégration psychique de la prothèse.
  1. Facteurs influençant la rétention :

Plusieurs facteurs interviennent dans la rétention : facteurs physiques, physiologiques, mécaniques, psychologiques et chirurgicaux [2]

  1. Les facteurs physiques:
    1. L’Adhésion :

C’est la force d’attraction moléculaire entre les molécules de deux corps différents.

Elle suppose une intimité de contact entre les éléments en présence, Ce qui ne correspond pas à la réalité clinique en prothèse totale adjointe (c’est à dire entre la plaque prothétique et la

muqueuse d’appui), car il y a une interposition inévitable d’un film salivaire.

Les forces d’adhésion jouent donc un rôle indirect dans la rétention prothétique par l’adhésion de la salive à la muqueuse et l’adhésion de la salive au matériau des bases.

L’adhésion est plus importante lorsque le contact entre la surface d’appui muqueuse et

l’intrados de la prothèse est plus intime et étendue. Elle devient optimale lorsque le film salivaire est très mince.

Pour que le film salivaire puisse être mince, la morphologie de la surface de l’intrados doit être l’image fidèle de la surface muqueuse d’appui, dans ce but il est indispensable lors de la prise d’empreinte définitive de prendre les précautions suivantes :

Eliminer au maximum la quantité de salive avant toute empreinte en faisant rincer soigneusement la bouche du patient.

Sécher la surface d’appui en l’essuyant avec une compresse.

Utiliser des matériaux à empreinte précis qui enregistrent tous les détails.

Pour que la surface de l’intrados soit la plus étendue possible, il est indispensable de prendre en considération tous les éléments anatomophysiologiques buccaux (indices positifs), en prolongeant les prothèses totales adjointes dans les régions périphériques compressibles.

  1. La Cohésion :

C’est la force par laquelle les molécules homogènes d’un même corps adhèrent entre elles.

En prothèse totale adjointe, elle représente l’attraction des molécules de la salive entre elles ce qui permet de la maintenir en masse.

Donc la cohésion intervient dans la rétention des prothèses puisqu’elle tend à réunir les molécules salivaires et de ce fait elle maintient l’intégrité du fluide salivaire interposé entre la base de la prothèse et la muqueuse .

  1. La Viscosité :

C’est la capacité d’un fluide de résister à l’écoulement. Plus la viscosité est grande plus la vitesse de déplacement est faible.

La viscosité de la salive dépend de sa concentration en mucine : plus la salive est riche en mucine, plus ses qualités adhésives sont importantes.

Par sa viscosité, la salive ralentit la désinsertion d’une plaque prothétique par un rassemblement central plus ou moins rapide du liquide lors du décollement

  1. La Mouillabilité :

C’est la capacité d’un liquide à s’étaler à la surface d’un solide.

Un solide trempé dans un liquide peut ressortir couvert d’une pellicule liquide, on dit qu’il est mouillable par ce liquide. S’il ressort sec, il n’est pas mouillable.

Il est caractérisé par l’angle du raccordement du liquide avec le solide qui est aigu si le liquide mouille le solide et obtus si le liquide ne mouille pas le solide.

En prothèse totale adjointe, la rétention est fonction du coefficient de mouillage des matériaux utilisés (lié à la valeur de l’angle de raccordement)

  1. Pression atmosphérique:

Pression exercée par la couche d’air qui entoure la terre sur les corps qui y sont plongés.

Elle serait responsable de ” l’effet ventouse ” et permet de maintenir une prothèse en place si elle ne s’exerçait que sur son extrados.

Des études électromanométriques ont montré une nette dépression sous les plaques prothétiques qui augmente à chaque déglutition et se maintient pendant un temps très long (au moins 10 minutes) en présence d’un joint périphérique correct.

Il est important de considérer que pour se manifeste l’action de la pression atmosphérique, il faut créer une disparité de pression de part et d’autre d’une paroi donnée dans notre cas c’est la base prothétique et le joint périphérique.

Ceci n’est possible que par la réalisation d’un joint périphérique hermétique permanent et continu au niveau des bords prothétiques qui empêche l’entrée de l’air et renforce la finesse du film salivaire favorisant ainsi l’adhésion qui est intimement lié à l’effet ventouse.

Pour avoir un joint hermétique, son enregistrement doit respecter les impératifs suivants :

Le contour périphérique doit reposer sur les tissus mous dépressibles, pour pouvoir suivre les légers déplacements fonctionnels.

Le contour périphérique doit Être suffisamment épais (compatible avec l’esthétique et la fonction) pour augmenter l’étendue de la surface de contact avec les tissus mous compressibles.

le contour périphérique doit Être arrondi et lisse pour mieux s’adapter aux tissus mous

compressibles sans les blesser.

Le matériau utilisé doit être plastique pour permettre l’enregistrement des différents mouvements.

Les mouvements enregistrés doivent être d’une amplitude limitée (pour éviter un refoulement

excessif du matériau).

  1. Facteurs physiologiques :
  2. Elément anatomophysiologiques à exploiter : (indices positifs)

Ce sont des facteurs biologiques positifs, car ils favorisent la rétention des prothèses

totales adjointes supérieures et inférieures, à condition d’être suffisamment étudiés du point de vue anatomique et physiologique.

On distingue :

Au maxillaire supérieur :

Une crête résiduelle : large, haute, à cotés parallèles Un vestibule : assez profond d’au moins 4mm

Une fibromuqueuse : dense, ferme et adhérente à l’os sous jacent

Tubérosités : bien formées et sans contre dépouille (parallèles entre elles)

Une voute palatine : en forme de U, assez profonde avec une base large et horizontale

Les régions paratubérositaires (poches paratuberositaires ou espace ampulaire

d’EISENRING) : ce sont de véritables poches crées par la résorption centripète des maxillaires, la direction horizontale des fibres des buccinateur et le masseter.Ces

poches autorisent la réalisation d’un contour périphérique épais, arrondi, lisse et compressible assurant la formation d’un joint paratubérositaire effectif.

Sillons ptérygo- maxillaires : ils doivent être repérés avec précision car, ils constituent la limite à atteindre pour une rétention maximale

Région palatine postérieure : la prothèse totale s’étend latéralement jusqu’aux sillons ptérygo-maxillaire et dans sa partie médiane jusqu’à la partie musculaire compressible du palais mou (les fossettes palatines sont toujours recouvertes par la prothèse totale) ainsi le contour périphérique postérieur à la possibilité d’établir un joint périphérique effectif grâce à la compressibilité de ces régions.

C:\Users\Benz\Desktop\jlj.PNG

Au maxillaire inférieur :

La région sublinguale antérieure :

Elle joue un rôle important dans la rétention, car elle permet une extension de la

prothèse inferieure. Pour favoriser la rétention et éviter le décubitus, l’étendue de la prothèse inférieure doit respecter le libre jeu des mylo-hyoïdien qui avec les génioglosses règlent le niveau du plancher buccal. .

La région sublinguale postérieure :

son importance n’est pas à négliger car à cause de son orientation souvent en contre dépouille, permet de s’opposer efficacement au déplacement vers l’avant et au

basculement vers l’avant et vers le haut de la prothèse totale inférieure.

Les régions de FISH :

Délimitées mésialement par la région du frein vestibulaire latéro-inférieur et

distalement par le bord antérieur du masséter, dans cette région l’extension de la prothèse inférieure repose sur le buccinateur et y trouve des conditions favorables

Les régions des éminences piriformes :

Lorsque les éminences piriformes sont adhérentes et stables, la prothèse inférieure peut les recouvrir entièrement, en atteignant postérieurement les angles formés par elles et les ligaments ptérygo-maxillaire, c’est un facteur rétentif supplémentaire

parcequ’elles s’oppose au déplacement de la prothèse totale adjointe inférieure vers l’arrière.

  1. Eléments anatomophysiologiques à respecter (indices négatifs) : Au maxillaire supérieur :

La suture intermaxillaire en relief (saillante) :

Elle est à décharger car la prothèse peut pivoter autour lors de la fonction.

Le torus palatin :

Il se développe aux dépens de la suture inter- maxillaire.

Les tori peuvent être supprimés chirurgicalement ou être déchargés pour que leur présence n’altère ni la rétention ni la stabilité de la prothèse.

Les régions de Schroeder :

Ce sont des zones cellulo-adipeuse situées dans la région postérieure du palais de part et d’autre de la suture intermaxillaire, leur compressibilités est un facteur négatif, en effet la pression exercée lors de la prise d’empreinte définitive modifie la morphologie de ces régions qui en reprenant par la suite leur morphologie primitive tendent à refouler la prothèse , on a donc intérêt à pratiquer des décharges pour éviter toute compression et déformation à leur niveau.

Les ligaments ptérygomaxillaires : facteur potentiellement négatif, ils ne tolèrent aucune interférence avec les prothèses totales supérieures et inférieures.

Les régions des freins vestibulaires antéro-supérieur et latéro- supérieur :

constituent un facteur biologique potentiellement négatif qui peut devenir réellement négatif lorsque leur anatomie et leur physiologie ne sont pas respectées donc il convient de les libérer .

C:\Users\Benz\Desktop\kj.PNG

Au maxillaire inférieur :

Les régions masséterines : ces régions se situent distalement aux régions de FISH et à leur niveau les fibres antérieures des masséters recouvrent les buccinateurs.

Les fibres antérieures des masséters sont perpendiculaires au contour périphérique de la prothèse inférieure et leur contraction tend à la soulever, par conséquent la prothèse aura des extensions limitées.

Les régions postérieures des lignes obliques internes (crête mylo- hyoïdienne) :

Si les lignes obliques internes sont saillantes, il est conseillé de décharger l’intrados de la prothèse dans le but d’éviter l’irritation due au frottement.

Les régions des freins vestibulaires antéro-inférieures et latéro-inférieures et frein lingual:

Ils peuvent devenir un facteur réellement négatif lorsque leurs anatomies et leurs physiologies ne sont pas respectées.

  1. Facteurs mécaniques occlusaux:

Ce sont les garants de la rétention obtenue au stade de l’empreinte, les points suivants sont à respecter :

  • L’exactitude du rapport inter maxillaire (DV et RC).
  • Le choix d’une occlusion entièrement équilibrée.
  • Un montage correct des dents (respect des règles régissant le montage des dents supérieures et inférieures)
  • Une erreur d’occlusion ou une équilibration approximative se traduisent par une perte de rétention avec instabilité et résorption accélérée
  1. Facteurs psychologiques :

Ils sont primordiaux et conditionnent l’intégration de la prothèse. La relation praticien-patient doit être fondée sur la compréhension et la confiance mutuelles, conditions nécessaires du succès prothétique.

Dès le départ, le praticien doit donc inciter le patient à s’impliquer activement en lui fournissant des informations préalables correctes concernant les possibilités et les modalités du traitement.

Un effort actif de participation facilite l’intégration de la prothèse, permettant une adaptation plus rapide de la musculature.

  1. Facteurs chirurgicaux :
  • La chirurgie pré prothétique permet dans certains cas difficiles la confection de prothèses adjointes totales satisfaisantes. Il faut savoir que dans certains cas, seule la chirurgie peut rétablir les conditions anatomiques nécessaires à une rétention et une stabilité convenable.

Les techniques chirurgicales les plus utilisées sont :

  • La résection des brides muqueuses ;
  • La résection d’hypertrophies fibreuses et de ” crêtes flottantes ” ;
  • Le remodelage d’hypertrophies osseuses (tori, tubérosités, ligne oblique interne [LOI]).
  • Apport de l’implantologie :

Les résultats cliniques confirment que les implants améliorent grandement la rétention et la stabilisation surtout à la mandibule.

Ainsi le confort du patient et l’efficacité masticatoire se trouvent fortement améliorés grâce à une stabilisation et une rétention prothétique accrue par la solidarisation des bases prothétiques à la surface d’appui.

La prothèse amovible complète supra-implantaire (PACSI) constitue donc une alternative simple, fiable et complémentaire au traitement classique de l’individu totalement édenté.

  1. – LA STABILITE :
    1. Définition :
      • Réaction favorable qui s’oppose aux forces (transversales ou antéropostérieures) exercées sur la prothèse parallèlement à la surface d’appui.
      • Elle est en rapport avec le calage de la prothèse et évite la mobilisation de la plaque- base par translation ou rotation sous l’effet des forces musculaires dans les mouvements excentrés.
    2. Les facteurs régissant la stabilité :

II .3.1 : Facteurs anatomiques :

Correspondent à l’ensemble des caractéristiques morphologiques des arcades.

  • Les crêtes larges avec des versants relativement parallèles offrent une meilleure stabilité que les crêtes petites, étroites ou triangulaires.
  • Les arcades carrées procurent une meilleure stabilisation que les arcades ovoïdes, triangulaires .
  • À la mandibule, les structures anatomiques favorisant la stabilité prothétique sont peu nombreuses. Les crêtes sont souvent peu élevées voire négatives.

II .3.2 Facteur musculaire :

Le rôle stabilisateur des muscles de la cavité buccale résulte de l’action conjuguée de l’orientation des fibres musculaires, et de l’équilibre qui s’établit entre les pressions linguales et vestibulaires.

Les muscles dont les fibres sont parallèles au plan occlusal, tels que l’orbiculaire des lèvres, le buccinateur , stabilisent la prothèse, alors que les muscles dont les fibres sont perpendiculaires au plan occlusal, le modiolus, sont déstabilisateurs.

En conséquence, les profils, les formes et les volumes des extrados prothétiques doivent faciliter l’action stabilisatrice des muscles. Enfin, l’établissement d’un équilibre entre les pressions exercées d’un côté par la langue et de l’autre par les lèvres et les joues améliore la stabilité en particulier de la prothèse mandibulaire.

II.3.3. Facteur occlusal :

  • Le plan d’occlusion :

Le plan d’occlusion transmet les forces fonctionnelles sur les surfaces d’appui, ce qui contribue à stabiliser la prothèse, dans la mesure où ce plan et les surfaces d’appui maxillaire et mandibulaire sont Parallèles entre eux.

  • Le choix du concept occlusal :

En prothèse complète, le concept de l’occlusion balancée est le plus connu et le plus utilisé. Ainsi l’occlusion balancée qui est caractérisée par des contacts généralisés dans les mouvements excentrés ce qui constitue un facteur stabilisant pour la prothèse.

  • L’équilibration occlusale :

Qui améliore considérablement la stabilisation de la prothèse par une répartition adéquate des charges fonctionnelles sur l’ensemble de la surface d’appui ;

III. LA SUSTENTATION:

  1. .1 Définition:
  • Réaction favorable qui s’oppose aux forces exercées sur la prothèse perpendiculairement à la surface d’appui.
  • Elle est en rapport avec le support de la prothèse et évite l’enfoncement de la plaque- base dans les tissus de soutien, sous l’effet de la pesanteur à la mandibule, mais surtout par l’action des muscles élévateurs.

III .2 Facteurs de la sustentation :

  • Surface d’appui :

Toute augmentation de la surface d’appui améliore la sustentation. Il faut donc rechercher une extension maximale de la base, limitée seulement par la nécessité de permettre le libre jeu des organes paraprothétiques.

  • Tissus de soutien :

La sustentation est influencée par la qualité des tissus de soutien au niveau osseux comme au niveau muqueux : ainsi un os fragile (ostéoporotique) ou une muqueuse abîmée (hypertrophiée) ne peuvent assurer une bonne sustentation.

  • Les facteurs anatomiques

Par l’incorporation de tous les reliefs favorables comme pour la rétention.

CONCLUSION :

L’Appréciation du terrain que ce soit sur le plan anatomique, psychologique ou esthétique est déterminante quant à la réussite du traitement.

Seuls une exploitation optimale des surfaces d’appui permet de garantir la rétention et la stabilité aboutissant à une prothèse complète fonctionnelle et parfaitement intégrée.

BIBLIOGRAPHIE

1-C.Rignon-Bret,JM.Rignon-Bret Prothèse amovible complète, prothèse immédiate, prothèse supra radiculaire et implantaire Edition CdP, Collection JPIO.

2- J. Le joyeux

Prothèse complète (tome 1). 3éme édition.

3-J. Lejoyeux

Prothèse complète (tome 2). 3éme édition.

4-J. Lejoyeux

Prothèse complète (tome 3). 3éme édition

5-M.-V. Berteretche, O. Hüe Insertion et équilibration occlusale EMC 23-325-G-10 .Edition 2005

6-M. Violaine O. Hue.

Prothèse complète (réalité clinique et solution thérapeutiques)

Adhésion Rétention Sustentation en prothèse totale adjointe

  Une occlusion équilibrée est cruciale pour la santé bucco-dentaire à long terme.
Le contrôle de la plaque dentaire reste la clé de la prévention des parodontopathies.
L’utilisation correcte de la digue en caoutchouc améliore la qualité des soins endodontiques.
Une anamnèse détaillée permet d’éviter de nombreuses complications en chirurgie orale.
Les matériaux dentaires évoluent rapidement, nécessitant une veille technologique constante.
La gestion du stress pré-opératoire fait partie intégrante de la relation patient-praticien.
L’analyse céphalométrique reste un outil fondamental en orthodontie diagnostique.
 

Adhésion Rétention Sustentation en prothèse totale adjointe

Leave a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *