Sécheresse buccale et hyposialie

Sécheresse buccale et hyposialie

Sécheresse buccale et hyposialie

Introduction

La sécheresse buccale est fréquente dans la population générale et doit constituer un signe d’appel impliquant une recherche étiologique reposant non seulement sur l’interrogatoire mais encore sur la pharmacovigilance et des explorations para cliniques.

  1. Généralités :
    1. Rappel anatomique des glandes salivaires :
      1. Les glandes salivaires principales :
Chirurgie des Glandes Salivaires - Dr Chhuor - Chirurgien ORL Nantes
  1. Les Glandes Salivaires Accessoires :

Ce sont de petites formations glandulaires disséminées sous la muqueuse de toute la cavité buccale, à l’exception des gencives et de la partie antérieure du palais osseux.

  1. La salive :
    1. Définition :

La salive est une sécrétion aqueuse, elle est produite par les trois paires de glandes salivaires principales, à savoir :

  • Les glandes parotides.
  • Les glandes sous-maxillaires.
  • Les glandes sublinguales.

Et par de nombreuses petites glandes salivaires accessoires.

  • Cette sécrétion présente un aspect liquidien, incolore, insipide, filant.
  • Son rôle est d’humidifier les muqueuses de la bouche (langue, joues, pharynx) et d’humecter les aliments ainsi que de commencer la digestion des glucides (sucres).
  1. Les propriétés physico-chimiques de la salive :
    • Le Volume :

Le volume de la salive excrété quotidiennement reste incertain et variable d’un sujet à un autre ; la sécrétion peut varier de 500 à 1200 ml par jour.

Il est intéressant de noter que le débit de sécrétion montre des variations nycthémérales (minimum à 3h00, maximum entre 12h00 et 22h00). Nous pouvons produire plus de 36000 litres de salive en une vie, soit plus d’une 1/2 tonne de ce liquide par an.

La salive de repos sécrétée en permanence aurait un volume journalier de l’ordre de 100 ml, la salive de stimulation serait donc environ 10 fois plus abondante, les 2/3 en seraient parotidiens et 1/3 sous mandibulaire.

(la production des autres glandes étant relativement négligeable)

  • La Viscosité :

La salive est à l’état physiologique transparente, elle est aqueuse pour les parotides, filante pour les sous-maxillaires, très visqueuse pour les sublinguales et les glandes accessoires, à l’exception des glandes linguales de VON EBNER qui sont séreuses.

La viscosité des diverses salives, qui est cliniquement appréciable, est en fonction de la proportion des cellules muqueuses par rapport aux cellules séreuses dans la glande considérée.

La viscosité varie selon l’origine :

1,5centipoise pour les parotides

3,4 centipoise pour les sous-maxillaires 13,4 centipoise pour les sublinguales

  • Le PH Salivaire

Chaque salive a son PH, les chiffres suivants peuvent être considérés comme normaux: PH à l’ostium du Sténon : A : 5,5 E: 5,5

PH à l’ostium de Wharton: A:6 E:6

PH sur le dos de la langue : A : 6,5 -7 E: 7-7,5

Ce dernier dépend du PH de la salive globale dite mixte mais modifié par des substances dites tampons qui regroupent les carbonates et les protéines.

Chez le nouveau-né, les PH sont plus acides.

Les PH de façon générale tendent vers l’acidité au repos et vers la neutralité lorsque la sécrétion augmente.

  1. La sécheresse buccale :
    1. Terminologie
  1. La Xérostomie : est un état de sécheresse de la cavité buccale lié à une importante diminution ou à la disparition de la sécrétion salivaire, résultant d’une atteinte de la totalité des glandes salivaires principales et accessoires.
  2. L’Asialie : est définie comme étant l’absence totale de sécrétion salivaire.
  3. Circonstances de découverte :

Le praticien peut découvrir, par les symptômes suivants, une hyposialie dont le patient ne se plaint pas :

  • Rouleaux de cotons retirés secs de la cavité buccale après des soins prolongés.
  • Muqueuse buccale sèche, rouge, vernissée, parfois recouverte d’un enduit blanchâtre collant à l’abaisse langue.
  • Lèvres sèches et fendillées, une perlèche peut s’observer.
  • L’examen des orifices salivaires ne montre que peu ou pas de salive.

* Ces signes d’appel doivent éveiller l’attention du praticien qui précisera ces signes par un examen clinique.

II. 3. L’examen Clinique :

Il repose essentiellement sur l’interrogatoire, il recherche des symptômes buccaux et des symptômes associés extra buccaux.

Les symptômes buccaux seront recherchés avec soin :

  1. la sensation de bouche sèche dont on précisera :

Les circonstances d’apparition soit progressives, soit brutales, à la suite d’un choc psychologique ou un problème de santé grave.

  1. Des douleurs au niveau des tissus mous :

À type de démangeaisons ou de brûlures de la muqueuse buccale (langue, palais, lèvre), ces douleurs s’accompagnent parfois d’une intolérance des prothèses adjointes ou fixes.

  1. Des troubles gustatifs qui gênent les patients :

entre les repas la salive a un goût acide ou amer entraînant une sensation de dégoût ; au moment des repas les aliments ont un goût fade ; le patient peut ne plus supporter les acides ou les épices.

  1. La mastication :

Apporte le plus souvent un soulagement, il est rare que le patient soit amené à prendre une alimentation semi liquide.

  1. La déglutition :

Elle peut être refusée en dehors des repas, pour des raisons psychologiques (dégoût), mais au moment des repas, la déglutition ne pose pas de problèmes.

  1. La phonation : elle peut être altérée et le patient sera gêné pour la prononciation de certains phonèmes, cette difficulté peut parfois conduire le patient à s’exclure de ses relations avec ses amis ou sa famille.
A côté de ces symptômes buccaux, les symptômes associés hors de la cavité buccale seront recherchés dans de le cadre de la recherche d’une lésion systémique:
  1. les symptômes ophtalmiques :

Sont essentiellement une sensation de brûlure oculaire ou une sensation de sable dans les yeux lors d’une lecture prolongée ou en regardant la télévision.

  1. Les symptômes ORL :

Se traduisent par une sensation de gorge sèche et de nez sec, la prévalence de ces symptômes est de 70%. Le patient se plaint parfois de modifications de sa perception olfactive.

  1. Une constipation chronique.
  2. Chez les femmes on peut rencontrer des infections fongiques vaginales à répétition ou des sensations de brûlures.
  3. DIAGNOSTIC ÉTIOLOGIQUE
    1. La prise de médicaments

Est une cause de 80% des déficits salivaires :

  • Les neuropsychotropes, les diurétiques, es antihypertenseurs et les antiparkinsoniens, et de façon plus générale tous les sympathomimétiques.
  • Les médicaments anticancéreux.
  • Les toxicomanies sont à rapprocher des hyposialies médicamenteuses.
  1. Le Syndrome De Gougerot- Sjögren

Est une maladie auto-immune, d’étiologie inconnue, caractérisée par une atteinte des glandes exocrines, en particulier les glandes lacrymales et salivaires. La maladie touche 0,2% de la population, plus souvent les femmes que les hommes.

Le diagnostic est porté généralement sur la présence de 3 critères : une séchresse buccale, une sécheresse oculaire avec des douleurs articulaires

  1. La radiothérapie cervico-faciale anti tumorale

La radiothérapie cervico-faciale peut provoquer une xérostomie par atrophie des acini, nécrose intra glandulaire, fibrose ou dégénérescence.

L’hyposialie survient dès l’apparition de la radiomucite.

Les atteintes des glandes salivaires dépendent de la dose d’irradiation, de la durée du traitement.

On considère qu’une dose de 70 grays délivrée dans le champ des glandes salivaires entraîne un processus irréversible.

  1. Le diabète

Les manifestations buccales du diabète sont une sécheresse des muqueuses provoquant la soif, souvent accompagnée de troubles du goût et une haleine cétonique ;

  1. L’hyposialie nutritionnelle

Les avitaminoses A, B1, B3, E, peuvent provoquer une sécheresse buccale.

Mais c’est surtout la carence en vitamine B3 qui intéresse l’odonto-stomatologiste par les manifestations buccales dont elle est responsable.

Stomatites, gingivites, glossites, chéilites.

  1. Xérostomie des vieillards

Cet arrêt de fonctionnement, parfois presque total, des glandes salivaires est grave et irréversible. Il provoque une sécheresse buccale incompatible avec non seulement le premier stade de digestion des aliments par la salive, mais aussi et surtout avec la mastication.

Le vieillard ne peut plus avaler sa nourriture et perd ses forces par dénutrition.

  1. Xérostomie de la neurasthénie

La neurasthénie est un état anxieux chronique qui se manifeste par la nervosité, de l’asthénie, des insomnies, des céphalées et des troubles divers que l’on retrouve également dans les états dépressifs : xérostomie, bourdonnements d’oreille, brûlure de la langue, prurit, arthrite.

L’incapacité devant l’effort physique ou intellectuel conduit au refus de lutter:

Le malade se laisse aller à sa maladie, sent l’impossibilité d’en sortir et manifeste des idées suicidaires.

  1. Causes plus rares
  1. Les atteintes neurologiques : sclérose en plaques, Parkinson en rapport avec des lésions neurologiques vasculaires bulbaires, plus précisément au niveau du plancher du 4ème ventricule, sarcoïdose, lymphome malin non hodgkinien.
  2. L’hyposialie globale transitoire : par exemple la bouche sèche lors d’une grande frayeur.
  3. le tabagisme.
  4. L’alcoolisme.
  5. Le Diagnostic Positif :

Le diagnostic positif est basé sur :

  • L’interrogatoire :

Qui tente de faire préciser la date du début et la notion d’affection passagère, récidivante, ou devenue chronique.

  • Les signes fonctionnels motivants la consultation à savoir :

La sensation de bouche sèche gênant la mastication, la déglutition, la phonation, qui conduit le patient à boire et à se rincer la bouche souvent (sensation de feu dans la bouche), amertume et parfois troubles de goûts.

  • L’inspection qui doit rechercher les signes confirmant la sécheresse buccale :

Altération des muqueuses avec des lèvres sèches, craquelées, perlèche le plus souvent. Langues lisse, dépapillée, rouge. Autres muqueuses recouvertes d’un enduit blanchâtre, moussant, collant. Ou bien muqueuse buccale érythémateuse, vernissée, lorsqu’on détache l’enduit.

  • L’expression des glandes salivaires qui donne peu ou pas de salive qui reste un geste utile pour la confirmation du diagnostic en pratique courante.
  • L’épreuve du morceau de sucre qui, normalement placé sous la pointe de la langue, doit fondre en trois minutes, et qui met bien plus longtemps à se dissoudre en cas de sécheresse buccale.
  • L’examen de la muqueuse palatine, dans la région du palais mou, pour la recherche et le contrôle de la fonction des glandes salivaires accessoires : normalement apparaît une fine transpiration de la muqueuse palatine à cet endroit, car les orifices des glandes accessoires sont ponctués de fines gouttelettes de salive et en cas d’une sécheresse buccale, ce signe clinique est absent.
  • L’abaisse-langue collant à la langue est également un test de suspicion d’un déficit salivaire.
  • Mesure du PH buccal par bandelette sur le dos de la langue; un papier PH mètre montre l’abaissement au-dessous de 6 du PH de la bouche.
  • L’examen anatomo-pathologique par biopsie des GSA +++ dans le syndrome de Gougerot- Sjogren.
  1. Traitement :

L’assèchement temporaire de la bouche disparaît généralement lorsque l’infection sous-jacente est guérie ou que les médicaments qui provoquaient ce trouble sont interrompus. Malheureusement, si la situation s’explique par la présence d’un syndrome de Gougerot-Sjögren, il n’y a aucune façon de guérir cette maladie.

Le traitement idéal serait de supprimer les médicaments sialoprives, mais, beaucoup de ces médicaments mettent en cause le pronostic vital du patient. Ils ne pourront pas tous être supprimés.

En dehors des repas, la sécrétion salivaire de repos sera stimulée par des éléments gustatifs ou mécaniques, pour obtenir une sécrétion et de ce fait, un soulagement pour nos patients.

Les stimuli mécaniques seront des pâtes à mâcher sans sucre, des noyaux de fruits ou des morceaux d’écorce d’orange.

Le meilleur des stimulants gustatifs est l’acide citrique contenu dans le jus de citron, mais son caractère acide doit rendre son utilisation discontinue et

Accompagnée d’une eau minérale riche en bicarbonates ou suivie d’un bain de bouche avec du bicarbonate.

  • Les stimulateurs de salive : des sialogogues (pilocarpine) seront prescrits pour stimuler la sécrétion des glandes salivaires et accroître la production de salive.
  • L’utilisation de salive artificielle en cas d’absence totale de sécrétion salivaire peut soulager l’assèchement de la bouche.

Sécheresse buccale et hyposialie

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