Interrelations Parodonto-Prothétiques / Parodontologie

Interrelations Parodonto-Prothétiques / Parodontologie

Interrelations Parodonto-Prothétiques / Parodontologie

Introduction

L’intégration réussie des restaurations prothétiques au sein du parodonte est réalisée par la création d’un équilibre mutuel : les restaurations doivent respecter l’intégrité du parodonte et le parodonte doit être suffisamment résistant et stable pour recevoir ces restaurations.

Rappels

Parodonte

Trois éléments du parodonte sont pris en considération afin de préserver la santé parodontale vis-à-vis de la prothèse dentaire :

  • Attache épithéliale : Elle établit le contact entre la gencive et la dent, et constitue le fond du sillon gingivo-dentaire ou le sulcus gingival.
  • Sillon gingivo-dentaire (SGD) : Il fait face à la dent, sans être en contact avec elle, il est de l’ordre de 1 à 2 mm sur les côtés vestibulaire et lingual, et de 2 à 3 mm sur les faces proximales.
  • Espace biologique : Garguila et al. (1961) l’ont défini comme une jonction physiologique comprise entre la base du sulcus et le sommet de la crête osseuse. Cette jonction est composée apicalement par l’attache conjonctive supracrestale et coronairement par l’épithélium de jonction. La dimension de cet espace est de 2,04 mm, mais elle varie selon les individus, d’une dent à l’autre, d’une face à l’autre d’une même dent. Actuellement, le terme d’« attache supra-crestale » remplace celui d’espace biologique.
Figure 1: Espace biologique

Prothèse dentaire

La prothèse dentaire est la thérapeutique de remplacement, ayant pour but de combiner, de construire, et de poser dans la bouche des appareils destinés à remplacer les organes dentaires perdus, afin de :

  • Restaurer la fonction masticatrice (améliorer l’efficacité masticatoire).
  • Restaurer dans certains cas la phonation, par laquelle la cavité buccale joue un rôle important avec le larynx, le pharynx et les fosses nasales.
  • Rétablir l’esthétique.
  • Contenir des dents mobiles dans certains cas.

Exigences prothétiques

Ce que demande la prothèse du parodonte est un aménagement pré-prothétique des tissus parodontaux afin de faciliter le travail prothétique.

Examen pré-prothétique

L’examen clinique préalable, tant des dents piliers que des éléments parodontaux, est indispensable pour une bonne conduite du traitement prothétique.

Contrôle de la plaque bactérienne

Ce contrôle de plaque doit être évalué par le praticien lors de l’examen pré-prothétique, enseigné et vérifié au cours de la phase active de la thérapeutique, puis par la suite pendant la maintenance. Le pronostic à long terme de la prothèse est directement lié à la quantité de plaque. La réalisation de toute restauration prothétique est donc absolument contre-indiquée si le contrôle de plaque est mauvais.

Examen parodontal

  • Évaluation de la qualité des tissus gingivaux et muco-gingivaux :
    • La gencive revêt un aspect de surface légèrement granitée rose pâle (cas ethnies : brunâtre).
    • Le sillon gingivo-dentaire dont la profondeur ne doit pas dépasser 2 mm.
    • La hauteur de la gencive attachée (tissu kératinisé) est considérée comme favorable si elle est ≥ à 3 mm.
  • Examen des freins et des brides : Porte essentiellement sur l’entrave qui peut présenter leur position et leur insertion lors du contrôle de plaque.
  • Évaluation de l’espace biologique : Cet espace doit être impérativement respecté lors de la réalisation de la prothèse.

Une restauration prothétique ne peut, en aucun cas, être envisagée si le parodonte est malade. Le diagnostic parodontal repose essentiellement sur la clinique et la radiographie. L’emploi de la sonde parodontale est de règle pour évaluer l’inflammation (saignement gingival) et mesurer la profondeur de la poche. On doit apprécier : l’inflammation gingivale, le saignement gingival, la profondeur des poches parodontales, la mobilité dentaire, les lésions inter-radiculaires et les récessions parodontales.

Examen dentaire

Les malpositions dentaires (égression, version) font recours à l’orthodontie parfois, ou à la coronoplastie pour être corrigées, avant de procéder à la thérapeutique prothétique.

Examen de l’occlusion

Avant d’entreprendre tout acte de prothèse, il faut s’assurer que les rapports occlusaux du patient sont corrects et méritent d’être conservés dans les restaurations prothétiques envisagées. Le praticien doit chercher s’il existe des contacts exagérés en intercuspidation maximale, des prématurités en occlusion de relation centrée, ainsi que des interférences en propulsion et en latéralité.

Examen esthétique

Les deux objectifs de la dentisterie esthétique sont :

  • Créer des dents aux proportions agréables.
  • Créer un agencement dentaire en harmonie avec la gencive, les lèvres et le visage du patient.

Cet agencement est évalué lors du sourire et du rire et participe à l’esthétique de nos patients.

Examen de la crête édentée

La forme des crêtes peut être déficiente par suite d’une résorption très ancienne. De telles crêtes édentées ne permettent pas de mettre en place des intermédiaires de bridge de forme convenable du point de vue tant de l’esthétique que de la santé parodontale.

Traitements pré-prothétiques

Ces traitements sont destinés à rétablir la santé parodontale avant la réalisation prothétique (aménagement tissulaire).

Traitements parodontaux

  • Motivation à l’hygiène bucco-dentaire : La plaque bactérienne doit être désorganisée au fur et à mesure qu’elle se forme. Le praticien enseigne la méthode adéquate de brossage, avec utilisation des adjuvants du brossage (fil dentaire, brossettes, etc.).
  • Traitement des parodontopathies : L’inflammation parodontale est provoquée par la présence de plaque bactérienne avec ou sans tartre supra et sous-gingival.
  • Ajustement occlusal : Il doit viser en premier lieu au rétablissement d’un plan d’occlusion acceptable. Cet ajustement sera déterminé par un meulage (contacts exagérés, prématurités et interférences) et un déplacement orthodontique des dents restantes, si cela est nécessaire.

Traitements pro-prothétiques

Ces traitements sont des thérapeutiques destinées à traiter le parodonte dans le but de favoriser la réalisation et l’intégration des restaurations prothétiques.

  • Frénectomie : Cette technique permet l’ablation d’un frein ou une bride qui, par sa position et son insertion, entrave le contrôle de plaque et/ou provoque une ouverture du sillon gingivo-dentaire et des récessions parodontales.
  • Recouvrement des récessions parodontales : Plusieurs techniques sont bien maîtrisées pour recouvrir des récessions, parmi lesquelles : lambeaux, greffes gingivales.
  • Augmentation de la hauteur de la gencive attachée : Les techniques chirurgicales sont très proches de celles utilisées pour le recouvrement des récessions (greffes gingivales).
  • Vestibuloplastie : Le but de ce procédé est d’augmenter la profondeur vestibulaire, afin de procurer un espace adéquat pour augmenter la zone de gencive attachée.
  • Élongation coronaire : Ensemble de techniques chirurgicales visant à aménager les tissus parodontaux autour des dents afin d’augmenter la hauteur coronaire et améliorer la rétention de la prothèse dentaire tout en respectant ou en recréant l’espace biologique.

Exigences parodontales

La pose d’un élément prothétique, qu’il soit provisoire ou définitif, ne doit pas entraîner de rétention de la plaque dentaire.

Prothèse fixée

Principes de construction

  • Faces vestibulaires et linguales (bombé) : L’anatomie des faces prothétiques conditionne le profil d’émergence. Le sur- ou sous-contour de ces faces peut altérer la santé parodontale en favorisant l’accumulation des débris alimentaires ou en compliquant l’hygiène orale.
  • Point de contact et embrasures : La réalisation de points de contact bien positionnés garantit l’absence de tassement alimentaire néfaste pour le parodonte. Les faces proximales des restaurations dentaires jouent un rôle important, elles forment les embrasures essentielles à la santé parodontale. Ces embrasures doivent être suffisamment larges pour laisser la place nécessaire à la papille tout en évitant toute compression et en facilitant l’hygiène orale (utilisation de moyens de nettoyage interdentaire).
  • Face occlusale : L’anatomie de la face occlusale doit présenter des crêtes marginales et des fosses d’échappement bien dessinées de façon à empêcher la rétention alimentaire interproximale.

Impératifs à respecter

  • Préparation des dents piliers (limites cervicales) : Les limites cervicales doivent être para-gingivales ou supra-gingivales.
  • Prothèse provisoire : L’ajustage cervical exige beaucoup de soin (les bords doivent être polis). On préférera les éléments en résine thermopolymérisante réalisés au laboratoire à ceux en résine autopolymérisante réalisés sur fauteuil, pour cause de meilleure résistance et de moindres porosités.
  • Empreinte : Le travail en supra-gingival facilitera la prise d’empreinte. Une éviction gingivale est indiquée pour enregistrer mieux les limites cervicales sous-gingivales. Cette dernière occasionne des lésions gingivales d’importance variable, en général sans grande gravité dans la mesure où l’on se trouve sur une gencive saine, mais sur un tissu enflammé, les rétractions sont difficilement contrôlables.
  • Pontic (intermédiaire de bridge) : Un pontic doit être esthétique, fournir des rapports occlusaux favorables et rétablir l’efficacité de la fonction masticatoire de la dent qu’il remplace. Il doit être conçu pour minimiser l’accumulation de la plaque dentaire et laisser un accès maximum pour permettre au patient de se nettoyer les dents.
  • Matériaux de restauration et polissage (finition) : La surface des restaurations doit être lisse que possible parce que sa rugosité entraîne l’accumulation de la plaque dentaire. La plaque se forme moins sur la porcelaine que sur l’or poli ou non. La résine acrylique autopolymérisante accumule plus de plaque dentaire et ne devrait pas être utilisée près de la gencive.
  • Essayage de l’armature : Les essais cliniques permettent de contrôler plusieurs éléments :
    • La précision de l’assise des bords des armatures sur les limites de préparation.
    • L’absence de compression de la gencive marginale par le contour de l’armature.
    • Le respect des embrasures.
  • Scellement : Une recherche systématique des fusées de ciment est de rigueur. Le contrôle s’effectue à l’aide de la sonde (limites supra-gingivales ou para-gingivales faciliteront la tâche).
  • Occlusion : Le non-respect des rapports occlusaux peut entraîner, outre des pathologies au niveau de l’articulation temporo-mandibulaire, des problèmes parodontaux.

Prothèse amovible adjointe métallique

Les implications parodontales d’une prothèse partielle amovible doivent être connues afin qu’elle soit bénéfique au parodonte et qu’elle ne provoque ni destruction osseuse ni mobilité dentaire.

Crochets

Ils doivent être conçus pour être passifs afin qu’ils n’exercent aucune pression ou tension sur les dents piliers quand la prothèse est au repos.

Appuis occlusaux

Leur forme doit leur permettre de diriger les forces selon l’axe vertical de la dent.

Implant

(Voir les cours de 4ème année d’Implantologie : « Aménagements tissulaires en implantologie »).

Maintenance des résultats parodonto-prothétiques

Il est noté qu’une bonne maintenance associée au port de la prothèse évitera l’altération de l’état parodontal.

Hygiène bucco-dentaire

L’élimination de la plaque dentaire par le patient est indispensable. La brosse éliminera la plaque supra- et sous-gingivale dans les zones accessibles, et l’utilisation des brossettes interdentaires, des bâtonnets interdentaires, du fil dentaire et des hydropulseurs éliminera la plaque dentaire dans les zones inaccessibles par la brosse.

Entretien de la prothèse

La prothèse doit être nettoyée et entretenue tous les jours, du fait que la plaque dentaire se dépose aussi sur les prothèses que sur les dents.

Conclusion

La prothèse doit répondre aux critères esthétiques et fonctionnels et devra s’intégrer et s’harmoniser avec le contexte parodontal particulier du patient. Cette harmonie ne sera possible que si le plan de traitement prévoit une éventuelle préparation parodontale.

Références bibliographiques

  • Bercy P., Tenenbaum H. : Parodontologie du diagnostic à la pratique. Edition DeBoeck Université, Bruxelles, 1996.
  • Lindhé J. : Manuel de parodontologie clinique. Edition CdP, Paris, 1985.
  • Ramfjord S.P., Ash M.M. : Parodontologie et parodontie. Edition Masson, Paris, 1993.

Interrelations Parodonto-Prothétiques / Parodontologie

  La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes. Les étudiants en médecine dentaire doivent maîtriser l’anatomie dentaire et les techniques de diagnostic pour exceller. Les praticiens doivent adopter les nouvelles technologies, comme la radiographie numérique, pour améliorer la précision des soins. La prévention, via l’éducation à l’hygiène buccale, reste la pierre angulaire de la pratique dentaire moderne. Les étudiants doivent se familiariser avec la gestion des urgences dentaires, comme les abcès ou les fractures dentaires. La collaboration interdisciplinaire avec d’autres professionnels de santé optimise la prise en charge des patients complexes. La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes.  

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