Le vieillissement des fonctions : salivation, mastication, gustation

Le vieillissement des fonctions : salivation, mastication, gustation

Le vieillissement des fonctions : salivation, mastication, gustation

1. Introduction :

La cavité buccale forme la première partie du tube digestif et détient plusieurs fonctions qui sont : la mastication, la déglutition, la gustation, la salivation, la phonation.
Toutes ces fonctions sont déterminantes pour la santé générale, il est donc primordial de préserver la santé buccale afin de maintenir la qualité de vie de l’individu.
Chez la personne âgée, parallèlement à l’atteinte de différents organes, la sénescence de la sphère oro-faciale touche l’ensemble de ces fonctions à des degrés divers.
Les conséquences de ce vieillissement physiologique peuvent être aggravées et accélérées par les pathologies bucco-dentaires.

2. Conséquences du vieillissement sur l’appareil manducateur :

2.1. Sur les organes dentaires

(voir cours des notions générales sur le vieillissement et sénescence de la cavité buccale)

2.2. Sur l’articulation temporo-mandibulaire :

  • Une perte d’élasticité, un durcissement et un amincissement du ménisque intra-articulaire et de la capsule.
  • Un aplanissement de la surface articulaire du condyle mandibulaire.
  • Une [diminution ?] du volume du condyle mandibulaire.
  • L’usure des cartilages provoque des distensions et une hyperlaxité ligamentaire.

Résultats :
La diminution de l’activité proprioceptive du desmodonte et des muscles masticateurs conduit à une diminution dans la maîtrise des mouvements articulaires. Cette dernière associée à l’hyperlaxité ligamentaire peut générer une instabilité occlusale.

2.3. Sur les muscles masticateurs :

  • Diminution du volume et de la densité musculaire qui serait due à une atrophie des fibres musculaires et à une augmentation de volume du tissu fibreux et graisseux de connexion à l’intérieur du muscle.
  • Ces modifications sont surtout observées chez les sujets édentés totaux.
  • Les jonctions neuromusculaires subissent une altération anatomique et biologique, chez le sujet âgé, elles apparaissent plus petites, plus ramifiées et complexes.
  • L’activité musculaire chez le sujet âgé est plus faible et compensée par une augmentation du nombre des cycles masticatoires et du temps de mastication.

2.4. La langue :

  • La langue des sujets édentés totaux joue un rôle différent dans la formation du bol alimentaire, dans la déglutition et la phonation par rapport à un sujet denté.
  • Ces modifications seraient dues à une augmentation relative du volume lingual, un étalement de la langue sur le plancher lingual et les crêtes par disparition du rempart alvéolo-dentaire.

3. La mastication chez le sujet âgé :

3.1. Chez l’édenté non appareillé :

Lors d’un édentement partiel de grande étendue ou total, le déficit masticatoire est très répandu.
30 % de la population édentée ou mal appareillée présente des problèmes de malnutrition.
Les difficultés masticatoires chez le patient non ou mal appareillé sont provoquées par diverses causes :

  • Perte de dents : La perte de dents provoque une réduction du coefficient masticatoire notamment en cas d’édentement postérieur libre non compensé. De plus, les personnes âgées édentées doivent mâcher plus longuement les aliments, en moyenne 7 fois plus longtemps que le sujet jeune pour arriver à les broyer correctement. Cet allongement de la durée masticatoire peut être un facteur de perte d’appétit.
  • Perte osseuse : La dysharmonie entre l’os maxillaire et la mandibule engendrée par une résorption centripète au maxillaire et centrifuge à la mandibule, induit un décalage plus ou moins important entre les deux arcades.
  • La langue va également participer à la mastication s’interposant ainsi entre les arcades osseuses.
  • La muqueuse va subir également des blessures par frottement, pour broyer les aliments.

3.2. Chez l’édenté appareillé :

Les prothèses complètes amovibles améliorent l’efficacité masticatoire mais cette dernière reste néanmoins très faible et dans la majorité des cas très inférieure à celle d’une denture naturelle.

  • Selon une étude, le bridge va conserver 66,5 % de l’efficacité, la prothèse amovible 24,2 % et la prothèse totale 20,2 %.
  • L’efficacité masticatoire est corrélée à l’adaptation de la prothèse.
  • Les prothèses sur implants sont toujours plus efficaces que les prothèses amovibles classiques.

4. La gustation chez le sujet âgé :

  • La muqueuse dorsale de la langue possède des papilles linguales (papilles filiformes, fongiformes, et caliciformes) contenant les bourgeons du goût.
  • Lors du vieillissement on constate que la langue devient lisse et le nombre de papilles filiformes diminue.
  • La sénescence a pour conséquence une diminution notable du nombre de récepteurs gustatifs qui passent d’environ 10 000 à moins de 1 000.
  • La disparition de nombreux bourgeons du goût modifie les perceptions et la discrimination gustative de la saveur des aliments chez le sujet âgé, cela provoque différents types de troubles : hypogueusie, voire agueusie et phantogueusie (qui seraient toutefois plus d’origine psychogène, associées aux stomatodynies).
  • Des études récentes indiquent que la modification du goût serait plus due à la prise massive de médicaments liés à un état pathologique ou d’une carence en zinc qu’à une réduction du nombre des papilles ou à une atrophie des papilles gustatives.
  • Les médicaments, par modification de la salivation vont modifier le goût. Les aliments étant moins imbibés, les molécules porteuses de saveurs non solubilisées seront moins actives.
  • Plus de 250 médicaments seraient responsables d’altération du goût notamment les psychotropes et les traitements anticholinergiques.
  • La déshydratation : entraîne une sécheresse buccale diminuant la solubilité des molécules porteuses des saveurs.
  • Les facteurs neurologiques : l’épilepsie, les maladies de Parkinson et d’Alzheimer, les accidents vasculaires cérébraux, les traumatismes crâniens peuvent perturber le goût.
  • L’hyposialie dont l’origine est multiple (le syndrome de Gougerot-Sjögren, la radiothérapie, les médicaments, les pathologies des glandes salivaires) perturbe grandement la perception gustative.

Chez l’édenté appareillé :

  • Les prothèses amovibles qui recouvrent le palais seraient associées à une diminution du seuil de perception gustative. En effet, l’écrasement et la formation du bol alimentaire qui se font normalement entre la muqueuse palatine et la langue, seraient différents entre la langue et une résine acrylique.
  • Les récepteurs sont essentiellement situés au niveau de la langue, mais la mise en place d’un palais en résine aurait tendance à modifier la perception des saveurs sucrée et salée.
  • L’acide et l’amer ne seraient pas touchés.

5. La salivation :

  • Au cours du vieillissement, la dégénérescence des acini glandulaires donne une diminution du flux salivaire rendant difficile la formation du bol alimentaire et la perception des saveurs alimentaires et la mastication et la déglutition seront donc inconfortables. De plus, une hyposialie donne une diminution du pH salivaire.
  • La sécheresse buccale provoque une sensation de brûlure, des fissures de la langue et des lèvres.
  • La xérostomie serait davantage liée à des pathologies ou leur traitement que physiologique.
  • 80 % des médicaments prescrits chez la personne âgée seraient responsables d’une diminution du flux salivaire : les antihistaminiques, les traitements de la maladie de Parkinson, les antihypertenseurs, les anticancéreux et surtout les antidépresseurs.

5.1. Chez l’édenté non appareillé :

  • La perte de dents entraîne une diminution de la mastication et donc une réduction de la stimulation salivaire qui a pour conséquence une atrophie des glandes salivaires irréversible.
  • Chez l’édenté, le manque d’humidité du bol alimentaire et son déficit de mastication vont rendre sa déglutition très difficile.

5.2. Chez l’édenté appareillé :

  • La réalisation et le port des prothèses amovibles de grande étendue sont difficiles à obtenir lors de xérostomie. En effet, la salive est indispensable à la formation du joint prothétique.
  • De plus, la salive ne jouant pas son rôle protecteur, des blessures au niveau de la muqueuse buccale, des sensations de brûlure vont engendrer des douleurs et rendre le port de prothèse insupportable.

6. Conclusion :

La connaissance de la physiologie du vieillissement de la sphère oro-faciale est une aide précieuse au praticien dans la prise en charge et le traitement de cette tranche d’âge fragile et de plus généralement porteuse de pathologies d’ordre général.


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