Santé bucco-dentaire et populations à risque

Santé bucco-dentaire et populations à risque

République Algérienne Démocratique et Populaire

Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique

UNIVERSITE BADJI MOKHTAR – ANNABA

FACULTE DE MEDECINE

DEPARTEMENT DE MEDECINE DENTAIRE

SERVICE DE PARODONTOLOGIE

Santé bucco-dentaire et populations à risque

COURS POLYCOPIE PREPARE ET PRESENTE PAR 

Pr BOUDJELLEL

MODULE HYGIENE ET PREVENTION

2ème ANNEE 

2023/2024

Plan

I/ Introduction

II/ Définition de la santé publique 

III/ Les différentes populations à risque 

IV/ Les différents facteurs de risque

V/ Comment recueillir l’information 

VI/ Importance de l’anamnèse

Conclusion 

Complément de lecture : Rapport de l’OMS novembre 2023

I/ Introduction 

L’état de santé général peut avoir un impact sur la santé buccodentaire et inversement. Ainsi pour certaines périodes de la vie, comme pendant la grossesse, l’état buccodentaire est plus fragile. 

D’autre part, les personnes qui sont affectées par des maladies chroniques, comme le diabète ou les maladies cardiaques, ont besoin d’un suivi dentaire rigoureux. 

Enfin les personnes âgées et les personnes déficientes motrices ou intellectuelles peuvent avoir besoin d’aide pour l’hygiène dentaire. 

Dans ces cas, on parle de populations à risques pour la santé buccodentaire. (OMS 2023)

II/ Définition de la santé publique 

L’OMS, en 1952, a donné la définition suivante : « La santé publique est la science et l’art de prévenir les maladies, de prolonger la vie et d’améliorer la santé et la vitalité mentale et physique des individus, par le moyen d’une action collective concertée visant à : 

  1. Assainir le milieu ; 
  2. Lutter contre les maladies ; 
  3. Enseigner les règles d’hygiène personnelle ; 
  4. Organiser des services médicaux et infirmiers en vue d’un diagnostic précoce et du traitement préventif des maladies ; 
  5. Mettre en œuvre des mesures sociales propres à assurer à chaque membre de la collectivité un niveau de vie compatible avec le maintien de la santé ».

La santé publique est aujourd’hui une discipline autonome qui s’occupe de l’état sanitaire d’une collectivité, de la santé globale des populations sous tous ces aspects : curatif, préventif, éducatif et social. 

III/ Les différentes populations à risque 

L’OMS décrit les populations à risque ou populations vulnérables : Femmes enceintes, nourrissons et jeunes enfants, personnes de plus de 65 ans, personnes souffrant de pathologies cardiovasculaires, insuffisants cardiaques ou respiratoires, personnes asthmatiques…etc

Il est donc important de savoir que du point de vue de la santé publique, il est plus efficace de cibler les groupes plutôt que les individus à haut risque de pathologies bucco-dentaires.

Si tous les patients sont exposés au risque alimentaire, certains, par leurs comportements, sont de véritables “patients à risque” et là encore, il convient de bien les connaître pour mieux les identifier. 

Le problème peut être individuel : dans ce cas le patient est dépendant d’habitudes alimentaires incompatibles avec sa santé bucco-dentaire : Consommation fréquente de sucreries, addiction aux colas, boissons sucrées et acides, café, alimentation molle et collante, etc. 

IV/ Les différents facteurs de risque

Le risque peut être lié :

 -à son âge : jeune patient atteint d’un “syndrome du biberon”, ou simplement gros consommateur de sucreries, privilégiant les “sandwichs” aux vrais repas ; 

-à un aspect psychologique : boulimie, anorexie mentale, état dépressif, problèmes psychoaffectifs avec habitudes alimentaires compensatoires.

-à un problème médical : la prise de certains médicaments (antidépresseur par exemple) peut entraîner une hyposialie, dans ce cas, même si l’alimentation est «saine», sa cariogénicité est aggravée. 

C’est parfois la galénique même du traitement qui crée le risque : pastilles que l’on suce, sirop pris “au coucher”. 

-à un problème de santé générale : La santé bucco-dentaire actuellement fait partie intégrante de la santé générale et du bien-être. Les personnes qui sont affectées par des maladies chroniques, comme les cardiopathies, le diabète, ont besoin d’un suivi dentaire rigoureux.

Le risque peut être lié à un style de vie 

– Appartenance à un groupe social : Époques particulières de la vie pouvant amener une modification temporaire ou définitive de l’alimentation : adolescence, grossesse, période d’allaitement, 3ème et 4ème âge. 

– Appartenance à un milieu professionnel particulier : métiers de l’alimentation où il faut “goûter” à tout instant bien sûr, mais aussi métiers de stress, métiers où l’on grignote “en attendant” : taxi, pompiers, chauffeurs-routiers, etc. Sportifs professionnels où les régimes alimentaires et énergétiques sont particulièrement dangereux pour les dents. 

– Habitudes nocives : fumeurs qui veulent “masquer” ou compenser le tabac par des sucreries mentholées. Halitose que le patient cherche à masquer par des sucreries mentholées. Il faut faire attention aux petits bonbons “peu caloriques” mais cariogènes s’ils sont sucés à longueur de journée. Le grignotage est une source de caries et de maladies parodontales, surtout s’il est associé à un manque d’hygiène bucco-dentaire. 

Autres facteurs importants 

  1. La pauvreté et l’ignorance sont les indicateurs de risque les plus importants qui expliquent les différences de santé bucco-dentaire.
  2. Le niveau d’instruction et la malnutrition, étroitement liés à la pauvreté. 
  3. Dans les pays en développement et dans les groupes à risque des pays industrialisés, le rôle du sucre dans le développement des caries de l’émail est indiscutable. Dans ces pays, l’alimentation en dehors des maisons (types sandwichs, hamburger… etc.), molle et collante participe activement à l’installation des maladies parodontales 
  4. Le manque d’utilisation biquotidienne d’un dentifrice contenant des fluorures est un facteur de risque pour les affections bucco-dentaires (caries et maladies parodontales). 

Le rôle des mères est essentiel, en général elles sous-estiment l’importance d’entreprendre elles-mêmes le brossage des dents de leurs enfants ou de le surveiller au cours des premières années de la vie. L’âge auquel les parents commencent le brossage des dents de leurs enfants et la fréquence des brossages sont aussi des facteurs potentiels de risque. 

Les indicateurs et les facteurs de risque de pathologies bucco-dentaires étant identifiés, il faut se demander si les efforts de prévention doivent être ciblés et comment les stratégies de prévention pourraient être plus efficaces si elles s’adressaient à des individus à risque préalablement identifiés. 

Pour atteindre ce but, elles peuvent nécessiter des informations complémentaires, un examen de bucco-dentaire détaillé et, si possible, des informations concernant le niveau d’hygiène dentaire, la prévention et les soins dentaires. 

V/ Comment recueillir l’information 

Il convient donc de mettre au point pour le cabinet dentaire des stratégies pour découvrir ces circonstances à risque dans la vie de ces patients. Bien évidemment la communication habituelle, le dialogue vont permettre de questionner et mieux connaître la vie de ces patients. 

Souvent c’est lors des premiers rendez-vous que le praticien identifie ou soupçonne “un problème particulier” : l’attitude du patient, le sens clinique du praticien, le type de lésions, leur localisation, vont éveiller son souci d’aller plus loin.

VI/ Importance de l’anamnèse 

L’anamnèse doit être réalisée à la première consultation, avant la réalisation de tout acte, afin de prendre connaissance des éventuels risques qui peuvent exister chez le patient. Il faudra l’interroger sur ses antécédents médicaux et chirurgicaux, ses traitements, ses allergies, ses addictions, ses habitudes de vie  ainsi que son niveau socio-économique de manière plus globale. 

Un contact avec le médecin traitant pourra compléter cet interrogatoire, ainsi qu’un examen clinique approfondi pour permettre au praticien de repérer certains éléments utiles pour la suite de la prise en charge.

CONCLUSION

Les patients issus de populations à risque nécessitent une prise en charge adaptée, qui implique de prendre certaines précautions, et donc de connaître les risques potentiels. 

La conduite à tenir va être guidée par de nombreuses recommandations, mais également par l’expérience du praticien, à qui il reviendra de prendre les décisions. 

Complément de lecture  

Rapport de l’OMS novembre 2023

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a rendu un nouveau rapport de situation sur l’état de la santé bucco-dentaire mondiale en novembre dernier. Il fournit le tout premier tableau complet de la charge de morbidité bucco-dentaire avec des données de 194 pays contenant des informations inédites sur les domaines clés et les marqueurs sur la santé bucco-dentaire.

Selon ce rapport, près de la moitié de la population mondiale (45 %, soit 3,5 milliards de personnes) souffre d’affections bucco-dentaires et trois personnes touchées sur quatre vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. “ Preuve que de nombreuses personnes n’ont accès ni à la prévention ni au traitement des affections bucco-dentaires, on compte un milliard de cas de plus qu’il y a 30 ans “, souligne l’OMS.

” La santé bucco-dentaire a longtemps été le parent pauvre de la santé mondiale, mais bien des affections qui en relèvent peuvent être évitées et traitées grâce aux mesures efficaces au regard des coûts décrites dans ce rapport “, a déclaré le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Les affections bucco-dentaires les plus courantes sont les caries, les maladies parodontales graves, la perte de dents et les cancers de la cavité buccale. Les caries dentaires non traitées représentent le problème de santé le plus courant dans le monde et concernent environ 2,5 milliards de personnes. On estime que les maladies parodontales graves – cause majeure de perte totale de dents – touchent un milliard de personnes à l’échelle mondiale. D’autre part, quelque 380 000 nouveaux cas de cancers de la cavité buccale sont diagnostiqués chaque année.

Le rapport souligne les inégalités en matière d’accès aux services de santé bucco-dentaire, dans la mesure où les populations les plus vulnérables et défavorisées sont de loin les plus touchées par ces maladies. Les personnes à faible revenu, handicapées, âgées vivant seules, ou en structure d’accueil, les habitants des communautés isolées et rurales et les personnes appartenant à des groupes minoritaires sont plus lourdement touchées par les affections bucco-dentaires.

Améliorer l’état de la santé bucco-dentaire

Ce schéma d’inégalités est semblable à celui d’autres maladies non transmissibles, comme les cancers, les maladies cardiovasculaires, le diabète et les troubles mentaux. Les facteurs de risque communs aux maladies non transmissibles, ” à l’instar d’un apport élevé en sucres, de toutes les formes de tabagisme et de l’usage nocif de l’alcool, sont autant d’éléments qui accentuent la crise mondiale de la santé bucco-dentaire “, analyse l’OMS dans un communiqué.

Le rapport présente plusieurs propositions pour améliorer l’état de la santé bucco-dentaire dans le monde. Parmi celles-ci la planification des services de santé bucco-dentaire en tant que partie intégrante de la santé nationale et l’amélioration de l’intégration des services de santé bucco-dentaire dans les soins de santé primaires dans le cadre de la couverture sanitaire universelle.

Le rapport propose également de ” redéfinir les modèles pour le personnel de santé bucco-dentaire de manière à répondre aux besoins de la population et élargir les compétences des autres agents de santé afin d’étendre la couverture des services de santé bucco-dentaire “.

Santé bucco-dentaire et populations à risque

  Les caries précoces chez les enfants doivent être traitées rapidement.
Les facettes dentaires masquent les imperfections comme les taches ou les fissures.
Les dents mal alignées peuvent causer des difficultés à mâcher.
Les implants dentaires offrent une solution stable pour remplacer les dents manquantes.
Les bains de bouche antiseptiques réduisent les bactéries responsables de la mauvaise haleine.
Les dents de lait cariées peuvent affecter la santé des dents définitives.
Une brosse à dents à poils souples préserve l’émail et les gencives.
 

Santé bucco-dentaire et populations à risque

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