Les vitamines en médecine dentaire

Les vitamines en médecine dentaire

INTRODUCTION

La cavité buccale est un indicateur sensible de l’état nutritionnel. Une carence peut dans certains cas se faire apercevoir au niveau buccal sous forme d’une lésion non spécifique.

Les vitamines sont surtout indiquées dans les états de carence, car en dehors de cette indication, leur utilisation reste empirique sans résultats probants.

1. DÉFINITIONS

− Vitamines : ce sont des substances organiques indispensables. Actives à faible dose, la plupart d’entre elles ne sont pas synthétisées par l’organisme lui-même ; elles doivent être fournies par l’alimentation. Étymologiquement, le terme signifie «amines nécessaires à la vie ».

Les vitamines sont en fait des structures variées et ne sont pas toutes des amines. Il s’agit d’un groupe de molécules chimiquement très hétérogènes.

− Avitaminose : c’est une carence en vitamine, qui peut être totale ou partielle, isolée ou associée à d’autres carences, notamment en oligoéléments.

Les causes sont nombreuses (carence d’apport alimentaire, carence d’absorption, soit carence par besoins majorés).

2. ETIOLOGIES DES CARENCES

• Les carences d’apport lorsque l’alimentation est insuffisante (pauvreté, anorexie…)
• Les carences d’absorption lorsque les vitamines sont insuffisamment absorbées par l’intestin
• Les carences d’utilisation au cours de certaines maladies.
• Les carences relatives liées à une augmentation des besoins : la croissance, la grossesse, la lactation, lors de traitements médicamenteux particuliers…

3. CLASSIFICATION

1. Vitamines hydrosolubles

→ Vitamines du groupe B :

Les carences en vitamines du groupe B provoquent chez l’homme et l’animal de sérieuses altérations de l’immunité humorale ou cellulaire. Leur déficit se traduit cliniquement par des glossites, stomatites et chéilites angulaires.

• Vitamine B1 : c’est la Thiamine ; coenzyme du métabolisme glucidique.

− Rôle :

• Rôle essentiel dans le métabolisme cellulaire
• La thiamine est essentielle pour le bon fonctionnement du cœur, des muscles et du système nerveux

− Origine : Céréales complètes, les légumes secs, les levures, foie, rein, les produits laitiers…

− Dose quotidienne : 1 à 3 mg/j.

Sa carence conduit au «Béri-Béri», caractérisé par : polynévrite, insuffisance cardiaque, troubles digestifs et mentaux.

Son action pharmacologique neurotrophique à haute dose est utilisée dans les névralgies et névrites du trijumeau ainsi que pour certaines algies des aphtoses.

• Vitamine B2 : c’est la Riboflavine ; impliquée dans de nombreuses réactions d’oxydoréduction.

− Rôle :

Joue un rôle dans la croissance, la synthèse des globules rouges et la reproduction

− Origine :

Produits laitiers, viandes, poissons, œufs et les légumes verts à feuilles (salades, épinards) …

− Dose quotidienne : 1,8 mg/j.

Son déficit conduit à des retards de croissance, une atteinte oculaire, des troubles digestifs et neurologiques et des désordres cutanéo-muqueux (perlèche, chéilite et glossite).

• Vitamine B3 : c’est la vitamine PP.

− Rôle :

• Joue un rôle dans le système digestif, le système nerveux et la peau.
• La vitamine B3 permet la conversion des nutriments en énergie.
• Intervient dans la respiration cellulaire

− Origine : Levure, la viande, le soja …

− Dose quotidienne : 1 à 2mg/j

Sa carence entraîne typiquement la pellagre (maladie de la misère) avec dermatose, diarrhée et démence.

Les manifestations stomatologiques consistent en une stomatite érythémateuse et ulcéreuse. La glossite est habituelle avec glossodynie.

• Vitamine B5 :

C’est l’acide Panthoténique, précurseur du coenzyme A.

Sa carence se traduit par des altérations cutanéo-muqueuses avec troubles de la kératinisation à savoir : chéilite, glossite ainsi que des troubles des phanères (alopécie).

• Vitamine B6 :

C’est un dérivé de la pyridine, importante dans le métabolisme protéique.

Sa carence conduit à des troubles cutanéo-muqueux et neuromusculaires avec anémie microcytaire hypochrome, aphtes, glossodynie.

La prescription de l’association Vitamine B1-B6, peut contribuer à soulager certaines algies orofaciales.

• Vitamine B8 ou H :

La D-biotine est une coenzyme transporteur de radicaux CO2 intervenant dans les réactions de carboxylation.

Sa déficience se manifeste sur le plan stomatologique, par une atrophie en plages ou diffuses des papilles de la langue (qui reste pâle à la différence des autres carences).

• Vitamine B9 (acide folique ou folates):

Les carences en acide folique sont les plus fréquentes des carences vitaminiques observées notamment chez les femmes et les personnes âgées.

Elles se manifestent par des glossites et stomatites très douloureuses avec ulcérations aphtoïdes fréquemment associées. (Effet des anticancéreux antifoliques –méthotrexate).

• Vitamine B12 :

C’est un groupe de Cobalamines. La plus active du groupe B, la vitamine B12 intervient avec l’acide folique dans le métabolisme des purines et pyrimidines.

Elle intervient dans la maturation normale des érythrocytes et des autres éléments du sang ainsi que dans le bon fonctionnement du système nerveux.

• La carence en vitamine B12 de l’anémie de Biermer entraîne une stomatite érosive parfois, mais surtout une glossite dépapillante caractéristique avec glossodynie.

Il peut s’agir de carence d’apport (régime végétarien, malade parasité par le bothriocéphale) ou de carence d’absorption (carence en facteur intrinsèque gastrique dans la maladie de Biermer ou les suites d’une gastrectomie).

• La vitamine B12 aurait aussi été utilisée avec un certain succès dans les névralgies du trijumeau et les glossodynies de la ménopause.

→ Vitamine C :

C’est l’acide l-ascorbique. Elle participe à la synthèse du collagène, au métabolisme de la tyrosine, du fer, des hormones surrénaliennes, des cellules impliquées dans les réactions immunitaires, etc.

Parmi les meilleures sources, il faut citer les fruits (par ordre décroissant : cassis, fraise, citron, orange, etc.) et les légumes, à propos desquels il faut souligner la grande fragilité à la cuisson (persil, raifort, poivron, choux de Bruxelles, etc.).

Elle joue un rôle important dans les mécanismes d’ossification (fixation du calcium) et de formation des dents, elle possède un effet hémostatique en augmentant la résistance capillaire, elle exerce enfin une action trophique sur le tissu conjonctif et favorise la résistance aux infections.

Sa carence détermine le « scorbut »; maladie grave dont une stomatite hémorragique et une dénudation gingivale jusqu’à la chute spontanée des dents font partie des symptômes.

2. Vitamines liposolubles

→ Vitamine A : ou Rétinol,

elle est essentielle au maintien de l’intégrité des épithéliums en favorisant la synthèse des mucopolysaccharides et la sécrétion de mucus. Elle aurait une action anticancéreuse et un rôle important au niveau de la rétine en protégeant sa fine vascularisation.

Au niveau des muqueuses buccales, sa carence entraîne une kératinisation. Les « rétinoïdes » sont donc utilisés dans le traitement des kératoses chroniques de la cavité buccale.

Ses indications concernent le lichen buccal (formes hyperkératosiques), mais aussi les leucoplasies et la langue noire villeuse.

→ Vitamine D :

Ce nom général concerne un groupe de stéroïdes possédant une activité antirachitique. La prescription de vitamine D ne relève pas, en principe, de notre spécialité : c’est un problème de médecine générale ou de pédiatrie.

→ Vitamine E :

Il s’agit de différents Tocophérols dont le rôle demeure peu connu. Toutefois, appliquée en topique, la vitamine E s’est avérée efficace en cas de mucite d’origine chimiothérapique.

→ Vitamine K :

La vitamine K est indispensable à la synthèse par le foie de divers facteurs dits vitamine K dépendant entrant dans la coagulation sanguine. Ce qui lui confère un rôle capital dans le phénomène d’hémostase.

Sa carence se manifeste, après une médication ou à cause d’une malabsorption, par une tendance au saignement et à l’hémorragie.

4. LES OLIGOELEMENTS

Il ne faut pas confondre vitamines et oligoéléments, ces derniers qui ne sont pas organiques. Appartenant à la classe des nutriments, les oligo-éléments sont des éléments minéraux indispensables au bon fonctionnement de l’organisme. Avec une masse en dessous de 1 mg/kg, ce type de minéraux doit être concentré dans de très faibles proportions car ils peuvent s’avérer toxiques en quantité trop importante. Parmi quelques oligo-éléments pour l’homme ;

• Zinc : nécessaire dans plusieurs mécanismes biochimiques, on lui attribue un rôle dans la cicatrisation
• Cuivre : très important pour la respiration cellulaire, ainsi que l’élaboration des anticorps, il renforce la résistance vis-à-vis de l’infection.
• Manganèse : essentiel également pour la respiration cellulaire, aide aux défenses contre l’infection.
• Fluor : entrant dans la composition de la dent, son mode d’action se fait par 3 mécanismes :

• Un effet structurant sur la phase minérale lors de la formation de la dent
• Un effet inhibiteur de la déminéralisation initiale de l’email et inducteur de sa reminéralisation.
• Un effet inhibiteur sur le métabolisme acidogène du biofilm bactérien.

− Une supplémentation fluorée (par voie orale ou topique) se révèle utile, mais il convient de bien la gérer afin d’éviter le développement de ‘’fluoroses’’ (teneur en fluor de l’eau de boisson).

Chez l’enfant, l’utilisation de médicaments fluorés par voie systémique (comprimés, solutions buvables) n’a d’intérêt que lors de la minéralisation dentaire. Elle n’est donc pas justifiée après 12 ans.

• Iode : essentiel pour la fabrication des hormones thyroïdiennes.
• Fer : entrant dans la composition de l’hémoglobine, il y a donc anémie hypochrome. La carence en fer est responsable d’une chéilite angulaire et d’une glossite érythémateuse dépapillante qui font le lit du Candida Albicans.

CONCLUSION

L’administration de vitamines ou d’oligoéléments par voie générale ou locale peut constituer un apport thérapeutique non négligeable en pathologie médicale buccodentaire.

De nouveaux travaux d’évaluation devraient permettre d’affiner leurs modalités de prescription.

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Les vitamines en médecine dentaire

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