HISTOPATHOLOGIE DE L’ODONTE
- GENERALITES:
- La pathologie de l’odonte constitue un groupe hétérogène de lésions, prenant naissance à partir de ses constituants.
- Il s’agit d’une pathologie vaste et variée, largement dominée par les lésions inflammatoires et kystiques.
- La pathologie tumorale est rare mais indispensable à connaitre.
- Intérêt d’un examen anatomopathologique systématique
- Renseignements cliniques + Aspect radiologique
II- RAPPELS (1):
- L’organe dentaire est un organe dur; blanchâtre; composé d’une couronne et d’une ou plusieurs racines
implantées dans la cavité buccale. Il est constitué par 4 tissus qui sont l’émail; dentine, cément et pulpe
- Il comporte deux parties:
- la couronne, saillante à la surface de la gencive, est constituée de dentine revêtue d’une mince couche d’émail;
- la racine, enchâssée dans l’os alvéolaire des maxillaires, comporte une pulpe conjonctive centrale, une dentine prolongeant celle de la couronne et un revêtement de cément
- Elle est solidaire de l’os alvéolaire auquel la relie un tissu conjonctif particulier: le ligament périodontal
II- RAPPELS(2):
L’odonte
C’est la partie de l’organe dentaire constitué principalement par l’émail et la dentine
II- RAPPELS (3):
- 1. l’émail est la partie externe de la couronne des dents. Il recouvre la dentine. Il est d’origine épithéliale. Il est constitué de MEC calcifiée (substance la plus dure de l’organisme constituée à 96% par des sels de calcium et de phosphore )
Structure : assemblage d’hydroxy-apatites arrangés sous forme d’unités compactes appelées prismes
II- RAPPELS (3):
- 2. la dentine : est un tissu ectomésenchymateux. Elle constitue la masse centrale de la dent limitée en direction centrale par la pulpe et en direction périphérique par
l ’émail au niveau coronaire et par le cément au niveau radiculaire /c’est une matrice extracellulaire calcifiée produite par les odontoblastes. Tissu conjonctif minéralisé et avasculaire Elle a pratiquement la même composition que la MEC calcifiée de l’os (70% de sels de calcium)
III. LESIONS INFLAMMATOIRES ET
INFECTIEUSES DE L’ODONTE:
- La carie:
La lésion carieuse peut se définir comme un processus pathologique entraînant la destruction des tissus durs de l’organe dentaire par déminéralisation acide
La carie représente une des premières affections mondiales.
- Il s’agit d’une protéolyse microbienne (souvent due à Streptococcus mutans) de l’émail et de la dentine liée au développement et à la stagnation de la plaque dentaire.
- En l’absence de traitement, elle se fait vers une inflammation de la pulpe dentaire ou pulpopathie.
- LES KYSTES ODONTOGÈNES:
- Kyste: cavité, vide ou remplie de liquide
- Radiologie: ostéolyse circonscrite
- Similitude avec des lésions tumorales
- Deux types de kystes: origine dentaire ou non
Kystes d’origine dentaire:
A- Kystes inflammatoires
- Kyste radiculaire
- Kyste résiduel
- Kyste paradentaire
B- Kystes malformatifs
- Kératokyste odontogène
- Kyste dentigère « folliculaire »
- Kyste épithélial odontogène calcifié
- Kyste d’éruption
A-Kystes inflammatoires
Kystes inflammatoires (kyste radiculo-dentaire, kyste latéral) :
- Les kystes inflammatoires sont les plus fréquents.
- À l’occasion d’une infection dentaire (carie, pulpite, puis nécrose), un granulome
apical se forme à l’apex d’une racine.
- Une cavité kystique se
forme, accompagnée d’une résorption osseuse
A- Kystes inflammatoires
1- Kyste radiculaire:
- Ils sont le plus fréquemment , situés à l’apex d’une dent mortifiée. C’est le cas du kyste radiculaire , apico- dentaire encore appelé péri apical
- D’autres peuvent se localiser en
regard d’un canal accessoire tel que le kyste latéro-radiculaire
- Un kyste radiculaire peut persister après extraction de la dent causale ou se réactiver : c’est le kyste résiduel
Histologie
- Épithélium malpighien, non kératinisé, discontinu (ulcération)
- Multiples invaginations dans le tissu conjonctif adjacent
- Peu contenir des cellules mucosécrétantes ou ciliées
- La cavité contient une sérosité éosinophile associée à des cristaux de cholestérol. Le kyste peut présenter des inclusions de corps hyalins éosinophiles, les corps de Rushton
- La coque est fibreuse contient des capillaires, des cellules inflammatoires polymorphes, des cellules spumeuses et même des cellules géantes macrophagiques
2- Kyste résiduel:
- Un kyste radiculaire peut persister après extraction de la dent causale ou se réactiver : c’est le kyste résiduel
- ceux observés après extraction dentaire sont appelés kystes résiduels.
3- Kyste paradentaire:
- Appelé également Kyste collatéral inflammatoire
- lésion radio transparente souvent d’une 3ème molaire
- Partie haute du ligament péri-odontal
- Attaché à une dent saine en regard de la jonction émail-cément
B- Kystes malformatifs
1- Kératokyste:
- Dénommé kyste épidermoïde dans la littérature francophone
Macro:
- Kyste souvent volumineux
- 4 à 5 cm de diamètre
- Liquide crémeux blanchâtre
- Épithélium malpighien de 5 à 8 couches cellulaires
- L’assise basale est rectiligne, cubique ou cylindrique hyper chromatique palissadée.
- Kératinisation plus de type parakératosique en surface
- La lumière renferme des lamelles de kératine
- Les kératokystes peuvent présenter de petits kystes satellites ou des îlots solides dans la paroi, ou un bourgeonnement de la couche basale.
- Dénommé encore kyste folliculaire ou péricoronaire
- Toujours attaché au collet d’une dent incluse et en cache la couronne
Histologie:
- Épithélium malpighien peu épais ressemblant à l’épithélium de
l’émail
- Présence de cellules mucosécrétantes ou ciliées
- Absence de kératinisation en surface
- La membrane basale est rectiligne
- La coque conjonctive renferme parfois des îlots d’épithélium odontogène
- Récidives rares après énucléation
- Possibilité d’une greffe d’améloblastome
- Considéré par certains comme un améloblastome plexiforme primitif unikystique qui ne récidive pas s’il n’y a pas d’infiltration de la coque
- Kystes éruptifs : variante de kyste dentigère extra-osseux dans les tissus mous qui peut être uni ou bilatéral, isolé ou multiple sous forme d’un gonflement gingival autour de dents de lait en éruption ou plus rarement de dents permanentes incluses.
- Clinique : petit gonflement indolore, bleu, bien limité dans une muqueuse alvéolaire, mou, fluctuant, uni ou bilatéral pouvant être présent à la naissance. S’accompagne rarement d’un déplacement de la dent contrairement aux kystes folliculaires (dentigères).
- Radiologie : absence d’atteinte osseuse et donc absence de lésion radiotransparente.
- Histologie : paroi kystique hémorragique, inflammatoire, bordée par un revêtement squameux stratifié, mince, non kératinisant.
V- LES TUMEURS ODONTOGENES:
- Les Tumeurs odontogénes sont des tumeurs qui siègent exclusivement dans les mâchoires. Elles constituent un groupe hétérogène dont la structure s’apparente +/– à l’un des stades de l’odontogénèse
- La classification adoptée est celle de l’OMS 2017
V- LES TUMEURS ODONTOGENES:
- Les Tumeurs odontogénes sont des tumeurs qui siègent exclusivement dans les mâchoires. Elles constituent un groupe hétérogène dont la structure s’apparente +/– à l’un des stades de l’odontogénèse
- La classification adoptée est celle de l’OMS 2023
A- Tumeurs épithéliales pures
- Améloblastome conventionnel
- L’améloblastome est une tumeur odontogène épithéliale bénigne
,intra osseuse , à croissance progressive, caractérisée par une expansion et une tendance à la récurrence locale si n’est pas adéquatement enlevée
- Bien que rare, l’améloblastome est la tumeur odontogène la plus
courante
- Caractérisé par des cellules de type améloblaste et un réticulum étoilé.
- l’incidence du diagnostic est entre la quatrième et cinquième décennie de la vie, avec un âge de patient 8 à 92 ans
- pas de prédilection de sexe
- Environ 80% de tous les améloblastomes se trouvent dans la
mandibule
Macroscopie:
- Les améloblastomes sont entièrement solide à variablement kystique.
Histologie:
- « Le type folliculaire » avec stroma fibreux est le plus fréquent, les cellules périphériques sont cubiques à cylindriques avec palissade et noyaux hyper chromatiques. Lobules centrés par le réticulum étoilé.
- Le deuxième type le plus courant est « le type plexiforme », composé de brins anastomosés d’épithélium améloblastomateux avec un réticulum étoilé peu visible et une dégénérescence stromale ressemblant à un kyste.
- Autres types histopathologiques comprennent : l’acanthomateux, le
granulaire, le basaloïde et le desmoplastique
Les variantes:
- « L’améloblastome unikystique » est une variante de l’améloblastome intra-osseux qui se présente sous la forme d’une cavité kystique unique, avec ou sans prolifération luminale.
- « améloblastome extra-osseux / périphérique » est une tumeur bénigne qui se développe dans les tissus mous de la gencive et présente les caractéristiques microscopiques de l’améloblastome.
- « L’améloblastome métastasiant » est un améloblastome qui métastasie malgré son apparence histologique bénigne.
- le traitement actuel consiste en une large excision chirurgicale, incluant une zone osseuse au-delà des marges radiographiques.
- La chirurgie conservatrice donne un taux de récidive élevé (80%).
- Le suivi devrait être envisagé à vie .
- Autres tumeurs épithéliales pures:
- La tumeur odontogène squameuse est une tumeur odontogène épithéliale bénigne dans laquelle les cellules tumorales présentent une différenciation squameuse terminale.
- La tumeur odontogène épithéliale calcifiante est une tumeur odontogène épithéliale bénigne qui sécrète une protéine amyloïde qui tend à se calcifier.
- La tumeur odontogène adénomatoïde: est une tumeur épithéliale bénigne qui montre des structures en forme de canaux « Duct like »
B- Tumeurs mésenchymateuses pures:
- Le fibrome odontogène est une tumeur rare de tissu conjonctif fibreux mature, avec des quantités variables d’épithélium odontogène inactif, avec ou sans signe de calcification.
- Il existe deux variantes: le fibrome odontogène intra-osseux ou central et le fibrome odontogène extra-osseux ou périphérique.
- Le myxome odontogène est une tumeur odontogène bénigne caractérisée par des cellules étoilées et en forme de fuseau dispersées dans une matrice extracellulaire myxoïde abondante. Quand une plus grande quantité de collagène est évidente, le terme “myxofibrome odontogène” peut être utilisé.
- Cémentoblastome:
- Trabécules épaisses de cément attachées à une racine de dent. Colonnes de matrice calcifiée bordées de cémentoblastes charnus à la périphérie de la lésion.
- Le fibrome cémento-ossifiant est un type distinct de fibrome ossifiant qui se produit dans les zones dentaires de la mâchoire et qui serait d’origine odontogène. Il s’agit d’une lésion fibro-osseuse bénigne.
C- Tumeurs épithéliales et conjonctives:
- Le fibrome améloblastique est une tumeur rare, bénigne et véritablement mixte, composée d’un mésenchyme odontogène ressemblant à une papille dentaire et d’un tissu épithélial ressemblant à un épithélium odontogène, dans lequel aucun tissu dur dentaire n’est présent.
- Les odontomes sont des malformations mixtes de type tumeur épithéliales et mésenchymateuses (hamartomes) composées de tissus mous durs et dentaires durs.
ODONTOME
FIBROME AMELOBLASTIQUE
B/LES TUMEURS ODONTOGENES MALIGNES
Le carcinome améloblastique (AC) est une tumeur maligne primitive épithéliale rare. C’est l’homologue malin de l’améloblastome
Le CA est définie par la combinaison de caractéristiques cytologiques de malignité et de caractéristiques histologiques d’un améloblastome
Le carcinome améloblastique:
- Des caractéristiques malignes : le pléomorphisme, une
augmentation du rapport N/C, l’ hyperchromasie , l’activité mitotique, les mitoses anormales et l’invasion vasculaire ou périnerveuse.
- L’infiltration doit également être évaluée avec précaution car un améloblastome bénin peut infiltrer la cavité médullaire de l’os
VI- CONCLUSION:
- La pathologie de l’odonte est vaste et variée, largement dominée par les lésions inflammatoires et kystiques.
- Les tumeurs odontogènes bénignes sont rares. Chaque constituant de la dent peut donner naissance à une prolifération tumorale.
- Les tumeurs odontogènes malignes restent exceptionnelles.
- L’examen anatomopathologique s’avère indispensable après exérèse d’un kyste, même d’apparence banale.
HISTOPATHOLOGIE DE L’ODONTE
Voici une sélection de livres:
Parodontologie Relié – 1 novembre 2005
Guide pratique de chirurgie parodontale Broché – 19 octobre 2011
Parodontologie Broché – 19 septembre 1996
MEDECINE ORALE ET CHIRURGIE ORALE PARODONTOLOGIE
Parodontologie: Le contrôle du facteur bactérien par le practicien et par le patient
Parodontologie clinique: Dentisterie implantaire, traitements et santé
Parodontologie & Dentisterie implantaire : Volume 1
Endodontie, prothese et parodontologie
La parodontologie tout simplement Broché – Grand livre, 1 juillet 2020
HISTOPATHOLOGIE DE L’ODONTE

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.