Approche chirurgicale en implantologie / Implantologie Dentaire
Introduction
L’acte chirurgical en implantologie se décompose en plusieurs étapes que le praticien doit maîtriser pour obtenir un résultat fiable et prédictible. Actuellement, plusieurs protocoles opératoires existent selon la durée globale et les phases du traitement. Chaque protocole présente des avantages et des limites, élargissant ainsi l’arsenal thérapeutique.
Préparation à la chirurgie
Matériel et équipement
Il est établi qu’une chirurgie implantaire peut être réalisée dans des conditions compatibles avec un cabinet dentaire sans compromettre les taux de succès. Le succès du traitement dépend principalement des critères de sélection des patients et des compétences chirurgicales du praticien.
La table de chirurgie, recouverte d’un champ stérile, accueille les instruments suivants :
- Instruments de chirurgie buccale :
- Seringue anesthésique
- Miroir
- Manche(s) de bistouri
- Décolleurs
- Écarteurs (lames malléables)
- Précelles
- Porte-aiguille
- Ciseaux
- Canule d’aspiration
- Trousse implantaire : spécifique au système choisi, disposée au centre de la table.
- Moteur d’implantologie : équipé d’une ligne d’irrigation stérile pour un usage abondant de sérum physiologique et d’un contre-angle réducteur.
- Stock d’implants : accompagné de l’accastillage implantaire nécessaire.
Asepsie
L’asepsie est cruciale pour minimiser les risques de contamination. Les mesures incluent :
- Assainissement buccal préalable : brossage des dents et bain de bouche antiseptique (Chlorhexidine ou Bétadine aqueuse) avant l’intervention.
- Désinfection cutanée : détersion et désinfection de la zone péribuccale avec de la Bétadine.
- Recouvrement stérile : le corps du patient est recouvert d’un champ stérile.
Prémédication
L’usage des antibiotiques en implantologie reste controversé. Certaines études montrent un léger avantage (95,4 % de succès avec antibiotiques contre 94 % sans), tandis que d’autres n’observent aucune différence. Une antibiothérapie prophylactique systématique peut être justifiée pour prévenir les infections, mais son usage systématique est critiqué en raison des risques de résistance microbienne.
- Antalgique : administré avant la chirurgie pour réduire l’inconfort postopératoire.
- Bain de bouche : réalisé avec de la Chlorhexidine avant l’intervention.
Anesthésie
Une anesthésie locale suffit généralement pour la pose de 1 à 2 implants. Pour des poses multiples, nécessitant 2 à 3 heures, une anesthésie régionale renforcée par des infiltrations peut être requise.
Chirurgie implantaire
Identification de la densité osseuse
- Os dense : offre une bonne stabilité primaire, mais l’ostéointégration est plus lente.
- Os spongieux faiblement trabéculisé : stabilité primaire plus difficile, mais ostéointégration plus rapide.
Évaluation radiographique
Un bilan radiographique complet évalue le volume et la qualité osseuse des sites à implanter.
Positionnement 3D de l’implant
Le positionnement de l’implant est dicté par le contexte prothétique, adapté à l’anatomie osseuse et des tissus mous. L’axe implantaire doit idéalement coïncider avec celui de la future couronne prothétique. Cependant, le volume osseux ou les structures anatomiques peuvent compliquer cette concordance.
Positionnement vestibulo-lingual
L’implant doit émerger au milieu de la crête. Dans le secteur maxillaire antérieur, le point d’émergence peut être décalé vers le palais, notamment en implantation immédiate, pour préserver l’épaisseur de la table vestibulaire et engager la corticale palatine, augmentant ainsi la stabilité primaire.
Positionnement apico-coronaire
Le col de l’implant est placé à 3 mm du bord marginal gingival, correspondant à l’espace biologique.
Positionnement mésio-distal
- Distance avec les dents adjacentes : 1,5 à 2 mm.
- Distance entre deux implants contigus : minimum 3 mm.
Séquences chirurgicales communes
Abord chirurgical du site
Les incisions sont généralement crestales, complétées par des incisions sulculaires et de décharge pour assouplir les lambeaux. La chirurgie sans lambeau (flapless) évite l’exposition osseuse mais réduit la visibilité, la rendant inadaptée pour les débutants.
Séquences de forage chirurgical
Le forage suit strictement la séquence préconisée par le fabricant :
- Réclinaison du lambeau et positionnement éventuel du guide chirurgical.
- Programmation du moteur à 1500 tours/minute.
- Perforation de la corticale osseuse avec une fraise boule sous irrigation abondante.
- Utilisation d’un foret pilote de 2 mm, orienté selon l’axe prothétique, respectant les structures avoisinantes.
- Forage progressif avec des forets de diamètre croissant, avec mouvements d’entrée et sortie pour l’irrigation.
- Vérification de l’axe, de la position et de la profondeur à chaque étape.
- Adaptation du diamètre final selon la qualité osseuse pour assurer la stabilité primaire.
- Taraudage optionnel pour les implants auto-taraudants, recommandé dans l’os dense mais à éviter dans l’os peu corticalisé.
Mise en place de l’implant
L’implant est déballé de manière aseptique à la fin de l’alésage, son premier contact biologique étant le sang. L’insertion se fait sans irrigation, à 25 tours/minute, avec un tournevis, une clef à cliquet ou un contre-angle. La stabilité primaire est essentielle.
Mise en place de la vis de couverture ou du pilier de cicatrisation
- Protocole en deux temps : une vis de couverture plate (1 mm) est placée pour ne pas gêner la fermeture de l’incision.
- Protocole en un temps : un pilier de cicatrisation émerge dans la cavité buccale.
Repositionnement du lambeau
Une suture avec des points simples séparés assure une bonne coaptation des berges.
Radiographie de contrôle
Une radiographie postopératoire vérifie le positionnement de l’implant, l’ajustage de la vis de couverture ou du pilier, et le niveau osseux initial, servant de référence pour le suivi.
Période postopératoire
Le patient reçoit :
- Ordonnance : antibiotique, anti-inflammatoire, antalgique, bain de bouche.
- Conseils écrits :
- Garder une compresse en bouche 10 à 15 minutes.
- Repos, éviter les activités fatigantes.
- Prendre un antalgique dans l’heure suivant l’intervention.
- Saignement discret normal le premier jour ; éviter boissons chaudes et bains de bouche.
- En cas de saignement persistant, nettoyer avec une compresse sèche et mordre une compresse 30 minutes.
- Appliquer une vessie de glace 5 à 7 minutes toutes les heures pendant 4 heures pour limiter l’œdème.
- Fièvre fréquente 24 à 48 heures.
- Ne pas porter de prothèse amovible pendant 2 à 3 semaines.
- Ne pas brosser la zone opérée pendant 7 jours ; bains de bouche dilués dès le lendemain.
- Éviter tabac et alcool pendant 2 semaines pour ne pas perturber la cicatrisation.
Chirurgie en un seul temps
Ce protocole permet la cicatrisation simultanée de l’os et de la muqueuse, utilisant des implants monoblocs ou une vis de cicatrisation posée en un temps opératoire. La prothèse est réalisée après 3 à 4 mois (mandibule) ou 6 mois (maxillaire).
Temps chirurgical
- Mise en place des implants non enfouis ou avec vis de cicatrisation.
- Cicatrisation muqueuse dès le temps opératoire.
Phase prothétique
Avantages | Limites | Indications |
---|---|---|
Fiabilité démontrée pour implants non enfouis Une seule chirurgie Contrôle de l’ostéointégration pendant la cicatrisation Cicatrisation concomitante des tissus durs et mous | Taux de succès moindre dans un os de faible densité | Tous types d’édentement |
Chirurgie en deux temps
Premier temps chirurgical
- Mise en place des implants enfouis sous la muqueuse.
- Cicatrisation de 4 mois (mandibule) ou 6 mois (maxillaire).
Deuxième temps chirurgical (mise en fonction)
- Dégagement du col de l’implant et pose de la vis de cicatrisation.
- Cicatrisation de la muqueuse avant réalisation de la prothèse.
Avantages | Limites | Indications |
---|---|---|
Fiabilité démontrée | Taux d’échec plus élevés avec un volume osseux insuffisant ou un os de faible densité | Greffe osseuse, ROG Stabilité primaire déficiente Environnement biomécanique spécifique (parafonction, supraclusion) Hygiène insuffisante Exigences esthétiques |
Comparaison des deux protocoles
Taux de réussite
Les taux de succès à long terme sont similaires pour les protocoles en un ou deux temps.
Réponse osseuse
Les études montrent une ostéointégration identique pour les deux protocoles.
Réponse des tissus mous
La cicatrisation gingivale forme un sceau gingival (sulcus, épithélium, tissu conjonctif) isolant la cavité buccale. Ce sceau, de 2 à 3 mm, se forme dès la première semaine, que ce soit pour un implant en un temps ou après connexion d’un pilier en deux temps.
Indications préférentielles
Les protocoles en un et deux temps sont complémentaires, élargissant les options thérapeutiques.
Stabilité primaire déficiente
Un protocole en deux temps est préférable pour éviter les contraintes (langue, mastication) sur l’implant.
Environnement biomécanique spécifique
Un protocole en deux temps est indiqué en cas de contraintes inhabituelles pendant la cicatrisation.
Qualité de l’hygiène buccale et santé parodontale
Un protocole en deux temps est recommandé si :
- L’hygiène est temporairement insuffisante (handicap passager).
- La pose d’implants précède un traitement parodontal.
Exigences esthétiques
Un protocole en deux temps est privilégié si :
- Le positionnement des tissus mous est difficile à prévoir.
- Un surplus de tissu mou est nécessaire (effet de « tente » avec pilier enfoui).
- La gencive présente un déficit en quantité/qualité, nécessitant une greffe.
Un protocole en un temps peut toutefois permettre de travailler le profil d’émergence des tissus mous dès la cicatrisation, notamment avec des piliers évasés pour les incisives.
Aménagement tissulaire
Un protocole en deux temps est choisi pour une augmentation tissulaire, car une exposition précoce peut compromettre le volume osseux régénéré. Un semi-enfouissement avec pilier de cicatrisation est envisageable si l’hygiène est satisfaisante.
Site post-extractionnel
Le choix du protocole dépend de :
- Stabilité primaire.
- Intégrité de la table vestibulaire.
- Nécessité d’une augmentation osseuse (fenestration/déhiscence).
- Défaut osseux aux deux tiers apicaux : comblement compatible avec un protocole en un temps.
- Défaut au tiers supérieur : protocole en deux temps préféré.
Conclusion
Les méta-analyses confirment l’absence de différence significative dans les taux de succès entre les protocoles en un et deux temps. Cependant, le choix du protocole dépend des situations cliniques spécifiques.
Approche chirurgicale en implantologie / Implantologie Dentaire
La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes. Les étudiants en médecine dentaire doivent maîtriser l’anatomie dentaire et les techniques de diagnostic pour exceller. Les praticiens doivent adopter les nouvelles technologies, comme la radiographie numérique, pour améliorer la précision des soins. La prévention, via l’éducation à l’hygiène buccale, reste la pierre angulaire de la pratique dentaire moderne. Les étudiants doivent se familiariser avec la gestion des urgences dentaires, comme les abcès ou les fractures dentaires. La collaboration interdisciplinaire avec d’autres professionnels de santé optimise la prise en charge des patients complexes. La santé bucco-dentaire est essentielle pour le bien-être général, nécessitant une formation rigoureuse et continue des dentistes.
Approche chirurgicale en implantologie / Implantologie Dentaire

Dr J Dupont, chirurgien-dentiste spécialisé en implantologie, titulaire d’un DU de l’Université de Paris, offre des soins implantaires personnalisés avec expertise et technologies modernes.