Traumatismes des dents temporaires et des dents permanentes immatures et leur prise en charge

Traumatismes des dents temporaires et des dents permanentes immatures et leur prise en charge

Traumatismes des dents temporaires et des dents permanentes immatures et leur prise en charge 

Introduction

Les traumatismes bucco-dentaires constituent, avec les infections, de véritables urgences en odontologie pédiatrique. Les jeunes patients qui se présentent à la consultation sont doublement traumatisés, par le stress de la consultation dentaire elle-même et par l’évènement qui vient de leur arriver.

Les accidents concernent, chez le jeune enfant, les dents temporaires avec parfois des répercussions sur les germes des dents permanentes. Après 6 ans, les dents temporaires sont toujours concernées, mais aussi les dents permanentes qui sont le plus souvent encore immatures.

Les incisives maxillaires sont touchées de manière préférentielle.

Facteurs étiologiques

Les effets du traumatisme sur les dents temporaires ou les dents permanentes immatures et leurs tissus environnants varient selon le type de trauma, la direction et l’intensité de la force. Ils dépendent aussi de la forme et de la texture de l’objet créant l’impact (coup de poing, chutes au domicile ou dans la rue sur un objet dur, ou encore percussion par un véhicule, etc.).

L’étiologie et la fréquence de ces accidents varient également en fonction de l’âge et du sexe de l’enfant, les garçons étant significativement plus touchés lorsqu’ils sont en âge scolaire (au domicile, ils sont touchés de manière égale).

Les études rapportent, en fonction de l’âge, deux pics de fréquence :

  • Chez les enfants de moins de 5 ans, l’apprentissage de la marche et la découverte de l’environnement sont les étiologies les plus fréquentes des accidents.
  • Chez les adolescents, la pratique sportive, les jeux violents chez les garçons et les accidents de la voie publique sont le plus souvent mis en cause.

Connaître la dynamique et le point d’impact représente une grande importance. Cela permet d’évaluer :

  • Les dommages créés aux tissus dentaires et aux tissus avoisinants.
  • L’établissement du diagnostic.
  • L’application d’un plan de traitement approprié.

Examen du jeune patient

À la première consultation, bien accueillir le jeune patient et ses parents, et les rassurer, est d’une grande importance. Une procédure d’examen minutieuse est indispensable pour établir un diagnostic correct et complet des tissus durs et mous.

Interrogatoire

On procède ensuite à l’interrogatoire afin d’obtenir toutes les données nécessaires au traitement qui suivra. Les questions types à poser systématiquement sont :

  • L’âge de l’enfant : Il est d’une grande importance. Il permet de situer l’âge des dents temporaires, l’état d’avancement des germes des dents permanentes, ainsi que les possibilités de coopération avec le jeune patient.
  • Où a eu lieu le traumatisme ? : Au domicile, à l’école, dans la rue, etc. Ceci peut orienter vers une contamination éventuelle et justifier, parfois, la nécessité d’une prophylaxie antitétanique.
  • Comment a eu lieu le traumatisme ? : Les circonstances de l’accident donnent des informations sur la direction et la violence du choc. La réponse peut aider à situer la zone où a eu lieu l’impact.
    Exemple :
  • Un choc ascendant sur le menton amène à vérifier les condyles, la symphyse, les cuspides des molaires et les bords incisifs.
  • Lors d’un choc frontal, les répercussions sont à chercher au niveau du bloc incisivo-canin.
  • Quand a eu lieu le traumatisme ? : Le facteur temps est d’une importance capitale pour le pronostic et le choix du traitement à appliquer. Le délai entre le traumatisme et la prise en charge influence sensiblement le pronostic, parfois quelques minutes peuvent compter.

Examen clinique

Examen extra-oral (ou exo-buccal)

Le praticien devra rechercher :

  • Une éventuelle asymétrie faciale, qui pourrait être le signe d’une fracture mandibulaire.
  • Une tuméfaction ou coupure labiale, des blessures au niveau des téguments.
  • Un saignement du nez ou une hémorragie subcutanée (sous la peau), qui seraient le signe d’une fracture de l’os alvéolaire.
  • Une limitation de l’ouverture buccale, une déviation du chemin d’ouverture et de fermeture, indiquant des lésions au niveau de l’articulation temporo-mandibulaire.
  • Des sensibilités à la palpation des os faciaux, pouvant orienter vers des fractures.
  • Une blessure ou un hématome au niveau du menton, devant attirer l’attention sur la possibilité d’une fracture de la mandibule, de la symphyse ou du condyle.
Examen intra-oral (ou endo-buccal)
Examen des tissus mous

Les muqueuses intra-orales (langue, gencive, paroi interne des joues) doivent être examinées attentivement, à la recherche de plaies dans lesquelles des fragments de dents ou de corps étrangers ont pu être enfouis, ou encore de saignements, tels que ceux rencontrés au niveau du sulcus gingival de la dent traumatisée, qui sont le signe de lésions ligamentaires.

Examen des tissus durs : les dents

L’examen consistera à :

  • Examiner les couronnes dentaires (recherche de fractures, de fêlures, etc.).
  • Rechercher d’éventuels déplacements des dents par modification de l’alignement dentaire. L’interrogatoire des parents sur l’alignement dentaire de leur enfant avant et après le traumatisme représente une information précieuse.
  • Rechercher une mobilité dentaire anormale.
  • Noter l’apparition de douleurs spontanées.
  • Identifier des douleurs provoquées lors de l’occlusion, signe d’une luxation dentaire, d’une fracture corono-radiculaire ou radiculaire avec déplacement.
  • Réaliser des tests à la percussion, permettant de rechercher une atteinte ligamentaire ou un son particulier, tel que le « son métallique », signe que la dent est bloquée dans l’os, comme dans les cas d’intrusion dentaire.

À noter que les tests de vitalité pulpaire thermiques ne sont pas d’un grand apport sur les dents lactéales et demeurent par conséquent aléatoires (résultat incertain) chez le jeune enfant.

Examen radiologique

L’image radiographique est essentielle pour compléter l’examen clinique en traumatologie dentaire. Elle permet :

  • De poser un diagnostic précis.
  • De montrer le stade de développement de la dent temporaire traumatisée et de la dent successionnelle, ainsi que la relation entre les deux.
  • De donner des informations primordiales pour prendre une décision sur le traitement approprié.
  • De suivre l’évolution des tissus blessés dans le temps.

Pour obtenir des images précises du cas à étudier, il est recommandé de prendre des clichés variés et sous plusieurs incidences. Les radiographies les plus pertinentes dans les cas de traumatismes en odontologie pédiatrique sont :

  • Le cliché rétroalvéolaire : Toujours pris en première intention. Pour plus de précision, il sera pris de préférence sous plusieurs incidences : une incidence orthocentrée et deux incidences excentrées de 20°, l’une mésiale et l’autre distale.
  • Le cliché occlusal ou « mordu occlusal » : Permet d’étudier l’incidence de la dent traumatisée (tel qu’un déplacement) sur les structures osseuses sous-jacentes. Il fournit ainsi la troisième dimension au cliché rétro-alvéolaire.
  • Le cliché latéral : Offre l’avantage de voir les tissus dans leur position antéro-postérieure, évitant les superpositions gênantes, ainsi que la situation géographique du germe dentaire.
  • La radiographie panoramique : Donne une vue d’ensemble des maxillaires, mais sa définition est moins précise qu’un cliché rétro-alvéolaire.
  • Le cliché des tissus mous : Permet de vérifier la présence ou l’absence de fragments dentaires dans ces tissus. Tout corps étranger est plus facile à enlever lorsque la blessure est récente.

Les scanners ou les images à résonance magnétique (IRM) sont rarement indiqués.

Différentes formes de traumatismes des dents temporaires et conduite à tenir

Les conduites à tenir dépendent du type de traumatisme et de l’état d’évolution ou de rhizalyse de la racine.

Concussion (ou contusion)

La dent présente un ébranlement de ses tissus de soutien, qui peuvent être distendus, mais sans entraîner son déplacement.

Signes cliniques

Les signes cliniques sont absents, il peut y avoir une sensibilité à la percussion et à la mastication.

Examen radiologique

Aucune manifestation radiologique.

Conduite à tenir

S’abstenir de toute intervention et surveiller la vitalité pulpaire.

Évolution et pronostic

En général, tout rentre dans l’ordre spontanément. Plus rarement, une nécrose pulpaire peut s’installer.

Les fractures coronaires

Les manifestations cliniques des fractures coronaires dépendent des facteurs étiologiques. Selon la direction et l’intensité du trauma, plusieurs formes de fractures coronaires sont distinguées.

Fêlure coronaire

Il s’agit d’une fracture incomplète de l’émail, sans perte de substance amélaire.

Signes cliniques

Absence de signes cliniques, le patient peut parfois se plaindre de sensibilité dentinaire.

Examen radiologique

N’apporte aucun renseignement, mais il est indispensable pour vérifier l’absence de lésions associées.

Conduite à tenir

L’abstention thérapeutique est de rigueur ; cependant, la dent doit être contrôlée régulièrement car des bactéries peuvent s’infiltrer par la fêlure et atteindre la pulpe, entraînant une nécrose pulpaire, bien que cela demeure très rare.

Fracture amélaire

La perte de substance ne concerne que l’émail.

Signes cliniques

Absence de signes cliniques.

Examen radiologique

Examen de routine pour éliminer la possibilité de présence d’autres lésions.

Conduite à tenir

Polir les angles vifs afin d’éviter l’agression des tissus mous.

Fracture amélo-dentinaire sans effraction pulpaire ou fracture coronaire non compliquée

Le trait de fracture passe par l’émail et la dentine, avec perte de substance amélo-dentinaire, sans atteinte pulpaire.

Signes cliniques

Généralement, le jeune patient ne ressent pas de douleur au niveau de la dent traumatisée, et les tests de vitalité sont imprécis lors de la première séance.

Examen radiologique

Permet de situer le trait de fracture par rapport à la pulpe.

Conduite à tenir

Deux éventualités peuvent se présenter :

  • Le fragment peut être retrouvé et ramené lors de la consultation. Si ce fragment a été correctement conservé et s’il s’adapte parfaitement au fragment coronaire restant, on peut procéder à son collage à l’aide de ciments adhésifs.
  • Si le fragment fracturé n’a pas été retrouvé, ou s’il y a défaut d’adaptation avec le fragment restant, la reconstitution se fera au composite. Réaliser alors un biseau sur tout le pourtour du trait de fracture pour majorer la surface d’adhésion et permettre une meilleure rétention du matériau de restauration. L’utilisation du champ opératoire est primordiale.
Fracture amélo-dentinaire avec effraction pulpaire ou fracture coronaire compliquée

Le trait de fracture, oblique ou horizontal, concerne l’émail et la dentine, et peut effleurer ou couper la pulpe.

Signes cliniques
  • Si le jeune patient consulte après un laps de temps assez court, les signes cliniques et les tests de vitalité pulpaire peuvent être imprécis, ceci étant dû au choc occasionné.
  • Si l’enfant consulte après plusieurs jours ou semaines, la dent peut présenter des signes cliniques d’une nécrose pulpaire, tels qu’une dyschromie coronaire ou des douleurs à la percussion.
Examen radiologique

Nécessaire, comme pour tous les autres cas de traumatisme, à la recherche d’une lésion associée ou d’une lésion périapicale dans le cas où la consultation a été tardive.

Conduite à tenir

Plusieurs éventualités se présentent :

  • Si le trait de fracture n’a fait qu’effleurer la pulpe, un coiffage pulpaire direct à l’aide d’hydroxyde de Ca est réalisé, suivi immédiatement d’une restauration au composite.
  • Si l’exposition pulpaire a été importante, une pulpotomie partielle ou cervicale dans des conditions d’asepsie strictes s’impose.
  • Les adhésifs amélo-dentinaires directement appliqués sur le tissu pulpaire garantiraient un scellement efficace selon certains auteurs.
  • D’autres auteurs préconisent de recoller le fragment dentaire à la couronne restante, la vitalité pulpaire demeure ainsi, et les adhésifs amélo-dentinaires trouvent plus d’herméticité.

Les fractures radiculaires

Les fractures radiculaires représentent entre 2 et 4 % des traumatismes des dents temporaires. Les fractures du tiers cervical prédominent, suivies de celles du tiers moyen, puis, deux fois moins fréquentes, celles du tiers apical.

Fractures radiculaires du tiers cervical
Signes cliniques

Les tests de sensibilité pulpaire sont le plus souvent sans réponse à l’examen initial sur les dents temporaires (ceci étant dû au choc subi, comme vu précédemment). La grande mobilité dentaire peut entraîner des douleurs par blessure de la gencive attachée, qui peut présenter un saignement.

Examen radiologique

Permet de confirmer le diagnostic d’une fracture radiculaire du tiers cervical et d’infirmer ou non la lésion des tissus environnants.

Conduite à tenir
  • Procéder à l’extraction du fragment cervical.
  • Le fragment canalaire, qui reçoit le paquet vasculo-nerveux, reste vital et sera laissé en place. Il sera protégé par le caillot sanguin qui s’est formé, en attendant la cicatrisation gingivale. Le fragment apical servira de mainteneur d’espace et se résorbera normalement dans le temps.
  • Si la pulpe se nécrose, procéder à l’extraction du fragment apical restant.
Fractures radiculaires du tiers moyen
Signes cliniques

La pulpe est vivante, il n’y a pas de signes cliniques, sauf si le fragment s’est déplacé et qu’il est mobile.

Examen radiologique

Indispensable pour situer le trait de fracture et éliminer la possibilité de lésions associées.

Conduite à tenir

Deux possibilités se présentent :

  • Si le fragment cervical est peu déplacé et peu mobile, s’abstenir de toute intervention. Surveiller la consolidation de la fracture et la vitalité pulpaire.
  • Si le fragment est très mobile et si l’enfant est coopérant, le traitement consistera en la réduction de la fracture par alignement des deux fragments et la pose d’une contention prenant appui sur les dents voisines. La contention sera réalisée à l’aide d’un fil orthodontique fixé sur les dents à l’aide de composite. Le travail sera réalisé sous anesthésie. La contention sera laissée en place pendant trois mois.
  • Si l’enfant n’est pas coopérant, réaliser l’extraction du fragment cervical.
  • Si la dent est nécrosée, réaliser l’extraction de toute la dent.
Fractures radiculaires du tiers apical
Signes cliniques

C’est la situation la plus favorable, car il n’y a généralement pas ou très peu de déplacement ou de mobilité, et donc absence de signes cliniques.

Examen radiologique

Systématiquement réalisé si l’enfant est ramené pour une consultation.

Conduite à tenir

S’abstenir de toute intervention, sauf s’il y a mobilité, auquel cas réaliser une contention, comme vu plus haut. Si la dent est nécrosée, ce qui est rare, réaliser l’extraction de la dent.

Les fractures corono-radiculaires

Généralement, le trait de fracture intéresse la couronne et la partie cervicale de la racine.

Examen clinique

Rechercher, à l’aide de la sonde par interposition, la situation du trait de fracture.

Examen radiologique

La radiographie confirme la situation du trait de fracture et renseigne sur l’état des tissus environnants.

Conduite à tenir
  • Si le trait de fracture intéresse la couronne et la racine sans passer par la pulpe, extraire le fragment coronaire et réaliser la restauration de la dent à l’aide d’un matériau adhésif (type composite, CVI).
  • Si le trait de fracture expose la pulpe côté coronaire seulement, extraire le fragment coronaire, réaliser un coiffage direct ou une pulpotomie, et restaurer la dent.
  • Si le trait de fracture expose la pulpe côté coronaire et radiculaire, ou si l’enfant n’est pas coopérant dans les deux premiers cas, réaliser l’extraction de la dent.

La subluxation

Signes cliniques

La dent n’est pas déplacée, mais présente une certaine mobilité horizontale. Elle est sensible à la percussion et présente un saignement sulculaire, signe d’une blessure parodontale.

Examen radiographique

Aucune anomalie n’est généralement constatée, l’espace ligamentaire demeure normal.

Conduite à tenir

Aucun traitement n’est préconisé, mais la surveillance est de règle. En cas de mortification pulpaire, et selon l’âge et la prédisposition du patient, procéder soit à un traitement endodontique, soit à l’extraction de la dent.

Les luxations

La dent peut être déplacée dans son alvéole tout en gardant certaines attaches ligamentaires. Elle peut être déplacée latéralement, vers le fond de l’alvéole (intrusion), vers l’extérieur (extrusion), ou carrément expulsée de l’alvéole lorsqu’elle perd toutes ses attaches ligamentaires.

Luxation latérale

La dent se positionne dans un axe différent de celui qu’elle occupait. Elle est le plus souvent déplacée en position palatine ou linguale, et elle est rarement mobile, car elle se niche dans l’os alvéolaire.

Signes cliniques

La position de la couronne est modifiée, il y a un saignement au niveau du sulcus gingival par agression ligamentaire, et une sensibilité à la percussion.

Examen radiologique

La radiographie est d’une importance capitale, elle permet de vérifier la proximité ou l’atteinte du germe de la dent permanente sous-jacent et de constater un élargissement de l’espace ligamentaire.

Conduite à tenir

La conduite à tenir sera prise après vérification des structures gingivales et osseuses, ainsi que du germe de la dent permanente :

  • Si le germe est atteint, l’avulsion immédiate de la dent traumatisée est de règle.
  • Si le germe est intact et l’atteinte alvéolaire modérée, repositionner la dent temporaire dans son alvéole et la maintenir au moyen d’une contention pendant deux semaines, avec surveillance de la vitalité pulpaire.
  • Si l’atteinte alvéolaire est importante ou si les racines sont dans un état de résorption avancée, procéder à l’avulsion de la dent temporaire.
Intrusion

La dent est forcée axialement dans l’alvéole, son déplacement se fait soit vers la corticale vestibulaire, soit vers le germe sous-jacent. La couronne clinique paraît plus courte ou disparaît totalement de l’arcade.

Signes cliniques

Généralement, il n’y a pas de douleur.

Examen radiologique
  • Si la dent temporaire est allée vers le germe de la dent permanente, son image apparaîtra allongée car elle sera éloignée de la source de rayonnement.
  • Si la dent traumatisée s’est déplacée vestibulairement, sans toucher le germe sous-jacent, sa racine apparaîtra plus courte que son homologue, car elle se retrouve plus près de la source de rayonnement.
Conduite à tenir
  • Si la dent temporaire a touché le germe de la dent permanente, elle sera extraite.
  • Si la dent s’est déplacée vers la corticale vestibulaire, elle sera laissée en place pour une ré-éruption et un repositionnement spontané dans les deux à trois mois qui suivent le traumatisme. Pendant toute cette période, l’évolution de la dent et sa vitalité pulpaire seront régulièrement contrôlées.
Extrusion
Examen clinique

La dent apparaît allongée et extrêmement mobile.

Examen radiologique

La radiographie montre un élargissement de l’espace ligamentaire au niveau apical.

Conduite à tenir

La décision de traitement dépend de plusieurs facteurs :

  • Le degré de déplacement de la dent.
  • La mobilité.
  • L’état d’évolution de la racine.
  • La coopération de l’enfant dans une situation d’urgence.

Si les facteurs réunis sont favorables et l’extrusion mineure (< 3 mm), procéder :

  • Au repositionnement de la dent et son maintien à l’aide d’une contention, avec contrôle régulier.
  • Ou la laisser en place pour un réalignement spontané.

Si l’extrusion est sévère, l’extraction de la dent traumatisée sera le traitement de choix.

Expulsion
Examen clinique

La dent est entièrement sortie de son alvéole, qui est comblée par un caillot sanguin. Il ne serait pas prudent d’explorer le fond de l’alvéole pour éviter tout traumatisme du germe de la dent permanente. L’exploration sera purement radiologique.

Examen radiologique

Un examen radiographique est essentiel pour s’assurer que la dent temporaire n’est pas intrusée. Dans le cas d’une expulsion, le cliché radiographique révèle une alvéole totalement vidée de sa dent.

Conduite à tenir

La réimplantation d’une dent temporaire expulsée est contre-indiquée, à cause du risque de lésion du germe de la dent permanente. Cependant, un contrôle clinique et radiographique régulier est recommandé pour suivre l’état de cicatrisation et l’évolution de la dent permanente successionnelle.

Les traumatismes des dents permanentes immatures – conduite à tenir

L’atteinte des dents permanentes immatures par traumatismes est fréquente chez l’enfant en âge scolaire. Les dents antérieures maxillaires, incisives centrales en priorité, sont les plus fréquemment touchées.

Le problème posé par le traumatisme des dents permanentes chez l’enfant est l’immaturité de leurs racines. En effet, les dents qui n’ont pas encore achevé l’édification de leurs racines doivent être mises dans des conditions favorables pour pouvoir atteindre leur maturité.

La conduite à tenir face à des dents permanentes immatures ayant subi un traumatisme sera, en premier lieu :

  • Soit un traitement d’apexogénèse.
  • Ou un traitement d’apexification.
  • Dans les cas extrêmes : l’extraction de la dent.

Traitements d’apexogénèse

Dans les traitements d’apexogénèse, nous considérons tous les cas de traumatismes des dents permanentes immatures dans lesquels la pulpe n’est pas exposée, ou encore dans les cas où la pulpe est exposée mais possède un potentiel réparateur appréciable.

Fractures coronaires
Fracture amélo-dentinaire non compliquée (pas d’exposition pulpaire)
  • Par collage du fragment s’il a été correctement conservé.
  • Reconstitution au composite.
Fracture amélo-dentinaire compliquée (effraction pulpaire)
  • Par coiffage pulpaire direct à l’aide d’hydroxyde de Ca, suivi immédiatement d’une restauration au composite.
  • Par pulpotomie partielle ou cervicale dans des conditions d’asepsie strictes, suivie d’une reconstitution au composite.
  • Par application d’adhésifs amélo-dentinaires directement appliqués sur le tissu pulpaire (préconisée par certains auteurs).
  • Ou par collage du fragment dentaire à la couronne restante, la vitalité pulpaire demeure ainsi, et les adhésifs amélo-dentinaires trouvent plus d’herméticité.
Fractures corono-radiculaires

Le traitement d’apexogénèse intéresse :

  • La fracture dont le trait passe par la couronne et la racine sans toucher la pulpe. Réaliser la restauration de la dent à l’aide d’un matériau adhésif (type composite, CVI), après extraction du fragment coronaire.
  • Si le trait de fracture expose la pulpe, extraire le fragment coronaire, réaliser un coiffage direct ou une pulpotomie, et restaurer la dent.

Traitements d’apexification

Lorsque le traumatisme ne permet pas la conservation de la vitalité pulpaire, il faudra entreprendre un traitement endodontique permettant, par la suite, la fermeture apicale de la racine par un tissu ostéo-cémentaire. Seront concernés :

  • Tous les cas de fracture radiculaire qui se compliquent d’une infection.
  • Les fractures corono-radiculaires ayant exposé la pulpe du côté coronaire et radiculaire.
  • Les cas de subluxation si atteinte du paquet vasculo-nerveux.
  • Les cas d’intrusion.
  • Les cas d’extrusion ayant entraîné la rupture du paquet vasculo-nerveux.
  • Les cas de luxation totale.
  • En cas d’échec d’une thérapeutique conservatrice de la pulpe.

Le matériau mis en place au niveau canalaire, généralement de l’hydroxyde de Ca (ou encore le MTA) placé par compactage vertical, va stimuler les cellules périapicales de manière à obtenir une fermeture apicale calcifiée.

Le traitement par revascularisation peut être envisagé dans les cas de nécrose sur dents permanentes immatures ayant subi un traumatisme, seulement après consolidation de la dent dans les cas de mobilité dentaire (par luxation ou autre).

Réimplantation d’une dent totalement luxée

Il faut s’assurer de l’intégrité de l’alvéole par exploration du fond de l’alvéole, par palpation du vestibule et du palais ou de la partie linguale, et par des clichés radiographiques. Toute atteinte des tissus avoisinants contre-indiquerait la réimplantation.

En l’absence de contre-indications, la dent traumatisée doit être immédiatement placée dans un milieu de conservation adéquat, comme le lait ou le sérum physiologique. L’alvéole sera rincée à l’aide de sérum physiologique.

Le traitement endodontique peut être entrepris en dehors de l’alvéole, ce qui permettra d’éviter le traitement d’apexification, puis la dent sera réimplantée dans son alvéole. Réaliser une contention qui sera maintenue durant 4 à 8 semaines.

Extraction dentaire

Envisageable à chaque fois que la santé générale de l’enfant est en danger, par suite d’une infection sévère, que le pronostic est défavorable, ou encore par association d’une lésion osseuse importante.

Conclusion

Tous les traitements entrepris lors des traumatismes dentaires dépendent de la rapidité de la prise en charge du jeune patient. En effet, le temps écoulé entre le moment où a eu lieu le traumatisme et le moment de la prise en charge est d’une importance capitale : plus la prise en charge est rapide, plus les chances de réussite sont grandes ; plus le temps entre le traumatisme et l’acte opératoire est long, plus les chances de réussite sont réduites, car les phénomènes infectieux entrent en jeu, ce qui assombrit le pronostic.


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