Paralysies Faciales, Pathologie Bucco Dentaire

Paralysies Faciales, Pathologie Bucco Dentaire

Paralysies Faciales, Pathologie Bucco Dentaire

Introduction

Le nerf facial est un nerf de l’émotion et de la communication non verbale, sa paralysie est source de troubles fonctionnels et psychologiques sévères allant bien au-delà d’un simple handicap moteur.

Anatomie du Nerf Facial

Description Générale

Le nerf facial, VIIᵉ paire crânienne, est un nerf mixte, principalement moteur, constitué d’une volumineuse racine motrice et d’une racine sensitivo-sensorielle plus fine (VII bis). Il traverse l’étage postérieur de la base du crâne vers le conduit auditif interne (CAI).

Portions du Nerf Facial

  • Portion Intracrânienne : Traverse l’étage postérieur de la base du crâne.
  • Portion Extracrânienne : Inclut la section horizontale de la pyramide pétreuse.

Branches Collatérales

  • Intracrâniennes :
    • Nerf du muscle de l’étrier (réflexe stapédien).
    • Corde du tympan (fonctions gustatives et sécrétoires des glandes salivaires submandibulaire et sublinguale).
    • Rameau anastomotique de la fosse jugulaire.
    • Pétreux profonds (en lien avec le nerf tympanique IX).
  • Extracrâniennes :
    • Région rétro-stylienne.
    • Branche digastrique supérieure.

Branches Terminales

  • Muscle auriculaire supérieur.
  • Muscle auriculaire des paupières.
  • Muscle pyramidal du nez.
  • Muscle dilatateur de la narine.
  • Muscle orbiculaire des lèvres.
  • Muscle mentonnier.
  • Muscle dépresseur.

Types de Paralysies Faciales

Paralysie Faciale Périphérique

  • Résultat d’une lésion sur le neurone périphérique.
  • Peut être totale ou partielle au niveau de l’hémiface, située du même côté que l’atteinte nerveuse.
  • Présente un défaut d’occlusion oculaire, connu sous le nom de signe de Charles Bell.
  • Asymétrie de l’hémiface homolatérale.

Paralysie Faciale Centrale

  • Due à une atteinte corticale ou sous-corticale.
  • Généralement accompagnée d’une hémiparésie.
  • L’hémiparésie et la paralysie faciale se situent du même côté, mais sont opposées à la lésion corticale.
  • Asymétrie principalement au niveau du quadrant inférieur du visage.
  • Caractéristiques :
    • Prédominance nette de la paralysie sur le facial inférieur.
    • Absence du signe de Charles Bell.
    • Présence d’un discret signe de cils de Souques.
    • Dissociation automatico-volontaire.

Atteinte Nucléaire

  • Résulte d’une lésion du tronc cérébral, affectant le noyau facial.

Causes des Paralysies Faciales Périphériques

Paralysies Faciales Idiopathiques

  • Paralysie faciale idiopathique de Charles Bell : Cause inconnue, souvent liée à une inflammation virale.

Paralysies Faciales Traumatiques

Traumatismes Crâniens

  • Souvent évoqués devant une otorragie.
  • Le nerf peut être lésé tout au long de son trajet intrapétreux :
    • Directement par section du nerf.
    • Indirectement, avec commotion nerveuse, ischémie et œdème.

Traumatismes Balistiques

  • Produisent des dégâts variables, le pronostic est souvent lié aux lésions cranio-cérébrales associées.

Plaies du Nerf Facial

  • Dans son trajet extrapétreux, peuvent entraîner une section d’une ou plusieurs branches.
  • Nécessitent un parage urgent de la plaie.

Traumatismes Opératoires

  • Survenus lors :
    • De l’exérèse de tumeurs de l’angle ponto-cérébelleux.
    • D’une chirurgie de l’oreille moyenne.
    • D’une chirurgie de la parotide.

Paralysies Faciales Otitiques

  • Nécessitent un examen ORL pour rechercher :
    • Une otite aiguë, nécessitant un traitement médical massif.
    • Une otite chronique ou tuberculeuse, nécessitant une décompression chirurgicale du nerf.

Paralysies Faciales Tumorales

  • Une origine tumorale doit être suspectée quel que soit le mode d’apparition.
  • Sièges possibles de la tumeur :
    • Tronc cérébral.
    • Angle ponto-cérébelleux.
    • Temporal.
    • Parotide.

Paralysies Faciales de Cause Générale

Neuropathies Périphériques

  • Installation rapidement progressive.
  • Accompagnées de paralysie vélo-pharyngo-laryngée.
  • Exemples : diabète, périarthrite nerveuse, lupus.

Causes Neurologiques

  • Ramollissements bulbo-protubérantiels.
  • Sclérose en plaques.
  • Certaines méningites purulentes.

Syndrome de Melkersson-Rosenthal

  • Associe :
    • Langue plicaturée d’origine congénitale.
    • Œdème de la face.
    • Paralysie faciale.

Sarcoïdose (Maladie de Besnier-Boeck-Schaumann)

  • Se complique souvent d’une paralysie faciale uni- ou bilatérale.

Tétanos Céphalique de Rose

  • Succède à une plaie céphalique, souvent avec diplégie faciale et contractures paroxystiques.

Paralysies Faciales du Nouveau-Né et de l’Enfant

Paralysie Faciale Néonatale

  • D’origine traumatique par compression nerveuse lors d’un accouchement difficile.
  • Évolution souvent favorable.

Paralysie Faciale de l’Enfant

  • Causes possibles :
    • Otologiques : otite aiguë, tuberculeuse.
    • Hématologiques : thrombocytopénie.
    • Poliomyélite antérieure aiguë (formes hautes).
    • Ostéoporose d’Albert Schamberg.

Diagnostics Différentiels

Les conditions suivantes doivent être éliminées, car elles ne constituent pas des paralysies faciales :

  1. Myopathies.
  2. Hypomimie.
  3. Asymétrie faciale acquise.
  4. Asymétrie faciale constitutionnelle.
  5. Sclérodermie.

Bilans Diagnostiques

Bilans Indispensables

  1. Examen ophtalmologique.
  2. Bilan sanguin.
  3. Examen ORL avec acoumétrie et audiométrie.
  4. Radiographie du conduit auditif interne (CAI) et TDM du rocher, en fonction des résultats de l’examen ORL.

Bilans Fonctionnels

Bilans de la fonction motriceExploration de la fonction parasympathiqueExploration de la fonction sensitive et sensorielle
État du nerf
Test d’électromyographie (EMG de détection) : Permet de suivre l’évolution et la récupération à moyen et long terme. Inconvénient : Signes électriques de dénervation apparaissent tardivement (2-3 semaines après la lésion).
Test d’excitabilité ou test de stimulation : Compare la réponse du nerf à une stimulation électrique entre le côté sain et le côté atteint.
Électro-neurographie : Réalisée des deux côtés, la différence d’amplitude entre les deux côtés est corrélée au pourcentage de fibres dégénérées.
État du muscle
Testing musculaire selon Freyss : Étudie la motricité, le tonus et la coordination. Chaque muscle est coté de 0 à 3 : – 0 : Aucun mouvement. – 1 : Mouvement visible à jour frisant. – 2 : Ample mais faible. – 3 : Normal, analogue au côté sain.
Test de Schirmer : – Papier filtre dans le cul-de-sac conjonctival. – Si la sécrétion lacrymale du côté atteint n’excède pas 30 %, le test est positif.
Test salivaire : – Explore la fonction salivaire en mesurant la sécrétion des glandes sous-maxillaires. – Une diminution de 25 % entre les deux côtés est pathologique.
Fonction sensitive : – Étude de la sensibilité cutanée de la zone de Ramsay Hunt (tragus, hélix, partie du lobule, paroi postérieure du CAI, zone voisine du tympan).

Imagerie

  • Scanner : Étude du rocher, de l’oreille et de la région parotidienne.
  • IRM : Examen de choix pour l’étude de l’angle ponto-cérébelleux et du tronc cérébral.

Retentissement Buccal

  • Hygiène bucco-dentaire défectueuse du côté atteint.
  • Écoulement de salive entraînant une chéilite angulaire.
  • Dans le syndrome de paralysie faciale sensorielle : possible absence de goût dans les deux tiers antérieurs de la langue.
  • Dans le syndrome de Melkersson-Rosenthal : macroglossie, chéilite, langue plicaturée, infections dentaires.

Traitements

Traitement Médical

  • Indications : Paralysies faciales virales, idiopathiques et traumatiques.
  • Objectifs : Réduire l’œdème comprimant le nerf dans son canal osseux et lutter contre l’ischémie.
  • Urgence : Doit être instauré dès le diagnostic posé.

Corticothérapie

  • Posologie : Prednisone (Cortancyl®) à 1 mg/kg/j pendant 3 jours, puis diminution de 10 mg tous les 3 jours jusqu’à l’arrêt (durée totale d’environ 15 jours).
  • Suivi : Contrôle 5 à 7 jours après le traitement pour confirmer le diagnostic.
  • Contre-indications : Diabète, infection virale patente.

Agents Antiviraux

  • Objectif : Inhiber la progression de la lésion nerveuse due à un virus herpétique.
  • Traitement :
    • Acyclovir : 2 g/j per os pendant 10 jours, en association avec Prednisone.
    • Famciclovir : Similaire à l’acyclovir en termes d’action et de spectre.

Vasodilatateurs

  • Objectif : Augmenter la perfusion du nerf facial et réduire la vasoconstriction.
  • Médicaments :
    • Naftidrofuryl (Praxilène®) : 200 mg, 1 comprimé 2 fois/j.
    • Pentoxifylline (Torental®) : 100 mg, 1 comprimé 3 fois/j ou 1 à 2 ampoules injectables de 100 mg/j.

Vitaminothérapie

  • Vitamine B : 10 mg, 3 fois/j pendant 10 jours.

Soins Oculaires

  • Objectifs : Prévenir le dessèchement de la cornée.
  • Mesures :
    • Instillation de larmes artificielles, pommades protectrices, antiseptiques locaux.
    • Occlusion de l’œil (port de lunettes pour éviter les poussières).

Traitement Fonctionnel

  • Kinésithérapie (rééducation fonctionnelle) : Massages et mouvements actifs.
  • Physiothérapie : Application de chaleur pendant 10 minutes (infrarouge).

Traitement Chirurgical

Décompression Chirurgicale

  • Objectif : Libérer le nerf de son carcan osseux et aponévrotique inextensible.
  • Indications : Paralysies faciales de Bell, otitiques.
  • Portions concernées : Généralement les 2ᵉ et 3ᵉ portions du nerf.

Techniques de Rétablissement de la Continuité Nerveuse

  • Anastomose termino-terminale : Suture des deux extrémités nerveuses sectionnées.
  • Anastomoses hétéro-nerveuses :
    • Spino-faciale.
    • Hypoglosso-faciale.
    • Anastomose croisée facio-faciale.
  • Transplants musculaires.

Précautions Lors des Soins

  • Patients sous corticothérapie : Antibioprophylaxie en cas d’intervention chirurgicale.
  • État parodontal : Surveillance particulière.
  • Anesthésie tronculaire : Une paralysie faciale aiguë peut survenir lors d’une anesthésie à l’épine de Spix. Pendant la paralysie, le réflexe lacrymal étant aboli, couvrir l’œil avec une compresse stérile.

Considérations Psychologiques

Le visage est la vitrine de l’individu et le miroir de son âme. Toute asymétrie ou dysfonctionnement moteur de la face est péjoratif, avec un lourd tribut anxio-dépressif. Un diagnostic précoce et une prise en charge adéquate permettent une régression sans séquelles. Il est crucial de ne jamais négliger ou sous-estimer l’impact psychologique et comportemental d’une paralysie faciale.

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