Récidive et contention
Récidive et contention
Introduction
Face au problème majeur de l’orthodontie, la récidive, qui suscite l’intérêt des praticiens, plusieurs auteurs soulignent l’importance d’un contrôle systématique et rigoureux en instaurant une phase de contention qui suit toujours la phase active du traitement.
Château relève son impact en disant qu’un traitement ne vaut que dans la mesure où son résultat est durable ; s’il n’est pas durable, il est nuisible.
Toutefois, nos connaissances des facteurs du déséquilibre post-orthodontique restent insuffisantes. Pour cela, tout un arsenal de dispositifs nous est offert pour maintenir les résultats.
La récidive
Définition
C’est la réapparition d’une anomalie après sa correction, soit partiellement soit totalement, immédiatement après la dépose de l’appareil ou plus tard.
Étiologies
Facteurs génétiques
- Typologie faciale : En cas de face courte, la récidive de la supraclusion est très fréquente ; en cas de face longue, on remarque une récidive des béances dentaires.
- La croissance (direction et intensité) : Le praticien doit savoir si la croissance va dans le sens du traitement ou dans le sens de l’anomalie. Dans ce dernier cas, la récidive est certaine. D’après J. Philippe : « on ne connaît aucun moyen de contention pouvant s’opposer efficacement à une croissance squelettique défavorable ».
- Morphologie dentaire :
- Taille des dents : Joue un rôle dans la récidive de la DDM (dysharmonie dento-maxillaire) ou la DDD (dysharmonie dento-dentaire).
- Forme des dents : Par exemple, les couronnes des incisives ou les racines rondes tournent plus facilement ; un nombre de racines plus élevé diminue le risque de récidive.
- Morphologie occlusale et proximale : La hauteur et le bon engrènement cuspidien augmentent la stabilité ; l’absence de points de contacts proximaux peut entraîner la récidive des malpositions.
- La tension des fibres desmodentales : Les fibres intraseptales et supracrestales jouent un rôle dans la réorganisation tissulaire. Un traitement orthodontique précoce permet une meilleure adaptation de ces fibres et donc moins de récidive.
Le facteur musculaire
- Anatomie et posture linguale : Par exemple, macro- ou microglossie vraie, frein lingual court, position basse et avancée de la langue entraînent la récidive des classes III, proalvéolies inférieures, endognathies supérieures.
- Anatomie et posture labiale :
- Position labiale : Par exemple, absence de stomion (récidive de la proalvéolie), lèvre inférieure recouvrant entièrement les incisives supérieures (récidive de la classe II division 2).
- Tonicité labiale : Par exemple, hypertonicité (récidive de la rétroalvéolie).
- Insertion du frein : Récidive des diastèmes.
Facteurs fonctionnels ou acquis
- Les dysfonctions :
- Déglutition atypique : Récidive des béances, proalvéolies.
- Respiration buccale : Influence la posture linguale, le développement des arcades et la croissance mandibulaire (récidive de la proalvéolie inférieure et la classe III).
- Phonation perturbée : Récidive de l’infraclusion antérieure ou latérale.
- Les parafonctions :
- Succion du pouce : Récidive des béances, des pro- ou biproalvéolies.
- Succion des lèvres : Récidive des rétroalvéolies supérieures ou inférieures.
- Interposition d’un objet : Infraclusion au niveau des dents concernées.
Facteur humain
- Âge : Lié à la croissance.
- Coopération du patient : Port du dispositif, durée de port, efforts pour supprimer les tics et habitudes déformantes.
- Maladies générales : Hormonales, osseuses, carences en vitamines.
Facteurs iatrogènes
- Erreur de diagnostic : Négliger le diagnostic étiologique.
- Mauvais choix du plan de traitement.
- Mauvaise finition du traitement.
- Contention mal adaptée.
Facteurs post-thérapeutiques
- Évolution des dents de sagesse : Forces éruptives mésiales.
- Croissance tardive : Croissance mandibulaire résiduelle (défavorable pour les classes III).
La récidive en fonction des anomalies
Anomalies dento-alvéolaires
- Anomalies intra-arcades :
- Diastèmes : Causes : frein lingual ou labial hypertrophique ou mal inséré.
- Rotations : C’est le mouvement dentaire le plus récidivant. Causes : étirement des fibres desmodentales.
- Encombrement incisif inférieur : Causes : la poussée des dents de sagesse, changement de la forme d’arcade, forces musculaires centripètes, position post-thérapeutique des dents, modalités de traitement (extractionnel ou non).
- Anomalies inter-arcades :
- Pro- ou rétroalvéolie supérieure ou inférieure : La récidive dépend de la persistance de l’étiologie (déséquilibre du couloir de Château).
- Supraclusion : Anomalie très récidivante. Causes : hypertonicité des muscles faciaux, direction de croissance mandibulaire antérieure.
- Infraclusion : La récidive dépend de la persistance des dysfonctions.
- Endoalvéolie : Causes : persistance de la position basse de la langue, changements importants de la forme d’arcade, modification de la largeur intercanine, hypertonicité de la musculature péribuccale.
Anomalies squelettiques
- Classe II division 1 : La stabilité du traitement est obtenue par la croissance tardive de la mandibule.
- Classe II division 2 : Anomalie très récidivante à cause de la supraclusion.
- Classe III : Anomalie très récidivante. Causes : caractère héréditaire, volume et position linguale, croissance tardive de la mandibule.
- Hyper- et hypo-divergence squelettique : Causes : changements thérapeutiques du sens vertical, insertion antérieure ou postérieure du muscle masséter, rotation postérieure de la mandibule.
- Anomalies transversales : Les cas traités par disjonction sont plus stables.
Les facteurs de prévention de la récidive
- Prévision de croissance : Prévoir le taux et la direction de la croissance future joue un rôle important dans la stabilité du traitement.
- Respect des critères occlusaux intra-arcades :
- Parallélisme radiculaire en fin de traitement.
- Forme d’arcade idéale et points de contacts inter-proximaux.
- Plan d’occlusion droit.
- Respect des critères occlusaux inter-arcades :
- Statiques : Classe I canine et molaire, engrènement et recouvrement respectés.
- Dynamiques : Coïncidence entre la relation centrée (RC) et la position d’intercuspidation maximale (PIM), absence d’interférences lors des mouvements de latéralité ou de propulsion.
- Hypercorrection.
- Autres mesures préventives :
- Fibrotomie : Éviter la récidive des rotations.
- Cononoplastie : Mettre du composite au niveau des cingulums (lever la supraclusion).
- Diminution de l’angle inter-incisif : Diminue le risque de récidive de la supraclusion.
- Freinectomie : Diminue la récidive des diastèmes.
- Glossoplastie : Diminue la récidive des anomalies alvéolaires et de la classe III.
La contention
Définition
La contention correspond à la phase thérapeutique finale d’un traitement orthodontique ; c’est aussi l’ensemble des procédés et des appareillages destinés à maintenir “‘ou à parfaire les résultats obtenus et éviter la récidive des anomalies.
Elle se situe à la fin du traitement actif lorsque les objectifs recherchés par le praticien ont été atteints.
Les buts de la contention
- Stabiliser les dents pendant la réorganisation tissulaire.
- Favoriser l’établissement d’une bonne occlusion et maintenir les dents dans leur position corrigée pendant le rodage occlusal.
- Prévenir la récidive.
- Contrecarrer l’effet d’une croissance résiduelle défavorable allant dans un sens opposé.
- Maintenir la correction d’un décalage squelettique.
- Maintenir les conditions favorables à une bonne fonction.
Les modalités de la contention
Moment de la contention
L’intervalle de temps entre la suppression de l’appareillage actif et la pose de l’appareillage de contention varie selon les auteurs :
- Une semaine après pour observer la stabilité des corrections, pour Berch et Burstone.
- Le jour même, pour Theuvney et Holdaway.
- Reitan : Si une contention stricte des dents est souhaitable, elle doit être mise en place immédiatement après l’arrêt de l’appareil actif, car la récidive de la rotation est nette deux heures après la suppression de la force active.
Type de contention
- Contention naturelle :
- Dans les cas suivants :
- Une occlusion croisée antérieure, à condition d’avoir établi un recouvrement suffisant.
- L’occlusion croisée postérieure dans les cas de disjonction palatine après une bonne intercuspidation.
- La rétention ou l’inclusion palatine des canines supérieures.
- Contention active :
- Dans ces cas, la contention fait partie intégrante du traitement actif.
- Exemple : Les cas de classe II ou de classe III traités par TIM (traction intermaxillaire) maintenue pendant la période de contention et placée sur plaques.
- Contention fixe ou amovible :
- Pour Brodie, la contention doit être fixe.
- Cependant, une contention amovible fait appel à la coopération du patient, permet de favoriser le maintien d’une bonne hygiène et de suspendre la contention pendant les repas.
Durée de la contention
Le temps de contention souhaitable varie selon les auteurs et les anomalies traitées :
- Izard et Château recommandent de porter l’appareil jour et nuit, puis quelques semaines après uniquement la nuit.
- Theuvney arrête la contention au bout d’une année.
- Schudy préconise une contention jusqu’à la fin de la croissance et l’évolution des dents de sagesse.
- Selon les anomalies traitées :
- Pour une classe I avec DDM : 1 an.
- Pour une classe II : 2 ans.
- Pour une classe III : Jusqu’à la fin de la croissance.
Les dispositifs de contention
Dispositifs amovibles unimaxillaires
- Plaque de Hawley :
- C’est l’appareil de contention le plus utilisé, constitué d’une plaque palatine en résine avec un bandeau vestibulaire passant derrière les molaires. Elle doit être peu épaisse et monter sur les faces linguales des dents.
- Gouttières thermoformées :
- Fabriquées à partir d’une feuille de plastique thermoformée d’environ 1 mm d’épaisseur, elles recouvrent toutes les faces des arcades dentaires.
- Avantages :
- Peu encombrantes et transparentes, donc bien acceptées.
- Assurent la contention dans les trois sens de l’espace.
- Inconvénient : Interfèrent avec l’occlusion et peuvent la perturber.
Dispositifs amovibles bimaxillaires
- Le « tooth positioner » :
- Fabriqué en caoutchouc naturel, très souple et très résistant, l’appareil est construit sur un montage des dents du patient, placées en parfait alignement et en parfaite intercuspidation. Il enveloppe les deux arcades.
- L’activateur :
- Son port doit être parfaitement régulier, car le moindre déplacement dentaire empêche l’appareil d’être remis en place.
- Pour cette raison, l’activateur est difficilement accepté pour les contentions de longue durée.
Dispositifs fixes unimaxillaires
- Les fils métalliques :
- Un fil poli de section ronde, de diamètre 0,7 mm, est collé de la 43 à la 33.
- Ce fil doit être rigide et facile à nettoyer. Chaque extrémité du segment doit se terminer par une spire pour améliorer la rétention.
- Grilles collées :
- Découpées dans un grillage en métal, parfois en matière plastique, entre les mailles duquel passe la colle. Elles sont plus souvent utilisées en parodontie.
- Les attelles coulées collées :
- Elles réunissent le maximum de qualités et sont particulièrement indiquées lorsque des raisons parodontologiques s’ajoutent aux raisons orthodontiques pour souhaiter une contention de très longue durée.
Dispositifs fixes bimaxillaires
- Les butées cingulaires :
- Ce sont de petites masses de composite placées sur les cingulums des incisives et souvent des canines maxillaires, destinées à empêcher la récidive de la supraclusion.
- Les supports pour élastiques de classe III :
- Ce dispositif est destiné à assurer la contention des traitements de classe III. Il peut être ajouté à un fil collé mandibulaire.
Conclusion
La contention, au même titre que le traitement, doit être spécifiquement adaptée à chaque cas. Ainsi, le type de contention doit être choisi selon ses propres caractéristiques, les particularités de chaque cas et de chaque type de traitement, et en fonction de la récidive possible.
Concernant la durée de maintien des dispositifs de contention, la tendance est à prolonger cette durée le plus possible. Il ne faut en aucun cas négliger les aspects de l’information et du consentement éclairé du patient, ainsi que de la responsabilité du praticien.
Voici une sélection de livres:
- Odontologie conservatrice et endodontie odontologie prothètique de Kazutoyo Yasukawa (2014) Broché
- Concepts cliniques en odontologie conservatrice
- L’endodontie de A à Z: Traitement et retraitement
- Guide clinique d’odontologie
- Guide d’odontologie pédiatrique, 3e édition: La clinique par la preuve
- La photographie en odontologie: Des bases fondamentales à la clinique : objectifs, matériel et conseils pratique
Récidive et contention

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.