La contention 

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Définition

En parodontie, la contention est « un procédé thérapeutique symptomatique qui permet d’immobiliser les organes dentaires à titre temporaire en attente d’une consolidation ou à titre définitif lorsque la mobilité est devenue irréversible. » (BARRELLE)

Rappel historique

Les Égyptiens, 2500 ans avant J.-C., utilisaient déjà des contentions pour maintenir les dents mobiles, comme en témoigne la ligature au fil d’or découverte par Junker. Hippocrate recommandait de fixer les dents mobiles avec du fil d’or. Au Moyen Âge, Albucassis, puis au XVIe siècle, Ambroise Paré, reprennent ces méthodes. Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que des chirurgiens-dentistes français comblent le retard accumulé depuis l’Antiquité. En 1907, Château pose les bases scientifiques du traitement des parodontolyses par immobilisation dans son ouvrage sur le « traitement prothétique des pyorrhées ».

Objectifs

La contention consiste à réunir une ou plusieurs dents mobiles, entre elles ou à des dents moins mobiles, afin de :

  • Distribuer les forces occlusales pour minimiser la sollicitation des dents à support parodontal réduit.
  • Prévenir les migrations pathologiques.
  • Stabiliser les dents mobiles durant les thérapeutiques, favorisant la régénération tissulaire lors de la cicatrisation.
  • Répondre à un but fonctionnel (soulagement des douleurs et de l’inconfort dû à la mobilité) et psychologique.

Indications et contre-indications

Indications

La contention est indiquée comme traitement symptomatique de la mobilité dentaire, quelle qu’en soit l’origine. Par exemple :

  • Les parodontites, quelle que soit leur sévérité, occasionnant une mobilité dentaire.
  • Un rapport couronne-racine radiologique altéré, justifiant une contention.
  • Après un traitement chirurgical pour limiter la mobilité résiduelle.
  • Après un traitement orthodontique pour stabiliser les dents et éviter la récidive.
  • Dans un but fonctionnel pour une bonne répartition des forces occlusales.

Contre-indications

Contre-indications absolues

  • Patient non coopérant.
  • Prédisposition à la carie.
  • Profil psychologique altéré.
  • Malpositions dentaires.
  • Présence de diastèmes.

Contre-indications relatives

  • Facteur esthétique.
  • Volume pulpaire (pour contention intra-coronaire).
  • Le coût de certains types de contention.

Principes de la contention

Principes mécaniques

Principe de Roy (1935)

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Les dents présentent une direction préférentielle de mobilité vestibulo-linguale. Roy a déterminé trois plans de mobilité dentaire pour une arcade :

  • Une contention est plus efficace si elle réunit, par un moyen indéformable, des dents contiguës appartenant à deux plans de mobilité différents.
  • Plus le nombre de dents intégrées dans le système de contention est grand, plus la contention est efficace.

Principe de résistance des piliers postérieurs

Les piliers postérieurs doivent être résistants, c’est-à-dire présenter peu ou pas d’atteinte parodontale, pour être inclus dans un système de contention.

Principe de résistance des ancrages postérieurs

Pour assurer la stabilité, les ancrages postérieurs doivent être les moins traumatisants et les plus résistants possible. Par ordre décroissant, les ancrages les plus utilisés sont :

  1. Les couronnes à tenon.
  2. Les Richmonds.
  3. Les couronnes simples.
  4. Les onlays à tenon.
  5. Les inlays.

Intégration dans l’occlusion physiologique

Le volume des appareillages doit s’intégrer dans l’occlusion physiologique pour éviter :

  • L’apparition d’une dysfonction cranio-mandibulaire.
  • L’aggravation des mobilités.
  • La fracture de la contention.

Principes biologiques

  • Respect des embrasures vestibulaires et linguales pour libérer la papille interdentaire.
  • Respect des limites cervicales pour éviter les zones de contre-dépouilles.
  • Favoriser l’hygiène.
  • Libérer la gencive de toute compression.
  • Ne pas perturber ou modifier la phonation.
  • Être le moins inesthétique possible.

Moments de la contention

Avant le traitement parodontal (en urgence)

  • Soulager les douleurs dues à la mobilité dentaire.
  • Faciliter l’assainissement parodontal ultérieur.

Au cours du traitement parodontal

  • Faciliter le détartrage lors de la thérapeutique initiale.
  • Faciliter la chirurgie.
  • Aider à l’équilibration occlusale.

Durant les dernières phases du traitement

  • Stabiliser les dents mobiles après chirurgie pour ne pas compromettre la cicatrisation.

Après le traitement

  • Solidarise les dents pour une longue durée.

Les différents systèmes de contention

Contention temporaire

La contention temporaire, réalisée en urgence ou durant la thérapeutique initiale, vise à soulager :

  • La douleur.
  • La gêne fonctionnelle handicapante.
  • Faciliter d’autres gestes thérapeutiques (détartrage, chirurgie) sur dents mobiles.

Systèmes fixes

Ligatures
Ligature au fil de soie floche

Avantages :

  • Très rapide à réaliser.
  • Quasi invisible.

Inconvénients :

  • Fragile, ne peut rester en place que peu de temps.
  • Le fil s’imprègne de salive et de fluides buccaux, se relâchant.

Technique :

  • Utiliser un fil de 30 cm.
  • Réaliser un double tour au collet de la première dent, stabilisé par un double nœud.
  • Entourer les dents suivantes au-dessus du cingulum avec un double nœud proximal à chaque fois.
  • Terminer sur la dernière dent comme sur la première.
Ligatures métalliques

Matériel utilisé :

  • Fil souple au nickel-chrome, épaisseur 0,3 mm.
  • Pince cruentée.
  • Ciseaux à couronne.
  • Pince à mors plats.

Types de ligatures : en huit, en marche d’échelle, en machine à coudre.

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Ligature en point de machine à coudre

Indications :

  • Dents peu mobiles.

Avantages :

  • Facile à réaliser.
  • Moins gênante pour l’hygiène, stable.

Inconvénient :

  • Non réparable ; une cassure impose la réfection complète.

Technique :

  • Effectuer un double tour autour de la prémolaire.
  • Conserver deux brins libres d’inégale longueur.
  • Plaquer le brin court contre la face linguale ; le brin long sert de navette, bloquant le fil lingual dans l’espace interdentaire.
  • Continuer jusqu’à la prémolaire opposée, où les deux brins sont torsadés.
Ligature en huit

Indication :

  • Immobilisation ne dépassant pas une semaine.

Avantages :

  • Facile et rapide à réaliser.

Inconvénients :

  • Peu sûre.
  • Glisse facilement.
  • Se desserre souvent.

Technique :

  • Analogue à la ligature de soie floche, mais sans nœud interdentaire ; les brins sont croisés, alternant entre vestibulaire et lingual.
Ligature en échelle

Avantages :

  • Solide, peut rester longtemps en place.
  • Réglable et modifiable facilement.
  • Permet une position précise des dents.

Inconvénients :

  • Les torons peuvent être irritants et gêner l’hygiène interdentaire.

Technique :

  • Utiliser un fil métallique de 0,2 à 0,3 mm.
  • Fixer les montants en serrant légèrement les extrémités.
  • Glisser et torsader des portions de fil de 5 cm dans les espaces interdentaires (serrage incomplet).
  • Serrer les barreaux alternativement et progressivement.
  • Rabattre les torons en direction occlusale.

Note : Certains auteurs proposent de recouvrir la ligature avec de la résine acrylique autopolymérisable de la même teinte que les dents pour une meilleure esthétique et un bon rendement fonctionnel.

Attelles de composite provisoires
Collage extra-coronaire
  • Si la stabilisation est nécessaire pour une seule séance, une barre de résine composite collée sur les faces vestibulaires peut suffire.
Collage dento-dentaire
  • Réalisé autour du point de contact.
  • Rapide et pratiquement invisible.
Appareillages orthodontiques fixes
  • Appareillage orthodontique fixe passif : Utilisé en cas de perte de points de contact.
  • Bagues d’orthodontie.

Systèmes amovibles

Plaque de Hawley
  • Constituée d’un arc vestibulaire en fil d’acier fixé à une plaque palatine ou un bandeau lingual en résine acrylique.
  • Limite le mouvement vestibulo-lingual des incisives enserrées entre le fil et la plaque.
Gouttière occlusale
  • Appareillages amovibles interposés entre les arcades dentaires.
  • Utilisés transitoirement pour modifier les rapports dento-dentaires, corriger des dysfonctions occlusales ou des fonctions mandibulaires déficientes.

Contention ambivalente (semi-permanente)

Les contentions ambivalentes sont réalisées lorsque l’indication d’une contention est définitivement établie, notamment dans un plan de traitement complexe, en attente d’une réévaluation finale. Leur durée de vie varie de quelques mois à plusieurs années.

Attelle en U

  • Relie les dents de proche en proche à l’aide de fils d’acier en forme de U, scellés dans des puits calibrés.

Indications :

  • Convient particulièrement au secteur incisivo-canin supérieur.

Avantages :

  • Grande résistance dans les plans horizontal et vertical.
  • Réunit les dents une à une, limitant l’étendue de la contention.

Inconvénients :

  • Difficile à réaliser sur les incisives mandibulaires en raison du risque pulpaire.
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Attelle de Ceria-Cerosi

  • Une gorge linguale, palatine ou occlusale (prémolaires-molaires) est réalisée pour y placer un fil orthodontique en acier ou un treillis de fibres de polyéthylène.

Avantages :

  • Bonne stabilité.
  • Résultat esthétique satisfaisant.
  • Peu onéreux.

Inconvénients :

  • Préparation coronaire, avec risque de caries si les précautions anatomiques ne sont pas respectées.
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Attelle de Berliner

Technique :

  1. Réaliser une tranchée curviligne sur la face linguale avec une fraise cône renversée.
  2. Présenter un fil torsadé (deux brins d’acier mou de 0,25 mm).
  3. Mettre en place le composite de scellement et placer le fil, maintenu avec des fouloirs fins ou des vis dans les boucles du fil torsadé.
  4. Compléter le remplissage de la tranchée avec du composite.
  5. Après durcissement, couper le fil avec une fraise.

Indications :

  • Convient au secteur incisivo-canin mandibulaire.
  • Pour prémolaires et molaires, possible dans des obturations préexistantes en amalgame sans agression tissulaire.
  • Adaptée aux dents en malposition grâce à des fils de ligatures mous torsadés incrustés dans la rainure.

Avantages :

  • Facile à réaliser.
  • Préparation dentaire minime.
  • Bonne stabilisation des dents mobiles.
  • Résultat esthétique satisfaisant.
  • Procédé économique pour un maintien à long terme.

Inconvénients :

  • Risque de descellement.
  • Risque de caries par infiltration, nécessitant une surveillance régulière.
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Contention permanente

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Contention permanente amovible

Attelle d’Elbrecht
  • Les dents sont maintenues par un châssis métallique avec des ailettes de stabilisation insérées dans des cavités proximo-occlusales correspondantes.

Contention permanente fixe

Ce type de contention est le plus efficace et le plus employé grâce aux techniques actuelles.

Attelles métalliques coulées et collées

Technique :

  • Préparer les dents en conservant le plus possible l’émail pour :
  • Accroître la rétention de l’attelle.
  • Limiter les axes de descellement.
  • Faciliter le positionnement lors de l’essayage et du collage.

Avantages :

  • Réalisation rapide.
  • Économie de tissu dentinaire.
  • Possibilité d’inclure des attachements pour une prothèse adjointe.
  • Peut être réalisée avant la fin du traitement parodontal.

Inconvénients :

  • Inconvénients esthétiques et biologiques du métal.
  • Les adhésifs amélo-dentinaires sont hydrolysables, limitant leur durée de vie.
Bridges collés

Définition :

  • Prothèse fixe composée d’une structure métallique collée sur la face palatine des dents, avec un intermédiaire de bridge ancré à l’émail mordancé des dents piliers par une résine composite.

Indications :

  • Remplacer une seule dent, rarement deux.
  • Contention parodontale.
  • Rapport occlusal favorable.
  • Mainteneur d’espace en orthodontie.

Avantages :

  • Respect du parodonte et des points de contact.
  • Bonne esthétique.
  • Économie tissulaire.

Inconvénients :

  • Nombre de dents à remplacer très limité.
  • Nécessité de dents en bonne position.
  • Risque de décollement.
  • Prise d’empreinte de dents mobiles problématique.
Inlay de Barelle
  • Les dents sont réunies deux par deux par un inlay double solidarisant les faces proximales, avec un tenon dentinaire pour la rétention.

Avantages :

  • Possibilité de solidariser un groupe de dents, puis d’étendre la contention ultérieurement.
  • Réduction des problèmes de parallélisme.
  • Réparation d’un élément défaillant sans réfection totale.
  • Aspect esthétique généralement satisfaisant.
Contention par coiffes permanentes
  • Utilisée lorsque les dents sont délabrées ou qu’une édentation doit être compensée.
  • Un pont constitué de restaurations coronaires métalliques ou céramo-métalliques est la solution définitive la plus fiable.
  • Réalisé après le traitement parodontal, précédé de quelques mois par une prothèse provisoire.

Voici une sélection de livres:


 

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