TUMEURS BÉNIGNES DES MAXILLAIRES (Pathologie Bucco Dentaire)

TUMEURS BÉNIGNES DES MAXILLAIRES (Pathologie Bucco Dentaire)

TUMEURS BÉNIGNES DES MAXILLAIRES (Pathologie Bucco Dentaire)

1. TUMEURS BÉNIGNES ODONTOGÈNES

1.1 Rappel embryologique

Ce rappel embryologique des différents stades de la formation de la dent est nécessaire pour justifier la classification adoptée pour ce type de tumeurs :

  • 1er stade : L’ébauche dentaire initiale provient de l’épithélium buccal, plus précisément de la lame dentaire qui s’invagine dans le chorion de la muqueuse, formant un organe en cloche. Le centre est peuplé de cellules épithéliales. La face profonde de la cloche admet dans sa concavité un tissu conjonctif lâche, ébauche de la future pulpe dentaire. L’épithélium subit des transformations pour secréter l’émail : les cellules deviennent cubiques, leur noyau migre vers la membrane basale (préaméloblastes).
  • 2e stade : Caractérisé par des phénomènes d’induction odontogène sur le mésenchyme pulpaire, en provenance de cet épithélium modifié pré-améloblastique, aboutissant à la formation de dentine.
  • 3e stade : Mise en activité des améloblastes, aboutissant à la formation de prismes d’émail.
  • Stade ultérieur : Après la formation de la couronne, édification de la racine avec formation de cément.

1.2 Caractéristiques

  • Tuméfaction : Soudaine ou progressive, faisant corps avec l’os.
  • Mobilité dentaire : Accompagnée de douleurs, anomalies d’évolution.
  • Absence d’altération : Pas de modification de la sensibilité cutanéo-muqueuse.
  • Pas d’adénopathie.

1.3 Classification

1.3.1 Tumeurs épithéliales sans induction du mésenchyme

  • Les Améloblastomes
    • Épidémiologie : 5 fois plus fréquent chez les hommes, prédominance entre 30 et 40 ans.
    • Clinique : Siège de prédilection à l’angle mandibulaire, pouvant s’étendre dans la région molaire et la branche montante. Évolution par poussées, initialement frustes, avec soufflure de la table osseuse et trismus modéré.
    • Radiographie :
      • Image poly-géodique : Géodes franches à contour régulier et net, homogènes, arrondies ou ovalaires, séparées par des ponts osseux triangulaires (aspect le plus évocateur).
      • Image mono-géodique : Rare, homogène, à contour régulier, avec extension aux 2/3 antérieurs de la branche montante et la branche horizontale.
      • Notes : Soufflure des corticales osseuses latérales sans rupture, refoulement des dents en périphérie (jamais à l’intérieur de la tumeur), refoulement harmonieux du canal dentaire inférieur.
    • Formes cliniques :
      • Topographiques : Branche horizontale, symphyse mentonnière, maxillaire (rare, 4 %, localisation préférentielle à la tubérosité).
      • Évolutives : Peut se manifester dans l’évolution d’un kyste corono-dentaire ou folliculaire (examen anatomo-pathologique requis après exérèse).
      • Récidivantes : Après énucléation (insuffisance de traitement, récidives dans les 2 premières années) ou résection (risque de transformation maligne).
    • Anatomo-pathologie :
      • Macroscopie : Tumeur solide, soufflant les tables osseuses externe et interne, ferme, un peu gélatineuse, lytique, à limites imprécises, contenu séro-hématique.
      • Histologie : Structure comparable à celle de l’émail.
  • Adéno-Améloblastome
    • Épidémiologie : Fréquent chez les deux sexes vers 20 ans, localisation maxillaire médiane ou para-médiane.
    • Caractéristiques : Se développe autour d’une cavité kystique, au contact d’une dent incluse (souvent l’incisive latérale supérieure).
    • Évolution : Généralement sans récidive après énucléation.
  • Tumeur de Pindborg (tumeur épithéliale odontogène calcifiée)
    • Épidémiologie : Entre 20 et 60 ans, région prémolaire et molaire inférieure, au contact d’une dent non éruptée.
    • Radiologie : Image lytique étendue avec fines ponctuations radio-opaques.
    • Évolution : Favorable, sans récidive après énucléation.
  • Énamélome
    • Description : Petite saillie à la surface d’une racine, parfois au collet ou à la couronne. Nodule de quelques mm, parfois volumineux et complexe (« hernie de la chambre pulpaire »).
  • Mélanotic Progonoma
    • Épidémiologie : Dans les 6 premiers mois de vie, région médiane maxillaire, presque toujours chez les filles.
    • Clinique : Tuméfaction de la lèvre supérieure, obstruction du vestibule nasal, destruction osseuse.
    • Radiologie : Image radioclaire bien limitée, refoulant les germes dentaires.
    • Évolution : Favorable après résection.

1.3.2 Tumeurs épithéliales et conjonctives (avec induction odontogène du mésenchyme)

  • Fibrome Améloblastique
    • Épidémiologie : Rare, jeunes de 10 à 20 ans, localisation molaire et prémolaire inférieures.
    • Caractéristiques : Néoformation grisâtre, ferme ou molle, parfois soufflant la corticale. Évolution vers un améloblastome.
  • Fibro-Odontome-Améloblastique
    • Épidémiologie : Fréquent chez les hommes vers 20 ans, région molaire et branche montante de la mandibule.
    • Radiologie : Vaste géode centrée par une image radio-opaque ou ponctuée de multiples petites opacités denses de type dentaire.
  • Odonto-Améloblastome
    • Épidémiologie : Fréquent chez les enfants, souvent à la mandibule.
    • Radiologie : Géode ponctuée de fines opacités ou masses irrégulières radio-opaques.
  • Odontomes Complexes et Composés
    • Épidémiologie : Observables dans les deux maxillaires, régions incisive et molaire, tout âge.
    • Clinique : Tuméfaction alvéolaire dure, indolore, parfois ulcérante chez l’enfant. Chez l’adulte, découverte fortuite.
    • Radiologie :
      • Odontome complexe : Masse opaque irrégulière.
      • Odontome composé : Accumulation de dents miniatures, cerclées d’un halo clair bien défini.

1.3.3 Tumeurs purement mésodermiques (mésenchymateuses)

  • Fibrome Odontogène
    • Épidémiologie : Rare, enfants et jeunes adultes, mandibule (corps).
    • Caractéristiques : Asymptomatique.
    • Radiologie : Vaste géode finement trabéculée, parfois avec petites opacités dentaires.
    • Forme périphérique : Fibrome cémentifiant périphérique (fréquent chez les femmes), petit bourgeon pédiculé sur la gencive, pouvant récidiver.
  • Myxome Odontogène
    • Épidémiologie : 20-30 ans.
    • Clinique : Tuméfaction lentement progressive, souvent associée à une anomalie d’évolution dentaire.
    • Radiologie : Image poly-géodique, cloisons nettes se coupant à angle droit ou vif (aspect quadrillé).
  • Dysplasie Cémentaire Péri-Apicale
    • Épidémiologie : Découverte fortuite, femmes de 40-50 ans, région incisive mandibulaire.
    • Radiologie :
      1. Plage ostéolytique autour de l’apex d’une incisive.
      2. Image lytique ponctuée de fines opacités.
      3. Image radio-opaque péri-apicale dense avec travées orientées et cerne clair (stade mature).
  • Fibrome Cémentifiant
    • Épidémiologie : Moyenne d’âge, deux sexes, région molaire et prémolaire mandibulaire.
    • Clinique : Volume appréciable, tuméfaction ou déplacements dentaires.
    • Radiologie : Géode ponctuée d’opacités, bien limitée (différent de la dysplasie fibreuse aux images diffuses). Maturation progressive possible.
  • Cémentoblastome Bénin
    • Épidémiologie : Hommes < 25 ans, région molaire et prémolaire inférieure.
    • Radiologie : Masse radio-opaque accolée ou fusionnée à une racine dentaire, cerclée d’une mince bande claire.
  • Cémentome Géant (cémentomes multiples)
    • Caractéristiques : Masses opaques diffuses dans les deux maxillaires, développement long, tuméfactions considérables, ulcération muqueuse, complications d’ostéite. Fréquent chez la race noire.
  • Dentinome
    • Épidémiologie : Rare, jeunes, région molaire inférieure, dent incluse.
    • Radiologie : Aspect proche des odontomes ou fibro-odontomes-améloblastiques : large lacune centrée d’une plage opaque ou fine ponctuation irrégulière.

2. TUMEURS BÉNIGNES NON ODONTOGÈNES

2.1 Classification

  • Tumeurs de la série fibroblastique
  • Tumeurs ostéoformatrices
  • Tumeurs cartilagineuses
  • Tumeurs ostéolytiques
  • Tumeurs de la trame médullaire
  • Autres tumeurs

2.1.1 Tumeurs fibroblastiques pures à potentiel ostéogène

  • Fibrome Desmoïde
    • Épidémiologie : Deux sexes, < 30 ans.
    • Clinique : Angle mandibulaire, douleurs ou tuméfaction avec déplacements dentaires.
    • Radiologie : Lacune radioclaire arrondie à limites nettes, soufflant la corticale, pouvant la rompre.
    • Macroscopie : Foyer dur, fibreux, homogène, limites imprécises.
    • Évolution : Potentiel évolutif important (rupture corticale, extension aux parties molles), récidives fréquentes, nécessite résection à distance.
  • Fibrome Osseux
    • Contexte : Fibromatose systémique congénitale/familiale, origine non dentaire.
    • Caractéristiques : Fibromes multiples, foyers de lyse corticale atteignant maxillaires et autres os.
  • Fibrome Ossifiant ou Ostéome Fibreux
    • Épidémiologie : Mandibule, 20-30 ans.
    • Clinique : Extension lente, déplacements dentaires.
    • Radiologie : Image bien circonscrite, initialement radioclaire (allure kystique), puis ponctuée de fines opacités, enfin entièrement radio-opaque.
  • Dysplasie Fibreuse
    • Épidémiologie : Deux sexes, jeunes (< 10 ans pour 2/3).
    • Clinique : Forme monostotique, tuméfaction progressive (mandibule ou maxillaire), fusiforme, sans limite nette, asymétrie faciale.
    • Radiologie : Aspects variés : réticulé/pseudo-lacunaire, décalcification diffuse, élargissement de la trame osseuse. Au maxillaire : lésion postérieure (molaire), parfois étendue (sinus, orbite, base du crâne), risque de cécité par compression du nerf optique.

2.1.2 Tumeurs ostéoformatrices

  • Ostéome Vrai
    • Épidémiologie : Jeunes hommes.
    • Clinique : Presque indolore, croissance lente, déformation circonscrite tardive.
    • Radiologie : Opacité centro-osseuse sans bordure, contour net, densité > os, région prémolaire/molaire inférieure.
    • Évolution : Volume inquiétant sans exérèse.
  • Torus Palatin et Mandibulaire
    • Torus palatin : Néoformation osseuse lente, ligne médiane de la voûte palatine, ovalaire, sagittale. Radiologie : opaque sur film occlusal.
    • Torus mandibulaire : Bilatéral/symmétrique, saillie osseuse face interne mandibule (au-dessus ligne mylo-hyoïdienne, prémolaires). Radiologie : opacité bilatérale homogène, dense, corticale interne.
  • Ostéome Ostéoïde
    • Localisation : Rare aux maxillaires (fémur/tibia préférentiels).
    • Épidémiologie : Hommes < 20 ans.
    • Clinique : Douleurs, voussure localisée.
    • Radiologie : Petite image sous-périostée (< 1 cm), clarté centrale (« nidus ») cernée de condensation osseuse.
  • Ostéoblastome Bénin (ostéome ostéoïde géant)
    • Radiologie : Image centrale, géode bien limitée ou foyer clair ponctué de zones denses.

2.1.3 Tumeurs cartilagineuses

  • Chondrome
    • Localisation : Rare aux maxillaires.
    • Clinique : Tuméfaction progressive ou alvéolyse avec chute dentaire (incisive supérieure, mandibule : branche horizontale, condyle, coroné).
    • Radiologie : Géode polycyclique nette ou petites géodes groupées, fond pommelé, micro-opacités (« grain de grenade »).
  • Exostose Ostéogénique
    • Localisation : Maxillaire, versant vestibulaire os alvéolaire (au-dessus dernières molaires, sous cul-de-sac gingival).
    • Caractéristiques : Petites excroissances muriformes (≤ 1 cm), muqueuse blanchâtre leucoplasiforme.

2.1.4 Tumeurs ostéolytiques

  • Granulome Réparateur à Cellules Géantes
    • Granulome périphérique (épulis à cellules géantes) : Femmes ~30 ans, mandibule, crête gingivale avant molaire. Saillie sessile/pédiculée (1-2 cm), rouge sombre, hémorragique, issue d’alvéole dentaire. Radiologie : ostéolyse superficielle (« coup d’ongle »), reconstitution osseuse mince (« fond de coquetier »).
    • Granulome central : Femmes, symphyse mandibulaire (bilatéral), rare au maxillaire (prémolaire). Tuméfaction osseuse, muqueuse brun-violacé, déplacements dentaires. Radiologie : image lytique étendue.
  • Tumeur à Myéloplaxes Vraie
    • Caractéristiques : Similaire au granulome réparateur, mais plus extensive et ostéolytique.
  • Tumeur Brune (maladie de Recklinghausen)
    • Radiologie : Vaste lacune finement cloisonnée.
    • Macroscopie : Cavité remplie de tissu brunâtre.
  • Chérubisme
    • Contexte : Affection familiale/génétique, enfants, disparaît à la puberté.
    • Clinique : Pseudo-hypertrophie bilatérale/symmétrique angles et branches montantes mandibule (aspect joufflu).
    • Radiologie : Soufflure mandibulaire bilatérale, corticales amincies, condyle respecté, image inhomogène.

2.1.5 Tumeurs de la trame médullaire

  • Angiome Osseux et Autres Tumeurs Vasculaires
    • Hémangiome : Femmes, mandibule. Signes : douleurs, tuméfaction, hémorragies (saignements nocturnes collet dentaire), muqueuse angiomateuse, caractère pulsatile, signe de remplissage. Radiologie : grillagé/réticulé, lacunes alvéolaires floues, pseudo-kystique, bordure irrégulière, canal dentaire élargi, déplacements dentaires, racines incurvées. Angiographie (carotide externe) confirme.
    • Granulome Éosinophile (histiocytose X) : Hommes ~20 ans, mandibule, crâne, vertèbres. Signes : douleurs, tuméfaction, fracture spontanée, gingivite ulcéreuse, mobilité/chute dentaire, cicatrisation lente post-extraction, adénopathie cervicale, splénomégalie discrète. Radiologie : image radioclaire bien limitée ou rompant corticale, diffusion parties molles.

2.1.6 Autres tumeurs des maxillaires

  • Tumeurs Nerveuses (Schwannomes)
    • Clinique : Tuméfaction osseuse isolée.
    • Radiologie : Image radioclaire non spécifique (géode unique régulière ou petites géodes juxtaposées), résorption racines dentaires.
    • Évolution : Risque de transformation maligne.
    • Traitement : Exérèse conservatrice (tumeur ferme, blanc nacré).
  • Lipome et Léiomyome
    • Localisation : Rare aux maxillaires.
    • Caractéristiques : Lipome confondu avant exérèse avec kyste solitaire, ostéoblastome ou granulome réparateur à cellules géantes.

TUMEURS BÉNIGNES DES MAXILLAIRES (Pathologie Bucco Dentaire)

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Le contrôle de la plaque dentaire reste la clé de la prévention des parodontopathies.
L’utilisation correcte de la digue en caoutchouc améliore la qualité des soins endodontiques.
Une anamnèse détaillée permet d’éviter de nombreuses complications en chirurgie orale.
Les matériaux dentaires évoluent rapidement, nécessitant une veille technologique constante.
La gestion du stress pré-opératoire fait partie intégrante de la relation patient-praticien.
L’analyse céphalométrique reste un outil fondamental en orthodontie diagnostique.
 

TUMEURS BÉNIGNES DES MAXILLAIRES (Pathologie Bucco Dentaire)

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