L'Hygiène au Cabinet Dentaire (Asepsie, Antisepsie, Stérilisation, Désinfection)

L’Hygiène au Cabinet Dentaire (Asepsie, Antisepsie, Stérilisation, Désinfection)

L’Hygiène au Cabinet Dentaire (Asepsie, Antisepsie, Stérilisation, Désinfection)

Introduction

Le cabinet dentaire est chaque jour contaminé par la dissémination de millions de germes pathogènes véhiculés par chaque patient. Il est donc nécessaire, pour éviter la contamination du personnel médical et des auxiliaires, de mettre en place des mesures préventives, simples et efficaces.

Définitions

Asepsie

Désigne l’ensemble de moyens et techniques destinés à empêcher l’introduction des germes (bactéries, virus, champignons…) dans l’organisme. Elle fait appel à l’antisepsie, la stérilisation, la désinfection.

Antisepsie

C’est l’ensemble des moyens physiques et chimiques permettant la destruction des germes pathogènes sur des surfaces vivantes (peau, muqueuse).

Désinfection

Permet la destruction momentanée des germes pathogènes et/ou l’inactivation des virus, par des solutions chimiques.

Stérilisation

Est la destruction de tous les germes par l’action d’agents antimicrobiens.

Le Local et l’Équipement Dentaire

Le Local

Doit être suffisamment aéré pour faciliter le nettoyage et la désinfection. Il faut le minimum de meubles et le maximum d’espaces libres. La désinfection concerne aussi bien le sol que les murs et les tables de travail.

Le Fauteuil Dentaire

Il est préférable de choisir un fauteuil avec un matériau de recouvrement lisse, sans coutures qui sont des niches à haut développement bactérien, très difficiles à nettoyer. Certaines parties du fauteuil sont particulièrement exposées aux contaminations et donc très contaminées : elles nécessitent une vigilance particulière et permanente du praticien et de l’assistante : il s’agit du crachoir, des accoudoirs, de la têtière, du scialytique et de l’aspiration chirurgicale.

Accoudoirs et Têtière

Il faut les envelopper d’une substance facile à nettoyer afin de les désinfecter après chaque patient avec un désinfectant compatible avec le revêtement du fauteuil.

Commandes et Scialytique

Il faut choisir un fauteuil aux commandes au pied pour éviter toute contamination avec les mains souillées. Le scialytique, particulièrement sollicité durant tout l’acte opératoire, est très contaminé ; il doit être désinfecté après chaque patient.

L’Unit Dentaire

Il comporte les éléments les plus pollués : le crachoir, l’aspiration, les instruments rotatifs, les poignées et les tablettes.

Le Crachoir

C’est l’élément le plus dangereux du fauteuil. Après chaque acte, il faut nettoyer mécaniquement le crachoir (gants), commencer par l’extérieur puis l’intérieur et laisser couler l’eau pour un rinçage complet.

L’Aspiration

Le nettoyage manuel consiste à aspirer après chaque patient de l’eau (nettoyage uniquement). Ce nettoyage sera complété deux fois par jour et après un patient à risque, par l’aspiration pendant 5 minutes au minimum d’un liquide de désinfection (nettoyage et désinfection).

Les Instruments Rotatifs

Ils travaillent en contact direct avec l’environnement buccal : salive, germes et sang.

  • Instrument autoclavable : Il faut le faire fonctionner à vide avec l’eau de l’unit pour éliminer une grande part des germes contenus dans les canalisations. Ensuite, le déconnecter de son support, décontaminer extérieurement avec une solution antiseptique et intérieurement avec un spray approprié (antiseptique et lubrifiant), l’emballer dans un sachet, puis stériliser à l’autoclave ; il ne sera retiré du sachet que pour être utilisé.
  • Instrument non autoclavable : Il faut le faire fonctionner à vide avec l’eau de l’unit avant de le déconnecter de son support, le désinfecter avec une solution appropriée et le laisser sécher ; il peut être ensuite réutilisé.

La Tablette de l’Unit

Après chaque patient, elle doit être complètement débarrassée et désinfectée.

Le Personnel

Les mesures d’hygiène concernent le praticien, l’assistante dentaire, le personnel auxiliaire (secrétaire, laborantin) mais aussi le patient qui reste un vecteur de contamination.

Le Personnel Médical

Tenue Opératoire

Le praticien doit porter une blouse à manches courtes, un masque, des lunettes, un calot et des gants.

  • Masque : (en tissu ou en papier à usage unique). Le masque protège le praticien des éclaboussures de sang et/ou de salive, surtout au moment de l’utilisation des grandes vitesses (turbine…).
  • Lunettes : Le chirurgien-dentiste doit porter des lunettes suffisamment larges pour éviter toute projection dans l’œil.
  • Calot (sarrau) : La tête sera recouverte d’un calot.

Les Mains

Le lavage des mains et des avant-bras jusqu’aux coudes se fait à l’eau courante avec un savon de préférence acide et antiseptique ou mieux bactériostatique et une brosse, en insistant particulièrement sur les ongles qui doivent être coupés courts et limés. L’adjonction d’un antiseptique non irritant (alcool à 60 %) est conseillée. Le séchage a lieu à l’air ambiant ou avec un sèche-mains, après quoi l’opérateur peut enfiler les gants. Avant tout examen, le praticien doit obligatoirement mettre des gants pour chaque malade, même s’ils ne sont pas stériles. Pour certains patients (sidéens…), il faut utiliser deux paires de gants pour tout acte chirurgical. Après avoir enlevé les gants, le praticien doit se laver les mains ; le port de gants ne dispense pas du lavage des mains et inversement.

Le Patient

Le champ opératoire sera désinfecté avant l’acte. La cavité buccale est un milieu hautement septique (contient beaucoup de germes). Avant de commencer une chirurgie, on diminue la quantité de germes au niveau du champ opératoire ; pour cela, on badigeonne la région avec une solution désinfectante avant de l’isoler avec un champ opératoire troué qui ne laisse apparaître que la zone d’intervention. Un champ opératoire complète le dispositif de protection.

L’Instrumentation

Les instruments utilisés en chirurgie dentaire sont nombreux et variés. Leur désinfection difficile fait appel à plusieurs procédés, parmi lesquels : le laser, la chaleur, les antiseptiques gazeux.

La Chaîne de Stérilisation

Les instruments passent par différentes étapes dont le but est de les préparer à la stérilisation : on ne stérilise que ce qui est propre. Les différentes étapes de ce cycle doivent être impérativement respectées ; la moindre faute peut entraîner de graves conséquences.

Décontamination des Instruments

Cette étape a pour but :

  • De démolir et de décoller les matières organiques.
  • De réduire le nombre de germes présents sur les instruments. Elle consiste à immerger immédiatement après l’acte opératoire les instruments dans une solution bactéricide ou bactériostatique sous forme de solution savonneuse.

Nettoyage des Instruments

A pour but d’éliminer les substances minérales et organiques (sang, débris osseux ou dentaire) afin d’assurer l’efficacité de la stérilisation. Les instruments sont nettoyés minutieusement, dans un bac, avec une brosse à poils durs en nylon. Il faut insister particulièrement sur les parties travaillantes (mors, extrémités) avant de procéder au rinçage.

Désinfection des Instruments

A pour but d’éliminer la plupart des germes. Après un nettoyage mécanique et rinçage, les instruments propres sont trempés dans un liquide de désinfection (respecter : date de péremption, durée d’action, condition de stockage). On utilise pour la désinfection diverses substances :

  • Halogènes (hypochlorite de soude ou eau de Javel à 12°, soluté de Dakin à 1,5°).
  • Aldéhydes (glutaraldéhyde en solution à 0,2 % ou 0,01 %).
  • Phénols (exoféne).
  • Alcools (alcool éthylique dénaturé à 70°).
  • Trioxyméthylène.

Rinçage des Instruments

A pour but d’éliminer toute trace de produit de désinfection.

Séchage des Instruments

A pour but d’éviter la corrosion et de permettre une stérilisation optimale. Obligatoire, il se fait soit avec un jet d’air chaud soit avec des serviettes jetables.

Conditionnement des Instruments

A pour but de maintenir la stérilité et de protéger les instruments. Certains instruments seront emballés dans des sachets hermétiques (stérilisation en autoclave) ou dans des boîtes métalliques (stérilisation en poupinel).

Les Différents Procédés de Stérilisation

Moyens Physiques

  • Laser à gaz carbonique : N’a aucun effet sur les virus, particulièrement les plus dangereux (sida, hépatite B).
  • Rayons gamma : À une température de 160°C pendant 40 minutes, détruisent la plupart des micro-organismes. Cependant, ce procédé est inefficace sur le virus de l’hépatite B qui résiste à cette température.
  • Chaleur sèche :
    • Poupinel : C’est une boîte métallique dont la chaleur provient d’une résistance électrique munie d’un thermostat pour contrôler la température et le temps d’exposition. Cette technique convient à tous les instruments en acier, en carbone et en verre ; par contre, les instruments contenant de la matière plastique, du caoutchouc, ne peuvent pas résister à ces hautes températures. Pour une stérilisation totale, il faut une température de :
      • 180°C pendant 1 heure.
      • 160°C pendant 2 heures.
      • 120°C pendant 6 heures au minimum.
    • Stérilisateur à billes de verre : Est un container bien isolé et rempli de billes de verre, portées à haute température par une résistance électrique incorporée. Ce stérilisateur convient particulièrement à la petite instrumentation (broches, limes, fraises…). Il ne convient pas à tout ce qui contient de la matière plastique et du caoutchouc.
  • Chaleur humide :
    • Autoclave : C’est une boîte métallique dont la chaleur provient de l’eau sous pression qui produit de la vapeur à haute température (100-140°C) pendant 2 heures. On stérilise par ce procédé les gants, les compresses et les champs opératoires placés dans des tambours métalliques, les matières plastiques, le caoutchouc et même certains instruments rotatifs mis sous emballage. À une température de 134°C et une pression de 2 atmosphères, 3 minutes suffisent pour stériliser le matériel.

Moyens Chimiques

  • Oxyde d’éthylène : Est utilisé pour la stérilisation du matériel contenant de la matière plastique (seringues jetables).
  • Chimiclave : Est une enceinte dans laquelle la stérilisation est assurée par un mélange de vapeurs chimiques insaturées de formaldéhyde, d’acétone et d’alcools. Cette technique est spécialement adaptée à la pratique dentaire ; elle détruit les spores, le bacille tuberculeux. Elle permet de stériliser le contre-angle, la pièce à main, la turbine, mis dans des emballages étanches pour éviter l’oxydation.

Les Procédés de Désinfection

Ils sont utilisés pour la désinfection du matériel qui ne supporte pas une stérilisation par chaleur. Cette désinfection vise à réduire la quantité de germes à la surface et dans les canalisations. Plusieurs solutions antiseptiques sont utilisées ; leur efficacité dépend de certains critères :

  • Condition de stockage (en général 2 semaines au maximum).
  • Condition d’utilisation (temps, température et volume).

Halogènes

Dont l’élément actif est le chlore. Les solutions ne doivent jamais avoir plus de deux semaines et doivent être conservées à l’abri de la lumière. Ces produits sont inactivés par les protéines (le savon, les acides et les détartrants). La durée d’action doit être supérieure à 10 minutes. On trouve sur le marché :

  • Hypochlorite de soude ou eau de Javel à 12° : Utilisée pour la désinfection du matériel (avant sa stérilisation), de certaines parties du fauteuil (crachoir, aspiration, accoudoirs, scialytique), des locaux et des tables de travail. Elle est trop oxydante et risque d’oxyder les instruments, il faut veiller à respecter le temps d’action.
  • Soluté de Dakin à 1,5° : Utilisé pour la désinfection des plaies, de la zone opératoire et comme bain de bouche.

Aldéhydes

Contiennent du formol ; ils ont des propriétés bactéricide, fongicide, virucide et sporicide à la température ambiante. Ils permettent de stériliser tout le matériel sensible à la chaleur. Ils présentent des inconvénients : attaquent les métaux, n’ont aucune efficacité sur les substances poreuses (plastique). Exemple : la glutaraldéhyde peut être utilisée comme substance pour la désinfection des lunettes et des instruments contenant de la matière plastique. Selon la durée d’action, elle est :

  • Virucide (HIV) à 20-25°C pendant 10 minutes.
  • Bactéricide à 20°C pendant 20 minutes.
  • Sporicide à 25°C pendant 10 minutes. La solution se conserve, à l’abri de la lumière, à 15-30°C.

Alcools

On utilise l’alcool éthylique dénaturé à 70° pour la désinfection des instruments rotatifs, du mobilier. Employé seul, il présente un effet bactériostatique.

Trioxyméthylène

Sous forme de comprimés. On l’utilise pour la désinfection des champs et des bavettes. On met quelques comprimés dans la boîte qui contient le matériel à désinfecter et on la ferme hermétiquement.

Phénols

Présentent l’avantage d’être actifs même en présence de détergents.

Les Maladies Virales

Il s’agit du sida et des hépatites B et C. De par leur gravité, ces maladies nécessitent des précautions particulières dans leur prévention. Ce sont des maladies virales dont l’évolution est fatale pour le sida et peut aussi l’être pour les hépatites.

Le Sida

Syndrome d’Immuno-Dépression Acquise.

Agent Responsable

L’agent responsable est le virus HIV : Human Immunodeficiency Virus.

Voies de Contamination

Le sang, la voie sexuelle, mère-enfant.

Prévention

Il faut éviter tout contact :

  • Avec un liquide de l’organisme susceptible de contenir le virus.
  • Avec un instrument souillé par du sang contaminé.
Protection du Personnel

Se fera par le port de :

  • Gants (double).
  • Lunettes.
  • Masque. Bien que ces gestes doivent devenir systématiques avec n’importe quel patient, certains malades dits « à risque » sont particulièrement touchés et doivent faire l’objet d’une attention particulière. Ce sont :
  • Les drogués.
  • Les polytransfusés.
  • Les hémodialysés.
  • Les hémophiles.
Le Matériel

Utilisé pour ces malades doit faire l’objet d’une désinfection complète et d’une stérilisation parfaite. Il faut bien nettoyer les instruments pour supprimer toute trace de sang, avant de les stériliser.

  • À chaud :
    • À l’autoclave : à 56°C pendant 30 minutes.
    • Au poupinel : à 56°C pendant 1 heure.
  • À froid :
    • Eau de Javel à 0,1 % pendant 60 minutes.
    • Alcool éthylique (20 % au minimum) pendant 10 minutes.
    • Glutaraldéhyde à 0,2 % pendant 5 minutes ou 0,01 % pendant 60 minutes.
Désinfection du Local

Doit se faire à l’eau de Javel à 12° de chlorure. On insistera particulièrement sur le crachoir et les accoudoirs du fauteuil qui sont les zones les plus exposées aux éclaboussures. Le linge non jetable (champs, masque) sera, lui aussi, désinfecté à l’eau de Javel avant d’être stérilisé à l’autoclave. Les lunettes seront désinfectées au glutaraldéhyde à 0,2 %.

En Cas d’Accident d’Exposition au Sang (Blessure)
  • Faire saigner l’endroit de la blessure.
  • Laver et frotter la blessure avec un désinfectant (eau de Javel).
  • Couvrir la blessure d’une compresse.
  • Faire un sérotest immédiatement, puis à 3 et 6 mois.
  • Déclarer l’accident (médecine du travail).

L’Hépatite B

Ou hépatite sérique, est la première maladie professionnelle en milieu hospitalier. Le virus de l’hépatite B, contrairement à celui du sida, est très résistant. Lui aussi se trouve dans toutes les sécrétions organiques (sang, salive, larmes, sueur, sécrétions génitales, lait…). Il peut persister très longtemps dans l’organisme après l’ictère. Cette atteinte peut évoluer vers la chronicité, la cirrhose ou le cancer du foie et entraîner la mort dans 1 à 2 % des cas.

Contamination

Se fait par contact direct (blessures cutanées ou muqueuses) ou par inhalation de salive projetée par les instruments rotatifs (la turbine, le spray).

Prévention

Les premières mesures de prévention pour le personnel soignant sont les vaccinations. La vaccination contre l’hépatite B est obligatoire, de même que celle contre le tétanos, la diphtérie, le BCG. La protection sera renforcée par l’utilisation de gants, de lunettes, de bavettes.

Stérilisation

  • À chaud :
    • À l’autoclave à 120°C pendant 1 heure.
    • Au poupinel à 170°C pendant 1 heure.
  • À froid :
    • Eau de Javel 12° pendant 1 heure.
    • Glutaraldéhyde à 2 % pendant 10 heures.

Conclusion

L’odontostomatologiste est un élément important dans la prévention des maladies transmissibles, particulièrement les plus dangereuses (sida, hépatite…). Il faut systématiquement, avec tous les patients et tous les jours, respecter les règles d’hygiène. La stérilisation de l’instrumentation et la désinfection du local, du fauteuil et de l’unité dentaire doivent se faire selon des normes strictes ; rien ne doit être laissé au hasard. C’est en prenant toutes les précautions, vis-à-vis de tous les patients et à tout moment, qu’on évitera la contamination, toujours possible, du personnel médical et des patients.

L’Hygiène au Cabinet Dentaire (Asepsie, Antisepsie, Stérilisation, Désinfection)

  La prévention des caries repose sur une hygiène bucco-dentaire rigoureuse et des visites régulières chez le dentiste. La maîtrise des techniques d’anesthésie locale est essentielle pour assurer le confort du patient lors des soins. L’imagerie dentaire, comme la radiographie panoramique, permet un diagnostic précis des pathologies buccales. Les étudiants doivent comprendre l’importance de la stérilisation pour prévenir les infections croisées en cabinet. La restauration dentaire, comme les composites ou les couronnes, exige une précision technique et un sens esthétique. Les praticiens doivent rester informés des avancées en implantologie pour proposer des solutions modernes aux patients. Une communication claire avec le patient renforce sa confiance et favorise l’adhésion au plan de traitement.  

L’Hygiène au Cabinet Dentaire (Asepsie, Antisepsie, Stérilisation, Désinfection)

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