Biocompatibilité des matériaux utilisés en prothèse
I. Définition
La biocompatibilité peut être définie comme la tolérance des tissus vivants vis-à-vis des matériaux utilisés, autrement dit, une mesure de la réaction des cellules vivantes en contact avec un élément extérieur (métal, alliage, céramique, polymère, etc.).
II. Facteurs conditionnant la toxicité du matériau
1. Facteurs conditionnant la toxicité directe du matériau
a) Facteurs thermiques
- La réaction de prise.
- La diffusion thermique qui dépend de l’épaisseur et de la conductibilité thermique.
b) Facteurs chimiques
- Le pH notamment.
c) Facteurs physicochimiques
- Notamment la solubilité du matériau, son potentiel d’adhésion.
d) Facteurs électrochimiques
- Résistance à la corrosion des alliages.
2. Facteurs conditionnant la toxicité indirecte du matériau
Tous les paramètres interférant sur l’interface dent-matériau :
- Le coefficient de dilatation thermique.
- Parfois la contraction de polymérisation.
- La pénétration des bactéries à l’interface.
III. Biocompatibilité des matériaux à empreinte
La probabilité d’apparition de réactions non désirées induites par les matériaux à empreinte est faible, notamment par le simple fait qu’ils ne sont présents en bouche que pendant un laps de temps très court. Néanmoins, des réactions peuvent apparaître et le praticien doit savoir les identifier et agir en conséquence.
1. Les hydrocolloïdes réversibles
- Ce matériau est non toxique et non irritant lorsque la procédure clinique est correctement réalisée.
- Précautions :
- Manipulation minutieuse pour éviter les risques de brûlure par l’emploi d’une substance trop chaude au moment de l’empreinte.
- Éviter les réactions pulpaires néfastes :
- Si l’eau du circuit de refroidissement est trop froide (moins de 13°C), cela peut entraîner un choc thermique, source de douleur et d’inconfort.
- Assurer la propreté des bacs de chauffage pour éviter la contamination croisée.
- Risques :
- En cas de contre-dépouilles, le matériau peut se déchirer, laissant des résidus rétenteurs de plaque.
2. Les hydrocolloïdes irréversibles
- Le potentiel cytotoxique de l’alginate est négligeable.
- Observations :
- Quelques cas d’apparition de vésicules suite à une empreinte à l’alginate ont été observés.
- Certains agents antimicrobiens (ammoniums quaternaires) peuvent engendrer des irritations localisées.
- Des complications respiratoires dues à l’inhalation accidentelle d’alginate ont été rapportées (cas unique).
- Risques :
- Si des résidus du matériau subsistent après le retrait de l’empreinte, ils peuvent provoquer une réaction inflammatoire.
3. Les élastomères siliconés
a) Les silicones par condensation
- Présentent une cytotoxicité à 24 heures.
- L’accélérateur contient de l’octoate d’étain (toxique), mais le produit final ne l’est pas si le malaxage a été bien conduit.
- Précaution :
- Éviter le contact direct avec les mains lors du malaxage.
b) Les silicones par addition
- Non toxiques, même après un contact prolongé.
- Risques :
- Les résidus après le retrait de l’empreinte peuvent provoquer des abcès parodontaux s’ils persistent dans les sillons gingivo-dentaires.
4. Les thiokols
- Le catalyseur (peroxyde de plomb) est nocif par inhalation et par ingestion.
- Risques :
- En cas d’ingestion, il convient de faire vomir le patient.
- Une ingestion importante peut provoquer un empoisonnement au plomb ainsi qu’une sensation d’étouffement.
- Ce matériau peut provoquer des irritations de la peau, des yeux et des muqueuses buccales lorsqu’il reste en contact.
- Inconvénients :
- Temps de prise relativement long.
- Réaction de prise exothermique.
- Goût et odeur désagréables.
5. Les polyéthers
- L’utilisation de l’activateur seul provoque des réactions d’hypersensibilité.
- Précautions :
- Le malaxage doit être soigneux.
- Les polyéthers sont hydrophiles et contre-indiqués chez les patients présentant une hyposyalie.
- Inconvénient :
- Goût désagréable.
6. Oxyde de zinc eugénol
- L’eugénol est un irritant des tissus mous, pouvant être responsable de sensations de picotements et de brûlure.
- Précautions :
- Le matériau a tendance à adhérer à la peau ; il convient de vaseliner les lèvres.
- Risques :
- La colophane peut rarement être à l’origine de réactions d’hypersensibilité.
7. Les cires
- Précaution pour le patient :
- Contrôler la température pour éviter les brûlures et les réactions irréversibles du parenchyme pulpaire.
- Risques pour l’équipe soignante :
- La colophane peut provoquer une hyperréactivité des voies aériennes et des yeux, induisant des rhinites et des conjonctivites à répétition, simulant une réaction allergique chronique.
8. Pâtes thermoplastiques
- Risques :
- La colophane peut engendrer des réactions allergiques (stomatites, rougeurs de la peau et des muqueuses).
- Risques d’atteintes pulpaires liées aux chocs thermiques.
- Risques pour l’équipe soignante :
- La colophane peut provoquer une hyperréactivité des voies aériennes et des yeux, induisant des rhinites et des conjonctivites à répétition, simulant une réaction allergique chronique.
IV. Biocompatibilité des matériaux à destinée prothétique
1. Les résines acryliques
- D’une manière générale, le polyméthacrylate de méthyle est biocompatible.
- Risques :
- Réactions toxiques et réponses allergiques dues à la présence de résidus de monomère, notamment si :
- Les prothèses n’ont pas subi une polymérisation suffisante.
- Le ratio poudre/liquide n’est pas respecté.
- Utilisation de résine autopolymérisable.
- Les réactions se manifestent sous forme de rougeurs, de gonflements de la muqueuse ou de sensations de brûlure.
- Les porosités sont des zones de rétention bactérienne, pouvant être à l’origine de complications infectieuses, telles que des affections respiratoires chez les patients fragiles.
- Réactions toxiques et réponses allergiques dues à la présence de résidus de monomère, notamment si :
- Facteurs aggravants :
- Mauvaise hygiène et mauvaise adaptation de la prothèse.
- Risques pour les prothésistes :
- Inhalation des particules de résine : peut provoquer des réactions allergiques ; le port d’un masque est recommandé lors de la manipulation et du polissage.
- Contact du monomère avec la peau : peut causer des eczémas, des sécheresses cutanées associées ou non à des fissures ; le port de gants est recommandé.
2. Les céramiques
- Les céramiques sont chimiquement stables, inertes d’un point de vue électrique et thermique.
- Risques :
- La présence d’impuretés au sein du matériau peut induire de la corrosion.
- Un état de surface rugueux ou poreux favorise la rétention microbienne.
- Précaution :
- Le polissage et le glaçage de la céramique sont nécessaires pour une biocompatibilité optimale.
3. Les alliages
a) Les alliages nobles
- Les alliages ayant la proportion la plus élevée en or présentent le meilleur comportement vis-à-vis des cellules vivantes.
- Les alliages ayant le pourcentage le plus élevé en argent donnent des résultats plus défavorables.
- La libération de zinc et de cuivre a un effet cytotoxique.
b) Les alliages non nobles
- Malgré les interrogations concernant l’innocuité des alliages nickel-chrome, notamment sur leur potentiel allergisant, les alliages contenant plus de 20 % de chrome peuvent être considérés comme stables en milieu buccal, tout comme les alliages cobalt-chrome.
- Certains alliages nickel-chrome sont actuellement commercialisés avec des certificats de biocompatibilité.
Biocompatibilité des matériaux utilisés en prothèse
La prévention carieuse repose sur une éducation efficace du patient et un suivi régulier.
Une anamnèse détaillée permet d’éviter de nombreux pièges diagnostiques en pratique quotidienne.
La gestion du stress pré-opératoire améliore significativement l’expérience du patient.
Les matériaux biocompatibles modernes offrent des alternatives intéressantes aux restaurations traditionnelles.
Une bonne ergonomie de travail protège le praticien des troubles musculo-squelettiques.
L’implantologie requiert une planification rigoureuse et une maîtrise de l’ostéintégration.
L’approche multidisciplinaire devient incontournable pour les cas complexes de réhabilitation orale.
Biocompatibilité des matériaux utilisés en prothèse

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.