La mise en condition préprothétique
1. Introduction
Il est rare qu’un patient qui se présente à la consultation soit prêt à être appareillé avec une prothèse totale. On doit le préparer avant d’entreprendre le traitement afin d’assurer le succès de ce dernier.
II. La mise en condition psychique
L’édentation totale est vécue comme un traumatisme psychologique pour le patient. Elle évoque le vieillissement et l’impotence.
La relation praticien-patient est décisive. Le praticien doit écouter attentivement les doléances et les attentes du patient. L’examen clinique ne doit débuter qu’après l’installation d’un climat de confiance. Le médecin dentiste doit être attentif, ferme et rassurant à la fois. Il doit également aborder chaque patient selon son profil psychologique.
Certains patients avec un passif particulièrement douloureux avec la prothèse dentaire nécessitent des séances de relaxation, voire de la sophrologie (technique proche de l’hypnose) afin d’aborder sereinement leur traitement. Ceci concerne notamment les personnes ayant un réflexe nauséeux.
III. La mise en condition tissulaire
Le traitement prothétique optimal d’une édentation totale dépend étroitement de la qualité des tissus destinés à supporter la future prothèse complète.
(1) Indications
- Prothèse actuelle aux dimensions particulièrement réduites risquant d’interdire la réalisation d’une prothèse plus large difficilement acceptée par l’édenté.
- Existence de tissus hyperémiés, sensibles, ou blessés par une prothèse mal conçue.
- Écrasement des tubercules rétromolaires ou des tubérosités.
La mise en condition tissulaire vise à :
- Redonner à tous les tissus mous en contact avec la prothèse totale un comportement physiologique favorable.
- Élargir au maximum les surfaces d’appui.
- Augmenter de façon optimale l’espace biofonctionnel qui sera occupé par la prothèse.
- Participer à l’intégration organique extéroceptive et proprioceptive des prothèses (corps étrangers).
Définition
On appelle matériau de mise en condition tout matériau plastique ou élastique appliqué de façon temporaire dans l’intrados, sur les bords ou sur l’extrados d’une prothèse afin de permettre aux tissus en contact avec lui de retrouver leurs caractéristiques histologiques, anatomiques et physiologiques se rapprochant le plus de la normale.
Les matériaux utilisés pour la mise en condition tissulaire
Les matériaux utilisés sont des résines acryliques à prise retardée. Elles sont commercialisées sous les noms : Hydrocast, Coe Comfort, Ivoseal, Viscogel, etc. Elles se présentent sous la forme de deux produits : une poudre et un liquide.
- La poudre : Constituée le plus souvent par des copolymères de méthacrylate d’éthyle et de méthacrylate de méthyle ou d’acrylate d’éthyle.
- Le liquide : En général une solution alcoolique d’un plastifiant, le phtalate de butyle. Un élément aromatique est ajouté afin de donner un goût agréable au mélange.
Caractéristiques mécaniques
i) Préparation du mélange
Suivant les doses préconisées par le fabricant, en général un volume de liquide pour 2/3 du volume en poudre.
ii) Propriétés du mélange
Les différentes phases qui caractérisent l’évolution du mélange sont :
- Phase physique ou de fluidité :
- Le liquide est versé en premier dans un godet en verre, et la poudre est lentement incorporée au liquide.
- Le mélange est homogène au bout de 10 à 15 secondes de spatulation.
- Cet état dure 2 ou 3 minutes, caractérisé par sa fluidité optimale.
- Phase chimique :
- La réaction entre la poudre et le liquide commence, le mélange devient collant.
- Cette phase dure 2 ou 3 minutes, c’est une phase d’attente.
- Phase plastique :
- C’est à ce moment que l’insertion en bouche est effectuée.
- Au début : une grande viscosité facilite l’insertion en bouche.
- Au bout de 3 à 5 minutes apparaît une plasticité apte à enregistrer le mouvement des insertions ligamentaires et musculaires au cours des différentes fonctions.
- Phase d’élasticité :
- S’étale sur une à trois semaines.
- Phase granuleuse de dessiccation :
- Le matériau perd le caractère de confort et devient granuleux et irritant pour la muqueuse.
Action sur les tissus
- Absence d’agression ou de compression.
- Le relâchement réflexe des fibres musculaires.
- L’élargissement de la surface d’appui.
Techniques de mise en condition tissulaire
a) Préalables indispensables
Avant tout traitement préprothétique, il importe d’exiger la suppression des prothèses défaillantes. Dans 80 % des cas, on aboutit à une guérison totale ou partielle au bout de deux semaines. Une hygiène rigoureuse est exigée, et parfois un traitement médical est prescrit.
La prothèse transitoire
- Si le patient est déjà appareillé, et que ses prothèses sont stables, correctement conçues (DV, POP, etc.), elles peuvent être utilisées comme véhicule pour le matériau de mise en condition.
- Si les anciennes prothèses nécessitent des corrections (reliefs occlusaux, DV, etc.), elles seront effectuées avant la mise en condition. On peut également dupliquer les anciennes prothèses et s’en servir pour la mise en condition tissulaire.
- Si le patient n’a pas de prothèse, une prothèse transitoire sera conçue selon le protocole de réalisation de prothèse totale.
b) La technique indirecte
Une technique est dite indirecte lorsqu’elle intervient au laboratoire sur des modèles en plâtre.
- Avantage : Préserver les rapports intermaxillaires.
- Procédure :
- L’intrados de la prothèse est garni de résine à prise retardée puis inséré en bouche.
- L’occlusion est vérifiée, puis une conversation est engagée.
- Ensuite, la prothèse est mise en occluseur, l’intrados est vérifié ; on ne doit pas voir la prothèse à travers la résine retardée, sinon, on procède à des meulages.
- Le matériau est retiré en totalité. Puis on procède à un nouveau garnissage de l’intrados, et remise sur le modèle et polymérisation dans un bain à 37°C.
- Après gélification du matériau, la prothèse est séparée du modèle et les excès supprimés.
- La prothèse est insérée en bouche. L’opération est renouvelée tous les trois jours.
c) Technique directe
- Les insertions frénales et ligamentaires sont largement libérées.
- L’intrados prothétique est garni du matériau de mise en condition tissulaire à la phase plastique.
- Le patient est guidé en relation centrée, puis il est amené à parler pour modeler les bords.
- Après gélification, la prothèse est retirée et l’intrados et les bords contrôlés. S’il existe des zones de compression, elles seront déchargées, le matériau retiré entièrement, puis on procède comme précédemment.
- Le patient est revu 3 à 4 jours plus tard et l’opération renouvelée jusqu’à obtention des résultats escomptés.
La mise en condition neuromusculaire et neuroarticulaire
La mise en condition neuromusculaire et neuroarticulaire vise à effacer des réflexes erronés et à symétriser l’action des muscles masticateurs. Cette rééducation consiste en des exercices.
1) Exercices linguaux
Protraction-Rétraction
- Des exercices de protraction prolongée maximale de la langue seront prescrits trois fois par jour pendant 15 jours.
- Ils seront suivis de mouvements de rétraction de même amplitude et de même durée.
Rotation
- La bouche grande ouverte, des mouvements de rotation de la langue dans un sens puis dans l’autre sont prescrits.
Relaxation
- Le patient devra chercher à créer une concavité sur la face dorsale de la langue.
2) Exercices de tension et de relâchement musculaire
Ils ont pour but de donner aux muscles élévateurs et propulseurs de la mandibule une élongation symétrique. Le patient est prié d’exécuter trois fois par jour chacun des exercices suivants :
- Ouvrir la bouche au maximum, maintenir cette position jusqu’à fatigue des muscles et revenir à la position de repos, puis d’occlusion.
- Mouvement de latéralité droite extrême, puis occlusion centrée.
- Mouvement de latéralité gauche extrême, puis occlusion centrée (10 fois).
- Ouvrir la bouche, placer la pointe de la langue sur le bord postérieur de la prothèse et élever lentement la mandibule jusqu’à ce que les deux arcades entrent en contact.
3) Traitement préprothétique de la relation maxillo-mandibulaire
- Souvent, la dimension verticale est sous-évaluée. Elle devra être augmentée progressivement à sa valeur optimale, soit par des apports de résine au niveau des faces occlusales, soit en épaississant la plaque palatine amenant ainsi la mandibule plus bas.
- Afin de replacer les condyles en relation centrée, il faut effacer les réflexes erronés, et ce, en surélevant la dimension verticale d’occlusion, puis retour progressif à la DVO.
L’équilibre prothétique est lié systématiquement à la qualité de la surface d’appui. Devant un tissu de revêtement altéré, le praticien doit penser avant tout à un assainissement visant à redonner un comportement physiologique, histologique, et anatomique favorable pour une réhabilitation prothétique de qualité.
La mise en condition préprothétique
Une bonne hygiène bucco-dentaire est la base de la prévention des caries et des maladies parodontales.
La maîtrise des techniques d’anesthésie locale est essentielle pour le confort du patient lors des soins dentaires.
Un diagnostic précoce des lésions carieuses permet des traitements moins invasifs et plus conservateurs.
La communication avec le patient est aussi importante que la technique pour instaurer une relation de confiance.
Les nouvelles technologies, comme la CFAO, révolutionnent la dentisterie moderne.
La formation continue est indispensable pour rester à jour sur les avancées en implantologie et en matériaux dentaires.
Le respect des protocoles d’asepsie au cabinet est crucial pour éviter les infections croisées.
La mise en condition préprothétique

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.