Les amalgames dentaires

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Les Amalgames Dentaires : Un Matériau de Restauration Traditionnel et Performant

Introduction

Les amalgames dentaires sont des biomatériaux métalliques largement utilisés en dentisterie conservatrice pour restaurer les pertes de substance coronaires, qu’elles soient simples ou complexes, principalement au niveau des prémolaires et des molaires. Ce matériau, bien que concurrencé par des alternatives modernes comme les résines composites, reste un choix privilégié dans de nombreuses situations cliniques en raison de sa durabilité, de sa facilité d’utilisation et de son coût relativement abordable. Leur composition, à base de mercure et d’autres métaux comme l’argent, l’étain, le cuivre ou le zinc, leur confère des propriétés mécaniques et chimiques uniques, bien que controversées en raison de préoccupations liées à la toxicité du mercure. Ce document explore en détail la composition, les propriétés, les avantages, les inconvénients et les techniques de manipulation des amalgames dentaires.

Définitions des Amalgames Dentaires

Définition Générale

Un amalgame dentaire est un alliage métallique obtenu par la combinaison de mercure liquide avec un alliage en poudre, généralement constitué d’argent, d’étain, de cuivre et parfois de zinc. Selon Skinner, « un amalgame est un type spécial d’alliage dans lequel l’un des constituants est le mercure ». Cette définition met en lumière le rôle central du mercure, qui agit comme un liant pour les autres métaux, formant une pâte plastique facile à manipuler pour obturer les cavités dentaires.

Définition selon Zimmermann

Zimmermann définit l’amalgame dentaire conventionnel comme un alliage formé de deux phases principales : l’une riche en étain et l’autre riche en argent. Cette structure biphasée confère à l’amalgame ses propriétés mécaniques spécifiques, notamment sa résistance et sa plasticité.

Définition selon l’ADA

L’Association Dentaire Américaine (ADA) décrit les amalgames dentaires comme des alliages métalliques, qui peuvent être binaires (mercure + un métal), ternaires (mercure + deux métaux) ou quaternaires (mercure + trois métaux ou plus). Cette classification reflète la diversité des compositions disponibles sur le marché.

Image : Mercure liquide
(Note : Dans le document original, une image de mercure liquide est mentionnée. Imaginez ici une illustration montrant une goutte de mercure brillant sur une surface, symbolisant sa fluidité et son rôle dans l’amalgamation.)

Composition et Rôle des Constituants de l’Amalgame d’Argent

Composition Générale

Les amalgames dentaires sont préparés en mélangeant du mercure liquide avec un alliage en poudre. Les principaux constituants de cet alliage sont :

  • Argent (Ag) : Métal de base, il représente environ 60 à 70 % de l’alliage. Il augmente la résistance mécanique et la réactivité avec le mercure.
  • Étain (Sn) : Présent à hauteur de 25 à 35 %, il améliore la plasticité de l’amalgame, facilitant sa mise en place dans la cavité.
  • Cuivre (Cu) : Avec une teneur variant de 2 à 30 %, il renforce la résistance au fluage (déformation plastique sous contrainte constante).
  • Zinc (Zn) : Présent en faible quantité (0 à 2 %), il agit comme un désoxydant, empêchant l’oxydation des autres métaux lors des processus de fusion et de coulée.
  • Mercure (Hg) : Élément liquide à température ambiante, il constitue environ 40 à 50 % de l’amalgame final et facilite l’amalgamation en liant les particules métalliques.

Types d’Alliages pour Amalgames

Les amalgames modernes sont classés en fonction de leur composition et de leur teneur en cuivre :

  1. Alliages conventionnels à faible teneur en cuivre (≤ 6 % de cuivre) : Basés sur la formule de Black, ils sont moins résistants à la corrosion et libèrent davantage de mercure.
  2. Alliages ternaires monophasés à haute teneur en cuivre (12 à 30 % de cuivre) : Ces alliages, appelés HCSC (High Copper Single Composition), offrent une meilleure résistance mécanique.
  3. Alliages à dispersion de phase (7 à 40 % de cuivre) : Également appelés « non gamma-2 », ils sont très appréciés pour leur stabilité et leur faible libération de mercure.
  4. Alliages originaux : Contiennent des éléments comme l’or, le platine ou le fluor pour des propriétés spécifiques, comme une action anticariogène.

Tableau 1 : Composition typique des amalgames dentaires

ConstituantProportion (%)Rôle
Argent (Ag)60-70Résistance mécanique, réactivité avec le mercure
Étain (Sn)25-35Plasticité, facilité de mise en forme
Cuivre (Cu)2-30Résistance au fluage, stabilité
Zinc (Zn)0-2Désoxydant, prévention de l’oxydation
Mercure (Hg)40-50Liant, amalgamation

Conditionnement et Manipulation

Conditionnement

Les amalgames dentaires modernes sont conditionnés sous forme de capsules prédosées, contenant une dose précise de poudre d’alliage et de mercure, séparées par une membrane. Cette présentation garantit une proportion optimale des composants et réduit les risques de contamination ou de manipulation incorrecte.

Image : Capsule prédosée
(Visualisez une capsule en plastique scellée, contenant deux compartiments : l’un avec une poudre métallique, l’autre avec du mercure liquide.)

Manipulation

L’amalgamation consiste à mélanger la poudre et le mercure pour obtenir une pâte plastique prête à l’emploi. Ce processus peut être réalisé de deux manières :

  • Amalgamateur mécanique : Un dispositif vibrant qui assure un mélange homogène en quelques secondes.
    Image : Amalgamateur (Imaginez un appareil compact avec un bras oscillant tenant une capsule.)
  • Mortier et pilon : Une méthode manuelle, moins courante aujourd’hui, utilisée dans des contextes où les équipements modernes ne sont pas disponibles.
    Image : Mortier et pilon (Visualisez un mortier en céramique avec un pilon en métal, utilisé pour triturer l’amalgame.)

Propriétés des Amalgames d’Argent

Propriétés Biologiques

Actions Néfastes
  • Toxicité des produits de dégradation : Les produits de corrosion, tels que les ions métalliques libérés par l’amalgame, peuvent migrer vers la pulpe dentaire, provoquant des réactions immunitaires ou inflammatoires. Les études montrent que ces produits ont un potentiel cytotoxique, bien que leur impact soit généralement limité.
  • Libération de mercure : Bien que controversée, la quantité de mercure libérée par les amalgames dentaires est considérée comme faible et dans des limites tolérables pour les patients et les professionnels dentaires, selon les normes internationales.
Actions Bénéfiques

Certains fabricants incorporent du fluor dans les alliages pour conférer un effet anticariogène, réduisant le risque de caries secondaires autour de l’obturation.

Propriétés Thermiques

Expansion Thermique

L’amalgame a un coefficient d’expansion thermique de 22 à 28 µm/m·K, soit plus du double de celui de la dent (8,3 µm/m·K pour la dentine, 11,4 µm/m·K pour l’émail). Cette différence peut entraîner des micro-fissures ou une percolation (infiltration de fluides) au niveau des marges de l’obturation, compromettant l’étanchéité.

Conductivité Thermique

Avec un coefficient de conductivité thermique de 0,055 cal/cm·s·K, l’amalgame conduit la chaleur plus efficacement que les tissus dentaires. Cela nécessite l’utilisation d’un isolant thermique, comme un ciment à base d’oxyde de zinc-eugénol, pour protéger la pulpe des variations de température.

Propriétés Chimiques et Électrochimiques

En milieu buccal, les amalgames sont exposés à la salive, un électrolyte qui favorise les phénomènes de corrosion électrochimique. Cette dégradation peut entraîner une ternissure de la surface de l’obturation et une libération limitée de produits de corrosion.

Avantages et Inconvénients des Amalgames

Avantages

  • Manipulation aisée : Facilité de préparation et de mise en place grâce aux capsules prédosées et aux amalgamateurs.
  • Temps de prise rapide : Permet une finition rapide en une seule séance.
  • Rigidité : Résistance mécanique élevée, adaptée aux restaurations des dents postérieures.
  • Adaptation marginale acceptable : Bonne étanchéité initiale.
  • Résistance à la corrosion : Insoluble dans les fluides buccaux.
  • Tolérance biologique : Généralement bien toléré par les tissus buccaux.
  • Polissage durable : Maintient un aspect lisse et brillant après polissage.
  • Pas d’élévation thermique lors de la prise : Aucun risque de surchauffe pendant la polymérisation.

Inconvénients

  • Toxicité potentielle : Bien que limitée, la libération de mercure suscite des inquiétudes.
  • Fragilité : Risque de fracture sous des contraintes élevées.
  • Corrosion : Phénomène de ternissure à long terme.
  • Conductivité thermique : Nécessite un isolant thermique.
  • Coefficient d’expansion élevé : Risque de percolation.
  • Inesthétique : Couleur métallique non adaptée aux dents antérieures.
  • Difficulté de retrait : Désobturation complexe, pouvant endommager les tissus dentaires.

Tableau 2 : Avantages et inconvénients des amalgames dentaires

AvantagesInconvénients
Manipulation aiséeToxicité potentielle
Temps de prise rapideFragilité possible
Rigidité élevéeCorrosion et ternissure
Bonne adaptation marginaleConductivité thermique
Résistance aux fluides buccauxCoefficient d’expansion élevé
Tolérance biologiqueInesthétique
Polissage durableDifficulté de désobturation

Manipulation Clinique des Amalgames

Préparation de la Cavité

La préparation de la cavité est une étape cruciale pour garantir la longévité de l’obturation. Elle doit respecter les principes de Black, qui incluent :

  • Élimination des tissus cariés : Retrait complet des tissus infectés.
  • Forme de rétention : Création de contre-dépouilles pour stabiliser l’amalgame.
  • Forme de résistance : Renforcement des parois pour supporter les forces masticatoires.

Toilette de la Cavité

Avant l’obturation, la cavité doit être isolée de la salive à l’aide d’un champ opératoire (digue en caoutchouc). Une désinfection avec une solution antiseptique, comme la chlorhexidine, est recommandée pour éliminer les bactéries résiduelles.

Fond de Cavité

Un matériau de base, tel que l’oxyde de zinc-eugénol modifié ou l’hydroxyde de calcium, est placé au fond de la cavité pour protéger la pulpe et réduire la sensibilité thermique.

Mise en Place de la Matrice

Une matrice métallique est utilisée pour confiner l’amalgame lors de sa condensation, assurant une adaptation précise aux parois de la cavité.

Amalgamation

L’amalgamation, ou trituration, est réalisée à l’aide d’un amalgamateur pour obtenir une pâte homogène et plastique. Cette pâte doit être utilisée rapidement, car elle commence à durcir après 3 à 4 minutes.

Insertion et Condensation

L’amalgame est inséré dans la cavité à l’aide d’un porte-amalgame et condensé pour éliminer les vides et assurer une adaptation optimale. La condensation peut être :

  • Manuelle : À l’aide de fouloirs à bout plat, strié ou rond, en appliquant de petites portions d’amalgame.
  • Mécanique : À l’aide d’un contre-angle et de fouloirs vibrants pour une condensation plus homogène.

Finition des Amalgames

La finition comprend plusieurs étapes :

  1. Dégrossissage : Retrait de l’excès d’amalgame et de la matrice, suivi d’une égalisation de la surface.
  2. Pré-sculpture : Reproduction des cuspides, sillons et fossettes à l’aide d’instruments spécifiques.
  3. Vérification de l’occlusion : Contrôle de la hauteur de l’obturation pour éviter les interférences occlusales.
  4. Brunissage : Application d’une pression sur les marges pour améliorer l’adaptation.
  5. Polissage : Réalisé après 24 heures (idéalement une semaine) pour éviter la libération de mercure due à la chaleur. Il comprend une correction morphologique (fraises multilâmes, disques abrasifs) et un lustrage (brossettes souples, pâte à polir à base d’oxyde de zinc).

Image : Instruments de condensation et de finition
(Visualisez un ensemble d’instruments dentaires : fouloirs à amalgame, brunissoirs, fraises multilâmes, et brossettes pour le polissage.)

Conclusion

Les amalgames dentaires, bien que controversés en raison de la présence de mercure, restent un matériau de choix en dentisterie conservatrice pour leur robustesse, leur facilité d’utilisation et leur coût abordable. Leur composition, à base d’argent, d’étain, de cuivre et de zinc, leur confère des propriétés mécaniques et biologiques adaptées aux restaurations postérieures. Cependant, leurs limites, notamment leur inesthétisme et leur conductivité thermique, ont conduit au développement d’alternatives comme les composites. Une manipulation clinique rigoureuse, respectant les principes de préparation, d’isolation et de finition, est essentielle pour maximiser leur efficacité et leur longévité. En comprenant leurs avantages, leurs inconvénients et leurs techniques d’application, les praticiens peuvent continuer à utiliser les amalgames dentaires de manière sûre et efficace, tout en tenant compte des préoccupations modernes liées à la santé et à l’esthétique.

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