Céphalométrie latérale : tracés, points et plans
(Lateral cephalometric tracing, landmarks & planes)
INTRODUCTION :
La téléradiographie (Télé = loin, Graphein = écrire) de profil est un moyen d’investigation des structures cutanées, squelettiques, dentaires et muqueuses. Elle est réalisée :
- Côté gauche contre la cassette porte-film ;
- Utilisation d’un céphalostat pour : l’orientation de la tête par rapport au plan de francfort, l’immobilisation de la tête afin de minimiser le flou cinétique et la reproductibilité des clichés grâce à la constance du rapport entre la distance foyer-objet et objet-film (l’agrandissement) ce qui permet d’effectuer des comparaisons entres 2 stades de croissance et ou de traitement ;
- Rayon directeur perpendiculaire au plan sagittal médian et passant par le centre des olives auriculaires du céphalostat.
- Anatomie téléradiographique de profil et tracés céphalométriques :
Le tracé des structures (molles et dures) permet grâce au raisonnement anatomique qui le précède, d’éviter certaines erreurs de localisation de points remarquables délicats. Le transparent doit être « scotché » sur le film, mais ce dernier ne doit pas être fixé sur le négatoscope de manière à pouvoir tracer certaines grandes courbes, tantôt dans un sens, tantôt dans un autre.
- Tracés des tissus mous cutanés :
- Front (1) : il est plus facile de tracer le grand bombé du front de droite à gauche et de haut en bas en renversant la téléradiographie « tête en bas » ;
- Nez :
- Aile du nez (2.1) ;
- Vestibule nasal (2.2) : apparait comme une masse arrondie blanche.
- Lèvres (3) ;
- Menton (4) : déterminer une éventuelle contracture du muscle mentonnier.
- Œil (5) :
- La cornée est située à environ 1cm en arrière et 1cm en dessous de la suture fronto-nasale.
- En cas de dédoublement, il faut prendre l’œil le plus bas et le plus en arrière qui représente l’œil gauche (le plus poche du film, donc le moins déformé).
- Joue (6) : plage gris clair arciforme à convexité antérieure 1-2mm en arrière de l’aile du nez ;
- Tracés des structures osseuses :
- Complexe fronto-ethmoïdo-nasal :
- Table externe (1) jusqu’à la suture fronto-nasale (2) ;
- Table interne composée d’une portion verticale (3.1) et d’une portion horizontale (3.2) et se termine au niveau de la suture fronto-ethmoïdo-sphénoïdale (4) ;
- Sinus frontal (5).
- L’os nasal (N).
- L’os éthmoïde : la lame criblée de l’ethmoïde (E) qui se poursuit avec l’os nasal, Elle se trouve 3-8mm en dessous de la portion horizontale de la table interne du frontal.
- Cavité orbitaire et processus zygomatique du maxillaire :
- Plafond de l’orbite (1) : se termine en arrière au niveau du processus clinoïde antérieur (2) ;
- Bord latéro-orbitaire (3) ;
- Plancher de l’orbite (4) : ligne courbe de 1-2cm.
Rq : la cornée est à égale distance des points orbital supérieur et orbital inférieur, quand le regard est horizontal. Donc, l’infra- orbital doit être recherché à une distance égale à celle qui sépare l’œil du point orbital supérieur.
En cas de dédoublement, il faudra mesurer à l’aide d’un
compas à pointes sèches, la distance qui sépare les 2 planchers et les 2 plafonds des orbites (D et G). La cavité orbitaire la moins agrandie est forcément la gauche et celle qu’il faudra choisir.
On dessine en même temps le processus zygomatique du maxillaire :
- Paroi antérieure (5) ;
- Paroi inférieure « key-ridge » (6) ;
- Paroi antérieure de la fosse temporale (7).
- Sphénoïde :
- Corps du sphénoïde :
- Face antérieure du corps du sphénoïde (1) : de la suture fronto-ethmoïdo sphénoïdale au sommet de la fente ptérygo-palatine ;
- Jugum sphénoïdal (2) : en continuité avec la portion horizontale de la table interne du frontal et de la lame criblée de l’ethmoïde ;
- Sillon chiasmatique (3) : immédiatement en arrière du jugum sphénoïdal jusqu’au processus clinoïde antérieure (4) ;
- Selle turcique (5) : jusqu’au processus clinoïde postérieur (6) ;
- Dos de la selle turcique (clivus sphénoïdal) (7) : jusqu’à la suture sphéno-occipitale (8) ;
- Sinus sphénoïdal (9).
- Grande aile :
- Face endocrânienne (10) ;
- Face exocrânienne (11).
- Processus ptérygoïde (12) : on ne le trace pas. On repère sa face antérieure dans sa moitié supérieure car elle constitue la paroi postérieure de la fosse ptérygo-palatine.
- Fosse ptérygo-palatine (anciennement fente ptérygo-maxillaire) :
Elle a une forme d’une goutte d’eau renversée ; limitée en arrière par la face antérieure du processus ptérygoïde et en avant par la tubérosité maxillaire/ sinus maxillaire.
- Occipital :
- Basi occipital (1) :
Son image radiologique a l’aspect d’un triangle à base antéro- supérieure, laquelle s’articule avec la face postérieure du corps du sphénoïde au niveau de la suture sphéno-occipitale (SSO).
- Ecaille de l’occipital (2) :
Avec ses tables interne et externe, qui s’articule en haut avec le pariétal au niveau de la suture lambdoïde.
- Vertèbres cervicales :
On trace les 4 premières vertèbres cervicales (C1 Atlas, C2 Axis, C3 et C4).
Les vertèbres cervicales aux âges orthodontiques n’ont pas terminé leur calcification et peuvent aider à la détermination de l’âge osseux selon l’aspect du corps vertébral (LAMPARSKI).
- Complexe temporal :
- Rocher :
- Face supérieure (1) ;
- Le M.A.I. (méat acoustique interne) (2) : se présente comme une image radio-claire arrondie, de 3-4 mm de diamètre, à 5 mm environ en dessous de la face supérieure du rocher ;
- Le M.A.E. (méat acoustique externe) (3) : se trouve dans le quadrant antéro-inférieur par rapport au M.A.I. Son image est ovalaire à grand axe oblique en haut et en avant, incliné à 45°, et mesurant de 8-10 mm.
L’image a un double aspect : le 1/3 inférieur est radio- clair et délimite une image en forme de croissant. Elle a environ 2-3 mm de haut. Alors que les 2/3 supérieurs sont moins sombres, venant compléter l’image ovalaire.
Le point Po osseux, situé au sommet du M.A.E, ne doit être en aucun cas situé plus haut que le bord inférieur du M.A.I et le sommet de la cavité glénoïde.
- Condyle temporal (4) : image radio-opaque, toujours très visible due à la grande densité osseuse à cet endroit.
- Maxillaire supérieur :
- Sinus maxillaire (1) :
Sa paroi supérieure se trouve toujours au-dessus de l’image du plancher de l’orbite (sauf chez les très jeunes enfants et les micromaxillies où le sinus n’a pas atteint son développement maximal).
- Palais dur :
Il est formé par les processus palatins des maxillaires pour les 3/4 antérieurs et les lames horizontales des os palatins pour le 1/4 postérieur.
- Face supérieure : correspond au plancher des fosses nasales (2.1) de l’ENA (qui doit être recherchée très près de l’aile du nez) à l’ENP. Dans 75 % des cas environ, elle est rectiligne, Dans 25 % le canal incisif (CI.) sépare le palais primaire du palais secondaire (DELAIE) ;
- Face inférieure : correspond à la voute palatine (2.2).
- Denture :
- L’incisive supérieure : on dessine la dent la plus antérieure.
Dans le cas de dédoublement d’images, il faut bien coordonner les parties appartenant au même organe dentaire et ne pas prendre une face vestibulaire de 11 et un cingulum de 21.
- La 1ère molaire supérieure : doit être représentée par 2 racines, 2 cuspides vestibulaires.
- Mandibule :
- Symphyse mentonnière : sa forme est un témoin du schéma de croissance mandibulaire (type de rotation mandibulaire selon BJORK).
- Corticale interne (1.1) : visible depuis 1-2 mm sous le collet anatomique lingual de l’incisive inférieure. Elle s’incurve ensuite pour cesser d’être visible. Elle est doublée extérieurement par la corticale externe (1.2) qui part du collet anatomique de l’incisive inférieure.
- Bord inférieur (2) : il y a presque toujours des dédoublements d’image à son niveau. En cas de dédoublement : si le patient est symétrique, on trace la structure latérale la plus basse et le plus en arrière qui est la structure gauche (la moins agrandie). En cas de dissymétrie
les dédoublements ne sont plus homothétiques.
- Bord postérieur (3) ;
- Condyle mandibulaire (4) ;
- Echancrure sigmoïde (5) ;
- Processus coronoïde (6) ;
- Bord antérieure de la branche montante (7) ;
- Denture : les principes sont les mêmes que ceux déjà énoncés pour le maxillaire. Pour la 1ère molaire inférieure, Il faut prendre les 3 cuspides vestibulaires.
- Os hyoïde :
Il est normalement situé en regard du disque inter-vertébral C3-C4.
- Chez le jeune enfant et l’adolescent : l’os hyoïde se présente en 2 parties distinctes : le corps
(1) et les grandes cornes (2) ;
- Chez l’adulte, il présente une continuité entre corps et grandes cornes du fait de l’ossification complète de la portion cartilagineuse.
- Tissus mous naso-oro-pharyngés (à ne pas tracer) :
- Les cornets nasaux supérieur, moyen et inférieur (1) ;
- La paroi postérieure du nasopharynx : elle décrit normalement une courbe harmonieuse à concavité antéro-inférieure depuis l’angle postérieur de la face inférieure du corps du sphénoïde jusqu’à l’arc antérieur de l’atlas. Cette image est assez souvent modifiée par une masse semi-lunaire qui est l’image radiologique de tonsilles nasales (végétations adénoïdes) (2) ;
- La paroi postérieure de l’oropharynx (3) ;
- L’orifice supérieure de l’œsophage (4) ;
- L’épiglotte (5) ;
- Le palais mous (6) : prolonge obliquement en arrière et en bas le palais dur ;
- Les tonsilles palatines (amygdales palatines) (7) : une masse ovalaire à grand axe vertical en arrière et en dessous de l’extrémité inférieure du palais mou (chez certains individus) ;
- La langue (8).
- Les points remarquables :
A partir des structures précédemment reconnues, il est possible de repérer différents points osseux (o) et cutanés (c). Ils permettront la détermination des lignes et des plans nécessaires aux différentes analyses céphalométriques.
- Les points médians :
- Point trichion, Tr (c) : point situé à la racine des cheveux sur la ligne médiane.
- Point ophryon (c) : c’est le point de rencontre entre le PSM et la ligne passant par le bord supérieur des sourcils.
- Point glabelle, Gl (c, o) : c’est le point le plus saillant de la partie inférieure du front entre les arcades sourcilières.
- Point sellion, S : c’est le centre de l’image de la selle turcique, déterminé par inspection.
- Point nasion, Na (c, o) :
- Na cutané : c’est le point le plus postérieur de l’ensellure nasale ;
- Na osseux : c’est le point le plus antérieur de la suture naso-frontale.
- Point sous-nasal ; Sn (c) : c’est le point de jonction entre la lèvre supérieure et le nez.
- Épine nasale antérieure, ENA (o) : pointe de l’épine nasale antérieure.
- Épine nasale postérieure, ENP (o) : pointe de l’épine nasale postérieure, située à l’extrémité du palais osseux à l’aplomb de la fente ptérygomaxillaire.
- Point A (o) : c’est le point le plus reculé de la concavité alvéolaire antéro-maxillaire (limitée par l’ENA et le point Pr).
- Point prosthion, Pr : c’est le point le plus antérieur de l’image des procès alvéolaires supérieurs, entre les incisives centrales supérieures.
- Point infra-dental, Id : c’est le point le plus antérieur de l’image des procès alvéolaires inférieurs, entre les incisives centrales inférieures.
- Point stomion, St : point à la jonction des lèvres supérieure et inférieure, ou point le plus inférieur de la lèvre supérieure en cas d’inocclusion labiale.
- Point B (o) : c’est le point le plus reculé de la concavité alvéolaire antéro-mandibulaire. Il se situe, en moyenne, en regard de l’apex de l’incisive inférieure.
- Pogonion, Pog (c, o) : c’est le point le plus saillant (antérieur) du menton/ de la symphyse mentonnière.
- Gnathion, Gn : point construit à l’intersection de la bissectrice de l’angle formé par « le plan facial (Na-Pog) et le plan mandibulaire de DOWNS » avec la symphyse mentonnière (situé entre le point Pog et le point Me).
- Menton, Me (c, o) : c’est le point le plus inférieur du menton/ de la symphyse mentonnière.
- Les points latéraux :
- Point sous-orbitaire ou orbital, Or (c, o) : c’est le point le plus déclive (inférieur) du rebord latéro-orbitaire.
- Point porion, Po (o) : point construit. C’est le point le plus haut du méat acoustique externe.
- Point gonion, Go (c, o) : point construit, à l’intersection de la bissectrice de l’angle formé par
« le bord postérieur de la branche montante et le plan mandibulaire de DOWNS », avec l’angle mandibulaire.
- Les plans et les lignes :
- La ligne selle turcique- Nasion : c’est une ligne de référence de la base du crâne. Elle est très utilisée car elle est facile à repérer et stable après l’âge de 8 ans.
- Le plan de Francfort : il relie le point sous-orbitaire et le point porion.
- Le plan palatin ou bispinal : il joint l’ENA et l’ENP.
- Le plan d’occlusion : relie le milieu d’engrènement des 1ères molaires et du recouvrement incisif.
- Le plan mandibulaire de DOWNS : passe par le point Me et tangent à l’angle mandibulaire.
- Le plan facial : il joint le point Na osseux au point Pog osseux.
- L’axe Y : c’est l’axe joignant le point S et le point Gn. Il donne la direction générale de la croissance faciale.
- Axes incisifs supérieur et inférieur : correspondant au grand axe des incisives centrales. On utilise, en général, la dent la plus vestibulée.
- Ligne esthétique E de RICKETTS : elle joint la pointe du nez au Pog cutané.
- Ligne esthétique S de STEINER : elle joint le milieu de la base du nez au Pog cutané.
- Schéma récapitulatif des différentes structures anatomiques à tracer, des points remarquables, des plans et des lignes :
CONCLUSION :
Les tracés céphalométriques sont utilisés pour préciser la localisation des points remarquables et donc faciliter les analyses céphalométriques. De ce fait une bonne connaissance de l’anatomie crânio-faciale est primordiale.
Bibliographie :
- BASSIGNY F. Manuel d’orthopédie dento-faciale. Masson.1983, 218p.
- BOURRIAU J, CABOT I, FOUCART J-M. Téléradiographie. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), Odontologie/Stomatologie, 23-455-E- 10, 1999, 9 p.
- DELAIRE J. Les signes téléradiographiques de la respiration buccale. Bulletin de l’UNIODF. 2008, 35 : 4-19.
- GAUDY J-F. Anatomie clinique. Ed CDP.2003, 201p.
- NETTER F-H. Atlas d’anatomie humaine. Elsevier Masson, 7ed 2019. 672p.
- VION P.E. Anatomie céphalique téléradiographique. Ed SID.1997, 183p.
Céphalométrie latérale : tracés, points et plans
Une occlusion équilibrée est cruciale pour la fonction masticatoire et la santé articulaire.
Le contrôle de la plaque dentaire reste la meilleure prévention contre les gingivites.
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L’occlusion influence la mastication et l’équilibre de l’articulation temporo-mandibulaire.
L’analyse du sourire guide les traitements esthétiques antérieurs.
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Céphalométrie latérale : tracés, points et plans

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.