Diabète  

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Définition du diabète

Le diabète est un trouble de l’assimilation, de l’utilisation et du stockage des sucres (glucides) apportés par l’alimentation. Il se traduit par une hyperglycémie chronique (taux de glucose élevé dans le sang) résultant d’une déficience de la sécrétion d’insuline, d’anomalies d’action de l’insuline sur les tissus cibles ou l’association des deux.

Un diabète est avéré lorsque :

  • La glycémie à jeun est ≥ à 1,26 g/L à deux reprises, ou
  • ≥ à 2 g/L à n’importe quel moment de la journée.

Types de diabète

On distingue principalement deux types de diabète :

  • Diabète de type 1 : touche environ 6 % des diabétiques.
  • Diabète de type 2 : touche 92 % des diabétiques.
  • Autres types de diabète : concernent les 2 % restants (MODY, LADA ou diabète secondaire à certaines maladies ou prises de médicaments).

Diabète de type 1

Appelé autrefois diabète insulinodépendant (DID) ou diabète sucré, il est habituellement découvert chez les personnes jeunes : enfants, adolescents ou jeunes adultes.

Symptômes :

  • Soif intense (polydipsie).
  • Urines abondantes (polyurie).
  • Amaigrissement rapide.

Cause :
Ce diabète résulte de la disparition des cellules bêta du pancréas, entraînant une carence totale en insuline. Le glucose ne pouvant entrer dans les cellules retourne dans le sang et élève la glycémie. On dit que le diabète de type 1 est une maladie auto-immune.

Traitement :

  • Prise d’insuline quotidienne.

Diabète de type 2

Appelé autrefois diabète non insulinodépendant (DNID) ou diabète gras, il apparaît généralement chez les personnes âgées de plus de 40 ans.

Causes :
Deux anomalies sont responsables de l’hyperglycémie :

  • Le pancréas fabrique toujours de l’insuline, mais pas assez par rapport à la glycémie : c’est l’insulinopénie.
  • Cette insuline agit mal : on parle d’insulinorésistance.

Facteurs déclenchants :

  • Surpoids, obésité et manque d’activité physique chez des personnes génétiquement prédisposées.

Traitement :

  • Antidiabétiques oraux ou insulinothérapie.
  • Autosurveillance glycémique, activité physique et suivi diététique.

Manifestations cliniques générales

Microangiopathies

  • Peuvent aboutir à une insuffisance rénale chronique ou à des rétinopathies.

Macroangiopathies

  • Formation de plaques d’athéromes entraînant une forte augmentation du risque cardiovasculaire (infarctus du myocarde, AVC…).

Neuropathies périphériques

  • Représentées par les paresthésies, les hypoesthésies…

Complications infectieuses

  • Fréquentes et parfois difficiles à traiter.

Risque d’hypoglycémie

  • Surtout chez les patients traités par insuline, sulfamides hypoglycémiants ou glinides.

Manifestations cliniques orales

Maladies parodontales

Il existe une étroite relation entre le diabète et la santé parodontale :

  • Augmentation de l’incidence et de la sévérité des maladies parodontales chez les patients diabétiques (risque 3 fois plus élevé).
  • Déséquilibre du diabète : l’insulino-résistance est favorisée par la production de cytokines pro-inflammatoires lors d’une inflammation parodontale.

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Xérostomie

  • Fréquente chez les diabétiques.
  • Accompagnée d’une augmentation du glucose salivaire et d’une baisse de pH salivaire.
  • Conduit à une prolifération rapide de la plaque dentaire.

Risque carieux

  • Augmenté en raison de la xérostomie et de la modification de la flore buccale.
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Risque d’infections

  • Augmentation du risque d’infections bactériennes, virales et fongiques due à l’immunodépression (perturbation des fonctions leucocytaires).
  • Les mycoses buccales sont les plus fréquentes.

Altération du goût

  • Observée surtout chez les diabétiques traités par biguanides (Glucophage®).

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Complications du diabète

Les hyperglycémies répétées et prolongées entraînent à long terme une altération des nerfs et des vaisseaux sanguins dans tout le corps, se traduisant par :

  • Cécité.
  • Atteintes des pieds pouvant conduire à des amputations.
  • Infarctus et accidents vasculaires cérébraux.
  • Troubles de l’érection.
  • Insuffisance rénale.
  • Maladies parodontales.

Relation avec les maladies parodontales

  • Le diabète est un facteur de risque majeur pour les maladies parodontales (3 fois plus de parodontites chez les diabétiques).
  • La parodontite est considérée comme la 6ème complication du diabète.
  • Un diabète mal contrôlé entraîne une inflammation gingivale et retarde les processus de défense et de cicatrisation.
  • Inversement, la parodontite aggrave le diabète en augmentant l’insulino-résistance via l’inflammation systémique.
  • Un traitement parodontal classique réduit le taux d’hémoglobine glyquée de 0,4 % en 3 mois.

Prise en charge du diabète au cabinet dentaire

La prise en charge odontologique repose sur l’équilibre du diabète. Chez les diabétiques, la glycémie donne une image instantanée du taux de sucre dans le sang, mais seule la mesure du taux d’hémoglobine glycosylée (HbA1c) permet d’évaluer le contrôle de la maladie.

Classification du diabétique selon HbA1c

HbA1cÉtat du diabète
< 7 %Diabète équilibré
7 % à 8 %Moyennement équilibré
> 8 %Non équilibré

Points clés

  • Stress : peut entraîner une hyperglycémie en raison de la libération d’hormones du stress (adrénaline).
  • Infection : peut déséquilibrer le diabète ; le risque d’extension d’un foyer infectieux augmente avec la glycémie.
  • Réciprocité : un diabète mal équilibré aggrave une infection, et une infection aggrave un diabète.

Précautions générales

  • Examen dentaire complet annuel ou bi-annuel recommandé.
  • Limiter le stress :
  • Prémédication sédative.
  • Assurer une analgésie efficace avant les soins.
  • Chez le diabétique insulinodépendant, planifier les soins après un repas.
  • Disposer d’une source de glucose en cas d’hypoglycémie.
  • Prendre en compte les interactions médicamenteuses.

Prise en charge selon HbA1c

HbA1c ≤ 7 % (Diabète équilibré)

  • Tous les soins sont possibles en respectant les précautions générales.

HbA1c entre 7 % et 8 % (Moyennement équilibré)

Actes non-invasifs
  • Actes de prévention.
  • Soins conservateurs.
  • Soins prothétiques non sanglants.
  • Dépose de points de sutures.
  • Pose de prothèses amovibles.
  • Pose/ajustement d’appareils orthodontiques.
  • Prise de radiographies intrabuccales.

Respecter les précautions générales.

Actes invasifs

Tous les actes impliquant une manipulation de la gencive, de la pulpe, de la région périapicale ou une effraction de la muqueuse orale (hors anesthésie locale/locorégionale).

Actes invasifs limités
  • Détartrage, extraction simple, endodontie…
  • Respecter les précautions générales.
  • Protocole anti-infectieux niveau A.
Actes invasifs étendus
  • Chirurgie…
  • Respecter les précautions générales.
  • Protocole anti-infectieux niveau B.

HbA1c > 8 % (Non équilibré)

  • Consultation médicale nécessaire avant tout acte thérapeutique.
  • Aucune intervention avant stabilisation du diabète, sauf dans deux cas :
  • Foyer dentaire responsable du déséquilibre du diabète.
  • Lésions dentaires urgentes (pulpites, cellulites…).
  • Dans ces cas, intervention en milieu hospitalier.

Protocole anti-infectieux

Niveau A

Avant les soins
  • Traiter tout foyer infectieux actif par une antibiothérapie curative.
  • Réduire la charge bactérienne :
  • Éliminer plaque dentaire et tartre.
  • Prescrire des bains de bouche antiseptiques (CHX 0,12 %).
  • Motiver le patient à l’hygiène bucco-dentaire.
Antibioprophylaxie

Dans l’heure précédant les soins :

  • Voie orale :
  • Adulte : 2 g d’amoxicilline.
  • Enfant : 50 mg/kg.
  • Allergie aux pénicillines :
  • Adulte : 600 mg de clindamycine.
  • Enfant (≥ 6 ans) : 20 mg/kg.
Pendant les soins
  • Si foyer infectieux, réaliser l’anesthésie à distance.
  • Séance la plus courte possible.
  • Endodontie : soins sous digue.
  • Chirurgie :
  • Préservation maximale des tissus.
  • Rinçage de la plaie avec antiseptique avant suture.
  • Sutures en rapprochant les berges.
Après les soins
  • Bain de bouche antiseptique (CHX 0,12 %) pendant 7 jours.
  • Dépose des fils de suture après 7 à 10 jours avec contrôle de la cicatrisation.

Niveau B

Avant et pendant les soins
  • Identique au protocole niveau A.
Après les soins
  • Bain de bouche antiseptique (CHX 0,12 %) pendant la cicatrisation.
  • Poursuite des antibiotiques pendant 7 à 10 jours.
  • Dépose des fils de suture après 7 à 10 jours avec contrôle de la cicatrisation.

Précautions vis-à-vis de l’anesthésie

  • Les vasoconstricteurs ne sont pas contre-indiqués.
  • Injection lente et sans force.

Précautions vis-à-vis des prescriptions

Antibiotiques

  • Pas de précautions particulières.

Antalgiques et anti-inflammatoires

  • Corticoïdes : à utiliser avec prudence (risque d’hyperglycémie). Si nécessaire, cure courte et surveillance renforcée de la glycémie.
  • AINS : certains potentialisent les sulfamides hypoglycémiants, risquant une hypoglycémie aiguë.

Antifongiques

  • Miconazole (Daktarin®) : contre-indiqué (voie générale ou gel buccal) chez les diabétiques sous sulfamides hypoglycémiants (risque d’hypoglycémie).
  • Fluconazole (Triflucan®) : déconseillé chez ces patients. Si nécessaire, surveillance renforcée de la glycémie.

Conclusion

Le diabète est une maladie chronique non transmissible fréquente, avec des complications et manifestations cliniques amplifiées lorsque le diabète est mal ou non équilibré. L’OMS et la Fédération Internationale du Diabète (FID) qualifient le diabète de pandémie mondiale et œuvrent pour :

  • Sensibiliser au diabète et à ses complications.
  • Améliorer l’accès à l’éducation au diabète.
  • Rehausser les normes de traitement et de soins.

Il existe une relation étroite entre l’équilibre endocrinien et l’état bucco-dentaire, d’où le rôle clé du dentiste dans le dépistage et le suivi des patients diabétiques. En pratique, le praticien doit gérer trois risques principaux :

  • Risque infectieux.
  • Risque de malaise hypoglycémique.
  • Risque lié aux prescriptions médicamenteuses.

Une bonne connaissance des risques et de l’état du patient permet une prise en charge optimale.


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