Les différents éléments du chassis
Introduction
La réalisation d’une prothèse n’est pas un acte mécanique, mais un acte thérapeutique noble dont le praticien est l’architecte qui intègre l’ensemble des connaissances biologiques, physiologiques et mécaniques. La prothèse partielle amovible (PPA) n’est pas uniquement un simple procédé de remplacement de dents absentes, mais aussi de conservation des dents et tissus ostéomuqueux restants.
Rappel
Classification des édentements en prothèse partielle amovible à châssis métallique (PPACM)
Classification des édentements
Il existe un nombre extrêmement important de combinaisons d’édentements possibles : 113 000 combinaisons selon une étude de Cummer. De nombreuses classifications ont été proposées par plusieurs auteurs (Austin et Lidge, Beckett, Friedman, etc.). Cependant, la classification la plus rationnelle, celle de Kennedy modifiée par Applegate (Kennedy-Applegate), est la plus adoptée et utilisée de nos jours. Elle comprend 6 classes :
- Classe I : édentement bilatéral postérieur.

- Classe II : édentement unilatéral postérieur.

- Classe III : cas d’édentement intercalé des deux côtés de l’arcade.

- Classe IV : édentement antérieur avec un seul segment édenté traversant la ligne médiane.

- Classe V : édentements de grande étendue unilatéraux ou bilatéraux intercalés, dans lesquels le segment édenté est limité du côté mésial par une incisive (perte d’une canine).

- Classe VI : édentement intercalé unilatéral.

Chacune de ces classes peut être affectée par une « modification ». Un segment édenté supplémentaire donnera « mod 1 » ; deux segments édentés supplémentaires donneront « mod 2 », sauf pour la classe IV qui n’a pas de modification.
- Classe I modification 1 : édentement bilatéral postérieur compliqué d’un édentement encastré au niveau de l’arcade résiduelle (noté Cl I mod 1).
- Classe I modification 2 : édentement bilatéral postérieur doublé de deux segments édentés antérieurs (noté Cl I mod 2).
Les édentements terminaux priment toujours pour nommer la classe.
Rappel sur notions fondamentales
- Rétention : Réaction favorable qui s’oppose aux forces verticales exercées sur la prothèse pour l’éloigner de la surface d’appui. Ce sont les seules forces perpendiculaires à la surface d’appui.
- Stabilisation : Réaction s’opposant aux forces tendant à faire subir à la prothèse des mouvements de translation horizontale ou de rotation.
- Sustentation : Réaction qui s’oppose aux forces axiales tendant à enfoncer la prothèse dans les tissus d’appui.
Éléments constituants une prothèse squelettique
Une prothèse partielle amovible métallique comporte différents composants, chacun ayant une fonction déterminée :
- La connexion principale ou armature.
- Connexion secondaire.
- Barre cingulaire et coronaire.
- Les crochets.
- Grilles de rétention et selles.
Armature
L’armature est l’élément de base de la prothèse auquel sont reliés les autres éléments. Elle doit satisfaire à certains impératifs : rigidité, résistance mécanique, respect des tissus ostéomuqueux et confort du patient.
Rigidité et résistance mécanique
Pour assurer une répartition équilibrée des efforts développés pendant la mastication, une insuffisance de rigidité engendre des forces de torsion dangereuses pour les dents d’appui, pouvant aller jusqu’à la fracture.
Respect des tissus ostéomuqueux
La gencive marginale est une partie sensible qui demande une attention particulière. Il faut respecter le principe de décolletage défini par Housset, décrivant une courbe régulière à une distance de 5 millimètres du collet gingival de la face palatine des dents. Si le décolletage est insuffisant, la gencive est comprimée, aspirée dans le hiatus et devient hyperplasique. Une suture médiane saillante doit toujours être déchargée pour éviter une compression à son niveau.

Confort du patient
Il est souhaitable que l’armature ne perturbe pas la phonation du patient. La plaque à l’intrados doit reproduire l’état de surface, et l’extrados doit être lisse et poli pour éviter la rétention de plaque dentaire. L’asymétrie du tracé est à éviter, car elle est toujours désagréablement perçue.
Différentes formes d’armatures au maxillaire
Plaque large (pleine)
Décolletée au niveau des dents, elle est limitée antérieurement par une ligne joignant les taquets occlusaux. La délimitation postérieure est plus ou moins proche de la jonction palais dur/palais mou en fonction des impératifs d’équilibre du cas clinique considéré. La région médiane peut parfois être largement échancrée.
Plaque à recouvrement complet
La partie antérieure de la base repose sur le cingulum des dents restantes, nécessitant des préparations sur les dents. Pour pallier l’absence de décolletage de l’anneau gingival, une décharge est réalisée dans l’intrados. Le bord postérieur est situé à la jonction palais dur-palais mou, indiqué dans le traitement des classes I, II, IV de Kennedy-Applegate de grande étendue.

Double barre palatine (plaque à double entretoise)
C’est une plaque palatine décolletée et évidée en son milieu, créant une barre antérieure de 6 mm et une autre postérieure de 9 mm reposant sur le palais dur en avant de sa limite avec le palais mou. Ces deux barres sont reliées par deux segments latéraux symétriques, distants des dents résiduelles d’au moins 6 mm.

Plaque palatine étroite

Connexion principale à la mandibule
Barre linguale
C’est la connexion la plus utilisée à la mandibule. Sa section est en demi-poire, la partie plane faisant face aux structures dento-muqueuses et la partie volumineuse vers le plancher buccal. Pour assurer la rigidité, elle a une épaisseur de 1,7 à 2 mm et une hauteur de 3,5 mm. Elle doit ménager un décolletage de 5 mm des dents restantes. La barre linguale n’est jamais en contact avec les structures dento-muqueuses, mais plus ou moins espacée. Elle est impossible à réaliser lorsque l’espace entre le plancher et le collet des dents est réduit (< 7 mm).

Bandeau lingual (plaque linguale classique)
Son emploi découle des contre-indications de la barre linguale, généralement utilisée lorsque l’espace entre les dents et le plancher buccal est insuffisant (< 7 mm).

Double barre linguale (linguo-corono-cingulaire)
Constituée par une barre linguale et une barre cingulaire, elle est disposée à la fois sur le cingulum des dents antérieures (barre cingulaire, 1/3 occlusale des faces linguales) et sur les surfaces de guidage des prémolaires et molaires (barre coronaire). La barre cingulaire est un élément métallique disposé sur le cingulum des dents antérieures, avec une section en forme de demi-jonc, de 2 mm en hauteur pour 1 mm d’épaisseur. Son rôle consiste à s’opposer aux déplacements de la prothèse dans le sens sagittal.

Avantages
- Répartition des forces sur un maximum de dents.
- Contention des dents résiduelles.
- Le dessin festonné permet d’éviter la visibilité du métal en cas de diastème.
Inconvénient
- Mutilante et entrave l’hygiène.
Plaque linguale
Utilisée si l’espace collet-plancher est inférieur à 7 mm, si l’insertion du frein est haute, ou si la hauteur coronaire est augmentée.
Connexions secondaires
Les connexions secondaires sont des prolongements métalliques reliant la connexion principale aux éléments périphériques de la prothèse, tels que les crochets et les appuis occlusaux directs et indirects. Elles ont une section grossièrement triangulaire, doivent présenter un contour légèrement convexe, lisse, arrondi, très bien poli et sans arête saillante pour ne pas soumettre la langue à des perceptions tactiles désagréables.
Rôles
- Transmettre aux dents piliers les efforts développés pendant la mastication.
- Soumettre l’ensemble de la prothèse à l’action conjuguée des crochets, des appuis et des autres éléments qui composent l’armature, accroissant ainsi la résistance mécanique du châssis.
Les crochets
La prothèse amovible est reliée aux dents restantes par des systèmes mécaniques : les crochets, qui sont des pièces métalliques coulées et élaborées en même temps que l’infrastructure, permettant de solidariser la prothèse aux dents restantes.
Différentes parties du crochet
Tout crochet bien conçu comporte trois composantes essentielles :

- Bras rétentif (vestibulaire) : Seul le bras rétentif doit posséder une certaine élasticité, lui permettant de passer le bombé de la dent sous lequel son extrémité flexible vient s’engager dans une zone de retrait pour stabiliser la prothèse dans le plan vertical. Cette partie flexible se trouve sous la ligne guide.
- Bras de calage (lingual, bras réciproque) : C’est le bras rigide du crochet, entièrement situé au-dessus de la ligne guide. Il maintient la dent dans une position stable pendant l’insertion et la désinsertion de la prothèse, contrecarrant les effets nocifs de la force exercée par le bras rétentif pendant le passage du bombé. Ainsi, la poussée du bras rétentif est absorbée par l’élasticité du métal et non par les fibres ligamentaires du desmodonte.
- Appui occlusal (taquet occlusal) : Élément métallique coulé, destiné à s’opposer à tout enfoncement de la prothèse (sustentation). Il ne doit pas interférer avec l’occlusion et repose dans des logettes taillées au niveau des fossettes marginales des prémolaires et molaires, obtenues au dépend de l’émail ou d’une obturation préexistante, en forme de petite cuillère triangulaire à sommet arrondi. L’appui occlusal doit former un angle < 90° avec la connexion secondaire (verticale) pour une bonne transmission des forces selon l’axe de la dent, restant en contact étroit avec celle-ci.
Rôles de l’appui occlusal
- Empêcher la prothèse de s’enfoncer apicalement dans les tissus lorsqu’elle complète son insertion.
- Participer à la distribution et à la transmission des forces occlusales selon le grand axe de la dent.

Fonctions du crochet
- Sustentation : Assurée par l’appui occlusal.
- Stabilité : Réaction s’opposant aux forces qui tendent à faire subir à la prothèse des mouvements de translation horizontale et de rotation, assurée par le bras de calage.
- Rétention : Réaction qui s’oppose à la désinsertion de la prothèse dans le sens axial, assurée par le bras rétentif.
Impératifs
- Le crochet doit ceinturer plus de la moitié de la circonférence de la dent.
- À toute portion rétentive du crochet doit correspondre une portion rigide pour annuler tout risque scoliodontique.
- Il doit rester en contact avec la dent et être parfaitement poli pour ne pas créer de lésions de l’émail.
- L’extrémité rétentive élastique doit être passive dès que la prothèse est en place.
- Les parties rétentives du crochet de chaque arcade doivent être symétriques, disposées de telle sorte qu’un chef rétentif vestibulaire corresponde à un chef vestibulaire du crochet de l’autre hémiarcade (réciprocité au sein de l’arcade).
- Il doit contribuer à la rétention, la stabilisation et la sustentation, qui correspondent aux fonctions essentielles d’un crochet.
Types de crochets
Parmi les différents types de crochets en PPACM, on cite :
- Crochet Ackers.
- Crochet anneau.
- Crochet Nally-Martinet.
- Crochet Bon Will.
Grille de rétention
C’est une partie essentielle du châssis : une grille rigide à mailles plus ou moins larges recouvrant les crêtes édentées et servant d’ancrage pour la résine des selles. Elle nécessite une décharge au niveau des crêtes pour recevoir la résine, distante de 5 mm du centre des tubérosités et du trigone rétromolaire, et à 1 mm des dents bordant l’édentement.

Les selles
Elles recouvrent et englobent les crêtes édentées jusqu’aux limites vestibulaires et linguales déterminées par l’empreinte. La rétention de la résine est assurée par la grille métallique rigide, espacée des surfaces d’appui pour ménager une épaisseur suffisante au matériau. Elles offrent l’avantage de permettre le rebasage et les éventuelles modifications.

Conclusion
Malgré les progrès énormes dans le domaine des prothèses implanto-portées, la prothèse partielle amovible conventionnelle à châssis métallique reste une alternative thérapeutique fiable mise à la disposition du praticien pour répondre aux demandes du patient. Le succès du traitement par la PPACM dépend de la bonne connaissance des différents éléments du châssis métallique.
Les différents éléments du chassis
La prévention des caries repose sur une hygiène bucco-dentaire rigoureuse et des visites régulières chez le dentiste. La maîtrise des techniques d’anesthésie locale est essentielle pour assurer le confort du patient lors des soins. L’imagerie dentaire, comme la radiographie panoramique, permet un diagnostic précis des pathologies buccales. Les étudiants doivent comprendre l’importance de la stérilisation pour prévenir les infections croisées en cabinet. La restauration dentaire, comme les composites ou les couronnes, exige une précision technique et un sens esthétique. Les praticiens doivent rester informés des avancées en implantologie pour proposer des solutions modernes aux patients. Une communication claire avec le patient renforce sa confiance et favorise l’adhésion au plan de traitement.
Les différents éléments du chassis

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.