APPROCHE PSYCOLOGIQUE DE L’ENFANT AU CABINET DENTAIRE
- Définition :
« L’odontologie pédiatrique » est l’ensemble de l’odontologie appliquée à l’enfant entre 0- 15ans. Elle revêt un caractère particulier vu la sensibilité de cette catégorie de patients, et la particularité de la denture à ce stade.
De façon plus générale, l’odontologie pédiatrique est devenue la seule discipline à ne pas être définie par un domaine de compétences techniques spécifiques mais par un type de patients (nourrisson, enfant et adolescent) en cours de croissance concerné par toutes les techniques. À cet ensemble de compétences techniques s’ajoute un prérequis indispensable à la sérénité des soins : l’approche cognitivo-comportementale adaptée au patient.
- Intérêts de la discipline :
-Au départ, la pédodontie a permis d’initier le changement des habitudes thérapeutiques des praticiens : elle leur a fait prendre conscience de la nécessité de traiter les dents temporaires affectées par des lésions carieuses, même en l’absence de symptomatologie, alors qu’autrefois, ces actes restaurateurs étaient jugés inutiles sur des dents destinées à être rapidement remplacées
-Depuis, les techniques particulières aux traitements des dents temporaires ou des dents permanentes immatures se sont améliorées.
–La demande a également évolué : les couronnes pédiatriques préformées métalliques, de plus en plus refusées par les parents pour leur aspect inesthétique, vont sûrement être progressivement remplacées par des couronnes pédiatriques préformées en zircone ou des restaurations esthétiques
-Au fur et à mesure du temps, cette discipline a su tisser des liens avec toutes les structures encadrant et/ou s’occupant des enfants et des adolescents, pour jouer un rôle essentiel dans le dépistage précoce et la prise en charge des maladies systémiques, des syndromes et des différentes situations de handicap.
-Tout ça a permis une réelle amélioration de la qualité de vie de ces enfants.
- Challenge pour le médecin-dentiste :
-Soigner les enfants au cabinet dentaire nécessite de la part des médecin-dentistes un ensemble de compétences : une connaissance des techniques particulières pour assurer la prise en charge, une approche psychologique, d’un comportement et d’une écoute adaptés à l’âge et au développement de l’enfant.
-La sensibilité de cette catégorie de patients (coopération), la particularité de la denture à ce stade (temporaire, mixte, dents immatures …..) et l’immaturité des structures (dentaire, osseuse…)
-Anxiété et difficulté de contrôle du comportement de l’enfant.
APPROCHE PSYCOLOGIQUE DE L’ENFANT AU CABINET DENTAIRE
Introduction
L’odontologie pédiatrique est un des aspects de la pratique dentaire qui consiste le plus grand challenge pour le médecin dentiste d’un point de vue relationnel et peut lui apporter une grande satisfaction à la fois sur le plan professionnel et sur le plan personnel.
L’élément de loin le plus important en pédodontie est l’approche psychologique soigneusement planifiée et orientée vers le petit patient.
- Développement de l’enfant : Peut-être devisé en 4 grandes périodes :
- La petite enfance de 0 à 2 ans :
- L’enfant est en phase orale : c’est par la bouche que l’enfant découvre son environnement ainsi que le plaisir par la succion.
- L’enfant passe progressivement d’une relation de totale dépendance vis-à-vis de sa mère à une très relative autonomie qui lui permet d’explorer le monde qui l’entoure.
- La petite enfance de 0 à 2 ans :
Règle à suivre au cabinet dentaire :
- L’enfant ne doit pas être séparé de sa mère : elle le porte allongé sur elle
- L’enfant peut être allongé la tête sur les genoux du praticien et les pieds sur les genoux du parent (figure1)
- La mère ou le père lui parle, lui raconter une histoire afin d’apaiser toute angoisse
- Les frères ou sœurs ne sont pas admis dans la salle.
- Le tout-petit est incapable de comprendre le bienfait des soins, donc c’est inutile de vouloir négocier avec lui mais la modulation de la voix peut permettre de capter son attention.
- Ne pas avoir de gestes brusques et anticiper les éventuelles réactions au bruit et à la lumière.
- La séance est courte et de préférence le matin.
Figure 1 : L’enfant à bas âge peut être allongé la tête sur les genoux du praticien et les pieds sur les genoux du parent pour l’examen clinique.
- La période préscolaire de 2 à 6 ans : Peut-être devisé en 2 périodes :
De 2 à 4 ans :
- vers 2 ans l’enfant s’approprie le « je » qui lui permet de se positionner par rapport à un tiers
- vers 3 ans il est curieux, tente d’élaborer son pouvoir dominateur. Il perçoit l’adulte comme une source de frustrations en lui disant souvent « non » 🡪 il s’approprie alors le « non »
Au cabinet dentaire :
- L’enfant est encore dépendant de ses parents qui restent dans la salle de soins (figure2).
- Le praticien doit toucher sa curiosité, lui décrire les procédures, le laisser aider : tenir un rouleau de coton par exemple
- Eviter les questions susceptibles d’apporter un « non »
Ex : « veux-tu monter sur le fauteuil ? » 🡪 « Met toi confortablement sur le fauteuil »
- Il est toujours préférable d’organiser les rendez-vous pendant la matinée.
De 4 à 6 ans :
Il a un sentiment de tout-puissant
Il est autoritaire, dominant, impatient, très curieux (sans limite)
Au cabinet dentaire :
- L’enfant entre dans la salle de soins accompagné d’un parent à la première séance mais il a la capacité d’entrer seul ultérieurement
- Le praticien peut montrer un intérêt à ce qu’il porte comme vêtement surtout chez les filles
- Il faut capter l’attention de l’enfant en parlant, en expliquant par images et en faisant appel à des personnages de dessins animés qu’il aime.
- Il faut l’engager à aider et lui permettre de participer aux soins en tenant le miroir par exemple.
- Le praticien décrit les étapes : ex « je ne vois rien, je dois écarter la joue »
- Il faut faire appel à sa vanité mais ne pas l’humilier
- Le praticien travaille sans s’arrêter évite les pause, ne perd pas le contrôle. Il canalise
l’enfant en permanence et lui explique qu’il n’est pas ici pour tout le temps et qu’il rente à la maison une fois que c’est fini.
Figure 2 : un enfant de 5 ans qui est encore dépendant de ses parents qui restent dans la salle de soins pendant la visite de consultation (Dr. B. GASMI).
- la période scolaire : de 6 à 12 ans
Avec l’école l’enfant s’adapte aux contraintes extérieures
- Vers 8-9 ans il faut être ferme pour qu’il respecte les règles
- A 10 ans il présente une grande stabilité émotionnelle
- Vers 11-12 ans : c’est le seuil de l’adolescence. L’enfant capable de se fondre en larmes.
Au cabinet dentaire :
- Afin de gagner la confiance de l’enfant de 6 à 8 ans, le praticien repère ses centre d’intérêt préférés : le sport par ex pour les garçons ; pour les filles il peut s’agir de personnages Hello Ketty ou Barbie
- Si l’enfant est colérique il ne faut pas essayer de le raisonner mais garder son calme
- l’adolescence : de 12 à 15 ans
- l’adolescent est souvent difficile à motiver tant qu’il n’a pas de problèmes.
- il est important de ne pas le critiquer ouvertement mais de lui donner des explications
- la motivation à l’hygiène orale est à débattre à chaque rendez-vous, surtout si un traitement d’orthodontie est en cours.
- La relation triangulaire de soins dentaire :
- L’enfant :
– La relation de soin se doit d’être centrée sur l’enfant afin de répondre à ses besoins. Tout a une signification, il faut être attentif à :
Sa façon de s’installer dans le fauteuil
Aux mouvements de ses mains et de ses pieds Aux mots qu’il utilise.
Son regard et sa gestuelle
- Dans la relation du praticien avec l’enfant, le praticien peut utiliser l’empathie mais pas systématiquement.
- C’est la capacité de se mettre à la place d’autrui et de percevoir ce qu’il ressent
- Le praticien peut lui dire : « je te comprends, je sais que c’est difficile » « je sais que tu as peur » …
- Mais l’empathie ne veut pas dire qu’il faut tout accepter de lui : afin de calmer des cris trop importants « pleurer un peu mais pas trop fort, je ne t’en empêche pas »
- la mère :
L’attitude de la mère et son mode d’éducation influencent la conduite de l’enfant et permettent de prédire le comportement de l’enfant au cabinet dentaire. Le praticien est donc amené à gérer également le comportement maternel.
La mère surprotectrice : elle demander beaucoup d’explications et le praticien doit gagner sa confiance pleine et entière afin qu’elle puisse l’aider à soigner son fils.
Elle source de stress pour son enfant et ne sera pas présente pendant les traitements
La mère permissive : le plus souvent, la mère attend des autres l’éducation de son enfant. Même si le praticien ne doit pas se substituer à elle et se comporter en éducateur, il est ferme et directif avec l’enfant et avec elle. Cette mère, bien sûr, ne doit pas assister aux soins.
La mère autoritaire : elle ne désire qu’une seule chose, que les soins soient réaliser et peu importe le stress de son enfant. Il faut lui expliquer que les soins dentaires représentent parfois une étape difficile qui demande certain apprentissage et qu’une prise en charge du comportement est nécessaire.
La mère bienveillante : elle sait valoriser son enfant. Elle est capable à aider le praticien par un renforcement positif. Elle peut rester dans la salle de soins.
- le praticien :
Chaque praticien a sa propre histoire, son expérience professionnelle et sa sensibilité qui façonnent ses relations en général, y compris la relation de soins. Il lui faut veiller à ne pas trop s’investir affectivement, sous peine de ne pouvoir mener à bien certains traitements, et à ne pas tomber dans le piège de l’acharnement thérapeutique qui se solde par un sentiment d’incompétence.
L’assistante dentaire a un rôle primordial dans l’accueil des enfants et de leurs familles. Elle doit être rassurante, attentive et savoir faire patienter.
- Evaluation du comportement de l’enfant au cabinet dentaire :
🙜 Selon Frankl :
Elle comporte quatre niveaux ce qui en fait une échelle peu sensible mais elle permet d’évaluer le comportement de l’enfant préscolaire los de sa première consultation dentaire et, par la suite, de
suivre l’évolution du comportement (tableau 1).
🙜 L’échelle des visages de Buchanan et Niven :
Cette échelle comporte cinq visages, allant de très malheureux à très heureux. L’enfant, en fonction de la situation, va désigner avec son doigt, le visage correspondant à son ressenti.
L’intérêt est de s’adresser directement à l’enfant, sans passer par les parents, en lui permettant d’exprimer ses sentiments s’il n’y parvient pas verbalement. (Figure 3)
Figure 3 : L’échelle des visages de Buchanan et Niven
- les différentes techniques de gestion du comportement au cabinet dentaire :
- les techniques de communication
- La communication non-verbale : (Figure 4) Les expressions du visage, les postures, les gestes,… interviennent et peuvent renforcer ou remplacer la parole. Au début de la première consultation le praticien évite de porter masque, gants, et lunettes afin d’avoir un aspect plutôt avenant :
- les techniques de communication
- Le toucher : c’est prendre la main de l’enfant, lui caresser la joue ou poser la main sur son épaule. Il sert à contenir une agressivité. La présence d’une tierce personne est recommandée afin d’écarter toute équivoque
- L’attitude d’écoute : le corps tout comme la tête inclinée en avant est un signe de compréhension de la part du praticien.
- La distance de communication : au début de l’entretien elle doit être personnelle c.à.d. suffisante mais pas intime de 50 à 120 cm. Elle évolue au cours de la séance pour diminuer et être plus privée
- Le regard : il faut s’assurer du contact visuel avec l’enfant et être à sa hauteur. L’enfant qui détourne le regard est mal à l’aise ou bien distrait.
- La modulation de la voix : hausser légèrement le ton permet de capter l’attention de l’enfant.
Figure 4 : le praticien reçoit l’enfant : en lui prenant la main, s’assurant du contact visuel avec l’enfant et être à sa hauteur, la distance de communication suffisante (Dr. B. GASMI)
- La technique « expliquer, montre, faire » ou « tell, show, do » (Figure 5)
- Donner des explications de ce qui va être fait avec un vocabulaire adapté à l’âge de l’enfant :
Parler de « la douche » pour le spray, de « la robe de la dent » pour la digue, etc…
- Montrer les différents aspects de l’instrument utilisé : visuel (en présentant l’instrument), auditif (en le faisant marcher), tactile (en le faisant toucher par l’enfant).
- Réaliser l’acte selon le même protocole et avec les mêmes explications.
Figure 5 : le praticien explique à l’enfant le rôle de l’aspiration salivaire (Dr. B. GASMI)
- La distraction : il s’agit de détourner son attention au moment où il est susceptible de
ressentir une gêne et de l’intéresser à quelque chose d’agréable : Jouets, les vacances, les vêtements qu’il porte, son dessin animé préféré ….etc
- Le renforcement positif : le praticien encourage l’enfant et le félicite pour sa coopération ou l’amélioration de son comportement en faisant valoir le bon résultat obtenu même mineur.
- Les techniques de contrôle du comportement :
Le choix de la technique dépend du comportement initial de l’enfant.
- Le stop signal :
Expliquer à l’enfant, avant que l’acte ne commence, qu’il a la possibilité de faire interrompre le déroulement de l’acte s’il ressent une gêne importante. (Figure 6)
N.B : Ne pas prononcer « avoir mal » ou « douleur »
Figure 6 : la technique « stop signal » appliquée chez une fille de 8 ans.
(Dr. B. GASMI)
- La modélisation ou modelling : (Figure 7)
L’enfant apprendre à se comporter au fauteuil en observant un autre enfant qui se fais soigner. Pour l’enfant particulièrement jeune, soigner son « doudou » ou la poupée peut contribuer à gagner sa confiance.
Figure 7 : un enfant curieux apprend à se comporter au fauteuil en observant un autre enfant qui se fait soigner (Dr. B. GASMI)
- Le contrôle vocal :
Quand l’enfant commence à ne plus être coopérant, le fait de hausser la voix brutalement peut créer un effet de surprise et le faire s’arrêter.
- Technique de « la main sur la bouche » (the hand over the mouth) et la contrainte physique :
-Cette technique n’est utilisée que lorsque le patient est très difficile et que les autres techniques de gestion du comportement ont échoué.
-Les cris sont contenus par la main du praticien appliquée fermement, mais sans brutalité.
-Il possible d’avoir recours à cette technique quand un soin est réaliser en urgence et si les parents ont donné leurs accord.
-Une tierce personne doit être présente.
Figure 8 : Technique de « la main sur la bouche » (the hand over the mouth)
(Dr. B. GASMI)
Dr. B. GASMI
- l’organisation de la première consultation
Elle comporte 2 phases
- L’accueil :
- Le praticien accueille toujours l’enfant par son prénom
- N’hésite pas à se pencher vers lui afin d’être à sa hauteur
- Il peut le prendre la main s’il est petit.
- On s’adresse à lui avec un langage correspond à son âge avec des questions ouvertes et banales : Ex : Quel âge as-tu ? Comment vas-tu ? …..
- La première consultation proprement dite :
L’entretien préalable étant terminé, l’observation clinique va pouvoir se dérouler. Une synthèse de l’examen est donnée aux parents et à l’enfant suivant son âge.
Le plan de traitement est ensuite expliqué
Il est souvent judicieux, au cours de cette première séance de faire une présentation des
instruments rotatifs et l’aspiration : un polissage avec une brossette et l’aspiration en bouche permet d’habituer l’enfant au bruit et aux sensations.
A la fin de la première séance, le plan de traitement est expliqué à la mère et au jeune patient. Le praticien encourage ce dernier et le rassure pour la prochaine fois.
Si ce n’est pas une consultation en urgence, aucun traitement n’est entrepris au cours de cette première consultation.
Conclusion
Certains nombres de stratégies psychologiques permettent d’améliorer la relation que nous entretenons avec les enfants et leurs parents.
Réussir à éduquer nos jeunes patients à l’égard des soins dentaires est en effet toujours une vraie victoire pour les spécialistes que nous sommes.
Une approche soigneusement planifiée et orientée vers le petit patient peut être la clé du
succès et ceci met en évidence la nécessité d’une bonne préparation et d’une certaine flexibilité de la part du praticien qui est amené à soigner les enfants
Bibliographie :
-Marc Bolla, Sibylle Opsahl-Vital, L’odontologie pédiatrique, une spécialité ?, L’Orthodontiste n°2, 30 avril 2018.
-C. Naulin-Ifi, Odontologie Pédiatrique Clinique ; édition CdP 2011.
-M. Muller-Bolla. Fiches pratiques d’odontologie pédiatrique, Edt CdP 2014.
-Delfosse, T. Trentesaux , La carie précoce du jeune enfant : du diagnostic à la prise en charge globale ; Memento, éditions CdP 2014.
APPROCHE PSYCOLOGIQUE DE L’ENFANT AU CABINET DENTAIRE
La médecine dentaire exige une précision et une rigueur constantes pour garantir des soins optimaux.
Les étudiants en odontologie doivent maîtriser l’anatomie dentaire avant de pratiquer des interventions cliniques.
Les praticiens doivent se tenir informés des dernières avancées technologiques pour améliorer leurs traitements.
Une bonne communication avec le patient est essentielle pour établir un climat de confiance et de compréhension.
L’asepsie et la stérilisation sont des piliers incontournables pour prévenir les infections en cabinet dentaire.
La planification thérapeutique permet d’optimiser les résultats et d’éviter les complications postopératoires.
Les formations continues sont indispensables pour maintenir ses compétences à jour en médecine dentaire.
APPROCHE PSYCOLOGIQUE DE L’ENFANT AU CABINET DENTAIRE

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.