Examen clinique en odontostomatologie
1 -Introduction
- L’examen clinique correspond à l’ensemble des renseignements permettant de poser un diagnostic et d’établir un plan de traitement.
- Le contact praticien-patient comprend :
- L’interrogatoire.
- L’examen exo-buccal.
- L’examen endo-buccal.
- Les examens complémentaires.
- Le diagnostic.
- Le plan de traitement.
Conduite de l’examen clinique en stomatologie
A/ L’interrogatoire
L’interrogatoire approfondi permet de :
- Reconnaitre un patient pour lequel une intervention chirurgicale ou une prescription peut comporter un risque.
- Rattacher les signes buccaux de l’examen clinique à des maladies générales.
- Protéger l’odontologiste et ses auxiliaires contre une maladie contagieuse.
- Pouvoir éclairer et conseiller le patient sur la mise en œuvre d’un plan thérapeutique
* L’état civil :
- Nom et prénom : identification du patient.
- Age : certaines maladies qui sont en rapport avec des tranches d’âge bien définie,
- précautions nécessaires en cas de prescription.
- Profession : certaines professions peuvent avoir des répercussions au niveau de la
- cavité buccale (cordonniers, pâtissiers, couturières…)
- Adresse : pour découvrir les régions endémiques exemple : fluorose au sud.
- Téléphone ou Email :
- pour contacter le patient
- fixer des rendez-vous.
Motif de consultation :
Fonctionnel : gene fonctionnelle, douleur, mobilité dentaire, tuméfaction…
- Orthodontique : ex : extraction pilotée pour créer de l’espace en cas de chevauchement dentaire.
- Prothétique : extractions pour réaliser une prothèse.
- Préventif : consultations périodiques tous les 3 ou 6 mois.
* Histoire de la maladie :
Ex : Apparition de la douleur :
- Caractère de la douleur (spontanée ou provoquée…)
- Siège
- Localisée ou irradiante.
- Association des troubles généraux : fatigue, fièvre, amaigrissement, … .
- Prise de médicaments et leurs effets.
Antécédents :
* Antécédents personnels : certains états pathologiques nécessitant des précautions particulières (affection cardio- vasculaire, endocrinienne…)
Antécédents médicaux : prise médicamenteuse ayant une répercussion sur l’hémostase (les anticoagulants) par exemple.
Antécédents chirurgicaux : est-ce que le patient a déjà subi une intervention chirurgicale ? Si oui quand et pourquoi.
Habitudes de vies : tabac, alcool, …
Modifications physiologique : grossesse, vieillissement …
* Antécédents familiaux : à la recherche de certaines maladies héréditaires.
B/ Examen clinique proprement dit
- L’examen en stomatologie fait appel principalement à l’« inspection » et à la « palpation », issus du latin inspectare et palpare signifiant respectivement examiner par la vue et explorer par les mains.
- Le patient est installé confortablement sur le fauteuil et il faut le rassurer. Un équipement adapté (éclairage de bonne qualité et une instrumentation spécifique type miroirs plans, sonde, précelle, abaisse-langue,….) est également nécessaire.
Classiquement, l’examen clinique en stomatologie est divisé en deux temps, l’un exobuccal hors de la cavité buccale l’autre endobuccal concernant directement la
Figure: plateau de consultation https://fr.123rf.com/photo_17272031_ensemble-d-outils-de- mat%C3%A9riel-m%C3%A9dical-pour-les-soins-dentaires- dents-sur-le-plateau-st%C3%A9rile.html
Examen exobuccal
L’inspection
Débute, en réalité, dès l’interrogatoire, par l’observation de certains signes parfois évidents. Elle doit néanmoins se faire méthodiquement. La sphère cervicofaciale s’apprécie étage par étage selon trois incidences principales (face, profil, incidence axiale).
Sont analysés successivement :
- les téguments : coloration, souplesse, présence d’éventuelles lésions cutanées (plaies, tumeurs, éruptions, cicatrices…) ;
- les déformations sous-jacentes.
- la posture de la tête sur le cou, la motricité faciale…
- La palpation :
Elle doit être douce et réalisée avec un ou plusieurs doigts, une ou deux mains et elle permettra :
– De préciser les limites d’une éventuelle lésion, sa consistance, sa mobilité sur les plans sous et sus jacents, son volume et l’existence de crépitation et de douleurs.
-De préciser l’état des reliefs osseux (dans un contexte traumatologique : décalage, mobilité anormale)
-De tester la sensibilité des divers territoires nerveux, les aires ganglionnaires cervicales, les articulations temporomandibulaires….
Examen de la cinétique mandibulaire :
Il se pratique en demandant au patient d’ouvrir et de fermer la bouche très lentement plusieurs fois permettant de préciser :
- L’amplitude de l’ouverture buccale
- Le cheminement des condyles mandibulaires
- L’existence de douleurs ou de bruits articulaires
La palpation prétragienne ou endoaurale peut objectiver des
douleurs provoquées
Figure . Palpation prétragienne du condyle
Figure . Palpation endoaurale du condyle
18
mandibulaire. mandibulaire
Examen de la sensibilité faciale
La recherche d’un trouble sensitivomoteur facial doit être systématique dans de nombreux domaines : traumatologie, cancérologie, chirurgie buccale ou maxillaire.
Figure . Étude des territoires sensitifs de la face. V1
: nerf ophtalmique ; V2 : nerf maxillaire ; V3 : nerf mandibulaire ; PCS : plexus cervical superficiel.
19
Examen des aires ganglionnaires cervicofaciales
La recherche d’adénopathie cervicofaciale est indispensable lors de tout examen clinique s’orientant vers un contexte néoplasique, mais aussi infectieux ou hématologique . Après un premier temps d’inspection, l’examinateur se place derrière le patient et réalise une palpation de la région cervicale en légère flexion .
Exploration des chaines ganglionnaires :
A la recherche d’adénopathies cervico-
faciales .
- Siège : sous mental, sous mandibulaire,…
- Nombre : unique ou multiple.
- Consistance : dure ou ferme
- Sensibilité : indolore ou sensible
- Mobile ou fixe au plan profond. Figure . Palpation des aires ganglionnaire
cervicales.
Examen endobuccal
-L’examen de la cavité buccale débute par une simple inspection en ouverture buccale. Ce premier temps donne une vision partielle de la cavité buccale, principalement du palais, de la face interne des joues, de la face dorsale linguale et des faces occlusales dentaires.
- L’examinateur demande ensuite au patient de tirer la langue, ce qui permet l’inspection d’une partie de l’oropharynx (pilier du voile, luette et paroi postérieure du pharynx
L’abaisse-langue est ensuite utilisé, avec douceur, sur la face latérale et ventrale de la langue, afin d’exposer les planchers latéraux et antérieurs
Figure . Inspection de la cavité
buccale en ouverture
Figure . Inspection de la cavité buccale et de
l’oropharynx
Examen clinique détaillé par régions anatomiques
Orifice buccal et lèvres
Il s’agit du premier temps d’examen lorsque le patient entrouvre les lèvres . À l’état statique sont analysées la forme
et les dimensions de l’orifice buccal, l’état de la muqueuse labiale (sécheresse lors de ventilation buccale…), la compétence labiale, alors que l’examen dynamique note principalement la tonicité de l’orbiculaire.
Langue
Cet organe est d’abord observé sous un angle statique. Son examen peut être facilité en la tractant avec deux doigts après avoir entouré sa pointe d’une compresse.
- L’inspection permet d’apprécier plusieurs paramètres :
- la forme : allongée ou étroite ;
- le volume : macroglossie vraie ou relative, microglossie très
rare ;
- la situation par rapport aux dents et au pharynx ;
- l’aspect de la muqueuse : couleur, sensibilité, hyperplasie des papilles ou au contraire langue dépapillée (pouvant être de type « géographique »), lésions type ulcération ou tumeur.
- La langue est ensuite étudiée au cours de ses différentes fonctions, déglutition et phonation, en notant sa position, sa mobilité et le rôle du frein (dont la brièveté peut entraîner une ankyloglossie avec impossibilité d’élévation ou de protraction
Figure . Traction de la langue à l’aide d’une
compresse.
Freins de lèvre et de langue
Le frein lingual est apprécié en demandant au patient de
plaquer la langue au palais ou de tirer la langue vers l’avant. L’examen des freins labiaux est réalisé en écartant les lèvres . Les freins sont appréciés selon :
-leur aspect (normal ou hypertrophique),
-leur longueur (souple ou court)
-leur conséquence(ankyloglossie pour les freins linguaux, et pour les
freins labiaux diastème interincisif supérieur, récession gingivale
26
Muqueuse buccale
L’examen des muqueuses buccales ne peut pas être schématisé, on peut cependant émettre un certain nombre de principes. Le diagnostic repose d’abord sur l’analyse minutieuse des lésions visibles et palpables
– en présence d’une tuméfaction muqueuse ou sousmuqueuse
(voussure), il est important de décrire le siège, les
limites anatomiques, les dimensions, la consistance (osseuse en cas de torus ou de kyste des maxillaires, rénitente en cas de lésions malignes, fluctuante lors d’hématome ou d’abcès..
Glandes salivaires
Les glandes salivaires : examiner les orifices des canaux excréteurs des glandes (parotide, submandibulaire, …) en surveillant la qualité et la quantité de la salive.
Figure . Inspection du plancher
buccal et des ostia de Wharton.
Figure . Palper bimanuel du plancher buccal
Figure . Inspection de la face interne de la
joue et de l’ostium de Sténon
Denture et parodonte
Cet examen s’intéresse à l’organe dentaire mais aussi aux tissus de soutien voisins (cément, desmodonte ou ligament dentoalvéolaire, os alvéolaire et gencive),
Il vise à analyser :
- la formule dentaire (nombre et situation des dents
- l’hygiène buccodentaire (gingivite et plaque tartrique), l’état des soins dentaires, l’haleine (halitose, éthylisme…) ;
- les arcades dentaires : encombrements ou
malpositions dentaires, absences (agénésies, inclusions) et pertes dentaires (avulsions) ;
- l’organe dentaire : anomalies morphologiques (micro- ou plus fréquemment macrodonties) ; abrasions, fractures et caries dentaires ; anomalies de couleur par comparaison
aux autres dents (teinte grisâtre en cas de mortification)
Figure . Inspection dentaire au miroir. Figure . Inspection de l’occlusion en
intercuspidation maximale
Examen de la dent causale :
- numéro de la dent, aspect, profondeur de carie, son siège et sa couleur.
- testde vitalité (froid, chaud,…)
- Teste à la sonde
- Percussion axiale et transversale
- Degré de la mobilité
Les examens complémentaires
- – Les examens radiologiques :
⤿ Examens radiologiques bidimentionnels :
- Les clichés intra-buccaux : Rétro-alvéolaire : c’est le plus utilisé au cabinet dentaire car il donne une meilleure précision des structures dentaires et péri dentaires. Il existe d’autres clichés comme : les clichés occlusaux, radio-visionographie RVG
- Les clichés extra-buccaux : la radio panoramique est la plus demandée, donne une vue d’ensemble des arcades dentaires.
⤿ Examens radiologiques tridimentionnels : tels que le cone beam, la tomodensitométrie (TDM) ou scanner, imagerie par résonnance magnétique IRM.
- – Les examens biologiques :Les examens biologiques les plus demandés sont : FNS, VS, Glycémie, TP …
- -Les examens anatomopathologiques (biopsie…) : consiste à étudier une pièce ou un frottis prélevé au niveau d’une lésion « en cas de tumeurs par exemple ».
Figure : panoramique dentaire
Diagnostic:
⤿ Diagnostic étiologique :
consiste à citer les causes de la maladie.
⤿. Diagnostic différentiel :
comparer les affections ayant des points communs. l’aboutissement à un diagnostic de certitude se fait progressivement en éliminant au fur et à mesure les affections dont les signes cliniques et radiologique ressemblent à la maladie en cause mais qui diffèrent par au moins un élément.
⤿. Diagnostic positif :
c’est le diagnostic de certitude qui sera retenu parmi les diagnostics probables, il consiste à détecter l’affection odontostomatologique. il peut s’agir de:
- Pulpite – Parodontite apicale – cellulite – dysfonctionnement de l’atm – les gingivites – stomatites – tumeurs bénignes ou malignes
- les fractures
Conclusion
L’examen clinique en stomatologie demeure l’étape initiale déterminante à plusieurs titres :
- Sur le plan médical, un examen minutieux et bien orienté permet la recherche d’éléments cliniques déterminants aboutissant à une meilleure hypothèse diagnostique et, par conséquent, à une prise en charge plus efficace du patient ;
- Sur le versant « économique de la santé », l’examen clinique possède certainement le meilleur rapport coût-efficacité. Il aboutit à la demande d’examens complémentaires bien orientés
•Enfin la relation médecin–malade est hautement conditionnée par ce premier contact. Le rapport de confiance du patient et toutes ses conséquences en découlent.
Examen clinique en odontostomatologie
Une bonne hygiène bucco-dentaire repose sur un brossage efficace et l’usage régulier du fil dentaire.
Le diagnostic précoce des caries permet des soins moins invasifs et une meilleure conservation dentaire.
Maîtriser les techniques d’anesthésie locale améliore le confort du patient pendant les soins.
Les maladies parodontales demandent une approche pluridisciplinaire pour prévenir la perte dentaire.
L’occlusion influence la mastication et l’équilibre de l’articulation temporo-mandibulaire.
Les progrès en implantologie offrent des solutions durables et esthétiques pour les dents absentes.
Bien communiquer avec le patient favorise sa compréhension et son adhésion au traitement proposé.
Examen clinique en odontostomatologie

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.