Tractions inter-maxillaires et Forces extra-buccales

Tractions inter-maxillaires et Forces extra-buccales

Tractions inter-maxillaires et Forces extra-buccales

Introduction :

Avant l’avènement des tractions intermaxillaires, les premières approches orthodontiques se concentraient principalement sur la correction des malpositions dentaires individuelles.

L’utilisation des tractions intermaxillaires a connu un essor dans les années 1930 ouvrant ainsi la voie à une correction plus globale des malocclusions.

  1. Définitions :
    1. Force inter-maxillaire : Ce sont des dispositifs fixés sur les deux arcades qui délivrent sur chacune d’elles des forces réciproques.

Ce terme recouvre classiquement :

  • Les tractions intermaxillaires (TIM) ou élastiques intermaxillaires.
  • Les dispositifs développés comme alternatives aux TIM réduisant le besoin de coopération du patient : bielles, ressorts…
  1. Traction intermaxillaire : Il s’agit d’auxiliaires intra-oraux constitués par des anneaux élastiques en latex ou en polymères synthétiques

tendus entre les deux arcades.

  1. Principes de fonctionnement:

La force indiquée par le fabricant correspond à la force délivrée lorsque l’élastique est étiré́ de trois fois son diamètre.

La force délivrée est modulable en fonction de:

  • Leur épaisseur,
  • Leur diamètre,
  • La durée de port journalier.
  • Leurs points d’ancrage sur les arcades peuvent être :
    • Vestibulaires ou linguaux ;
    • Antérieurs ou postérieurs ;
    • Directement sur une dent (sur un crochet ou une potence incorporée dans l’attache ou sur une ligature de Kobayashi ou de Jarabak) ou sur un crochet soudé ou coulissant sur l’arc.
  1. Biomécanique:

Elles peuvent avoir des orientations très diverses mais la résultante des forces exercées est toujours oblique ou verticale. Elles ont toutes une composante verticale d’égression des points d’ancrage qui, dans les tractions obliques, est le plus souvent responsable des effets parasites observés.

  1. Avantages:
    1. Leur utilisation est facile et moins contraignante que celle des forces extra-orales.
    2. Mis en place par le patient, ils ne nécessitent pas l’intervention du praticien pour leur réactivation.
    3. Ils ne nécessitent pas d’entretien spécifique, sont jetés après utilisation et facilement remplacés.
    4. Les mouvements mandibulaires renforcent leur activation.
  1. Inconvénients:
    1. Efficacité́ est totalement dépendante de la coopération du patient.
    2. En cas d’absence ou d’insuffisance de port la correction attendue n’a pas lieu et des déplacements parasites peuvent survenir, l’arc continuant son action non équilibrée par celles des TIM.
    3. De plus, le patient peut se tromper dans la localisation des points d’ancrage et provoquer ainsi des déplacements inopportuns, voire iatrogènes.
    4. La salive leur fait perdre rapidement leurs propriétés élastiques.
    5. L’activation mandibulaire augmente préférentiellement la composante verticale.
    6. La force qu’ils délivrent est, pour ces différentes raisons, inconstante et difficile à évaluer réellement.
  1. Indications:
    1. Correction les relations inter-arcades dans les trois dimensions de l’espace ;
    2. Orientation l’effet mécanique de l’arc et contrôler ses effets parasites (exemple : sur un arc de fermeture des espaces à l’arcade mandibulaire, le port de TIM de classe II renforce la mésialisation du secteur postérieur et évite un recul incisif excessif) ;
    3. Perfection de l’intercuspidation dans les phases de finition ;
    4. Contention post-chirurgicale.
  1. Contre-indications:
    1. Leur principale contre-indication est liée aux mouvements d’égression des dents d’ancrage et de rotation des arcades qui doivent les faire éviter chez les patients hyperdivergents à rotation postérieure de la mandibule.
    2. Des précautions et une surveillance accrue sont recommandées chez les sujets présentant des troubles articulaires, surtout lorsque des forces antéropostérieures sont exercées sur la mandibule.
    3. Le choix d’élastiques sans latex permet de les prescrire chez des sujets allergiques.
  1. Types:
    1. Tractions de classe II:

Elles sont tendues de la partie postérieure de l’arcade mandibulaire à la partie antérieure de l’arcade maxillaire et visent à corriger un décalage occlusal de

classe II. De nombreuses variantes existent en fonction de l’intensité́ et de la localisation souhaitée des composantes verticales.

Elles provoquent :

  • Un recul en masse de l’arcade maxillaire et un mouvement mésial de l’arcade mandibulaire («effet tiroir» sur les arcades).
  • Une égression et une palatoversion des incisives maxillaires qui peuvent aggraver un sourire gingival.
  • Une égression et une version coronomésiale de la molaire mandibulaire qui subit aussi une rotation.
  • Une vestibuloversion des incisives mandibulaires.
  • Une bascule horaire du plan d’occlusion.
  • Une rotation postérieure de la mandibule avec augmentation de la hauteur faciale antérieure et recul du menton.

Elles sont indiqués dans le traitement des classes II :

  • Pour le recul en masse ou sectoriel de l’arcade maxillaire.
  • Pour mésialer en masse l’arcade mandibulaire ou pour perdre de l’ancrage postérieur à la mandibule.

En raison de leur effet vertical, ils sont à proscrire chez les sujets hyperdivergents, à tendance à la rotation postérieure et chez les patients présentant un sourire gingival.

  1. Tractions de classe III:

Elles sont tendues de la partie antérieure de l’arcade mandibulaire à la partie postérieure de l’arcade maxillaire. Comme pour les TIM de classe II, il existe de nombreuses variantes dans leur disposition.

Elles ont une action en miroir de celle des TIM de classe II :

  • Recul en masse de l’arcade mandibulaire et mouvement mésial de l’arcade maxillaire,
  • Égression et version coronomésiale de la molaire maxillaire avec une rotation surtout si l’élastique est accroché sur la dent terminale,
  • Égression et linguoversion des incisives mandibulaires,
  • Rotation anti-horaire du plan d’occlusion,
  • Rotation postérieure de la mandibule avec augmentation de la hauteur faciale antérieure et recul du menton qui réduit la classe III.

Ils sont indiqués pour la rétraction des incisives mandibulaires et la correction d’une occlusion inversée antérieure, la perte d’ancrage molaire au maxillaire et la correction d’une classe III occlusale par mouvement en masse des deux arcades.

À côté des contre-indications des TIM en fonction de la typologie verticale, l’utilisation de TIM de classe III est contre-indiquée en cas de dysfonction articulaire et doit être prudente en cas de prédisposition à ces dysfonctions qu’elles peuvent révéler.

  1. Tractions diagonales:

Elles sont souvent utilisées sur une canine maxillaire et sur la canine mandibulaire controlatérale, participent à la correction des asymétries et particulièrement à celle du décalage des médianes incisives.

  1. Tractions croisées :

Ce sont des élastiques tendus de la face linguale d’une ou plusieurs dents à la face vestibulaire de leurs antagonistes pour corriger les rapports transversaux.

Elles joignent la face palatine d’une molaire maxillaire à la face vestibulaire d’une molaire mandibulaire pour corriger une occlusion inversée latérale.

  1. Tractions verticales :

Les élastiques antérieurs en carré, en U, en W et en M pour fermer les béances antérieures.

Les élastiques d’intercuspidation qui peuvent fermer des béances latérales mais qui sont le plus souvent utilisés pour asseoir l’occlusion en fin de traitement.

  1. Bielles et ressorts intermaxillaires:

Ces appareils dérivent pour beaucoup des bielles de Herbst.

Ils maintiennent la mandibule en position protrusive par des systèmes plus ou moins rigides, tout en lui laissant la liberté des autres mouvements.

Cette action mandibulaire repose sur l’utilisation de bielles associées ou non à des ressorts comprimés,

de ressorts comprimés seuls ou de lames flexibles… Les principaux appareils sont les Forsus®, le Jasper jumper®, l’Eureka spring®, le Twin force®.

Indiquée devant manque de coopération.

  1. Définitions :

Les forces extra-orales sont des dispositifs qui permettent d’exercer des forces sur des dents ou sur une arcade den- taire à partir d’un appui crânien ou cervical, en évitant donc de solliciter un ancrage dentaire. Deux dispositifs principalement sont utilisés comme auxiliaires extra-oraux au cours des traitements orthodontiques :

  • Les forces extra-orales sur molaires avec arc facial ;
  • Les forces extra-orales avec J Hooks ou barettes de Whitman.
  1. Forces extra-buccales sur arc facial :
  1. Composition :
    1. Ce dispositif comprend :

Un appui dentaire constitué par des bagues scellées, le plus souvent sur les premières molaires maxillaires, plus rarement sur les secondes, portant un tube cylindrique qui accueille l’arc intra-oral de l’arc facial ;

  1. Un arc facial, élément de transmission de la force, composé de deux arcs soudés à leur partie antérieure:
    • Un arc interne intra-oral adapté à la forme de l’arcade. Il s’insère dans les tubes des bagues molaires et se bloque à leur niveau.
    • Un arc externe dont les branches, terminées par un crochet pour fixer l’élément moteur.
  2. Un élément dynamique qui délivre la force : Il s’agit d’un dispositif élastique, ressort comprimé ou élastique, qui s’attache sur les crochets de l’arc externe et sur l’ancrage crânien.
  3. Un ancrage crânien ou cervical:
    • Une bande située au niveau de la nuque, la force est alors dite à traction cervicale,
    • Un casque qui selon l’orientation de ses bandes et la position des crochets permet une traction intermédiaire ou occipitale, haute ou pariétale.
  1. Actions:
    1. Les FEO tendent à freiner le déplacement vers l’avant du maxillaire et de l’arcade maxillaire au cours de la croissance.
    2. Lorsque les forces extra-orales provoquent une égression des molaires maxillaires, on observe une rotation postérieure de la mandibule avec recul du point B.
  2. Indications:
    1. Pour renforcer l’ancrage des molaires et s’opposer à leur déplacement.
    2. Pour déplacer les molaires, essentiellement les reculer en contrôlant leur mouvement vertical et transversal.
    3. Pour reculer en masse l’arcade maxillaire dans les classes II.
  3. Contre-indications:
    1. En cas d’encombrement postérieur qu’elles tendent à aggraver.
    2. En cas d’hyperdivergence mandibulaire sévère et de postérorotation mandibulaire.
    3. En cas de non-coopération du patient.
    4. En cas de troubles posturaux.
    5. Chez les enfants trop jeunes : l’apex des molaires doit être suffisamment édifié pour éviter les déformations radiculaires.
  1. Forces extra-buccales sur J Hooks :

Ce type de forces extra-orales, souvent appelées

«J Hooks» ou «forces directionnelles» car elles représentent le dispositif majeur du concept des forces directionnelles développé par Merrifield. Elles s’appliquent directement sur un couple de dents ou sur l’arc. Elles permettent ainsi le recul des canines sans sollicitation de l’ancrage postérieur.

  1. Composition:
    1. 2 barrettes en forme de J dont une extrémité intra- orale est placée :
      • sur l’arc, au contact de l’attache de la dent à reculer,
      • ou sur des crochets soudés sur l’arc entre les incisives centrales et latérales maxillaires, ou entre les canines et les incisives mandibulaires.

L’autre extrémité est fixée au dispositif de traction.

Ces crochets sont façonnés en fonction de leur point d’ancrage intra-oral pour contourner les commissures labiales ou les lèvres sans les blesser ;

  1. Un ancrage péricrânien. Un casque extra-oral ou une bande cervicale permettent selon leur forme, d’exercer en fonction du cas.
  2. Un élément moteur par côté qui délivre la force : Un élastique extra-oral ou un ressort comprimé. L’intensité dépend de la phase thérapeutique et des dents d’appui. Elle est le plus souvent de l’ordre de 220 à 250 g par côté.
  1. Indications:
    1. Pendant le nivellement mandibulaire, elles soutiennent la partie antérieure de l’arcade et s’opposent à la vestibulo- version des incisives pendant le redressement molaire.
    2. Lors de la préparation d’ancrage mandibulaire, Pendant le recul canin maxillaire et mandibulaire,
    3. Pendant la rétraction incisive, Lors de la correction des rapports interarcades de classe II.
    4. Dans les cas asymétriques, un crochet peut être fixé sur une arcade et l’autre sur l’autre arcade permettant d’avoir une action asymétrique et, entre autre, de corriger la dévia-tion des médianes incisives.
  2. Contre-indications:
    1. Comme tout dispositif extra-oral elles dépendent de la coopération du patient.
    2. Chez les patients ayant des prédispositions aux troubles articulaires une surveillance particulière doit accompagner leur port à l’arcade mandibulaire.

Conclusions

Les tractions inter-maxillaires appelée actuellement « tractions inter-arcades » constituent un outil de travail quotidien en Orthodontie de par leur facilité d’utilisation et leur disponibilité sous plusieurs formes. Les forces extra-buccales à leur tour demeurent présentes dans certaines indications où d’autres dispositifs n’ont pas pu les remplacer.

Lectures complémentaires :

  1. Boileau, M. (2011). Orthodontie de l’enfant et du jeune adulte. Tome 1: Principes et moyens thérapeutiques. Royaume-Uni: Elsevier Health Sciences France.
  2. Langlade, M. (1993). Comment poser scientifiquement l’indication des forces extra- orales?. Revue d’Orthopédie Dento-Faciale, 27(2), 137-149.
  3. Le Goff, C., & Lautrou, A. (2003). Modifications dento-squelettiques après traitement par activateur monobloc associé à une force extra-orale. Revue d’Orthopédie Dento- Faciale, 37(4), 407-427.
  4. Martina, R., Puca, R., Rossi, I., & Ferro, F. (1995). Influence des tractions élastiques intermaxillaires sur les structures dentaires et squelettiques dans le traitement des Classes

II. Revue d’Orthopédie Dento-Faciale, 29(1), 105-114.

  1. Philippe, J. (1967). Quelques opinions sur les tractions extra-orales. Revue d’Orthopédie Dento-Faciale, 1(3), 153-155.
  2. Rotenberg, M., & Lodter, C. (1997). L’orthodontie des malocclusions de classe III par proglissement. Revue d’Orthopédie Dento-Faciale, 31(1), 79-88.
  3. Rusch, J. P., & Stöckli, P. W. (1972). Utilisation appropriée des diverses forces extra-orales en orthopédie dento-faciale. Revue d’Orthopédie Dento-Faciale, 6(3), 277-296.

Tractions inter-maxillaires et Forces extra-buccales

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