KYSTES ET PSEUDO KYSTES
Kystes et Pseudo-Kystes
Définition
Qu’est-ce qu’un kyste ?
Un kyste est une cavité pathologique délimitée par une paroi tapissée d’un épithélium. Cette structure peut contenir un liquide, un gaz ou un matériel semi-solide. Les kystes sont généralement des néoformations bénignes, bien que leur comportement puisse varier selon leur nature et leur localisation. Ils se forment à partir de tissus épithéliaux, souvent en réponse à une stimulation chronique, une inflammation ou une anomalie développementale.
Qu’est-ce qu’un pseudo-kyste ?
Un pseudo-kyste, contrairement au kyste, n’est pas tapissé par un épithélium. Il s’agit d’une cavité qui peut contenir du liquide ou du matériel, mais dont la paroi est formée par du tissu conjonctif ou fibreux. Les pseudo-kystes sont également bénins dans la majorité des cas, mais leur étiologie et leur comportement diffèrent des kystes véritables.
Caractéristiques radiologiques
Radiologiquement, les kystes et pseudo-kystes présentent des aspects typiques qui permettent de les identifier :
- Limites nettes : Les kystes ont généralement des contours bien définis, ce qui les distingue des lésions malignes, qui ont souvent des bords irréguliers.
- Croissance lente : Leur développement est progressif, ce qui reflète leur nature bénigne.
- Aspect homogène : L’intérieur de la lésion apparaît souvent radioclaire ou hyperclaire sur les images radiographiques, bien que des variations puissent exister en fonction du contenu.
Diagnostic
Examen anatomopathologique
Le diagnostic définitif des kystes et pseudo-kystes repose sur un examen anatomopathologique. Cet examen est indispensable, quel que soit l’aspect clinique ou radiologique de la lésion, car il permet :
- De confirmer le diagnostic positif.
- De réaliser un diagnostic différentiel entre les différentes lésions kystiques ou pseudo-kystiques, dont les présentations cliniques et radiologiques peuvent être similaires et prêter à confusion.
Imagerie complémentaire
L’imagerie joue un rôle clé dans l’évaluation initiale et le diagnostic des kystes et pseudo-kystes. La confrontation des résultats de l’examen anatomopathologique avec les données d’imagerie, notamment le cone beam CT (CBCT) ou le scanner, permet de poser un diagnostic précis. Ces techniques offrent une résolution osseuse nettement supérieure à celle du panoramique dentaire, permettant de détecter :
- Le caractère lytique pur de la lésion, qui se traduit par une radiotransparence.
- La présence éventuelle de densités cémentaires, souvent invisibles sur un panoramique dentaire.
- Les détails des corticales osseuses, qui peuvent être amincies ou intactes, selon la nature de la lésion.
Résolution osseuse
La résolution osseuse obtenue par le CBCT ou le scanner permet de différencier les lésions kystiques des lésions compactes. Par exemple :
- Une lésion radioclaire à proximité d’une crête alvéolaire édentée oriente vers un kyste odontogène inflammatoire résiduel.
- Une géode moins radiotransparente, avec un aspect gris homogène ou non, peut correspondre à une lésion kystique ou compacte, selon l’épaisseur des corticales.
Classification
Les kystes et pseudo-kystes des mâchoires peuvent être classés en deux grandes catégories : les kystes odontogènes et les kystes non odontogènes, auxquels s’ajoutent les pseudo-kystes. Cette classification repose sur leur origine, leur structure histologique et leur localisation.
Kystes odontogènes
Les kystes odontogènes sont associés au développement ou à la pathologie des dents. Ils dérivent des tissus impliqués dans la formation dentaire, tels que l’épithélium de la gaine radiculaire ou de l’émail.
Kystes non odontogènes
Ces kystes proviennent de tissus épithéliaux non liés au développement dentaire, comme les résidus embryonnaires des structures nasopalatines ou des sutures faciales.
Pseudo-kystes
Les pseudo-kystes, dépourvus d’épithélium, sont souvent liés à des traumatismes ou à des anomalies anatomiques.
Sémiologie radiologique
Caractéristiques générales
Les kystes et pseudo-kystes présentent des caractéristiques radiologiques spécifiques :
- Image homogène : L’intérieur de la lésion est généralement radioclaire, voire hyperclaire, reflétant la présence de liquide ou de matériel peu dense.
- Contours variables :
- Un contour « nuageux » peut indiquer une poussée inflammatoire active, souvent associée à une infection ou une irritation chronique.
- Un contour épais peut résulter de poussées inflammatoires successives, entraînant une sclérose osseuse périphérique.
- Lésions ostéolytiques : Une lésion radioclaire près d’une crête alvéolaire édentée suggère un kyste odontogène inflammatoire résiduel.
- Géodes : Moins radiotransparentes, elles peuvent apparaître grises, homogènes ou non, et correspondent soit à des lésions kystiques avec des corticales épaisses, soit à des lésions compactes.
Interprétation des images
L’interprétation radiologique repose sur l’analyse des contours, de la densité et de la localisation de la lésion. Par exemple :
- Une lésion uniloculaire, bien délimitée, est typique d’un kyste odontogène.
- Une lésion multiloculaire ou pseudo-loculaire, avec des contours festonnés, peut orienter vers une tumeur odontogène kératokystique.
Diagnostic étiologique
Kystes odontogènes
Kyste radiculaire dentaire
- Origine : Débris de la gaine épithéliale radiculaire de Hertwig.
- Âge : Entre 20 et 50 ans.
- Fréquence : Le kyste le plus fréquent des os maxillaires.
- Localisation : Apex d’une dent traitée endodontiquement.
- Taille : 1,5 à 3 cm.
- Caractéristiques radiologiques :
- Forme arrondie, uniloculaire.
- Contours lisses et bien définis.
- Aspect homogène, expansif.
- Particularités : Ce kyste résulte souvent d’une infection chronique à l’apex d’une dent traitée.
Kyste radiculaire résiduel
- Origine : Persistance d’un kyste radiculaire après extraction de la dent causale.
- Âge : Au-delà de 20 ans.
- Localisation : Région apicale des os maxillaires édentés.
- Taille : 2 à 3 cm.
- Caractéristiques radiologiques : Similaires au kyste radiculaire (arrondi, uniloculaire, homogène).
- Particularités : Ce kyste peut persister après une extraction si le tissu kystique n’est pas complètement éliminé.
Kyste paradental latéral
- Origine : Restes cellulaires de la lame dentaire ou résidus de l’épithélium réduit de l’émail sur la surface radiculaire latérale.
- Âge : Au-delà de 30 ans.
- Fréquence : Rare.
- Localisation : Surface latérale des racines de dents pulpées, souvent dans la région canine-prémolaire de la mandibule ou incisive latérale du maxillaire.
- Taille : Inférieure à 1 cm.
- Caractéristiques radiologiques :
- Uniloculaire, arrondie.
- Contours lisses et bien définis.
- Aspect homogène.
- Particularités : Sa petite taille et sa localisation spécifique le distinguent des autres kystes odontogènes.
Kyste dentigère folliculaire
- Origine : Débris de l’épithélium réduit de l’émail après la formation de la dent.
- Âge : Jeunes adultes (20 à 40 ans).
- Localisation : Associé à la couronne d’une dent incluse, pouvant entraîner un déplacement dentaire.
- Taille : Peut dépasser 3 cm.
- Caractéristiques radiologiques :
- Forme arrondie ou ovale, uniloculaire.
- Position centrale, latérale ou périphérique.
- Contours lisses et bien définis, homogène.
- Particularités : Sa relation avec une dent incluse est un critère diagnostique clé.
Tumeur odontogène kératokystique
- Âge : Deuxième et troisième décennies.
- Fréquence : Rare.
- Localisation : Corps postérieur ou angle de la mandibule.
- Taille : Variable, souvent allongée le long du corps mandibulaire.
- Caractéristiques radiologiques :
- Forme ovale, pseudo-loculaire ou multiloculaire.
- Contours lisses et festonnés, délimités par un liseré.
- Aspect homogène.
- Légère expansion médiolatérale.
- Particularités : Cette lésion a un potentiel de récidive plus élevé que les autres kystes odontogènes en raison de son comportement plus agressif.
Kystes non odontogènes
Kyste du canal naso-palatin
- Origine : Résidus épithéliaux du canal naso-palatin.
- Âge : 40 à 60 ans.
- Fréquence : Le plus fréquent des kystes non odontogènes.
- Localisation : Partie antérieure et médiane du maxillaire, juste en arrière des incisives centrales.
- Taille : De quelques millimètres à plusieurs centimètres.
- Caractéristiques radiologiques :
- Forme en cœur ou en poire, uniloculaire.
- Aspect homogène, parfois avec une ombre radio-opaque.
- Contours bien délimités.
- Particularités : Sa localisation médiane et sa forme typique sont des indices diagnostics.
Kyste naso-labial
- Origine : Résidus épithéliaux de la fente naso-labiale.
- Localisation : Position sous-périostée, dans la région naso-labiale.
- Contenu : Remplissage avec du tissu conjonctif ou liquide.
- Caractéristiques radiologiques : Moins visibles sur les radiographies standards, souvent détectés par CBCT ou IRM.
- Particularités : Sa localisation extra-osseuse le distingue des autres kystes.
Kyste médian
- Origine : Résidus épithéliaux de la papille palatine.
- Localisation : Entre les racines des incisives centrales supérieures, en position médiane.
- Caractéristiques radiologiques : Uniloculaire, bien délimité.
- Particularités : Rare, souvent asymptomatique.
Pseudo-kystes
Kyste osseux solitaire
- Origine : Post-traumatique, souvent lié à un hématome intra-osseux.
- Localisation : Variable, souvent dans la mandibule.
- Caractéristiques radiologiques : Cavité radioclaire, sans épithélium, avec des contours bien définis.
- Particularités : Sa nature post-traumatique et l’absence d’épithélium sont des critères distinctifs.
Kyste anévrismal
- Origine : Inconnue, potentiellement liée à une anomalie vasculaire.
- Âge : 11 à 15 ans, plus fréquent chez les garçons.
- Localisation : Corps de la mandibule.
- Caractéristiques radiologiques :
- Croissance rapide.
- Aspect multiloculaire, radioclaire.
- Particularités : Son comportement expansif et sa rapidité de croissance le distinguent des autres pseudo-kystes.
Lacune de Stafne
- Origine : Impression de la corticale linguale au niveau de la fossette submandibulaire.
- Localisation : Région postérieure de la mandibule.
- Caractéristiques radiologiques : Dépression radioclaire, bien délimitée, sans contenu pathologique.
- Particularités : Considérée comme une variante anatomique plutôt qu’une lésion pathologique.
Conclusion
Les lésions radioclaires des mâchoires, qu’il s’agisse de kystes ou de pseudo-kystes, sont fréquentes et généralement de nature odontogène et bénigne. Cependant, leur grande diversité en termes d’origine, d’agressivité et de pronostic nécessite une approche diagnostique rigoureuse, combinant examen clinique, imagerie avancée (CBCT, scanner) et analyse anatomopathologique. La distinction entre kystes odontogènes, non odontogènes et pseudo-kystes repose sur des critères histologiques et radiologiques précis, permettant une prise en charge adaptée. Une surveillance régulière est essentielle, notamment pour les lésions à potentiel de récidive, comme la tumeur odontogène kératokystique.
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KYSTES ET PSEUDO KYSTES

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.