Adénopathies cervico-faciales
Introduction
Les adénopathies cervico-faciales sont fréquentes et d’étiologie très variée. Il s’agit souvent de maladies infectieuses chez l’enfant et l’adulte jeune, mais elles font craindre des pathologies cancéreuses après 40 ans.
Une adénopathie est une tuméfaction due à une hypertrophie d’un ganglion lymphatique consécutif soit à une prolifération cellulaire réactionnelle, soit à une prolifération tumorale.
Un interrogatoire rigoureux et un examen clinique soigneux sont systématiques et permettent souvent une orientation diagnostique.
Mais la certitude n’est obtenue qu’à l’aide d’examens complémentaires et parfois le prélèvement ganglionnaire à visée histologique s’avère nécessaire.
Rappel histologique
Ganglion lymphatique : Amas de lymphocytes groupés en structures encapsulées et organisées, situés sur le trajet des gros vaisseaux lymphatiques.
Fonctions
Les ganglions lymphatiques ont pour fonctions :
- Filtration non spécifique de la lymphe ;
- Séquestration et production des lymphocytes B et T.
Diagnostic positif
Diagnostic clinique
Interrogatoire
- Âge et état général du patient ;
- Antécédents du patient (tuberculose, cancer des voies aérodigestives supérieures, radiothérapie cervicale, transfusion sanguine, etc.) ;
- État sérologique et vaccinal du patient ;
- Hygiène et mode de vie ;
- Date et circonstances d’apparition de l’adénopathie ;
- Symptomatologie locale de l’adénopathie ;
- Signes locorégionaux (douleur cervicale, otalgie, dysphagie, dysphonie, etc.) et généraux (fièvre, sueurs, asthénie, amaigrissement, etc.) d’accompagnement.
Inspection
Patient en position assise, cou dégagé :
- Siège de l’adénopathie, état des téguments en regard, présence ou non d’une fistule.
Palpation
La palpation doit être minutieuse, tête fléchie en avant et latéralement du côté à examiner, intéressant toutes les aires ganglionnaires.
Les résultats de cet examen sont reproduits sur un schéma daté, et comportant :
- Nombre de ganglions perçus ;
- Leur caractère uni ou bilatéral ;
- Leur volume mesuré par un mètre ruban (appréciant leur vitesse d’évolution) ;
- Leur caractère douloureux ou non ;
- Leur mobilité par rapport au plan superficiel (cutané) et aux plans profonds (musculaire et vasculaire) ;
- Consistance ferme, voire dure, élastique ou molle, l’aspect collecté fluctuant.
Examen locorégional
Il recherchera une porte d’entrée microbiologique potentielle cutanéo-muqueuse (rougeur cutanée, ulcération, impétigo, folliculite, trace de piqûre d’insecte, griffe de chat, angine, etc.), ou toute lésion évoquant une tumeur primitive (cutanée cervico-faciale ou muqueuse de la cavité buccopharyngée) :
- La peau de la face, du cou, du cuir chevelu ;
- Examen endobuccal (dentaire, muqueux, oropharynx, etc.) ;
- À partir de 40 ans, une laryngoscopie indirecte au miroir doit être systématique, en phonation et en respiration (cet examen permet également le contrôle du cavum) ;
- La glande thyroïde, la base de la langue et le voile du palais.
En absence de lésion visible, une exploration plus poussée des voies aérodigestives supérieures doit être réalisée par un spécialiste.
Examen général
- Palpation de toutes les aires ganglionnaires (axillaires, inguinales, etc.) et une palpation abdominale à la recherche d’hépato-splénomégalie ;
- Les signes de troubles de l’hémostase doivent être recherchés.
Diagnostic paraclinique
Examens biologiques
NFS, VS :
- La vitesse de sédimentation n’a qu’une valeur indicative ;
- L’hémogramme peut orienter d’emblée vers une affection hématologique ou révéler un processus infectieux ;
- La lymphocytose (> 4 500 par mm³) évoque une tuberculose, une sarcoïdose ou une toxoplasmose ;
- L’éosinophilie (polynucléaires éosinophiles > 500 cellules/mm³) oriente vers une maladie de Hodgkin ;
- La lymphopénie (< 1 500 par mm³) évoque un syndrome néoplasique ou une maladie de Hodgkin ;
- La monocytose peut faire penser à une mononucléose infectieuse, une toxoplasmose ou une lymphoréticulose ;
- Une leucopénie, une thrombopénie, un syndrome nucléosique associé à la présence d’une adénopathie isolée doivent orienter vers la recherche d’une sérologie VIH.
Intradermoréaction (IDR) :
- Tuberculose, brucellose, tularémie, lymphoréticulose bénigne d’inoculation, pasteurellose, histoplasmose, lymphogranulomatose vénérienne, lésions hydatiques et certaines parasitoses peuvent être explorées par des intradermoréactions.
Tests sérologiques :
- Mononucléose infectieuse, toxoplasmose, VIH, syphilis, etc.
Imagerie
- Panoramique, clichés standards ;
- Cliché thoracique dans le cadre d’une tuberculose, sarcoïdose ou un bilan carcinologique ;
- Tomodensitométrie avec injection : permet d’apprécier les rapports de volumineux adénopathies avec les structures adjacentes, à la recherche d’un envahissement pathologique. Elle permet de juger l’opérabilité en cas de volumineux adénopathies ;
- Échographie : peut retrouver des adénopathies infracliniques. Limites :
- Ne permet pas d’affirmer le caractère bénin ou malin d’une masse ganglionnaire cervicale ;
- Les tumeurs salivaires bénignes ne peuvent parfois être distinguées des adénopathies.
- IRM, angiographie ;
- Ponction simple : étude bactériologique du contenu du ganglion. Elle trouve essentiellement sa place lorsqu’une étiologie tuberculeuse est suspectée ; le pus ramené est alors granuleux, plus ou moins épais ;
- Ponction cytologique : pratiquée à l’aide d’une aiguille fine 6/10 mm, elle permet l’étude de la morphologie cellulaire. Malgré qu’il soit un acte simple, rapide et indolore, on lui reproche le risque d’essaimage néoplasique le long du trajet de la ponction par rupture capsulaire en cas d’adénopathie néoplasique ;
- Examen histologique : il s’agit de l’examen histologique d’un ganglion frais prélevé à la suite d’une adénectomie chirurgicale sous anesthésie générale (cervicotomie exploratrice).
Diagnostic étiologique
Formes cliniques des adénopathies
Adénites aiguës
- Adénite séreuse : augmentation du volume du ganglion, douleur spontanée et à la palpation, peau chaude et érythémateuse, consistance dure.
- Périadénite (zone inflammatoire extra-ganglionnaire) : induration à la palpation, fixe le ganglion à la peau mais reste mobile par rapport aux plans profonds.
- Adénite suppurée : augmentation des douleurs, adhérences cutanées, fluctuation.
Adénophlegmon
- Correspond à l’extension du processus infectieux dans le tissu cellulaire péri-ganglionnaire ;
- Symptomatologies locale et générale plus expressives ;
- Siège préférentiellement dans la région sous-mandibulaire et jugulocarotidienne → graves complications locales ou régionales.
Adénopathie chronique
- Ce sont des adénopathies qui existent depuis plus de 3 ou 4 semaines ;
- Étiologie bactérienne, immunoallergique ou cancéreuse (hématologique ou métastasique).
Adénopathie chez l’enfant
- L’enfant présente une hyperplasie ganglionnaire plus importante et plus rapide, en réponse à la stimulation antigénique.
Étiologie des adénopathies
Origine infectieuse (adénopathie aiguë, adénopathie chronique)
Origine bactérienne :
- Non spécifiques : staphylocoques, streptocoques, anaérobies ;
- Spécifiques : tuberculose, syphilis, tularémie, maladie de griffe de chat, mycobactériose, brucellose.
Origine virale :
- Mononucléose infectieuse, VIH, herpès, rubéole, rougeole.
Origine parasitaire :
- Toxoplasmose, leishmaniose.
Origine mycosique :
- Histoplasmose, sporotrichose.
Origine inflammatoire immuno-allergique
- Activation du système immunitaire → adénopathies locales ou généralisées (plus fréquentes chez l’enfant) ;
- Généralement, les ganglions sont indolores, durs et peu volumineux.
Exemples :
- Sarcoïdose : adénopathies médiastinales + images pulmonaires réticulo-nodulaires ± adénopathies cervicales, principalement sus-claviculaires ;
- Adénopathies réactionnelles aux médicaments.
Origine tumorale
Devant une adénopathie chronique, il faut rechercher une maladie cancéreuse :
Hématologique :
- Lymphome non hodgkinien ;
- Lymphome hodgkinien ;
- Macroglobulinémie primaire.
Métastasique :
- Carcinome épidermoïde des voies aérodigestives supérieures ;
- Autres.
Conclusion
La découverte d’une adénopathie cervicale chez l’enfant ouvre un champ très vaste de diagnostics possibles. Cependant, l’histoire clinique associée à un examen complet et soigneux donne le plus souvent la clé de l’étiologie. Il faut avoir présent à l’esprit que l’emploi intempestif des corticoïdes, même dans un temps très bref, peut être très préjudiciable voire dangereux pour l’enfant.
Bibliographie
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- BRICE P., GISSEI-BRECHT C. Adénopathies superficielles : orientation diagnostique. Rev. Prat (Paris) 199.
Voici une sélection de livres:
- Guide pratique de chirurgie parodontale Broché – 19 octobre 2011
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- Parodontologie Relié – 1 novembre 2005
Adénopathies cervico-faciales

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.