Malocclusions de Classe III

Malocclusions de Classe III

Malocclusions de Classe III

Introduction

Les malocclusions dites de « classe III » regroupent un certain nombre d’expressions cliniques variées qui touchent un nombre important de patients à forte demande orthodontique et qui mettent parfois le praticien devant l’embarras de poser un diagnostic précis et d’entamer le traitement adéquat.

Ceci d’autant que la confusion entre les termes « classe III » et « prognathie mandibulaire » pris longtemps comme synonymes n’est plus acceptable aujourd’hui avec l’évolution des connaissances sur la croissance des structures crânio-faciales, et l’avènement d’analyses céphalométriques de plus en plus précises qui doivent aider l’orthodontiste à la pose d’un diagnostic positif et étiopathogénique précis.

Définitions

ANGLE (1907) est le premier à avoir proposé une classification des dysmorphoses en trois classes I, II, et III. Il définissait cette dernière comme : « l’occlusion mésiale de la mâchoire et de l’arcade inférieures, telle qu’elle est indiquée par l’occlusion des premières molaires mandibulaires au moment de leur éruption ».

Malocclusions de Classe III

Malocclusions de Classe III

Cette conception sera étalée par divers auteurs et diverses analyses dont BASSIGNY : « Les malocclusions de la classe III correspondent à un ensemble hétérogène dont les caractéristiques communes sont une mésioclusion plus ou moins accentuée des premières molaires inférieures, un profil concave et, en général, une occlusion inversée au secteur incisif. Les dysmorphoses squelettiques associées affectent soit la mandibule, soit le maxillaire, soit les deux maxillaires à la fois. À ces anomalies morphologiques, peuvent s’adjoindre des anomalies cinétiques, proglissement, ou plus rarement latérodéviation. »

Jean DELAIRE devant la « multiplicité des Classe III » utilise le nom de syndrome qui selon lui : « regroupe au mieux toutes les manifestations cliniques et para-cliniques des dysmorphoses de classe III ».

Fréquence et Multiplicité des Classes III

Fréquence

Faible, 2-8% de la population orthodontique.

Multiplicité

S’associe avec d’autres pathologies (sens transversal, vertical, DDM, compensations dento-alvéolaires, pathologies dentaires).

On note que le nombre de variétés augmente avec le nombre de facteurs pris en compte (rétrusion maxillaire, protrusion mandibulaire, latérodéviation de la mandibule ou du maxillaire, excès ou insuffisance de hauteur de l’étage inférieur de la face, infraclusion ou supraclusion incisive, etc.).

Étiopathogénie des Classe III

Causes Primaires (héréditaires, génétiques)

À l’instar de BASSIGNY qui déclare que les anomalies de classe III sont la plupart du temps d’origine héréditaire, divers auteurs ont effectué des études afin d’établir une théorie de sa transmission.

  • RUBRECHT (1930) : A suivi la famille des Habsbourg et a établi un intéressant arbre généalogique, et il avançait que cette « prognathie » ne pouvait être due à des causes acquises mais à l’hérédité.
  • SUZUKI : A effectué son étude sur 243 familles japonaises présentant cette anomalie.
  • IWAGAKI : Avance que dans le cas où la mère est prognathe : 18% des enfants seront prognathes ; par contre, si c’est le père qui est prognathe, le pourcentage sera à hauteur de 31%.

Les résultats de ces études démontrent que cette transmission est de « mécanisme complexe » et qu’elle est d’« héréditabilité variable ».

Causes Secondaires

Générales

  • Causes hormonales : Hypersécrétion de somatomédine entraîne un hyperdéveloppement des condyles, macroglossie, prognathie mandibulaire évolutive (acromégalie).
  • Causes psychologiques : Mimiques, imitation des parents eux-mêmes en classe III, enfant boudeur…

Locales

  • Au cours du passage denture temporaire 🡪 permanente.
  • Agénésie des incisives latérales.
  • Perte prématurée de premières molaires.
  • Hyperactivité des propulseurs (CHATEAU).
  • Hypertonicité labiale supérieure.
  • Frein lingual court 🡪 position basse de la langue.
  • Syndrome d’obstruction de RICKETTS.

Troubles fonctionnels

En présence d’une ventilation buccale, celle-ci détruit complètement les fonctions (mastication, déglutition, phonation, mimique). Elles ne peuvent alors être normales et entraînent une spirale dysmorphofonctionnelle.

Les troubles des postures cervicales, vélopharyngée, mandibulolinguale, naso-labio-génienne et labiomentonnière ne peuvent être dissociés. Ils coexistent et associent leurs effets déformants.

Congénitales

  • Fentes labio-palatines.
  • Divers syndromes malformatifs :
    • CROUZON, APERT
    • BINDER
    • PIERRE MARIE et SAINTON
    • DOWNS (trisomie 21)
  • HYPERCONDYLIE uni- ou bilatérale.

Formes Cliniques

Pseudo Classe III avec Proglissement Mandibulaire

Ce n’est pas une classe III squelettique, mais une classe I squelettique avec une anomalie du chemin de fermeture.

  • En position de repos : la position de la mandibule est +/- équilibrée.
  • En occlusion (en ICM) : apparaissent des rapports de Classe III.
  • Peut être associé à une proalvéolie inférieure ou rétroalvéolie supérieure.
  • Le chemin de fermeture peut être dévié à droite ou à gauche.
  • La manœuvre de Denevrezé est positive.

Rétrognathie Maxillaire et Brachygnathie Maxillaire

Dysmorphose basale dans le sens sagittal caractérisée par un maxillaire en position postérieure par rapport à la mandibule et à la base du crâne.

Elle peut être positionnelle (rétrognathie) ou anatomique (brachygnathie).

Diagnostic Étiopathogénique

  • Héréditaire.
  • Conséquence post-opératoire chez un porteur de fente labio-palatine.
  • Rétrognathie positionnelle : Due à une insuffisance d’un développement de la partie antérieure de la base du crâne.
  • Anomalie anatomique : Due à une insuffisance de développement du maxillaire supérieur dans le sens antéro-postérieur.

Diagnostic Positif

Signes Faciaux

De face :

  • Lèvre supérieure fine et impression de prochélie inférieure.
  • Étage inférieur réduit ou normal.

De profil :

  • Pommettes apparaissent en recul, sans relief.
  • Le sillon nasogénien est très marqué.
  • La rétrusion de la lèvre supérieure est nette, elle est fine, alors que la lèvre inférieure, rouge, est éversée et proéminente.
  • L’angle nasolabial, plus ouvert que normalement.
  • Profil concave selon Ricketts.
Signes Occlusaux
  • Arcades en occlusion :
    • Incisives en bout à bout ou en articulé inversé.
    • Classe III canine et molaire.
  • Arcades séparées : Encombrement dentaire supérieur.
  • Voûte palatine ogivale.
Signes Fonctionnels
  • Mastication perturbée surtout dans les cas sévères (pas d’incision par absence de contact au niveau incisif).
  • Déglutition atypique.
  • Phonation perturbée.
  • Chemin de fermeture droit (quand la rétrognathie n’est pas associée à un proglissement avec déviation).
Signes Téléradiographiques
  • TWEED : SNA < 82° ; ANB < 2° ; AOBO diminué.
  • W. WYLIE : FPM – ENA diminué ; S – FPM.
  • AT de Château normal : Rétrognathie (positionnelle).
  • AT de Château diminué : Brachygnathie (anatomique).

Prognathie Inférieure Vraie et Dolichognathie Mandibulaire

Elle signifie une mandibule trop en avant par rapport au maxillaire et par rapport à la base du crâne.

Elle peut être une anomalie de position (prognathie mandibulaire) ou une anomalie de volume (dolichognathie mandibulaire).

Diagnostic Étiopathogénique

  • Cause héréditaire : Sont les plus incriminées dans ces deux formes cliniques.
  • Causes squelettiques : Fermeture de l’angle de la base du crâne (qui fait avancer la cavité glénoïde en bas et en avant) ; hypertrophie mandibulaire.
  • Causes musculaires et fonctionnelles :
    • Rupture d’équilibre abaisseurs/élévateurs.
    • Obstruction voies aériennes supérieures (troubles de la ventilation).
    • Chemin de fermeture dévié entraînant un proglissement qui va s’anatomiser.
  • Causes dentaires : Absence de butée (entraîne proglissement et croissance exagérée de la mandibule).

Diagnostic Positif

Signes Faciaux
  • Retentissement esthétique important.
  • Profil concave, face longue, prochélie inférieure, progénie.
  • La mandibule paraît très longue et l’angle goniaque très obtus.
Signes Occlusaux
  • Rapport de classe III très prononcés.
  • Classe III canine et molaire.
  • Incisives en bout à bout ou en articulé inversé.
  • L’arcade inférieure paraît plus grande que la supérieure et la circonscrit.
  • ICM et RC coïncident (manœuvre de Denevrézé négative avec chemin de fermeture droit).
Signes Téléradiographiques
  • Cavité glénoïde située antérieure/base du crâne.
  • SASSOUNI : Pog en avant de l’arc 1 bis.
  • W. WYLIE : Xi-Pm.
  • Longueur mandibulaire augmentée.
  • STEINER : SND > 76° ; ANB < 2° ; SE – SL augmentés.

Formes Mixtes

  • Combinaison des deux formes précédentes.
  • Dysmorphoses associées du maxillaire et de la mandibule.
  • Forme la plus grave.
  • C’est l’ensemble de la face (y compris base du crâne) qui est affecté.

Classes III Alvéolaires

  • Rétroalvéolie supérieure.
  • Proalvéolie inférieure.
  • Associées ou non à un proglissement.

Conséquences sans Traitement des Classes III

Conséquences Occlusales

  • Pas de guide antérieur.
  • Pas d’utilisation de la propulsion.
  • Traumatismes occlusaux dus à l’articulé inversé.
  • Pas de protection canine.

Conséquences Parodontales

  • Récessions et dénudations gingivales.
  • Mobilités dentaires.

Conséquences Psychologiques

  • Préjudice esthétique, mal accepté surtout chez les filles.

Conclusion

Les malocclusions de classe III constituent un syndrome aux expressions multiples associées souvent à des dysmorphoses transversales et verticales, auquel l’orthodontiste doit apporter une réponse immédiate.

Le diagnostic de la classe III est d’abord clinique, affiné par la téléradiographie qui permet d’en préciser la localisation et la forme clinique afin d’apporter la thérapeutique adaptée à la forme clinique.

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Malocclusions de Classe III

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