Explorations radiologiques en Odontologie Pédiatrique
Explorations radiologiques en Odontologie Pédiatrique
Introduction
La radiographie est un élément d’information nécessaire et indispensable, sur lequel s’appuient inévitablement le diagnostic et l’organisation du plan de traitement. En odontologie pédiatrique, son indication présente des particularités qui tiennent :
- À la pauvreté des signes cliniques en pathologie dentaire infantile.
- À l’incertitude des signes subjectifs.
- Au remaniement osseux et radiculaire.
Évaluation du besoin d’un examen radiologique
Objectifs de l’examen radiographique
L’examen radiographique a pour objectifs :
- Orienter le praticien dans son diagnostic.
- Contrôler les différentes dentures.
- Aider le praticien dans sa thérapie.
- Suivre les thérapeutiques mises en œuvre.
Indications de l’examen complémentaire en pédiatrie
L’examen radiographique est considéré comme un examen complémentaire à l’examen clinique en odontologie pédiatrique. Cependant, il devient de règle en situation d’urgence. En traumatologie, il est systématique, non seulement pour poser un diagnostic précis de la lésion mais aussi pour en évaluer les conséquences à court et à long terme. C’est aussi un examen capital pour le pronostic.
Néanmoins, cet examen complémentaire ne doit pas être systématique, il doit être justifié par l’anamnèse et l’examen clinique du patient pour être uniquement envisagé dans la mesure où il peut améliorer le diagnostic.
Les principales raisons d’un examen radiographique complémentaire peuvent être résumées en :
- Détection de conditions pathologiques orales (carieuses ou traumatiques).
- Détections des anomalies de développement.
- Évaluation post-opératoire des différentes thérapeutiques en odontologie pédiatrique.
- Contrôle et gestion des problèmes d’éruption.
- Évaluation des problèmes de croissance et suivi orthodontique.
Radioprotection
L’examen radiographique doit se faire obligatoirement en prenant les mesures de protection parce que les enfants sont plus sensibles aux rayonnements ionisants que les adultes. Afin de limiter au maximum le risque, il est recommandé de :
- Protéger le petit patient par un tablier de plomb.
- Faire porter à l’enfant un collier thyroïdien en cas d’exposition de la glande thyroïde.
- Diminuer l’exposition de 50 % par rapport à celle de l’adulte chez les très jeunes enfants (0 à 3 ans) et de 25 % pour les sujets de 3 à 15 ans.
Explorations radiologiques en Odontologie Pédiatrique
Description: Image illustrant un tablier de plomb utilisé pour la radioprotection en odontologie pédiatrique.
Précautions à prendre chez l’enfant
- Faire porter à l’enfant un tablier de plomb.
- Utiliser des films ultra-rapides.
- Diminuer le temps d’exposition par rapport à l’adulte.
- Limiter le nombre de clichés.
- Éviter des examens radiologiques trop rapprochés dans le temps.
Matériel nécessaire
- Générateur de rayons X.
- Films radiographiques de taille n° 0, 1, 2, et 4 ou capteurs radiovisiographiques (RVG), ou écrans radio-luminescents à mémoire (ERLM).
- Angulateur de Rinn.
- Porte-films plastique ou autocollant (Flap).
- Tenue de radioprotection.
Explorations radiologiques en Odontologie Pédiatrique
Explorations radiologiques en Odontologie Pédiatrique
Description: Exemple d’un film radiographique dentaire utilisé en odontologie pédiatrique.
Description: Illustration d’un scanner de plaque au phosphore ERLM utilisé pour l’imagerie dentaire.
Description: Système d’acquisition radiographique portable pour l’odontologie.
Les différentes techniques
Techniques intra-orales
Rétro-coronaire
Technique
Le choix du film dépend de l’âge de l’enfant et du type de radiographie utilisée :
Imagerie conventionnelle :
- Utiliser des films de taille enfant ISO taille 0 (2×3 cm) en denture temporaire et en début de denture mixte. Après l’âge de 8 ans, des films de taille standard ISO taille 2 (3×4 cm) peuvent être employés.
- Les films argentiques doivent appartenir à la catégorie la plus rapide, c’est-à-dire être de type ISO E ou ISO F. Ils donnent des images de valeur diagnostique quasiment équivalente à celle des films de classe D pour une exposition réduite de moitié.
Explorations radiologiques en Odontologie Pédiatrique
Imagerie numérique :
- Les capteurs en technique directe (CCD/CMOS ou charge coupled device/complementary metal oxide semi-conductor) à utiliser chez les enfants et les adolescents sont de taille 0 ou 1 (2×4 cm), la taille 2 étant trop importante.
- Dans la technique indirecte, les capteurs ERLM (écrans radioluminescents à mémoire) présentent l’avantage d’être sans câble et plus flexibles. Ils sont de taille équivalente aux films argentiques.
Pour réussir la prise de cette radiographie, le film est mis derrière les molaires temporaires et le cône est orienté perpendiculairement au film car le passage du rayon incident tangentiellement aux faces proximales est la condition essentielle de la valeur diagnostique de ces clichés.
Description: Capteur dentaire numérique utilisé pour les radiographies rétro-coronaires.
Chez les plus jeunes, l’utilisation d’un porte-film flap collé perpendiculairement sur le film peut faciliter leur maintien en bouche, parallèlement à l’axe des dents examinées, en diminuant l’encombrement.
Objectifs
- Déterminer la présence ou non des caries interproximales débutantes.
- Déterminer les limites de la chambre pulpaire et la hauteur des cornes pulpaires.
- Donner une meilleure définition de la jonction amélo-dentinaire (zone importante chez l’enfant).
- Détecter les reprises de caries sous amalgame.
- Déterminer le rapport carie/pulpe.
Indications
- En denture temporaire, les clichés rétro-coronaires (ou bite-wing) sont exclusivement réalisés chez les sujets à risque de carie élevé de moins de 5 ans. Ils sont alors renouvelés tous les 6 à 12 mois.
- Ces clichés améliorent la détection des caries proximales et des caries occlusales cachées (ampullaires) en complément de l’examen clinique.
- Quel que soit le risque, ils deviennent inutiles en présence de diastème, lorsque les faces proximales sont visibles et sondables.
- En revanche, ils sont systématiques au cours de la 6ème année.
- En denture mixte comme en denture adulte jeune, ils sont réalisés au moins une fois par an chez les sujets à risque de carie élevé.
- Dans le cas contraire, ils sont systématiques uniquement chez les enfants de 8 ou 9 ans sans antécédents de carie. En l’absence de carie mise en évidence, l’examen est renouvelé tous les 2 ou 3 ans jusqu’à l’âge de 15 ans.
Rétro-alvéolaire
Technique
Ces clichés sont réalisés selon la technique de la bissectrice avec des films de taille adaptée à l’âge de l’enfant. Un angulateur de Rinn de taille adaptée permet de bien positionner le tube applicateur de faisceau par rapport au film intra-buccal. Il doit être perpendiculaire au plan bissecteur de l’angle formé par l’axe de la dent et l’axe du film. Si l’enfant ne supporte pas l’angulateur de Rinn, le film peut être maintenu en bouche par un porte-film flap décalé sur un des bords. Dans le cas des dents antérieures, des films ISO taille 1 peuvent être également utilisés.
Description: Exemple d’une radiographie rétro-alvéolaire réalisée en odontologie pédiatrique.
Intérêts
- Permet de voir le degré de résorption des dents temporaires et le degré de maturation des dents permanentes.
- Axe d’évolution des dents.
- Anatomie radiculaire des dents.
- Rapport dent et éléments anatomiques (sinus, fosses nasales, canal dentaire).
- Permet de préciser le volume des caries et rapport avec la pulpe.
- Permet de préciser les foyers apicaux, latéro-radiculaires, les atteintes du septum interdentaire et les raréfactions osseuses inter-radiculaires.
Indications
En cariologie : Ces radiographies sont utilisées en complément des rétro-coronaires sur les dents à atteinte carieuse sévère (important délabrement coronaire, atteinte pulpo-parodontale…) pour renseigner sur :
- L’éventuelle implication pulpaire et les complications pulpo-parodontales.
- Le stade physiologique de la dent ou sur le rapport dent temporaire/germe sous-jacent afin de prendre la bonne décision thérapeutique.
En traumatologie : Elles sont indispensables pour :
- Rechercher un trait de fracture radiculaire.
- Observer l’atteinte parodontale.
- Évaluer les complications post-traumatiques.
- Suivre les dents traumatisées.
Autres : Elles remplacent les rétro-coronaires quand elles ne sont pas réalisables. Elles peuvent être aussi utilisées pour :
- La réalisation et le contrôle des traitements pulpaires effectués après atteinte carieuse, traumatiques ou autres.
- Suivre le retard d’évolution d’une dent temporaire ou permanente.
- Le diagnostic et le traitement des anomalies dentaires.
Mordu occlusal
Technique
Cette prise de radiographie est facile même chez un très jeune enfant. Il mord sur un film ISO taille 2, s’il est en denture temporaire, ou sur un film ISO taille 4 (5×7 cm), s’il a ses dents permanentes. Le rayon est dirigé sur la base du nez faisant un angle de 90° avec le film.
Objectifs
- Préciser la position des dents incluses et ectopiques, notamment les canines définitives.
- Montrer la présence des germes surnuméraires.
- Préciser l’extension des kystes.
- Préciser la nature, l’extension et les rapports anatomiques de certaines lésions.
- Traumatismes chez le très jeune enfant.
Indications
Le cliché occlusal sur un film mordu complète parfois les clichés rétro-alvéolaires ou la radiographie panoramique, il peut être réalisé dans les cas suivants :
- En denture mixte, entre 8 et 10 ans, pour évaluer la maturation radiculaire, contrôler la présence des germes et l’éruption des dents permanentes (éruption retardée).
- Éruption retardée de dents permanentes.
- Anomalies de nombre (suspicion de dents surnuméraires et/ou incluses).
- Anomalies de formes (tous types de denture).
- Chez les patients polycariés (tous types de dentures).
- En traumatologie, il permet de mettre en évidence un décalage existant entre la dent et l’alvéole.
- En traumatologie aussi, lors de suspicion de fractures de la mandibule et/ou des condyles (tous types de dentures).
- Afin de préciser les relations vestibulo-linguales des éléments anatomiques analysés, par exemple un odontome.
Techniques extra-orales
Panoramique
La radiographie panoramique présente un apport diagnostique inférieur, pour la détection des lésions carieuses, à celui des clichés intrabuccaux. Néanmoins, c’est un examen fondamental de première intention lorsqu’il existe des signes d’appel. C’est elle qui permet d’apprécier au mieux la normalité de la dentition.
Description: Exemple d’une radiographie panoramique utilisée en odontologie pédiatrique.
Objectifs
- Évaluer l’âge dentaire.
- Déterminer les agénésies dentaires.
- Dents incluses, surnuméraires et odontomes.
- Kystes et foyers infectieux.
- Rapport lésion dentaires et structures anatomiques voisines : trou incisif, fosses nasales, sinus maxillaire, canal dentaire inférieur.
- Fractures des branches horizontales de la mandibule.
Avantages
- Provoque moins d’irradiations.
- Facilement acceptée par l’enfant.
Inconvénients
- Radiographie peu précise pour le dépistage des caries interproximales.
Indications
En orthodontie : Elle est envisagée :
- Pour l’analyse des besoins en traitement orthodontique interceptif ou curatif. Elle s’impose au moins une fois en denture mixte pour contrôler la présence de tous les germes et anticiper un problème orthodontique.
- Après l’âge de 3 ans, elle peut être envisagée, en cas de position dentaire ectopique, d’anomalie de nombre ou d’éruption.
- En cas de suspicion de problème d’éruption des canines maxillaires (si la palpation du vestibule n’a pas mis en évidence la présence sous-muqueuse des canines maxillaires vers 11 ans).
- En cas de délabrement sévère des premières molaires permanentes pour observer la présence des germes des troisièmes molaires qui influencera le plan de traitement orthodontique.
En cariologie : En denture mixte et adulte, elle peut remplacer les radiographies rétro-coronaires de contrôle si plusieurs lésions carieuses ont été mises en évidence dans différents cadrans à l’occasion de l’examen clinique.
En pathologie : S’il y a suspicion d’extractions dans un contexte poly-carieux. Elle est éventuellement complétée par des radiographies rétro-alvéolaires en fonction du diagnostic radiographique.
En traumatologie : Elle est réalisée lorsque le choc, de bas en haut, a eu pour conséquence une limitation de l’ouverture buccale.
Téléradiographies de face et de profil
Les téléradiographies de face et de profil sont systématiquement envisagées dans le cadre d’un traitement orthodontique, en complément de la radiographie panoramique, au moment où celui-ci doit être commencé en fin de denture mixte ou en denture adulte jeune. Elles sont indispensables à l’analyse céphalométrique. Elles sont indiquées, chez les enfants devant subir une radiothérapie ou une chimiothérapie afin de surveiller les éléments de croissance.
Cone Beam
La tomographie volumique à faisceau conique (Cone Beam Computerized Tomography, ou CBCT) est une imagerie sectionnelle qui peut compléter les examens conventionnels si les rapports existant entre les différents éléments anatomiques ou entre une pathologie et les organes voisins sont mal déterminés. Elle est moins irradiante que la tomodensitométrie.
Description: Exemple d’une image obtenue par tomographie volumique à faisceau conique (Cone Beam).
La tomographie volumique numérique à faisceau conique (cone beam) est à réaliser dans les cas où les signes cliniques indiquent d’emblée une reconstruction 3D pour :
- Affiner le diagnostic en cas de traumatisme, en particulier en présence de fractures radiculaires.
- Faciliter certains cas chirurgicaux complexes.
- Réaliser l’étude topographique et morphologique d’éléments dentaires inclus ou une étude céphalométrique tridimensionnelle.
- Effectuer l’examen préopératoire en présence de germes surnuméraires, l’avulsion programmée de dent incluse ou en désinclusion dans le but d’évaluer leur situation par rapport aux autres structures anatomiques.
- Gérer les cas complexes de traumatologie.
- Confirmer une infection étendue avec lésion radioclaire importante en rapport avec différentes structures anatomiques.
Description: Comparaison d’une dent surnuméraire visualisée sur une radiographie panoramique et une image Cone Beam.
Tomodensitométrie
La tomodensitométrie est réservée aux polytraumatisés, handicapés et à l’exploration des tumeurs malignes de la face.
Lecture de l’image radiographique
Les radiographies sèches doivent être identifiées et montées pour l’observation sur négatoscope. Les radiographies doivent être lues comme si vous regardiez dans la bouche de votre patient.
Description: Exemple d’un négatoscope utilisé pour la lecture des radiographies.
Description: Exemple de clichés obtenus à l’aide d’une tomodensitométrie volumique tridimensionnelle pour localiser une canine incluse palatine (indiquée par les flèches). Ceci permet de s’assurer que la racine de la latérale n’est pas affectée par la dent incluse.
La radiographie céphalométrique latérale permet d’évaluer le profil du patient, sa dentition, ses mâchoires et de faire une corrélation avec les photographies du visage, permettant ainsi de mieux planifier le traitement.
Voici une sélection de livres:
- Guide pratique de chirurgie parodontale Broché – 19 octobre 2011
- Parodontologie Broché – 19 septembre 1996
- MEDECINE ORALE ET CHIRURGIE ORALE PARODONTOLOGIE
- Parodontologie: Le contrôle du facteur bactérien par le practicien et par le patient
- Parodontologie clinique: Dentisterie implantaire, traitements et santé
- Parodontologie & Dentisterie implantaire : Volume 1
- Endodontie, prothese et parodontologie
- La parodontologie tout simplement Broché – Grand livre, 1 juillet 2020
- Parodontologie Relié – 1 novembre 2005
Explorations radiologiques en Odontologie Pédiatrique

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.