Diagnostics en odontologie conservatrice 

Diagnostics en odontologie conservatrice 

Diagnostics en odontologie conservatrice 

Introduction

L’odontologie conservatrice vise à préserver la vitalité et la fonctionnalité des dents atteintes par des pathologies telles que les caries, les pulpites ou les parodontites. Ce document détaille les principales pathologies rencontrées, leurs diagnostics et les traitements associés, en s’appuyant sur une approche clinique rigoureuse. Organisé en sections claires, il aborde les atteintes pulpo-dentinaires, les pulpites réversibles et irréversibles, les pulpites chroniques, les gangrènes pulpaires, les parodontites apicales, ainsi que des cas cliniques illustratifs.

Pathologies dentaires et leurs traitements

Atteinte pulpo-dentinaire (carie dentaire)

Diagnostic

La carie dentaire se manifeste par des douleurs provoquées par des stimuli tels que le sucre, le chaud, le froid ou les aliments acides. Ces douleurs disparaissent dès l’arrêt du stimulus, et la vitalité pulpaire est conservée.

Traitement

Le traitement dépend du niveau de l’atteinte :

  • Préparation : Mise en place d’un champ opératoire pour isoler la dent.
  • Ouverture de la cavité : Utilisation d’une fraise boule diamantée montée sur turbine.
  • Curetage dentinaire : Réalisé avec une fraise boule montée sur contre-angle bleu, complété par un curetage manuel.
  • Toilette et désinfection : Nettoyage de la cavité pour éliminer les bactéries.
  • Parage : Renouvellement des rouleaux de coton pour maintenir un environnement propre.
  • Coiffage :
  • Si l’atteinte est para-pulpaire, application d’hydroxyde de calcium suivie d’oxyde de zinc eugénol (ZOE).
  • Si l’atteinte est dentinaire, application directe de ZOE.
  • Fermeture : Obturation hermétique de la cavité, suivie d’un nettoyage minutieux.
  • Restauration définitive : Planifiée après 4 semaines pour un coiffage dentinaire simple, ou entre 4 et 9 mois pour un coiffage para-pulpaire.

Pulpite réversible – Hyperhémie pulpaire

Diagnostic

L’hyperhémie pulpaire survient lorsque la pulpe est accidentellement mise à nu, souvent à cause d’une faute iatrogène. Il n’y a pas de douleurs spontanées, mais des douleurs provoquées persistent quelques secondes après l’arrêt du stimulus, sans déclencher de nouvelle crise.

Traitement

Le traitement est étiologique et vise à traiter la cause sous-jacente, comme :

  • Une carie (coiffage).
  • Une effraction, une érosion, une amélogénèse imparfaite ou une dentinogénèse imparfaite.

Pulpite irréversible

Pulpite aiguë séreuse superficielle

Diagnostic

Cette pulpite se caractérise par des douleurs provoquées et spontanées discontinues, avec une disparition totale de la douleur entre les crises. La vitalité pulpaire est conservée, le patient peut identifier la dent causale, et les antalgiques sont efficaces.

Traitement

Le traitement privilégié est le coiffage, mais une pulpectomie peut être nécessaire si le coiffage échoue.

Pulpite aiguë séreuse partielle

Diagnostic

Similaire à la pulpite aiguë séreuse superficielle, elle présente des douleurs provoquées et spontanées discontinues, une vitalité pulpaire conservée, et une réponse favorable aux antalgiques. Le patient peut localiser la dent causale.

Traitement
  • Pulpotomie : Utilisée comme traitement provisoire pour les dents temporaires afin de permettre la fermeture de l’apex. Si choisie comme traitement définitif, elle peut entraîner une calcification, une dégénérescence ou des résorptions internes.
  • Pulpectomie : Réalisée sous anesthésie avec un champ opératoire. Elle comprend la création d’une cavité d’accès, la mise en forme et la préparation canalaire, suivies d’une obturation canalaire.

Pulpite aiguë séreuse totale (rouge)

Diagnostic

Cette forme présente des douleurs provoquées et spontanées discontinues, avec une vitalité pulpaire conservée. Cependant, le patient ne parvient pas à identifier la dent causale, bien que les antalgiques restent efficaces.

Traitement

Le traitement est généralement similaire à celui de la pulpite aiguë séreuse partielle, avec une pulpotomie ou une pulpectomie selon la gravité.

Pulpite aiguë suppurée (jaune)

Diagnostic

Caractérisée par des douleurs violentes, exacerbées par le chaud et soulagées par le froid (la chaleur provoque une expansion augmentant la pression sur les terminaisons nerveuses, tandis que le froid entraîne une rétraction dissipant l’œdème). À l’ouverture de la cavité, la pulpe apparaît comme un point jaune.

Traitement
  • Urgence : Immobilisation de la dent entre pouce et index, suivie de l’ouverture de la cavité pour un drainage trans-canalaire.
  • Drainage : La dent peut être laissée ouverte avec une boulette de coton ou fermée avec de l’hydroxyde de calcium, en laissant une petite ouverture pour évacuer le pus.
  • Traitement définitif : Traitement canalaire et obturation après disparition complète du pus.

Pulpites chroniques

Pulpite chronique ouverte

Diagnostic

Cette pulpite présente une communication avec le milieu buccal externe. Elle est souvent asymptomatique ou associée à des douleurs minimes, sans douleurs spontanées actives (bien que présentes dans le passé).

Traitement

Une pulpectomie directe (bio-dépulpation) est réalisée.

Pulpite chronique fermée

Diagnostic

Absence de communication avec le milieu buccal. Les symptômes sont similaires à la pulpite chronique ouverte, mais sans ouverture externe.

Traitement

Un coiffage juxta-pulpaire est tenté. En cas d’échec, une pulpectomie est réalisée.

Polype pulpaire

Diagnostic

Le diagnostic est évident : un saignement survient au toucher, sans nappe, et l’origine est localisée au centre de la dent (chambre pulpaire), indiquant une pulpite chronique hypertrophique ou hyperplasique. Le diagnostic différentiel distingue :

  • Pulpe vivante : carie dentaire.
  • Pulpe mortifiée : parodontite chronique (confirmée par test de vitalité et lésion péri-apicale).
Traitement

Généralement, une pulpectomie est indiquée.

Gangrène pulpaire

Diagnostic

La gangrène pulpaire résulte d’une mortification (nécrobiose) avec anachorèse, ou d’une gangrène d’emblée. Les signes incluent :

  • Élargissement léger de l’espace desmodontal.
  • Variation de la teinte de la dent.
  • Odeur fétide de la chambre pulpaire.
  • Formes possibles : ouverte/fermée, sèche/humide (bactéries aérobiques/anaérobiques).
    Le diagnostic différentiel avec la pulpite chronique, la carie ou la LIPOE chronique repose sur le test de vitalité et la détection de germes au-delà du foramen.

Traitement

  • Parage et désinfection : Pas de dépulpation, mais un nettoyage approfondi.
  • Médication inter-séance : Application d’hydroxyde de calcium à cheminée.
  • Obturation canalaire : Réalisée après désinfection complète.
  • Restauration : Finalisation de la reconstruction dentaire.

Parodontites apicales (LIPOE)

Diagnostic

Les parodontites apicales, aiguës ou chroniques, présentent :

  • Test de vitalité négatif.
  • Douleurs spontanées continues, d’intensité variable, résistantes aux antalgiques.
  • Image radioclaire péri-apicale, latéro-radiculaire ou à la furcation.
  • Voussures ou tuméfactions.
  • Tartre mou autour de la dent.
  • Parfois, la dent est égressée.
    En phase aiguë, les percussions sont très douloureuses et doivent être évitées.

Traitement

  • Urgence : Prémédication ou ouverture de la cavité pour soulager la douleur, en immobilisant la dent entre pouce et index.
  • Médication : Application d’hydroxyde de calcium.
  • Parage et désinfection : Nettoyage complet pour éliminer l’infection.
  • Cas cliniques :

Cas cliniques

Cas 1 : Patient de 62 ans

Description
Un homme de 62 ans présente une perte de substance sur la face occluso-distale de la 28 (46), des douleurs spontanées violentes, une légère mobilité de la dent, et une voussure douloureuse au fond du vestibule.

Diagnostic

  • Parodontite apicale aiguë (à confirmer par radiographie).
  • Syndrome du septum (effondrement d’une paroi proximale dentaire).

Justification

  • Douleurs spontanées.
  • Mobilité de la dent.
  • Voussure au fond du vestibule (test de ping-pong réalisable).

Plan de traitement

  • Curetage parodontal.
  • Dégagement de l’espace inter-dentaire.
  • Reproduction du point de contact si nécessaire.
  • Parage, désinfection et obturation.

Cas 2 : Patient de 9 ans

Description
Un enfant de 9 ans présente une perte de substance plus ou moins volumineuse sur la 85 (75,48 avec des douleurs provoquées par le sucre et un léger gênement au contact de la langue.

Diagnostic

  • Carie dentaire (à confirmer par des tests de vitalité, sémiologie incertaine chez l’enfant).
  • Diagnostic différentiel : gangrène partielle (silence clinique).

Plan de traitement

  • Carie dentaire : Curetage et obturation avec pansement.
  • Gangrène : Curetage, cavité d’accès, préparation canalaire, obturation selon le degré de rhizalyse.

Cas 3 : Femme enceinte de 12 semaines

Description
Une femme enceinte de 12 semaines présente des douleurs irradiantes vers l’oreille droite. L’examen révèle une dent 27 (47) fortement délabrée et mobile, des dents 26 (46) et 28 (48) cariées, avec une dischromie grisâtre sur la 26 (46). Le paracétamol s’est révélé inefficace.

Diagnostic

  • 26 (46) : Gangrène pulpaire (changement de teinte).
  • 27 (47) : Parodontite apicale aiguë (délabrement, mobilité, rebelle aux antalgiques).
  • 28 (48) : Carie dentaire.

Plan de traitement :

  • 27 (47) : Ouverture de la cavité, curetage, parage-désinfection, mise en forme avec hydroxyde de calcium. L’obturation est différée après l’accouchement (nécessite radiographie).
  • 28 (48) : Si carie simple, coiffage.
  • 26 (46) : Test de vitalité, traitement similaire à la 27 (47).

Conclusion

L’odontologie conservatrice repose sur un diagnostic précis pour adapter les traitements aux caractéristiques des pathologies dentaires. Des caries aux parodontites apicales, chaque condition nécessite une approche spécifique, intégrant des techniques comme le coiffage, la pulpotomie, la pulpectomie ou le drainage. Les cas cliniques illustrent l’importance d’une analyse clinique et radiographique pour garantir des soins adaptés, particulièrement dans des contextes spécifiques comme la grossesse ou chez l’enfant.

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