LES MYCOSES DE LA CAVITÉ BUCCALE (Pathologie Bucco Dentaire)

LES MYCOSES DE LA CAVITÉ BUCCALE (Pathologie Bucco Dentaire)

LES MYCOSES DE LA CAVITÉ BUCCALE (Pathologie Bucco Dentaire)

1. INTRODUCTION

Les mycoses buccales sont des lésions extrêmement fréquentes, dues à la prolifération de germes saprophytes, notamment Candida albicans. Ce sont des infections opportunistes qui témoignent toujours d’un déséquilibre de la flore buccale. Elles ont une évolution bénigne et répondent bien aux traitements antifongiques locaux. Cependant, dans certaines situations d’immunosuppression locale ou générale, elles peuvent avoir une évolution défavorable.


2. FACTEURS DE PATHOGÉNICITÉ DES CHAMPIGNONS

Les champignons sont des organismes microscopiques classés parmi les végétaux. Ce sont des eucaryotes (microorganismes possédant un noyau entouré d’une membrane nucléaire) qui se nourrissent souvent par absorption de substances organiques diverses. Selon les circonstances, ils vivent en parasites ou en saprophytes et peuvent devenir pathogènes grâce à plusieurs facteurs :

2.1 Facteurs d’adhérence

Les champignons adhèrent aux surfaces cutanéo-muqueuses grâce aux interactions entre les constituants de leur paroi fongique et les récepteurs de l’hôte. Par exemple, l’adhésion de Candida albicans aux surfaces acryliques et plastiques explique la colonisation des prothèses dentaires et des cathéters.

2.2 La sécrétion d’enzymes

Certaines souches de champignons sécrètent des enzymes protéolytiques qui détruisent les matières organiques et favorisent l’invasion tissulaire.

2.3 La sécrétion de toxines

Aspergillus fumigatus, par exemple, sécrète des toxines immunosuppressives, hémolytiques ou participant à la mort cellulaire de l’hôte.

2.4 La structure des parois

La constitution de la paroi des spores de certains champignons (comme Aspergillus fumigatus ou Cryptococcus neoformans) les protège de la phagocytose.


3. FACTEURS FAVORISANT LES MYCOSES DE LA CAVITÉ BUCCALE

3.1 Facteurs intrinsèques

3.1.1 Physiologiques

  • L’âge (prématurés, nouveau-nés, nourrissons avant 1 an, vieillards)
  • La grossesse

3.1.2 Locaux

  • Hyposialie ou xérostomie
  • Traumatisme
  • Brûlure
  • Manque d’hygiène
  • Tic de léchage

3.1.3 Terrain endocrinien

  • Le diabète
  • L’hypoparathyroïdie
  • L’insuffisance surrénalienne
  • L’insuffisance thyroïdienne

3.1.4 Carences nutritionnelles

  • Carence martiale (fer)

3.1.5 Immunodépression

  • Le SIDA

3.1.6 Affection intercurrente infectieuse ou maligne

  • Cancers
  • Hémopathies
  • Aplasie médullaire

3.2 Facteurs extrinsèques

Ils sont essentiellement iatrogènes.

3.2.1 Les médicaments

  • Antibiotiques
  • Corticoides
  • Immunosuppresseurs
  • Hormones contraceptives
  • Radiothérapie cervico-faciale
  • Chimiothérapie antimitotique

3.2.2 La chirurgie

  • Digestive
  • Cardiaque
  • Greffe d’organes
  • Cathéters intravasculaires
  • Prothèses

4. CLASSIFICATION DES MYCOSES BUCCALES

Cette classification tient compte des principales espèces responsables des mycoses buccales.

4.1 Mycoses causées par les levures

  • Candida
  • Cryptococcus

4.2 Mycoses causées par des champignons filamenteux

  • Mucorales
  • Geotrichum
  • Aspergillus extra-pulmonaire

4.3 Mycoses exotiques

  • Histoplasmose
  • Paracoccidioïdomycose
  • Coccidioïdomycose

5. FORMES CLINIQUES DES MYCOSES BUCCALES

5.1 Les candidoses buccales

5.1.1 Les candidoses aiguës

5.1.1.1 La forme pseudo-membraneuse ou « muguet »

C’est la forme la plus rencontrée, surtout chez les jeunes enfants et les personnes âgées. Elle affecte également les patients traités par radio- et/ou chimiothérapie, ceux atteints de SIDA ou d’autres immunodéficiences. Elle se manifeste par :

  • Une sensation de brûlure, un goût métallique ou une sécheresse buccale
  • L’apparition de macules rouges réalisant une stomatite érythémateuse diffuse (la gencive est le plus souvent respectée)
  • Vers le 2ᵉ ou 3ᵉ jour, des efflorescences blanchâtres plus ou moins épaisses qui vont confluer

Un raclage léger à l’abaisse-langue les détache facilement sans faire saigner la muqueuse. Cette forme est très sensible au traitement et guérit sans séquelles, mais risque de passer à la chronicité ou de s’étendre.

5.1.1.2 La forme aiguë atrophique

C’est la glossite dépapillante diffuse. Elle débute au niveau du sillon médian puis s’étend à toute la langue. Elle est souvent due à la prise d’antibiotiques à large spectre ou à leur association. Les signes cliniques sont plus marqués à cause de nombreuses érosions sur une intense inflammation.

5.1.2 Les candidoses chroniques

5.1.2.1 Les formes chroniques atrophiques

Elles apparaissent chez les patients âgés porteurs de prothèses amovibles. Cliniquement, on note une plaque rouge vif dont la surface est veloutée ou cartonnée, avec une légère kératinisation en surface.

5.1.2.2 La glossite losangique médiane

Il s’agit d’une plage érythémateuse grossièrement losangique sur le dos de la langue, en avant du V lingual. Elle est lisse, plane ou mamelonnée. En regard de cette plage, on trouve une lésion palatine en « miroir » faite de petites macules érythémateuses.

5.1.2.3 La perlèche ou chéilite angulaire

Elle s’observe au niveau de la commissure labiale sur le versant cutané. La peau est rouge, parfois fissurée et encroûtée. Elle se prolonge vers le versant rétro-commissural et la face interne de la joue. Elle est bilatérale, tenace et récidivante.

5.1.2.4 Les formes hyperplasiques ou hypertrophiques

Elles peuvent réaliser un aspect pseudo-tumoral. On peut les rencontrer à n’importe quel point de la cavité buccale, en particulier au niveau de la joue ou sur la langue.

5.1.2.5 La langue noire villeuse

Elle est due à une hypertrophie des papilles filiformes de la face dorsale de la langue, ayant une teinte brune voire noire par oxydation de la kératine.

5.1.2.6 Les formes cutanéo-muqueuses chroniques (CMC)

Elles sont rares et liées à un déficit immunitaire spécifique vis-à-vis du Candida.

5.1.2.6.1 Les formes CMC familiales

Elles sont dues à une carence martiale.

5.1.2.6.2 Les formes CMC diffuses

Ce sont des formes localisées à la partie supérieure du thorax jusqu’au cuir chevelu. La candidose de la muqueuse buccale est persistante et résiste aux traitements standard.

5.1.2.6.3 Le syndrome candidose-endocrinopathie associée

On note un diabète ou une hypoparathyroïdie avec une candidose buccale discrète.

5.1.2.6.4 Les formes CMC à révélation tardive

Il s’agit de candidoses persistantes et sévères de la muqueuse buccale, des ongles, de la peau et de la muqueuse vaginale.

5.2 Les mycoses profondes de la cavité buccale

5.2.1 La cryptococcose

C’est une mycose fréquente chez les patients infectés par le VIH. Les lésions buccales sont rares et se présentent sous forme de papules ou nodules végétants, violacés, douloureux, pouvant se nécroser. Elles siègent sur les lèvres, les joues et les amygdales.

5.2.2 La mucormycose

Elle touche essentiellement les patients immunodéprimés ou diabétiques mal équilibrés. Elle intéresse le palais osseux. On note d’abord un œdème de la muqueuse, puis secondairement une érosion suivie d’une ulcération nécrotique.

5.2.3 L’aspergillose naso-sinusienne

Elle est localisée au niveau du sinus maxillaire. On note une étiologie dentaire dans la majorité des cas (granulome apical, extraction dentaire, communication bucco-sinusienne, dépassement de pâte d’obturation canalaire à l’oxyde de zinc).

5.2.4 L’histoplasmose

C’est une mycose systémique granulomateuse. Cliniquement, on observe des ulcérations persistantes non spécifiques avec des adénopathies satellites.

5.2.5 Les candidoses systémiques

L’infection par Candida albicans est favorisée par l’immunodépression, mais peut survenir sans déficit immunitaire dans le cadre d’infections nosocomiales, souvent à partir d’un cathéter intravasculaire.

5.2.6 La paracoccidioïdomycose (blastomycose sud-américaine)

Elle siège sur la gencive, les lèvres, le palais et la langue sous forme d’ulcérations douloureuses et de lésions papulaires, nodulaires ou verruqueuses.


6. LE DIAGNOSTIC POSITIF DES MYCOSES BUCCALES

Il est basé sur la clinique et l’examen de laboratoire après un prélèvement mycologique qui permet :

  • L’examen mycologique spécifique
  • La mise en évidence du champignon
  • La reconnaissance de l’espèce
  • La quantification des colonies sur la culture, qui aide à la décision thérapeutique :
    • Moins de 30 colonies : la présence de Candida est normale à l’état saprophyte
    • Plus de 30 colonies : mycose qu’il faut traiter

7. LE TRAITEMENT

7.1 Le traitement curatif

Il est à base d’antifongiques. On distingue deux familles :

  • Les polyènes
  • Les dérivés azolés

7.1.1 Les polyènes

  • Amphotéricine B (Fungizone®)
  • Nystatine (Mycostatine®)
  • Ampholiposomes (Ambisome®)

7.1.2 Les dérivés azolés

Utilisés pour application locale ou par voie systémique dans le traitement des mycoses superficielles et profondes.

7.1.2.1 Les imidazolés
  • Miconazole (Daktarin®)
  • Kétoconazole (Nizoral®)
7.1.2.2 Les triazolés
  • Fluconazole (Triflucan®)
  • Itraconazole (Sporanox®)
7.1.2.3 Les fluoropyrimidines
  • 5-Fluorocytosine (Ancotil®)

En pratique, pour les mycoses oropharyngées, on commence par un traitement local à base de bains de bouche composés (Eludril 90 ml, Fungizone 60 ml et eau bicarbonatée à 14 pour mille 500 ml) en attendant les résultats du laboratoire.

Si la mycose est cliniquement évidente, on opte pour l’application topique d’amphotéricine B, de nystatine ou de miconazole. Dans les formes sévères ou après échec des traitements locaux, on passe à la voie systémique.

Le traitement des mycoses profondes est adapté à chaque champignon.

7.2 Le traitement préventif

Il se base sur des conseils hygiéno-diététiques :

  • Nettoyage des prothèses et utilisation de solutions antifongiques
  • Amélioration de la sécheresse buccale
  • Utilisation de bains de bouche à base de solutions alcalines (bicarbonate)

LES MYCOSES DE LA CAVITÉ BUCCALE (Pathologie Bucco Dentaire)

  Une occlusion équilibrée est cruciale pour la santé bucco-dentaire à long terme.
Le contrôle de la plaque dentaire reste la clé de la prévention des parodontopathies.
L’utilisation correcte de la digue en caoutchouc améliore la qualité des soins endodontiques.
Une anamnèse détaillée permet d’éviter de nombreuses complications en chirurgie orale.
Les matériaux dentaires évoluent rapidement, nécessitant une veille technologique constante.
La gestion du stress pré-opératoire fait partie intégrante de la relation patient-praticien.
L’analyse céphalométrique reste un outil fondamental en orthodontie diagnostique.
 

LES MYCOSES DE LA CAVITÉ BUCCALE (Pathologie Bucco Dentaire)

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