La muqueuse buccale
La Muqueuse Buccale
I. Introduction
La cavité buccale, également appelée cavum oris, est une structure anatomique essentielle située à la partie inférieure de la face. De forme grossièrement quadrangulaire et symétrique, elle constitue l’entrée principale du système digestif et joue un rôle clé dans la phonation, la déglutition, la mastication et la perception gustative. Cette cavité est délimitée par plusieurs structures anatomiques :
- En avant : les lèvres, qui forment l’orifice buccal.
- Latéralement : les joues, qui confèrent une protection et une souplesse à la cavité.
- En haut : le palais, divisé en palais dur et palais mou.
- En bas : la langue et la région sublinguale, formant le plancher buccal.
- En arrière : l’isthme du gosier, qui établit une communication avec le pharynx.
La cavité buccale abrite des structures essentielles telles que les arcades dentaires, la langue et les glandes salivaires. Elle est tapissée par la muqueuse buccale, une membrane spécialisée qui joue un rôle protecteur, sensitif et sécrétoire. Pour une analyse complète, nous aborderons les aspects suivants :
- La muqueuse buccale et pharyngée.
- La muqueuse linguale.
- Les glandes salivaires.
- Les dents.
Cette image illustre une vue schématique de la cavité buccale en coupe sagittale, mettant en évidence les structures anatomiques clés telles que les lèvres, la langue, le palais dur et mou, les arcades dentaires et l’isthme du gosier. Les muqueuses sont représentées avec des couleurs distinctes pour différencier les zones kératinisées (comme la gencive et le palais dur) des zones non kératinisées (comme les joues et le plancher buccal). Les glandes salivaires accessoires sont également visibles dans la sous-muqueuse.
II. La Muqueuse Buccale
1. Définition
La muqueuse buccale est une membrane richement vascularisée et innervée qui recouvre l’ensemble des parois internes de la cavité buccale. Elle tapisse les lèvres, les joues, le palais dur, le palais mou (ou voile du palais), le plancher buccal et la partie inférieure des arcades dentaires, incluant les vestibules et la muqueuse alvéolaire. Cette muqueuse sécrète en continu du mucus, une substance humidifiante qui maintient l’hydratation des tissus, protège contre les agressions mécaniques et facilite la déglutition et la phonation. Elle joue également un rôle dans la protection contre les pathogènes grâce à sa barrière physique et à la présence de cellules immunitaires.
2. Anatomie
La muqueuse buccale est en continuité avec plusieurs structures environnantes, assurant une transition fluide entre les différentes régions de la tête et du cou :
- En avant : Elle se prolonge avec le tissu cutané externe des lèvres, formant une jonction cutanéo-muqueuse au niveau du vermillon.
- En arrière : Elle se connecte à la muqueuse oro-pharyngée, incluant le voile du palais et les amygdales.
- Latéralement : Elle recouvre l’intérieur des joues, offrant une surface souple et élastique.
- En haut : Elle constitue le plafond de la cavité buccale, formant le palais dur.
- En bas : Elle tapisse le plancher buccal et la base de la langue, zones riches en glandes salivaires.
Cette continuité anatomique permet à la muqueuse buccale de s’adapter aux fonctions variées de la cavité, telles que la mastication, la déglutition et la parole.
3. Histologie
La muqueuse buccale est composée de plusieurs couches histologiques, chacune adaptée à des fonctions spécifiques selon sa localisation :
3.1 Épithélium Malpighien
L’épithélium de la muqueuse buccale est de type pavimenteux stratifié, avec des caractéristiques variables selon les régions :
- Kératinisé : Présent dans les zones soumises à des contraintes mécaniques importantes, comme la gencive et le palais dur. Cet épithélium contient une couche cornée protectrice qui résiste à l’abrasion.
- Non kératinisé : Observé dans les zones plus souples, comme les lèvres, les joues, le palais mou et le plancher buccal. Cet épithélium est plus flexible et permet une meilleure mobilité.
3.2 Tissu Conjonctif (Lamina Propria ou Chorion)
Le tissu conjonctif sous-jacent est divisé en deux zones :
- Zone superficielle (papillaire) : Constituée d’un tissu conjonctif lâche, elle contient des papilles conjonctives et des terminaisons nerveuses. Les crêtes épithéliales et les papilles conjonctives sont peu marquées, ce qui confère une certaine souplesse à la muqueuse.
- Zone profonde (derme) : Composée d’un tissu conjonctif dense riche en fibres collagènes et élastiques, elle contient des amas adipeux et des vaisseaux sanguins, assurant la robustesse et l’élasticité de la muqueuse.
3.3 Membrane Basale
Située entre l’épithélium et le tissu conjonctif, la membrane basale mesure 1 à 2 µm d’épaisseur. En microscopie électronique, elle se divise en :
- Lamina densa : Une couche dense riche en collagène.
- Lamina lucida : Une couche claire qui facilite l’adhésion de l’épithélium au conjonctif.
- Fibrilles d’ancrage : Elles assurent une fixation solide entre les différentes couches.
3.4 Sous-Muqueuse
La sous-muqueuse est une couche de tissu adipeux située sous le chorion, présente uniquement au niveau des lèvres, des joues, du palais mou et du plancher buccal. Elle contient la majorité des glandes salivaires accessoires, des vaisseaux sanguins et des nerfs, et sépare la muqueuse des structures sous-jacentes (os ou muscles). Cette couche contribue à la mobilité et à l’élasticité de la muqueuse.
4. Types de Muqueuses Buccales
4.1 La Muqueuse Alvéolaire
A. Anatomie
La muqueuse alvéolaire recouvre les procès alvéolaires des maxillaires et de la mandibule, en continuité avec la gencive kératinisée. Elle se distingue par sa couleur rougeâtre, son aspect lisse et sa mobilité relative par rapport aux plans sous-jacents. Elle est divisée en deux zones principales :
- Le vestibule buccal (vestibulum oris) : Cet espace virtuel est délimité par la muqueuse alvéolaire, les muqueuses labiales et jugales, et la gencive kératinisée. Sa profondeur varie selon les individus et peut être influencée par des replis muqueux, comme le frein labial supérieur, le frein labial inférieur et les brides jugales, qui relient la muqueuse aux procès alvéolaires.
- La muqueuse alvéolaire proprement dite : Elle se prolonge après la ligne muco-gingivale, une zone de transition entre la gencive kératinisée et la muqueuse alvéolaire non kératinisée. Cette ligne peut être localisée par :
- Inspection visuelle : La différence de couleur et de texture entre la gencive et la muqueuse alvéolaire est visible.
- Pression : La muqueuse alvéolaire est plus souple que la gencive.
- Traction : La muqueuse alvéolaire se déforme plus facilement sous traction.
- Test de rouleau : Une technique clinique qui consiste à rouler la muqueuse pour identifier la limite avec la gencive.
B. Histologie
L’épithélium de la muqueuse alvéolaire est non kératinisé, avec une épaisseur variant entre 0,005 et 0,3 mm, plus épais que celui du plancher buccal (260 ± 40 µm). Le tissu conjonctif sous-jacent est riche en fibres élastiques, avec des papilles conjonctives coniques mesurant environ 100 µm de long et 25 µm à leur base. Ces papilles, souvent bifurquées ou angulées, sont au nombre de 46 par unité de surface, assurant une bonne flexibilité.
4.2 La Muqueuse Labiale
A. Anatomie
Les lèvres sont des structures musculo-membraneuses mobiles qui délimitent l’orifice buccal. Elles se composent de quatre plans, de l’extérieur vers l’intérieur :
- La peau : Face externe des lèvres, appelée lèvre blanche.
- La couche musculaire : Principalement formée par le muscle orbiculaire de la bouche.
- La couche sous-muqueuse : Contient des glandes salivaires accessoires.
- La muqueuse : Tapisse la face interne des lèvres et se prolonge latéralement avec la muqueuse jugale. Elle est souple et élastique, permettant une grande mobilité.
Les lèvres présentent trois zones distinctes :
- Face antérieure (lèvre blanche) : Recouverte de peau.
- Face postérieure (muqueuse) : Tapissée par la muqueuse labiale.
- Bord libre (vermillon ou zone de Klein) : Une zone de transition cutanéo-muqueuse, de couleur rouge due à la richesse vasculaire et à la faible kératinisation.
Les extrémités des lèvres forment les commissures labiales, constituant les angles de la bouche.
B. Histologie
- Face cutanée : L’épithélium est pavimenteux stratifié kératinisé, contenant des follicules pileux, des glandes sébacées, des glandes sudoripares et des récepteurs sensoriels.
- Face muqueuse : L’épithélium est pavimenteux stratifié non kératinisé, plus épais, sans couche cornée ni granuleuse. Il repose sur un chorion lâche contenant des glandes salivaires et une sous-muqueuse. La zone de Klein est caractérisée par un épiderme mince, peu kératinisé, sans formations pilaires ni glandes sébacées, ce qui lui confère sa couleur rouge distinctive.
Cette image montre une coupe histologique de la muqueuse labiale, mettant en évidence l’épithélium pavimenteux stratifié non kératinisé et le chorion sous-jacent. La zone de Klein est visible, avec une transition claire entre la peau kératinisée et la muqueuse non kératinisée. Les glandes salivaires accessoires et les vaisseaux sanguins sont également représentés dans la sous-muqueuse.
4.3 La Muqueuse Palatine
A. Anatomie
Le palais est divisé en deux parties :
- Palais dur : Les deux tiers antérieurs, formés par une lame osseuse recouverte d’une muqueuse adhérente. Cette zone est essentielle pour la mastication et la phonation.
- Palais mou (voile du palais) : Le tiers postérieur, une structure musculo-membraneuse mobile qui se prolonge en une luette à son bord postérieur. La luette repose sur la langue lorsque le palais est relâché. Deux piliers membraneux partent de la luette, encadrant les amygdales de chaque côté.
Le voile du palais joue un rôle crucial dans la déglutition en se plaquant contre la paroi pharyngée, séparant ainsi la voie respiratoire de la voie digestive.
B. Histologie
- Palais dur : La muqueuse est rose, adhérente au périoste, et recouverte d’un épithélium pavimenteux stratifié kératinisé, adapté aux contraintes mécaniques.
- Voile du palais : L’épithélium est non kératinisé, reposant sur un chorion épais contenant des fibres musculaires striées et des glandes salivaires accessoires de type muqueux.
- Luette : Elle possède un axe musculaire strié et un tissu conjonctif lâche recouvert d’un épithélium non kératinisé. Des bourgeons gustatifs, responsables de la perception des saveurs, sont présents dans cette muqueuse.
III. Fonctions de la Muqueuse Buccale
La muqueuse buccale remplit plusieurs fonctions essentielles :
- Protection : Elle agit comme une barrière physique contre les agressions mécaniques, chimiques et microbiennes.
- Sécrétion : Le mucus maintient l’hydratation et facilite la déglutition.
- Sensation : Grâce à son innervation riche, elle permet la perception de la douleur, de la température et du goût (notamment via les bourgeons gustatifs de la luette et de la langue).
- Élasticité et mobilité : Sa souplesse permet les mouvements nécessaires à la parole, à la mastication et à la déglutition.
IV. Importance Clinique
La muqueuse buccale est un indicateur de santé générale. Des altérations de sa couleur, de sa texture ou de son intégrité peuvent signaler des pathologies locales (infections, ulcères) ou systémiques (carences vitaminiques, maladies auto-immunes). Les cliniciens examinent souvent la muqueuse pour diagnostiquer des conditions telles que la candidose buccale, les lésions précancéreuses ou les maladies parodontales. De plus, la muqueuse alvéolaire et labiale est essentielle en chirurgie dentaire et en implantologie, où la profondeur du vestibule et la qualité de la muqueuse influencent les résultats des interventions.
V. Conclusion
La muqueuse buccale est une structure complexe et multifonctionnelle, essentielle au bon fonctionnement de la cavité buccale. Son organisation anatomique et histologique, avec des variations régionales (kératinisée ou non, mobile ou adhérente), lui permet de répondre aux exigences de la mastication, de la déglutition, de la phonation et de la protection. En comprenant ses caractéristiques, les professionnels de santé peuvent mieux diagnostiquer et traiter les pathologies buccales, tout en optimisant les interventions chirurgicales et prothétiques.
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La muqueuse buccale

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.

